Obama- Sarkozy : Derrière les sourires

prospective de comptoir :

:arrow: dévalorisation de la monnaie = inflation = hausse des salaires sinon casse sociale, jusqu’à quel point?

C’est ce que je pensais dans le post que je te donnais en lien : les états ne peuvent pas payer cette dette il faudra bien d’une manière ou d’une autre la supprimer. Et on est dans le mode “too big too fail” donc on ne peut pas laisser un pays faire faillite style argentine car là on serait dans la “deep shiet”, on a sauvé l’islande par exemple.




:arrow: pourquoi attendre les résultats d’une élection courue d’avance? Je pense que le temps presse. Il faut vite convaincre les iraniens que la voie “militaire” n’est pas une option viable pour calmer les israéliens et stabiliser l’Afghanistan. Et perso je ne pense pas qu’ils légitiment le pouvoir extrémiste, mais qu’ils veulent discuter avec le pouvoir en général, l’état iranien, on pourrait penser machiavéliquement même que c’est assez subtil : car il lance visiblement des perches de bonnes volontés pour désolidariser l’opinion Iranienne de ses leaders extrémistes qui diabolisent les us (le message étant que l’on a changé que l’on veut discuter, etc…)
ps : Mharmoud n’est pas Saddam… Faudrait pas exagérer tout de même. :-)


:arrow: Quand à Chirac : preuve de sincérité d’opinion, car Obama a aussi refusé cette guerre, alors que toute l’opinion Us était pour. Je trouve cela au contraire courageux et honorable : marque de respect d’une certaine France que l’on met actuellement aux orties. Il s’en fout un peu de notre locataire Elyséen non? Et il n’a pas tord il a sans doute bien cerné le personnage… Qui a fait des pieds et des mains pour le voir, et fut bien mis de coté d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui. Et le calcul sur l’utilité de la France est vite fait non? Il n’y a qu’à relire le splendide communiqué de réconciliation dicté, euh non écrit ,avec la Chine : on fait vraiment profil bas :-( (et là je suis polie)

d’accord avec çà? Perso je pense que le monsieur a raison.
lu sur marianne :


Vendredi 2 avril - Frivolité française et frilosité allemande
Il ne faut pas se fier aux apparences. A lire le communiqué du G20, il n’y a pas de quoi pavoiser pour l’Europe. Et surtout pas pour la France et l’Allemagne. Les deux pays ne font en effet que manifester ensemble à la face du monde qu’ils sont sortis de l’histoire. Le sommet de Londres aurait pu être historique mais Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont sans doute les deux responsables qui auront le plus contribué à son échec. Ils ont opté ensemble pour l’insignifiance. Ils ont laissé à la Chine et à la Russie le soin de poser la seule question intéressante, celle de la refondation du système monétaire international et de la fin de l’étalon-dollar. Ils ont préféré dénoncer les symptômes de la maladie économique mondiale que s’attaquer aux racines du mal. Les paradis fiscaux, les dérèglements de la finance internationale, le crédit incontrôlé ont la même origine: la fabrication monétaire inconsidérée rendue possible depuis des années par le système de l’étalon-dollar.

Depuis qu’ils ont aboli le lien entre le dollar et l’or, en 1971, les Etats-Unis ont eu la possibilité de s’endetter sans contrôle, sous prétexte qu’ils fournissaient à l’économie mondiale les liquidités dont elle avait besoin. Les bons du trésor américains ont été le support de la croissance monétaire mondiale en même temps que la garantie du crédit apparemment illimité que s’octroyaient les Etats-Unis. Produisant toujours moins par elle-même, dépensant de plus en plus pour sa défense et important toujours plus, l’économie américaine a pu défier les lois de l’économie pendant plusieurs décennies grâce à l’attirance qu’elle exerçait sur les capitaux étrangers, du fait de la dérégulation quasi-totale de son système financier et de la croyance insufflée aux élites de la planète en la supériorité absolue de l’American way of life. C’est ce système qui est en train de s’effondrer.

La Chine est angoissée à l’idée de voir se déprécier les bons du trésor américain dont elle détient plus de mille milliards de dollars. La Russie voit bien les conséquences des variations de change du dollar pour le montant de ses revenus pétroliers. Les deux grands pays qui ont tâté du communisme au XXè siècle sont vaccinés en matière d’utopie et de manipulation monétaire. Evidemment, on peut juger que les deux pays ne vont pas assez loin: les droits de tirage spéciaux du FMI ou le panier de monnaies qui nous sont présentés comme des solutions ne résoudront rien tant qu’on ne remettra pas des biens réels (or, argent, platine) dans la définition des instruments monétaires. Les responsables du G20 ont dépensé des millions de dollars pour un sommet qui rend plus probable l’aggravation de la crise. Cependant, sachons gré à Moscou et à Pékin d’avoir, avant le sommet, posé la seule question importante, celle de l’instrument monétaire mondial.

On aurait pu s’attendre à ce que la France et l’Allemagne les rejoignent dans l’exigence commune d’une réforme du système monétaire. Après tout, les deux pays fondateurs de l’euro n’ont pas intérêt à ce que la montée de son cours par rapport à celui du billet vert finisse par asphyxier les sociétés européennes qui souffrent déjà énormément de l’euro cher.
Mais, que les Américaisn se rassurent, ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles - en attendant l’effondrement de leur monnaie. Peut-être même obtiendront-ils un répit si l’euro éclate suite à une ou plusieurs graves crises sociales. En tout cas, ni Paris ni Berlin ne se joindront à Moscou et Pékin pour exiger la subsstitution au dollar d’un étalon monétaire qui ne soit plus une monnaie nationale.

