Poilus

C’est vrai.

Ce n’est pas vraiment velu non plus.

Cher Monsieur Petitmuel,

En fait, tout dépend de quelle mode vous parlez :) Il y a un fort retour de la pilosité dans la mode, surtout chez ceux que l’on appelle les hipster. Hipster qui étaient discrets jusque là, mais qui ont tendance à se répandre du coup… C’est un “mouvement” plutôt marginal, qui reprenait un esprit des années 40/50 plutôt Jazz, revenant dans un certain milieu Rock et qui a conquit la jeunesse un peu branché (mais qui ne peut pas concurrencer les vieux velus qui ont du beau poil bien épais. Oui. J’ai passé une semaine à New-York il y a peu, et je me faisais accoster 10 fois par jours par des gens qui appréciaient ma barbe. Oui. Les malheureux ne pouvaient pas en avoir une comme ça, trop peu de poils sur leur joues :mrgreen: )

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Une mode appelle toujours une contre-mode. Et la marginalité du poil n’est pas démentie ; d’ailleurs elle est importante je crois. Un homme viril apparaît d’autant plus viril s’il est minoritaire dans son genre : le déni des conventions est en soi un attribut de la virilité.

Cela dit il vous manque un truc principal : les lunettes. Le barbudo sans lunettes, c’est un postiche. C’est là qu’on voit les vrais velus. :^:

D’où l’expression : jeu à lunettes, bon gros casse-tête. :kingboulet:

Il y a la localisation du poil, qui compte beaucoup aussi!

On a déjà fait remarquer les vieilles/fines moustaches, mais selon que le poil est au torse, au cul, sur les regles ou dans la main, ça n’est point la même chose! :1900pouic:

D’ailleurs, tout les pouics , du premier au dernier sont poilus, de six poils exactement, tiens, serait-ce lié? :)

Certains plus que d’autres, il est vrai: :holdpouic: :artistpouic: :1900pouic:

Oui, mais ce que Bromberger montre aussi, c’est qu’il y a toujours une marginalisation du poil rebelle. Tu cites l’exemple des cours européennes de la renaissance, mais dans ce même chapitre, Bromberger invoque le tableau de Véronèse (je coris, mes souvenirs sont flous) où l’on voit une jeune aristocrate blanche et blonde, et une servante à la peau mate, aux cheveux épais et bruns.

Je vois que je vais devoir développer un peu, moi qui avais volontairement fait court.

Reprenons donc les Trichologiques de Christian Bromberger, un peu à contrecœur ; son livre est scientifiquement très faible, il veut croiser tous les poils (cheveux, barbe, poils corporels), toutes les cultures et toutes les époques, et au bout du compte ne démontre absolument rien, sinon que la pilosité est toujours ambivalente, mais sur des modes différents : il y a d’une part la pilosité maîtrisée, qui recouvre diverses formes et diverses connotations selon les époques et les milieux, et d’autre part la pilosité extravagante, qui, je le répète, est signe de déviance, que cela soit laudatif (les hippies qui affichent leur idéologie politique) ou péjoratif (Lilith, première femme d’Adam) ; d’ailleurs ces symboles sont eux aussi ambivalents. Mais passons.

Quand on dit qu’un jeu est “bien poilu”, cela fait évidemment référence à un excès de pilosité, à une pilosité remarquable parce qu’elle est choquante. On ne dit pas de ceux qui portent la barbe de trois jours (on m’a à juste titre fait remarquer cette nouvelle mode) qu’ils sont “poilus”, comme on aurait pu le dire sous d’autres cieux ou à d’autres époques, parce que cela aurait pu choquer. C’est entré dans les mœurs, donc ça ne marque pas. Quelqu’un que l’on dit “poilu” est particulièrement poilu : monseur Phal, par exemple. C’est nécessairement quelqu’un qui dépasse les conventions.
Tu mentionnes l’exemple étonnant des femmes de la frontière mexicaines qui se laissent pousser le poil pour se différencier des indigènes : tout d’abord, je n’appellerai pas cela de l’intégration ; ensuite, tu ne fais pas état de la moralité de ce chapitre du bouquin (qu’il faut interprêter au-dleà du texte, très très descritpif) : si Bromberger concut à l’ambivalence des marqueurs identitaires de la pilosité (elle peut sevir à se différencier de deux façons : “on n’est pas poilus” vs “on n’est pas glabres”), les exemples qu’il donne sont différents dans les deux cas.
Dans le premier, il donne des exemples de représentation de l’autre, avec une sémantique particulière : classifications des anthropologues physiques, classification de l’Oréal, « Gaule chevelue » etc.
Dans le second, il ne fait pas jouer, si ma mémoire est bonne, d’exemples de représentations, mais uniquement des coutumes : celle de ces Mexicaines (je crois que c’est le seul exemple donné à cet endroit du bouquin). Leur pilosité est une façon de revendiquer leur supériorité sur les indigènes, ce qui est bien preuve d’un certain malaise ; mais outre que je ne sois pas certain qu’elles se définissent comme “poilues”, ce qui serait souligner une pilosité particulièrement remarquable (ce ne saurait être le cas : c’est leur état normal ; de même qu’une jeune Française d’aujourd’hui qui ne se rase pas les sourcils ne se définirait pas comme “poilue”, alors qu’elle le serait aux yeux de pas mal d’Iraniennes, toujours suivant Bromberger) ; outre cela donc, c’est à une culture très particulière qu’il est fait référence, et qui ne concerne que cette région-là.

