Bonjour,
Est-ce que quelqu’un peut me conseiller un bon ouvrage sur la sorcellerie (histoire, liens et influences avec la religion…).
Merci d’avance!
Salut Blancas’ !
Fastoche, va trainer sur le site officiel de Maléfices, un jeu de rôle sur la sorcellerie qui sent le souffre…
Attends je te retrouve ça…
Voilà : http://www.malefices.com/
Il est pas glamour a utilisé, mais les auteurs conseillent trés régulièrement plein d’ouvrage sur le sujet…
Par contre, je peux pas te dire où car le site est bloqué au boulot…
Probablement dans la rubrique Inspiration ou quelque chose dans le genre.
Par contre, évite de lire les scénarios, des fois que je te fasse jouer un jour
Voili !
As-tu lu la bible de la sorcellerie ? Le Grand Albert
Il y a encore peu de temps (3 ou 4 générations) cet ouvrage était caché dans toutes les armoires… et il ne faisait pas rire du tout !
Le malleus semble incontournable. Traduit du latin et trouvable sous le nom du Marteau des Sorcières.
Bréviaire des chasseurs de sorcières pendant deux siècles dans toute l’Europe, le Marteau des sorcières est sans doute le texte de démonologie le plus connu. Capital pour la compréhension des contagions de sorcellerie des XVe et XVIIe siècles, il apporte un témoignage d’une richesse exceptionnelle sur la vision du monde propre aux inquisiteurs et sur les fantasmes des sociétés médiévales.
Edit: un lien sur le malleus
http://medievales.revues.org/document732.html
@Motsou : Le Malleus est une super référence mais c’est du matériau “brut”, sans recul ni analyse historique/sociale du phénomène (quoique dans la préface de ton édition il y a surement des trucs pas mal).
En bon roliste (je préparais une campagne de Mage : the Sorcerers crusade qui n’a jamais vu le jour) j’ai fait pas mal de recherches sur le sujet. Chez moi j’ai :
Basique, simpliste, pas glop mais présente vite fait les grandes lignes du phénomène…
Nettement plus consistant*. Je l’avais emprunté en bibliothèque puis acheté pour terminer la lecture… ce que je n’ai jamais fait.
(*je viens de vérifier : 940 pages tout de même !!!)
Tiens, bing, je tombe là dessus sur Clio :
8-1998 . Georges Duby et l’histoire des femmes
Guy BECHTEL, La Sorcière et l’Occident. La destruction de la sorcellerie en Europe des origines aux grands bûchers, Paris, Plon, 1997, 733 p.
Éliane VIENNOT
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Texte intégral
Un très gros livre, très important, très impressionnant. Une véritable somme, qui s’appuie sur les travaux réalisés depuis une vingtaine d’années en Europe occidentale et ceux qui commencent à émerger de l’ancien bloc de l’Est. L’auteur (historien et germaniste, spécialiste de la Renaissance et de l’imprimerie) présente une vue d’ensemble magistrale, bien éloignée des images romantiques qui ont longtemps prévalu, dans le double but de faire savoir (même ce qui nous dérange le plus) et de faire comprendre (même l’incompréhensible).
D’entrée de jeu, il s’attaque à l’idée la plus communément admise : « on sait maintenant avec certitude […] que la sorcière diabolique ne fut pas une figure du Moyen Âge (qui s’en occupait assez peu), mais bien plutôt de la Renaissance et du début des Temps modernes. On l’a surtout chassée et tuée en masse entre 1560 et 1650, quand l’époque médiévale était déjà bien loin, au moment où les idées de tolérance et de rationalité commençaient même à poindre en Europe. Elle fut une victime des Modernes, et non des Anciens. » Quelle folie saisit donc l’Occident, alors que, comme le rappelle l’auteur, « les sorcières ont toujours existé » ?