Nul besoin de s’étendre sur l’incorrigible futilité du président français, uniquement obsédé par la popularité de Barack Obama. La fausse Gründlichkeit (un mot bien plus fort que le «sérieux» français) de Madame Merkel est, si l’on y réfléchit bien, plus inquiétante encore. Le chancelier allemand expliquait doctement, en début de semaine, au Financial Times que trop de liquidités ont tué la confiance dans le crédit. Bravo Madame! Mais ne pas en tirer publiquement la conclusion qu’il faut refonder le système monétaire international et se contenter de prôner plus de rigueur monétaire revient à peu près au même que de prêcher la fidélité dans un club échangiste.

Seul un front uni des grands pays sur la question monétaire,contre les Etats-Unis, obligerait ceux-ci à mettre fin au dérèglement profond auquel ils se sont habitués: emprunter sans compter et consommer sans produire en se contentant d’entretenir un gigantesque réseau de service à la personne et de logistique de la division internationale du travail - en se réservant le droit de bombarder ceux qui ne veulent pas se couler dans cet ordre.

Il n’y va pas seulement de la prospérité, il y va de la paix du monde. C’est grâce au système de crédit illimité que leur a accordé le reste du monde que Washington et le complexe militaro-industriel américain ont pu développer l’arsenal militaire le plus coûteux de l’histoire. Les «alliés» des Etats-Unis ont financé ce système naguère au nom de la guerre froide, aujourd’hui de la lutte contre le terrorisme. Quel symbole terrible pour l’Europe, pour la France et l’Allemagne en particulier, que le sommet de l’OTAN se tienne immédiatement après celui du G20. Barack Obama est logique: il a obtenu le maintien, au moins provisoirement, du système de financement à crédit de l’économie américaine, il peut demander aux pays membres de l’OTAN de marcher en cadence dans son projet de guerre perpétuelle en Afghanistan . (Quelle naïveté, vous les Berlinois qui lui aviez fait un triomphe avant son élection en croyant qu’il serait l’homme de la paix!)

C’est à cause de l’étalon dollar que la planète est instable, que les conflits se multiplient au Moyen-Orient. Et dans l’agravation de la crise économique, inévitable, germent les violences de masse et les génocides de demain. La cause de la paix et la prévention des génocides sont du côté de ceux qui veulent revenir à un étalon monétaire impartial.


Samedi 3 avril 2009 - La crise monétaire et la crise politique sont encore à venir
Ce ne sont pas seulement les dirigeants, c’est la société allemande qui est au fond inconséquente, vivant dans le rêve de s’entendre bien avec tout le monde. Il existe un fort consensus, en RFA, pour le «multilatéralisme », qui consisterait à rester ami avec tous les camps. Etre bien à la fois avec Washington, Moscou et Pékin. C’est un vieux défaut culturel. Hegel voulait déjà l’intégration harmonieuse des contraires, refusant le tragique de l’histoire. Toute la philosophie allemande de l’histoire est au fond une philosophie de sortie de l’histoire. La RFA aurait bien aimé, en 1990, que se réalisât le voeu de Francis Fukuyama: la fin de l’histoire était arrivée avec la chute du communisme, il n’y avait plus qu’à gérer la victoire universelle de la démocratie.

Mais la démocratie ne peut prospérer et se diffuser qu’à conditions que les grands équilibres mondiaux soient respectés, que règne un ordre juste, que la même loi internationale soit acceptée par tous les Etats. Et il faut se battre - avec les armes de la justice et l’amour de la paix - pour faire respecter les grands équilibres. L’histoire continue. Il y a une seule différence par rapport à il y a un siècle: on ne peut plus s’imaginer résoudre quoi que ce soit par la guerre tant les moyens de destruction à la disposition de l’humanité sont potentiellement destructeurs. Il semble que les Etats-Unis, qui n’ont connu sur leur territoire ni les deux guerres mondiales ni les massacres du communisme ne l’aient toujours pas compris. Il y a au contraire une grande solidarité des peuples qui ont subi la mort de masse au XXè siècle - à condition que l’on sache transformer en énergie politique les leçons de l’histoire.

Il y a bien une intuition juste dans l’attachement de la RFA à la paix depuis sa fondation. Mais l’idéal servi a été progressivement dévoyé. L’Allemagne, sa population comme ses dirigeants, croit qu’il est possible d’éviter l’épreuve de vérité avec «l’ami américain». Aujourd’hui, faire l’histoire c’est élaborer pacifiquement avec Pékin et Moscou un nouvel équilibre mondial. Cela passera à la fois par la refonte d’un système monétaire international et par la réaffirmation de règles communes à toute l’humanité. Il n’est plus possible, si l’on est un vrai Européen, d’accepter le double langage occidental. Les règles de la «gouvernance mondiale» ne sont pas respectées par ceux qui les élaborent. C’est cela qui nourrit tous les ressentiments.

Faute d’avoir compris cela, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont être contraints de subir, dans les mois qui viennent, la détérioration continuée des relations monétaires internationales et ils assisteront impuissants à la remise en cause de la mondialisation américano-centrée. La crise monétaire, qui ne fait que commencer, précédera de peu une crise de tous les repères politiques. C’est ce malaise qu’expriment déjà les manifestants de Londres et de Strasbourg.
Dimanche 05 Avril 2009 - 00:36
Edouard Husson