Il y a une dimension rituel dans le jeu. C’est à dire qu’il y a un ensemble de règle strictes qui orchestrent et conditionnent les activités des participants. De cela découle 2 choses très importantes selon moi:
1) La légitimité: Ce que je réalise est permis par les règles. J’ai donc le droit, presque le devoir de le faire. Le groupe sociale constitué par les participants, ne portera pas de jugements négatifs sur mon action. Par exemple, dans certains jeux, je vais avoir le droit de mentir, ou bien de trahir. Ce sont des actions qui, en dehors du cadre du jeu, je ne pourrai pas réaliser. On s’affranchit ainsi du pesant fardeau de la morale et des conventions.
2) La liberté: A l’intérieur des règles du jeu, le joueur est libre d’y faire les actions désirées. Toutes, même celle qui sont, d’un certain point de vue, inadaptées. De plus, comme on l’a vu plus haut, les règles, loin d’être uniquement restrictive, peuvent au contraire étendre le champ du possible. C’est à dire donner encore plus de liberté que les règles sociales nous autorisent. Cette liberté s’accompagne souvent d’un sentiment de puissance et de plénitude, sans doute à l’origine du plaisir ludique. Par certain aspect je le rapprocherai presque le jeu de la fonction du rêve: un formidable terrain d’expérimentation, sans conséquence réelle.
Ainsi l’aspect exutoire associé au jeu se comprend dès lors très bien: Dans le jeu, j’ai la liberté et la légitimité de faire des actes autrement impossibles. De plus le jeu par sa nature propre de loisir, transgresse déjà les règles de la société et de la Vie: Je ne travaille pas, je suis oisif, et je le revendique.
Et le jeu par ces 3 caractéristiques et par l’aspect symbolique qu’il revêt, deviens un moment, et un lieu à part, hors de la société. Pendant le temps du jeu, l’enfant peut tenir tête à la maman, papa peut se tromper, ton ami peut s’allier avec ta femme pour te nuire, etc… Mais une fois terminé, tout cela est oublié, comme n’ayant jamais eu lieu. Il ne viendrait à l’idée de personne de dire sérieusement: “Ah, non je ne te prête pas 5 euros, parce que la semaine dernière tu as pris le bois dont j’avais besoin pour construire mon dernier enclos”.
C’est en ce sens qu’il est pour moi un acte quasi rituel, et je le rapprocherai fortement d’activités comme le sport ou le théâtre.
C’est en tout cas un sujet très intéressant et très vaste il y a moyen de se régaler ce soir
Alors c’était pas un débat très poussé mais c’était sympa !
Et instructif de voir les idées qu’on les gens qui joue pas ou peu sur les jeux.
“tout est jeu” “définir le jeu via ses ‘vertus’ pour une caution morale” , …
Maldoror dit: On joue tous des rôles dans nos vies, le jeu nous permet d'en jouer d'autres.
Oui, grâce au jeu, on peut vivre des aventures, on réalise des choix ou tente des coups osés sans conséquence. On effectue des actions impossibles dans le quotidien....
et on peut se mettre sur la tronche joyeusement

drax dit:Alors c'était pas un débat très poussé mais c'était sympa !
Ah, j'aurais adoré être là...


drax dit:"tout est jeu"
Une idée très à la mode depuis quelques années (succès de la théorie des jeux en socio, etc.) mais que je n'aime pas parce que je la trouve fausse. Un des éléments fondamentaux du jeu me semble être la séparation d'avec le réel (même s'il y a des liens entre "jeu" et "réel" : à travers la modélisation notamment, le fait qu'une règle de jeu est très comparable à une constitution, mais aussi la convivialité, etc.).
Galahad dit:Un des éléments fondamentaux du jeu me semble être la séparation d'avec le réel (même s'il y a des liens entre "jeu" et "réel" : à travers la modélisation notamment, le fait qu'une règle de jeu est très comparable à une constitution, mais aussi la convivialité, etc.).
Hello
Un élément le rattache au réel pourtant : les mauvais perdants, qui prennent très à coeur la moindre péripétie du jeu. On a beau se projeter dans qqch de très différent de nos vies, les caractères imprègnent les façons de jouer.
je ne crois pas l’avoir vu exprimer ici, mais le jeux permet de voir et faire réagir des personnes hors du contexte connu,
tous peuvent prendre des rôles qui ne leurs correspondent pas, avoir des expériences différentes que ce que permet leur parcours académiques, et ainsi mieux connaitre nos interlocuteurs, et/ou mieux ce connaître.
Tiens ça me rappelle mon premier sujet de philo
“La vie est elle un jeu?”
J’avais eu une bonne note… vive les sims
florica.fluture dit:Peut-être aussi que ça rassure les inquiets? Un univers défini, avec des règles définies.
Et puis, la boîte est aussi un petit monde fermé, avec des petites cases, des petites poches, les pions classés par sortes... Un truc bien rassurant, quoi...
en voilà un qui connait son Faidutti...

Haiku dit: Il ne viendrait à l'idée de personne de dire sérieusement: "Ah, non je ne te prête pas 5 euros, parce que la semaine dernière tu as pris le bois dont j'avais besoin pour construire mon dernier enclos".
subtile et agricolesque allusion à la fameuse "clôture de la règle", qui situe la règle, au contraire de la loi, hors du réel par consentement mutuel des participants