Ce que je disais à propos de la marginalisation de la pilosité (je parle de la pilosité remarquable, donc excessive selon les codes en vigueur) vaut pour notre culture, celle qui nous a amenés à parler de “jeux poilus”. Je ne suis pas sûr qu’on parle de “juegos peludos” de ce côté de la frontière mexicaine. :wink:

Cher Monsieur Petimuel,

Non, on ne doit pas dire “juegos peludos”, ni “hairy game”, parce que c’est juste une invention qui vient d’ici, de Tric Trac en fait. :lol: Expression que j’ai du employer dans diverses chroniques sur le podcast de libération et dans diverses vidéos de la TT Tv. Je ne crois pas que ce soit employé ailleurs, ou alors c’est que ça a commencé à déborder.

Par contre, je ne me souviens pas d’où c’est venu vraiment et depuis combien de temps, ce n’est pas très vieux… Je me souviens l’avoir employé pour me définir, comme j’ai du poil et que je l’assume, et c’est pour contrebalancé avec les jeux pour enfants, qui comme chacun le sait n’ont pas de poil. :pouicintello:

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Je crois qu’il va falloir que je m’épile les sourcils vu qu’ils forment une barre horizontale continue avec des poils atteignant 2cm.

Alors, je ne reciterais pas les propos de Petimuel sur la symbolique du poil, mais j’ai finalement trouvé ce sujet assez instructif.

Je le vois plutôt comme dérivant du fait que dans l’imaginaire d’une certaine catégorie de la population les joueurs de JdS moderne sont des geek, qu’ils ne prennent donc pas soin d’eux, qu’ils ne se rasent pas et que donc ils sont “poilus”. Les joueurs eux-même s’appropriant cela (par auto-dérision ?) pour qualifier leurs jeux.

Bon, le lien avec les jeux est marginale.

L’expression “c’est velu” est ancienne. J’avais un collègue de travail (ancien de la marine marchande), plus âgé que moi de dix ans, qui la prononçait plutôt régulièrement pour parler d’un problème difficile à résoudre, ou d’une explication complexe (nous travaillions alors dans le domaine de l’électronique).
Mais aussi, une personne capable de résoudre des problèmes complexes était caractérisée de velue.

Alors pour passer de “velu” à “poilu” il n’y avait qu’un pas qui était franchi allègrement pour éviter en quelque sorte les répétitions.

Velu=costaud dans l’imaginaire de nos contrées

Quand une règle est assez complexe, on parlait en général de règle touffue, et je pense qu’à un moment, on a glissé par boutade à velu/poilu, …

petezahh dit:Quand une règle est assez complexe, on parlait en général de règle touffue, et je pense qu'à un moment, on a glissé par boutade à velu/poilu, ...


Possible, mais alors les joueurs velus sont en fait des joueurs touffus ? :shock:

