Faites une petite pause dans WoW pour lire ça, svp.
Serge Tisseron, psychiatre “L’addiction aux jeux vidéo est rare” LE MONDE | 06.01.09 | 16h14 Parmi les cadeaux les plus offerts aux enfants et aux adolescents à Noël : les jeux vidéo. Pourtant, les parents s’inquiètent de leur usage intensif. Psychiatre et psychanalyste, Serge Tisseron fait la part des choses dans un ouvrage récent intitulé Qui a peur des jeux vidéo ? Vous considérez que les jeux vidéo comportent des aspects positifs. Quels sont-ils ? Comme tous les jeux, ils suscitent du plaisir, celui de remporter des épreuves, de découvrir des univers esthétiques et de mettre les joueurs en compétition. Ils permettent aux enfants d’exprimer symboliquement leur agressivité, de mettre en scène leurs angoisses d’abandon, de mort ou encore d’enfermement, de se familiariser avec elles et de les dépasser. Grâce à leurs avatars - les personnages qui les représentent dans le jeu -, enfants et adolescents peuvent aussi mettre en scène leur conflit conscient ou inconscient avec leurs proches, parents, fratrie, personnages de la saga familiale qu’ils n’ont pas forcément connus, ainsi que les histoires d’amour dont ils rêvent. C’est une manière de prendre du recul sur leur monde intérieur en le rendant visible. Ils peuvent, davantage que par le cinéma ou la télévision, être spectateur de leurs propres représentations et vivre des aventures ou créer des espaces au plus près de ce qu’ils ont en tête. Ces jeux présentent également l’avantage de favoriser la communication et la socialisation, principalement avec les jeux en réseau. Pour avancer, il faut faire des alliances, agir en équipe. L’usage des jeux vidéo peut-il aider les enfants à passer la fameuse crise d’adolescence ? Les adolescents ont besoin de rituels initiatiques pour entrer dans le monde adulte or ceux-ci ont quasiment disparu. Les jeux vidéo présentent l’avantage de créer de nouveaux rituels d’image. Ces rituels de passage d’un niveau à un autre suscitent une reconnaissance de la part des autres joueurs mais devraient être davantage reconnus par les adultes. Ce sont également des espaces très gratifiants qui peuvent renforcer l’estime de soi. A force de persévérance, il est toujours possible de devenir performant. Mais cet aspect gratifiant est à double tranchant, car il risque d’attacher les jeunes aux jeux vidéo. Au-delà de ces aspects positifs, quels sont les risques que présentent ces jeux ? Il faut dire aux parents de ne pas paniquer. Beaucoup sont terrifiés par la violence de certains jeux. Mais rien ne montre à ce jour qu’elle soit plus problématique que celle véhiculée par la télévision ou le cinéma. En revanche, les parents doivent être attentifs aux normes. Le système de classification par âge PEGI (Pan European Game Information, système européen d’information sur les jeux) leur permet de prendre des décisions éclairées lors de l’achat de jeux vidéo. Je vois beaucoup d’enfants de 12-13 ans jouer à Grand Theft Auto réservé aux 18 ans et plus. C’est un vrai problème. Quant au risque de repli sur soi des joueurs, souvent mis en avant par les parents, il ne faut pas confondre la cause et la conséquence. C’est parce qu’ils éprouvent le besoin de se replier sur eux-mêmes que les jeunes sont conduits à jouer de manière excessive. Il faut s’interroger sur les raisons qui les poussent à de tels comportements. Je vois beaucoup de jeunes jouer à l’excès à l’occasion de la séparation de leurs parents ou à la survenue d’un décès, voire pour trouver un refuge face à une maltraitance scolaire. On parle beaucoup d’addiction aux jeux vidéo. Est-ce justifié ? Je préfère parler de joueur excessif que d’addiction. L’addiction aux jeux vidéo est un phénomène rare. Il concerne surtout les jeunes adultes. Il faut éviter de coller l’étiquette “addiction” à un ado. A l’adolescence, tout est flottant, rien n’est jamais fixé. Il n’est pas rare de voir des joueurs très excessifs en troisième et seconde qui ne le sont plus en première ou en terminale. Par ailleurs, des études récentes ont montré que les zones cérébrales qui permettent de contrôler les impulsions n’arrivent à maturité qu’en fin d’adolescence. Néanmoins, les parents doivent sérieusement s’inquiéter quand les résultats scolaires de leur enfant baissent ou quand les activités de loisirs et parascolaires se réduisent fortement. Comment aider un jeune à ne pas devenir accro ? Il est primordial de limiter le temps d’écran - en incluant télévision, ordinateur, console, DS, PSP… A partir de la fin de l’école primaire, on peut fixer un contrat annuel avec l’enfant, renégociable en fonction des résultats scolaires. Il faut aussi empêcher les adolescents de jouer la nuit, soit en plaçant l’ordinateur dans une partie commune de la maison, soit en contrôlant la connexion Internet sans fil à partir de la chambre des parents. Enfin, ceux-ci doivent s’efforcer d’être les interlocuteurs privilégiés de leurs enfants afin qu’ils leur racontent leur jeu ou l’histoire de leur avatar. Certains jeux rendent plus dépendants que d’autres. Il faut préférer ceux dans lesquels il y a une narration forte plutôt que les jeux compulsifs, répétitifs. Les jeux en réseau, comme World of Warcraft, sont particulièrement préoccupants. Chaque nouvelle épreuve remportée permet d’avoir accès à une épreuve plus intéressante et à des univers plus esthétiques. Le jeu ne s’arrête jamais. Il faut bien sûr mener une prévention auprès des jeunes mais aussi une bataille pour que les fabricants fassent des jeux moins addictifs. QUI A PEUR DES JEUX VIDÉO ? (Ed. Albin Michel, 2008, 162 p. 13,90 €.)
