Bon…
Vous entrez dans une librairie et vous constatez qu’il y a des étagères remplies de livres, par milliers. Parmi tous ces livres, certains vous attirent plus que d’autres par le genre, le thème, l’auteur…
Il est vraiment très rare que quelqu’un achète tous les livres.
Mais personne ne se plaint du choix qu’il a sauf pour dire parfois qu’il y a trop de choix
Et en littérature, certains pensaient, les classiques chers à La Fontaine, que tout était dit depuis l’antiquité tandis que les Modernes de Charles Perrault soutenaient qu’il y avait encore beaucoup à découvrir.
Je fais le parallèle entre jeu de société et littérature parce que, fondamentalement, il n’y a pas tant de différences entre ce que propose un auteur de jeu et un écrivain : la découverte d’une histoire, racontée d’une certaine façon. Le modus operandi n’est pas le même, bien sur, mais il y a toujours ce fil rouge du partage d’univers qui fait le lien.
Les mécanismes d’un jeu comme le style narratif font beaucoup dans le succès d’un jeu comme d’un livre.
Alors, ce 95 % de réchauffé, je ne comprends pas vraiment d’où il vient. C’est particulièrement insultant pour les auteurs. Ils reprennent certaines recettes qui fonctionnent bien ? Et alors ? Est-ce que cela empêche les autres jeux de sortir ?
D’une certaine façon, il faut avouer, trop de jeux semblables qui accaparent un catalogue d’éditeur, ça pourrait empêcher certains jeux innovants de trouver leur place.
Et là, à qui la faute ? Aux éditeurs qui tentent à chaque fois le coup gagnant en pensant que l’histoire se répète ? Les consommateurs qui demandent le même type de jeu qu’ils apprécient ?
L’offre répond à la demande.
Bon, pas tout à fait, il existe des explorateurs qui aiment découvrir et qui rencontrent des pépites qu’ils feront partager et seront parfois à l’origine de succès inattendus.
On parle alors d’effet de mode, de succès éphémères. Mais pas seulement. De nouveaux classiques arrivent assez régulièrement, qui seront à leur tour cannibalisés, surexploités…
Je ne pense pas qu’il y a 5 % d’innovation, ni même 1 ou 20%… Je ne pense pas que l’innovation est forcément un progrès. L’innovation, c’est surtout un essai. Un essai pour trouver son public et parfois, l’essai n’est pas transformé.
Chaque jeu a sa part d’innovation, ne serait-ce que pour se démarquer de ses faux jumeaux. Même les Monopoly. Même les séries de jeux à extensions multiples jusqu’à plus soif.
On ne va pas se plaindre : des jeux qui sortent, il y en a des centaines chaque années. Je découvre régulièrement des jeux qui datent d’une dizaine d’années parce qu’ils étaient passées sous le radar ! Si on n’arrive pas à trouver son bonheur dans tout ça, je pense que le mieux, c’est de devenir son propre créateur de jeu.
Alors, tout ce que vous dites plus haut est vrai et les constats sont en grande partie justes.
Mais que chaque explorateur découvre ses pépites et les fasse partager, adopter auprès de ses joueurs. Un peu de prosélytisme ne fera pas de mal à un jeu qui n’est pas sous les feux de la publicité mercantiliste !
Alors après, je pense aussi qu’il faut faire une distinction entre innovation et création :
L’Insee définit les 2 types d’innovations, correspondant aux cahier des charges du manuel d’Oslo et je vous renvoie sur cette page pour plus d’informations :
Définition - Innovation | Insee
La création a un aspect beaucoup plus révolutionnaire car elle ne tend pas à remodeler l’existant mais à révéler ce qui n’existe pas encore. Bon, je suis d’accord, dit comme cela, c’est un peu nébuleux
La création, l’esprit inventif, est le conducteur de l’oeuvre.
Alors un jeu de société est-il une oeuvre ? Si on dépasse l’aspect alimentaire des pseudos créations qui effectivement ne sont que du réchauffé au micro ondes, alors je dirai que oui, en soi.
Mais, au delà, qu’est ce qu’on demande à un jeu ? L’oeuvre d’art nous interroge sur le monde, le jeu lui, est une récréation de l’esprit. Et il n’y a rien de péjoratif là dedans.
Alors, ne soyons pas grognons des Unlock qui sortent en série, comme des paquets de pâtes car certains adorent ce type de jeu et il faut bien les nourrir
Ne pestons pas de la nième extension de Terraforming Mars parce que… euh… vers l’univers et au delà !
Faisons confiance aux auteurs et aux dénicheurs de pépites pour nous faire découvrir ce qu’on ne nous montrerait pas a priori.
Ce texte est une création 100% personnelle avec environ 1% d’innovation et 99% de matière grasse.