Queen's Gambit - série

[Échecs]


Hier j’ai fini de regarder Queen’s Gambit sur Netflix, c’est une mini-série de 7 épisodes sur une orpheline qui développe le goût pour les échecs et son parcours semé d’embûches et difficultés.

Voici la bande annonce de la série

L’histoire se passe de la fin des années 50 à la fin des années 60, et bénéficie d’une excellente réalisation, avec de très bonnes performances de la part des acteurs, une bonne recherche sur les costumes et décors, donnant vie à la période.

Par rapport au jeu lui même, j’attire l’attention que les parties d’échecs représentées dans la série sont réalistes, et préparées en consultance avec Kasparov lui même, qui a aussi conseillé les auteurs de la série sur postures, mannérismes et conditions des tournois d’échecs, pour un maximum de réalisme.

Voici une discussion de la dernière partie de la série (EN).

Bien sûr cela reste de la fiction, mais j’ai adoré et je conseille vivement le visionnage à tout trictractien ^_^’

On a beaucoup aimé ici aussi !

Pour info, on a commencé à en parler un peu dans le topic consacré aux séries TV également.

Je suis resté un peu mitigé.C’est joli (mais la mise en scène répète souvent les même techniques),plutot lisse,sans surprise(pas de réel drama,pas de twist,nada.Tout est cousu de fil blanc,avec une fin tout sauf satisfaisante) ,ça se regarde tout seul et l’on aurai pu enlever un épisode facilement.Bref une serie Netflix j’ai envie de dire.
Une jolie carte postale des années 60,les problèmes sont esquissés,le tout manque un peu de profondeur,il y a quelques longueurs,et un storytelling qui se répète.Son addiction est retranscrit de façon un peu trop glamour a l’écran a mon gout.
Les acteurs sont excellentes,la musique anecdotique.

J’en attendais sans doute un peu trop.
Par contre oui l’utilisation des parties d’échecs est très bien faite (même si ça manque de matchs nuls quand même si on veut être réaliste).

En tant que grand spécialiste des échecs  (600Kish ème mondial en rapide sur chess.com komême), j’ai beaucoup aimé la série, même si j’ai trouvé la fin en effet trop cousu de fil blanc, et que j’aurais aimé voir les addictions et la folie du personnage central plus creusées.

Hadoken dit :
plutot lisse,sans surprise(pas de réel drama,pas de twist,nada.Tout est cousu de fil blanc,avec une fin tout sauf satisfaisante) ,ça se regarde tout seul et l'on aurai pu enlever un épisode facilement.
 

Le "pas de drama, pas de twist", c'est justement ce que j'ai trouvé original. 
Comme je le disais dans le topic sur les séries, c'est un récit sans antagoniste, personne ne cherche vraiment à mettre des bâtons dans les roues de l'héroïne. Mêmes les rivalités au sein de la discipline sont plutôt bienveillantes, on n'est pas dans un manga shônen, quoi.
Je comprends qu'on puisse trouver une certaine répétition, avec la protagoniste qui va de tournois d'échecs en tournois d'échecs. Et pourtant, on la voit petit à petit grandir sous nos yeux. Ça passe par ses vêtements, son attitude, son rapport au monde...
Et montrer cette évolution sur la longueur est quelque chose de nécessaire, pour mieux nous dévaster à l'épisode 6 avec le retour à l'orphelinat.
Bref, ça m'a beaucoup touché tout ça, mais je me répète.

Je te rejoins sur le fait que la musique est complètement anecdotique, et c'est fort dommage, il y avait la place.

J’ai beaucoup aimé l’exploration de l’intériorité de la protagoniste, qu’on ai permis de longs moments sans dialogue ni action, inattendu dans ce genre de séries. Ce n’est pas facile de mettre en scène un personnage introverti de façon réaliste, là je trouve que c’est réaliste. 

Il est vrai que la fin était un peu faible et convenue, mais cela n’empêche pas d’apprécier la qualité de la série. 

Alors bien sûr en 7 épisodes on ne pourra pas explorer profondément certains sujets abordés, mais je trouve qu’il y avait pas mal de nuance et adresse faute de profondeur.

Accessoirement je trouve que les échecs sont bien utilisés dans la série pour raconter la protagoniste, d’ailleurs ma femme qui n’est pas très orientée jeux abstraits aurait voulu encore plus d’échecs.

Hadoken dit :(...)
Par contre oui l'utilisation des parties d'échecs est très bien faite (même si ça manque de matchs nuls quand même si on veut être réaliste).
 

Oui et il est même curieux, malgré les références régulières à des ouvertures connues  (je me suis amusé à à les identifier quand c'était possible) ou à des techniques de fin de  parties par exemple, que le "partage du point" soit si peu évoqué alors que c'est un aspect du jeu important et fréquent dans les tournois. C'est vrai que le réalisme en prend un petit coup sur ce plan, alors que la série a clairement eu des joueurs d'Echecs professionnels pour consultants.  

Mais pour le reste, j'ai bien aimé la comédienne principale (de même que l'actrice qui joue Beth Harmon enfant), divers personnages (comme l'ancien champion du kentucky), la crainte de la force des joueurs soviétiques (qui était bien réelle... la force comme la crainte)  l'intrigue globale même si j'aurais préféré une fin alternative. J'ai trouvé la toute fin très touchante avec ces vieux joueurs d'Echecs russes qui reconnaissent Beth et l'un d'entre eux qui lui propose évidemment une partie. j'ai bien aimé aussi le compliment que lui adresse l'ancien champion du monde (celui avec des cheveux gris coiffés en pétard)..; enfin bref, il y a plein de petites scènes comme ça qui font que la série est attachante et que le jeu d'Echecs est plutôt bien mis en valeur... 
Une mention aussi pour le soin apporté à recréer des années 60 crédibles...

J’aime bien aussi le rôle des autres femmes dans la série. A leur manière, toutes ont des succès remarquables dans le contexte de l’époque :

- la mère biologique qui a clairement des soucis dans sa tête mais qui a un doctorat en mathématiques (pas sûr que ce soit courant à l’époque)
- la mère adoptive qui parvient avec Beth à demeurer indépendante après le départ de son mari. Elle réalise même à petite échelle son rêve de jouer du piano en concert
- Jolene qui semble en bonne voie pour réaliser une carrière dans un milieu essentiellement masculin partait avec un triple handicap : orpheline, femme et noire, pas facile !

Quant au succès de Beth, je trouve qu’il n’est pas mieux décrit que par une phrase simple énoncée lors de son voyage final en Russie : les russes aussi ont une championne d’échecs, mais elle n’a jamais joué contre un homme !

D’accord avec toi, Duncanldaho, concernant ces rôles de femmes fortes, avec des densités psychologiques aussi variées que prononcées. Cela fait même contraste avec les rôles masculins, parfois plus effacés et / ou superficiels, en comparaison (mis à part peut-être Vasily Borgov et Mr. Shaibel).

DuncanIdaho dit :Quant au succès de Beth, je trouve qu'il n'est pas mieux décrit que par une phrase simple énoncée lors de son voyage final en Russie : les russes aussi ont une championne d'échecs, mais elle n'a jamais joué contre un homme !

Cette partie était pour moi incompréhensible, car c'est un personnage historique, et elle a certainement joué contre des hommes, au contraire dépensant beaucoup d'énergie pour pouvoir le faire.

@Docky : ce n’est pas un hasard que ce soient deux hommes plus âgés, qu’elle admire et redoute en même temps, son premier et son dernier adversaire. Ce sont les deux rois du jeu. Les autres hommes sont plus jeunes, effacés et parfois sacrifiables (pauvre Beltik !), ce sont les pions et/ou pièces mineures qui participent à la victoire à travers un travail collectif qui se remarque particulièrement lors de l’ajournement à la fin (pareil pour les autres antagonistes russes qui entourent Borgov). Beth et Jolene sont probablement les deux dames, même si elles travaillent de concert (mais il y a une dame blanche et une noire). Jolene est la “pièce” forte à l’orphelinat, et elle l’est encore à la fin : sans elle, pas de voyage en Russie !

J’ai beaucoup apprécié que Borgov, au final, soit très élégant dans la défaite alors qu’il aurait été facile de le laisser dans le rôle du méchant russe. Le contraste est d’ailleurs saisissant avec l’escorte d’officiels américaine qui tente la récupération politique et qu’elle finit par planter pour aller jouer avec les vieux !

En terme de femmes fortes, je préfère nettement ce traitement subtil à celui que j’ai pu voir peu de temps auparavant dans Big Little Lies par exemple.

Iskander dit :
DuncanIdaho dit :Quant au succès de Beth, je trouve qu'il n'est pas mieux décrit que par une phrase simple énoncée lors de son voyage final en Russie : les russes aussi ont une championne d'échecs, mais elle n'a jamais joué contre un homme !