Pour le comprendre, il faut tout d’abord distinguer la sorcellerie simple (ou « de premier type »), et la sorcellerie diabolique (ou « de second type »). La première, pratiquée par les hommes aussi bien que par les femmes, est de tous les cieux et de toutes les époques y compris la nôtre : c’est celle qui consiste à lever ou jeter des sorts, prédire l’avenir, concocter des philtres, chercher le contact avec les morts, voire la pierre philosophale… Ces activités, parfois purement spéculatives, peuvent aussi être franchement nuisibles. Même si l’on peut douter de l’efficience des incantations et des poupées lardées d’aiguilles, l’angoisse des victimes et l’exploitation de la crédulité humaine des client(e)s sont bien réelles, et c’est une erreur « de croire, comme certains historiens, que c’est l’Inquisition, et non le sorcier, qui a inventé la sorcellerie ». C’est à leurs pratiques, à leurs croyances, à la tolérance dont ils/elles bénéficiaient ou au contraire aux poursuites dont ils/elles ont été l’objet, que sont consacrés les premiers chapitres du livre (Antiquité grecque et romaine, Antiquité tardive, haut Moyen Age).
Ce qui change par la suite n’est pas la pratique des sorciers mais le réseau de croyances dans lequel on les insère. A l’aube du premier millénaire, en effet, s’invente la sorcellerie « de deuxième type » (celle des sabbats, des balais, des messes à l’envers, des hosties profanées, des copulations bestiales et des meurtres d’enfants), que rend seule possible la croyance en Satan et en ses pouvoirs. Or celle-ci ne se forma que très lentement. Les nombreux textes émis par Rome témoignent que, longtemps, l’Église ne vit là que superstitions : Satan n’était qu’ un des anges déchus, il n’avait qu’un pouvoir d’illusionniste, ses prétendu(e)s adeptes étaient victimes de leur imagination. Aussi les premiers massacres pour sorcellerie, après l’an mille, se confondent-ils avec la répression des hérésies (manichéens, vaudois, juifs…), la criminalisation des conduites atypiques (homosexuels, errants), la condamnation des malades (lépreux, pestiférés) et… les règlements de compte politiques (Cathares, Templiers).
Vers les XIIe-XIIIe siècles cependant, la réduction des divers démons qui peuplaient les imaginaires anciens à un seul, Satan, maître absolu de l’Enfer et rival de Dieu sur terre, est réalisée. La thèse du complot se dessine alors : l’un veut la ruine de l’autre, et la met en œuvre grâce à ses agents (le sorcier, la sorcière et plutôt celle-ci que celui-là, à présent), qu’il convient donc d’exterminer. Mais comment les identifier ? Guy Bechtel dit avec malice (car l’humour affleure souvent dans ce livre terrible, et cela fait du bien) que pour cette sorcière-là, « l’essence précéda l’existence, c’est-à-dire que certains esprits la conçurent avant qu’on pût la rencontrer dans la réalité ». Un portrait-robot est en effet mis au point dans les années 1400-1450 à partir de stéréotypes empruntés tant à la misogynie traditionnelle (vieille, édentée, bossue, méchante) qu’à d’autres modèles de persécutés (nez crochu, adepte de meurtres rituels). Même si le peuple tarde à prendre le Diable au sérieux (la littérature populaire des XIVe et XVe siècles est encore remplie de ses facéties), les premiers bûchers s’allument pour l’instant concentrés dans le monde alpin (Suisse, Dauphiné, Savoie).
Deux phénomènes effectivement propres au monde moderne précipitent alors le déclenchement de l’épidémie : l’invention de l’imprimerie ( ca. 1460) et le développement d’un milieu particulier, celui des clercs. En quelques décennies, les « idées nouvelles » se propagent dans toute l’Europe jusque loin au nord et à l’est les livres en latin franchissant aisément les frontières géographiques et linguistiques. Les premiers responsables de cette mobilisation sont bien entendu des religieux (il n’y a guère alors que les gens d’Église qui manient la plume), mais ce sont plutôt des isolés, qui font passer leurs thèses « en force ». Ainsi, Sprenger et Krämer, les deux dominicains auteurs du fameux Marteau des sorcières ( Malleus maleficarum, 1486) publièrent en avant-propos de leur livre des extraits d’une bulle d’Innocent VIII pour faire croire qu’ils avaient son aval et couvrir ainsi de l’autorité de Rome la misogynie maladive qui leur était propre, alors que le pape mettait en cause « un certain nombre de personnes de l’un et l’autre sexe »…