Il s’appelle Keith Bakker, et il a fondé une clinique de désintoxication spécialisée dans la soi-disant addiction au jeu vidéo : le Smith & Jones Centre, ouvert à Amsterdam en 2006. En deux ans, le centre a reçu plusieurs centaines de jeunes, pour les traiter. Aujourd’hui, Monsieur Bakker affirme que 90% des patients qui cherchaient un traitement pour leur pratique compulsive du jeu n’étaient pas dépendants. Remettons quelques éléments en perspective, avant d’aller plus loin. En matière d’addiction, on peut distinguer deux grandes catégories : la dépendance physique (cigarette, alcool, les drogues en général, qui sont assimilées par l’organisme comme partie intégrante de leur fonctionnement, par phénomène d’adaptation), et la dépendance psychique (psychologique, comme la dépendance au travail dont je souffre, ou comportementale, comme la sale habitude qu’a Trazom de donner des coups de pieds dans les murs, un peu comme un tic). Il est évident que les jeux vidéo ne suscitent aucune dépendance physique… mais on peut comprendre que certains s’interrogent à propos de la seconde catégorie. Après avoir vu passer des centaines de jeunes depuis sa création, l’établissement spécialisé de Keith Bakker révise aujourd’hui son approche, poussé par l’expérience tirée du traitement de ces prétendus dépendants.
Des soins très efficaces pour d’autres dépendants ne seraient pas un besoin pour ces jeunes
M. Bakker, 47 ans, est lui-même un ancien junkie. Autant dire que la dépendance, il connaît bien. Les méthodes utilisées par son centre, basées sur l’abstinence, se sont révélées très efficaces dans le traitement de personnes témoignant de comportements de dépendants, telles que la consommation de drogues ou d’alcool (quoique la différence soit sans doute plus juridique qu’autre chose). Mais ce traitement, qui devrait marcher si une dépendance effective au jeu vidéo existait, se révèle complètement inefficace auprès de ceux qui demandent un traitement parce qu’ils pensent ne pas pouvoir s’abstenir de jouer. Pour Bakker, il ne fait aucun doute que 90% des jeunes qui sont venus le voir, qui jouent plus de quatre heures par jour, souvent en ligne, n’ont pas besoin d’un accompagnement face à la dépendance. “Ces enfants arrivent en montrant quelques vagues symptômes similaires à d’autres addictions, et dépendances chimiques, mais plus nous travaillons avec ces gosses, moins je pense qu’on peut appeler ça de la dépendance. Ce dont beaucoup de ces enfants ont besoin, c’est de leurs parents et de leurs professeurs d’école - c’est un problème social”. Jouer excessivement ne serait donc pas un problème psychologique, mais bel et bien social. Un problème extérieur La clinique s’oriente donc à présent vers un travail basé sur le retour au social, par le développement d’autres activités ou des compétences de communication. “Ce problème avec le jeu est le résultat de la société dans laquelle nous vivons”, a déclaré Bakker à BBC News. “Quatre vingt pourcents des jeunes gens que nous voyons ont été tyrannisés à l’école et se sont sentis isolés. Beaucoup des symptômes peuvent être résolus simplement par le retour à de la bonne vieille communication”. Il suffit donc, s’est aperçu la clinique, pour l’immense majorité des cas, de fournir un environnement accueillant à ces jeunes, dans lequel ils se sentent acceptés, pour qu’ils puissent rééquilibrer leurs activités. Initier ce cercle vertueux peut parfois nécessiter une intervention directe, surtout chez les plus jeunes, afin qu’ils se rendent compte de leur habitude et découvrent d’autres activités susceptibles de leur plaire, sans obligation. “C’est un choix. Ces gosses savent exactement ce qu’ils sont en train de faire, ils ne veulent simplement pas changer. Si personne n’est là pour les aider, alors rien n’arrivera”. Comme toujours, une question de bon sens Pour beaucoup d’entre nous, joueurs, occasionnels ou gros consommateurs, adultes ou jeunes adultes, il n’y a peut-être aucun doute : le jeu vidéo ne rend pas dépendant. Mais comme toute autre chose de la vie, l’excès existe est ne peut être bon, que l’on soit un pré-adolescent ou un travailleur avec une vie bien calibrée. Lorsque des drames tels que la tristement célèbre fusillade de Columbine, aux Etats-Unis, font dire à certains que les jeux vidéo peuvent être responsables, il est nécessaire d’intervenir pour bien leur faire comprendre, avec patience, qu’il existe déjà suffisamment d’indices qui discréditent cette thèse. Car des sentiments d’impuissance et de colère sont souvent sous-jacents du choix de consommer de la violence à l’excès, sous forme de jeu vidéo ou autre, et c’est bien cela le point de commun entre ces drames, et pas le jeu lui même. “Si je continue à parler d’addiction au sujet du jeu vidéo, ça enlève l’élément du choix qu’ont ces personnes. C’est un revirement total de ma pensée et aussi un revirement de celle de ma clinique et de la manière de traiter ces gens”, explique Bakker, avant de conclure : “Dans la plupart des cas de jeu compulsif, il ne s’agit pas de dépendance, la solution est ailleurs”.