Sinon, pour répondre à Espina, Trichologiques est une très bonne lecture, avec des exemples vraiment sympa, et dont je ne doute pas de la véracité (en particulier pour les Iraniennes, vu que Bromberger est spécialiste du monde Iranien, et si en plus ta femme confirme...) Tu as pu à bon droit le trouver passionnant. Mais il ne peut à mon avis servir que de réservoir d'exemples (ou de premier aperçu), parce que sa méthode est ridiculement trop ambitieuse : il mélange toutes les cultures et toutes les époques. Du coup, chaque fois qu'il avance quelque chose, il a un contre-exemple, et un contre-contre exemple, et ainsi de suite. Donc aucune analyse n'est jamais possible, puisqu'il ne peut exister aucune constante du poil qui vaille universellement pour tous les pays depuis quatre mille ans. C'est en fait la seule chose qu'il arrive à prouver : qu'une entreprise comme la sienne est inutile (tu l'as cité toi-même). J'ai trouvé dommage qu'il ne s'en rende compte qu'à la fin, d'où ma critique.
Si tu t'intéresses à cette question, je te propose simplement de lire des ouvrages plus spécialisés : il y a trois facteurs au moins qui peuvent varier : le type de poils (barbe, cheveux, poils corporels), l'époque, et la culture. Restreindre au moins deux de ces critères à un cadre précis me semble indispensable si l'on veut mener un étude cohérente : par exemple, pour l'étude du port de la barbe à la renaissance, l'ouvrage de l'historien Jean-Marie Le Gall : Un idéal masculin. Barbes et moustaches XVe-XVIIIe siècles paru l'année dernière chez Payot est beaucoup plus indiqué.
Mais sinon, tu peux jeter un œil à la bibliographie de Bromberger, assez conséquente en terme de nombre d'entrées, et qui contient beaucoup d'articles, ce qui est pratique quand on est curieux mais qu'on n'a quand même pas que ça à faire dans la vie. :pouicintello:

P.S. : J'avais raté l'intervention de M'sieur Phal. Je suis tout prêt à croire que vous soyez, directement ou non, l'auteur de cette expression dans le domaine des jeux, mais ce faisant vous participez d'un faisceau de représentations cohérent. Je ne jurerais pas qu'on ne trouverait pas des équivalents dans d'autres langues... peut-être pas pour des jeux, bien sûr, mais sait-on jamais ?

petimuel fait fort ! et bien ! et bon !
jouissif à lire… merci de vos lumières !

et je suis jaloux de la barbe de M Phal… (mais comme ça sent l’engrais bio à coup d’amour pour les jeux et les femmes (ou LA femme, puisqu’on me chuchote que c’est pareil)… je jalouse moins… )

Batteran dit:D'ailleurs, tout les pouics , du premier au dernier sont poilus, de six poils exactement, tiens, serait-ce lié? :)
Certains plus que d'autres, il est vrai: :holdpouic: :artistpouic: :1900pouic:


il me semble que dans le cas du pouic il s'agit e branchie, reste la confirmation du créateur s'il voulait les changer en poil du fait de la population de geek sur trc Trac.

Paroles de la chanson Le Poil :Le poil chanson réaliste, musique…


Chanson engagée hein?
On va pas s’faire emmerder…
C’était un jour de beau temps
Dieu était de bonne humeur
Il avait créé la femme nue
Quelle grossière erreur
Voyant ses fruits fragiles
A la merci des chacals

Il eut une idée lumineuse Le poil
Au départ sur terre c’était Byzance
Tout le monde m’a brossé dans mon sens
L’argent rentré dans la touffe,
j’ai donc coté mes poils en bourse
Puis j’ai connu Marie-Chantal
Elle avait la bouche en cul d’poil
On s’est quitté un poil de l’épousée
Le jour où elle a voulu décolorer

Toutes ces bourgeoises qui s’épilent
Ça m’rase ça m’barbe ça m’horripile
Je suis l’ennemi public
Celui qu’on torture au rasoir Bic*
Toutes ces bourgeoises qui s’épilent
Ça m’rase ça m’barbe ça m’horripile
Dans un monde aseptisé
J’suis poilitiquement incorrect
Un jour je suis passé de mode Quel supplice

J’ai eu des démêlés d’justice J’rasais les murs,
j’étais clandestin
Traqué dans les moindres recoins Coin coin

Je voulais pas finir comme fourniture
Pour perruque ou brosse à chaussure
Par charter j’ai fui le capitalisme
En Afrique où j’ai eu l’poiludisme
Toutes ces bourgeoises qui s’épilent
Ça m’rase ça m’barbe ça m’horripile
Je suis l’ennemi public
Celui qu’on torture au rasoir Bic
Toutes ces bourgeoises qui s’épilent
Ça m’rase ça m’barbe ça m’horripile
Dans un monde aseptisé
J’suis poilitiquement incorrect
Bien trop malade j’ai dû partir
On aurait dit un poil à frire
Mais j’ai trouvé mon bonheur

C’est le principoil
Dans une communauté au Népal Poil poil
J’ai fondé mon paradis fiscal
Sur une baba cool en sandales
Mais la vie a tourné crâne d’ œuf Je serais de retour

En 2069
poil au dent

benderouen dit:il me semble que dans le cas du pouic il s'agit e branchie

Même si je ne suis pas l'auteur de la tête de Pouic, on reconnaît facilement les branchies quand on connaît la bestiole d'origine :P



...pour l'avoir découvert dans mon fichier du monde animal (ed.Atlas), l'axolotl c'était un point facilement assuré quand je jouais au petit bac au collège :mrgreen: