viking dit:Si tu veux des arguments contre Breaking Bad, je suis ton homme!
Tavu.
Nan mais j'entends bien ces arguments, et j'ai du mal à y répondre... C'est une question de réceptivité aussi, Breaking Bad me parle à chaque épisode comme peu d'autres séries. C'est comme le "j'me fais chier", c'est difficile à contrer... Une longue scène de dialogue pourra assommer certaines personnes, et complètement captiver d'autres, si on arrive à se laisser happer.
Par exemple, sur les personnages, je les trouve tous à peu près inoubliables (oui bon, passons peut-être sur Walt Jr.) Tous les "méchants" ont une dégaine, une gueule, quelque chose qui les rend cultes dès leur apparition. Hank il déboîte dès le début, on voit bien que c'est un gros beauf content de lui et bas du front, mais malgré tout un flic né qui va pas mal emmerder son monde.
En terme de mise en scène, je vois beaucoup plus d'inventivité que ce que tu décris (il y a aussi les plans accélérés sur les paysages arides du Nouveau-Mexique comme effet récurrent

)
Dans la saison 2, je note, comme ça : l'ouverture du 2x08, un long plan fixe de plus de 4 min sur deux types sur un banc avec un dialogue à la Tarantino ; la chanson Negro y Azul en ouverture du 2x07, avec les mariachi en choeur de tragédie antique ; le huis-clos halluciné du 2x06 chez les junkies, et sa conclusion qui m'a mis un gros coup de poing de la ventre et m'a fait bondir de ma chaise ; la scène de défonce à la fin du 2x11...
Y a largement de quoi manger avant la saison 4.
Et je vois ce que tu veux dire si la trajectoire du personnage principal... mais Breaking Bad n'est pas vraiment la transformation d'un personnage, c'est plutôt l'histoire de la révélation d'un enculé. Walt est un enfoiré de première dès le début, un petit prof de chimie avec une haute opinion de lui, persuadé qu'il vaut mieux que ça, que son entourage le plombe (v'là le mépris qu'il a pour son beauf etc.) Donc moralement, le personnage n'évolue pas tant que ça, mais il y a quand même une belle montée en puissance, très jouissive, un sentiment de fuite en avant vers le crime, sans pouvoir situer précisément où est le point de non-retour.
Et la réalisation, in fine, de son propre égoïsme, du fait qu'il n'était attiré que par la puissance (je ne dirais même pas l'argent), que toutes ses tentatives de rationalisation étaient du flan, qui le mène à une sorte de semi rédemption très belle.
J'avais lu quelque part : "c'est comme si les frères Coen avaient fait une série télé". Je trouve ça très juste.