Il faut bien sûr mener ... mais aussi une bataille pour que les fabricants fassent des jeux moins addictifs.
j'y crois pas vraiment, enfin pas tout de suite ... y a peut-être un créneau à prendre : le "jeu vidéo éthique ou responsable" , c'est à la mode partout alors pourquoi pas le JV Grand Public ?
Quel joueur veut d'un jeu qui ne soit pas addictif? Quel joueur se plait à payer 60 euros + éventuellement un abonnement (70 pour la PS3 et demain 80 pour tout le monde) un jeu dont il va se lasser ou avoir fait le tour en 4 ou 5 heures? De mon point de vue, c'est au joueur lui meme ou a son entourage de trouver des limites dans le temps qu'il consacre à jouer pas au fabricant. Le concepteur doit faire le meilleur jeu donc presque par définition ,pour moi, le plus addictif.
Quel joueur veut d'un jeu qui ne soit pas addictif? Quel joueur se plait à payer 60 euros + éventuellement un abonnement (70 pour la PS3 et demain 80 pour tout le monde) un jeu dont il va se lasser ou avoir fait le tour en 4 ou 5 heures? De mon point de vue, c'est au joueur lui meme ou a son entourage de trouver des limites dans le temps qu'il consacre à jouer pas au fabricant. Le concepteur doit faire le meilleur jeu donc presque par définition ,pour moi, le plus addictif.
L'addiction n'est pas forcément liée à la durée de vie du jeu. Tu peux par exemple jouer une fois par semaine à la Wii avec tes potes pendant très longtemps je pense...
D'autre part, je ne suis pas sûr que la responsabilité des fabricants ne soit pas engagée, même si au premier abord cette phrase m'a semblée bizarre. Si on fait un parallèle (osé) avec les drogues, je considère les fabricants et dealers "plus coupables" que les usagers... Et puisqu'on parle d'addiction...
On a dit dans l'article précédent qu'il n'y en avait pas
Y'a des gens qui se plongent dans la musique dès qu'ils sont rentrés chez eux, délaissant femme et enfants. Pour d'autre ce sera le sport, ou la lecture. Ou je ne sais quelle activité qui leur permettra de s'évader et penser à autre chose. On n'en a jamais fait tout un plat. La question est plutôt : pourquoi on attaque à ce point les JV ?
Quand un type un peu foldingue va faire un attentat au nom de Dieu, personne ne va dire qu'il faut interdire la Religion (et pourtant... ). Mais si on se souvient bien, le Rock'n'Roll était un truc horrible à interdire au début des années 50, et le cinéma aussi encourageait la violence des jeunes après "Orange Mécanique". Peut-être assiste-t-on au même phénomène de diabolisation pour les JV que pour ces autres médias à leur époque. Peut-être est-ce simplement parce que, quand vous êtes devant vos JV, vous n'êtes pas devant la télé à vous faire laver le cerveau par les émissions pré-formatées par le gouvernement et les grands groupes commerciaux.
Que ca soit jeu vidéo, drogue, pouvoir, alcool, jeu de plateau, tartare de cheval, plongée sous-marine, défense des opprimés, éco-terrorisme et j’en passe.
Mon fils de 13 ans joue bcp à un jeu super violent : FallOut (le 3 maintenant) Il est toujours aussi gentil et bon élève (>15/20) On verra, s’il attaque un vieille et qu’il fait moins de 500€, je lui enlève le jeu.
Ces rituels de passage d'un niveau à un autre suscitent une reconnaissance de la part des autres joueurs mais devraient être davantage reconnus par les adultes.
"Mon fils, tu seras un homme a ton 3e perso wow level 70, pas avant!"
Richard dit:Mon fils de 13 ans joue bcp à un jeu super violent : FallOut (le 3 maintenant) Il est toujours aussi gentil et bon élève (>15/20) On verra, s'il attaque un vieille et qu'il fait moins de 500€, je lui enlève le jeu.
il va peut être juste attendre que tu sois un peu plus vieux. Ca se passe toujours dans le cadre familial, ce genre de drame...