Cette partie était pour moi incompréhensible, car c'est un personnage historique, et elle a certainement joué contre des hommes, au contraire dépensant beaucoup d'énergie pour pouvoir le faire.

Peut-être mais dans la réalité de cette fiction, le personnage historique qui lutte pour affronter les hommes est Beth. Si on ne reporte pas certains faits historiques sur sa personne, il n'y a plus de série !

D'ailleurs, la vraie question est : les tournois étaient-ils mixtes ou pas ? Dans les règles comme dans les faits ?

Chakado dit :
Hadoken dit :
plutot lisse,sans surprise(pas de réel drama,pas de twist,nada.Tout est cousu de fil blanc,avec une fin tout sauf satisfaisante) ,ça se regarde tout seul et l'on aurai pu enlever un épisode facilement.
 

Le "pas de drama, pas de twist", c'est justement ce que j'ai trouvé original. 
Comme je le disais dans le topic sur les séries, c'est un récit sans antagoniste, personne ne cherche vraiment à mettre des bâtons dans les roues de l'héroïne. 

Ha mais oui voila, j'ai trouvé ça très reposant. On est tellement habitué à voir des fdp dans les séries qu'à chaque nouveau personnage je m'attendais à un nemesis. Il aurait été tellement facile par exemple de faire de la directrice de l'orphelinat un personnage abusif (genre j'avais comme dans Princess Sarah, meilleure référence jamais), alors qu'elle est juste, bha, une directrice quoi. 

DuncanIdaho dit :
Iskander dit :
DuncanIdaho dit :Quant au succès de Beth, je trouve qu'il n'est pas mieux décrit que par une phrase simple énoncée lors de son voyage final en Russie : les russes aussi ont une championne d'échecs, mais elle n'a jamais joué contre un homme !

Cette partie était pour moi incompréhensible, car c'est un personnage historique, et elle a certainement joué contre des hommes, au contraire dépensant beaucoup d'énergie pour pouvoir le faire.

Peut-être mais dans la réalité de cette fiction, le personnage historique qui lutte pour affronter les hommes est Beth. Si on ne reporte pas certains faits historiques sur sa personne, il n'y a plus de série !

D'ailleurs, la vraie question est : les tournois étaient-ils mixtes ou pas ? Dans les règles comme dans les faits ?

En théorie ils étaient mixtes, dans les faits pas vraiment, sauf certaines exceptions comme Vera Menchik dans les années trente. Des compétitions féminines ont été organisées depuis le 19ème siècle, et le format est resté: des compétitions ouvertes avec une présence exclusive ou écrasante d'hommes, et des championnats féminins fermés aux hommes. Voir l'article wikipedia (EN).

Merci pour ton lien. Je suis étonné que ce soit toujours le cas : encore aujourd’hui, au niveau mondial, il y a des compétitions féminines d’échecs ??? C’est assez triste !

La motivation pour des compétitions féminines est de créer un cadre qui encourage la participation compétitive de femmes. On dirait que pour l’instant il y ait pas mal de joueuses jeunes, mais qu’à partir de la fin de l’adolescence leur chiffre diminue énormément.

C’est certainement triste, mais c’est aussi une réalité qu’il est intéressant d’intégrer.

Voici une discussion intéressante de la question (EN)

Il y a avait eu aussi en 2018 (de mémoire) une petite interview de Maxime Vachier-Lagrave à l’émission On n’est pas Couchés un samedi soir. Malgré toute sa timidité, il avait été questionné sur son ressenti concernant le niveau aux échecs constaté chez les femmes par rapport aux hommes, au niveau de l’élite mondiale.

Il expliquait cela d’une part par le biais de la société a plutôt tendance à considérer cette discipline comme masculine (ce qui influence les attirances, qu’on le veuille ou non) et d’autre part par le fait qu’une fois constaté le nombre moins grand de femmes dans cette discipline, la “pyramide” est moins grande, ce qui implique donc une pointe de pyramide moins haute.

J’ai apprécié sa façon de s’essayer à une explication objective, factuelle, plutôt que de partir dans d’inutiles considérations pleines de préjugés injustifiés sur les différences de compétences cognitives entre les deux sexes / genres. Mais il ressemblait un peu à un lapin dans les phares d’une voiture, bref, je le sens plus à l’aise quand il se consacre aux 64 cases. :wink:

Une intervention de Judit Polgar (à priori meilleure joueuse d’échecs de tous les temps) sur sa vie, et dans un cadre général sur les échecs au féminin :

https://www.youtube.com/watch?v=z-ttu7dyBCU