Au cours du XVIe siècle cependant, le relais de l’offensive est pris par les juges civils, certes toujours nourris par l’Église, mais surtout imbus du nouveau pouvoir que leur confèrent les États modernes en formation. Ce sont eux qui interrogent, qui ordonnent la torture et les punitions, eux qui font rechercher sur le corps des femmes les marques diaboliques (taches de peau dans lesquelles on enfonce des aiguilles pour « vérifier » : en cas d’absence de douleur, c’en est bien une). Ce sont eux qui légalisent « le droit de tuer », eux qui rédigent les manuels de « démonologie », ces livres qui non seulement diffusent le portrait-robot, mais fournissent la liste des questions à poser et des réponses à obtenir… Et cette science (où brillent tout particulièrement les théoriciens français) se diffuse dans le peuple grâce aux « canards », ces ancêtres des journaux (autres produits de l’imprimerie) qui rapportent en détails les grands procès ; de sorte que d’un bout à l’autre de l’Europe, on avoue sous la torture les mêmes fantasmagories et on lance les mêmes accusations quand on veut se débarrasser d’une voisine ou d’une vieille tante…
Le temps des grandes chasses connaît deux grands pics : 1480-1520, puis 1560-1650. Dans certaines villes, on brûle les « coupables » par dizaines ou centaines d’un coup, durant des années de suite, car les premières tortures entraînent des dénonciations, qui elles-mêmes produisent de nouvelles coupables… jusqu’à ce que les plus hautes personnalités de la contrée soient mises en cause ce qui, parfois, arrête la machine infernale. Les seules digues qui contiennent ce zèle meurtrier sont les États forts, où les juges locaux sont « tenus » par leur hiérarchie (France de l’époque, Espagne, Angleterre), et l’Église dans les territoires qu’elle contrôle et où l’on ne s’acharne que sur les vrais hérétiques (Italie). Quelques voix discordantes, aussi, se font entendre, mais aucun des grands humanistes, aucun des grands créateurs de l’époque… Il semble que ce soit la lassitude, et aussi les excès grotesques des grandes affaires de « possession » du XVIIe siècle, qui aient mis fin à la tuerie avec des prolongements tardifs en Europe de l’Est, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Combien de victimes ? 50 à 100 000 disent aujourd’hui les chercheurs, ce qui n’est pas le génocide parfois évoqué, mais qui est tout de même effarant, d’autant qu’aucun juge n’a jamais détenu la moindre preuve matérielle du crime (le commerce avec le Diable), et pour cause. Qui furent les victimes ? Des femmes à 80 %, pour la plupart vieilles, campagnardes, illettrées, en mauvais termes avec leur entourage immédiat mais on poursuivit des sorcières jusque sur les trônes (Ann Boleyn) ou à côté (Léonora Galigaï). Où ? Pour l’essentiel en Allemagne actuelle, Suisse, Bourgogne, Lorraine, Ecosse. Enfin, question centrale, pourquoi cette hécatombe ?
À l’évidence, il y a des réponses à cette question, que Guy Bechtel passe en revue en résumant les différentes thèses en présence, avant d’avouer qu’aucune n’est vraiment satisfaisante et de nous entraîner vers des hypothèses (la peur, le mauvais temps, le masochisme de l’espèce humaine) qui laissent franchement dubitatif. La piste « rivalité hommes/femmes », en revanche, n’est pas évoquée. Or c’est là, vraisemblablement, que résident les explications les plus solides, et en tout cas c’est celle que suggère le livre lui-même. À l’heure où le développement des États modernes créait des milliers d’emplois intermédiaires relevant de la fonction publique d’où il n’était pas fatal que les femmes des couches moyennes et supérieures soient exclues puisque les compétences requises relevaient du savoir n’était-il pas judicieux, pour ceux qui y étaient en situation de monopole, de diaboliser l’ensemble du sexe féminin et de s’acharner sur le maillon le plus faible de la chaîne ? Guy Bechtel semble avoir renoncé, en fin de parcours, à tirer les conclusions de son étude. On ne lui en voudra pas.
Pour citer cet article
Éliane VIENNOT, « Guy BECHTEL, La Sorcière et l’Occident. La destruction de la sorcellerie en Europe des origines aux grands bûchers, Paris, Plon, 1997, 733 p. », Clio, numéro 8-1998, Georges Duby et l’histoire des femmes, [En ligne], mis en ligne le 21 mars 2003. URL : http://clio.revues.org/index330.html. Consulté le 29 décembre 2008.
fabericus dit:En bon roliste (je préparais une campagne de Mage : the Sorcerers crusade qui n'a jamais vu le jour)
sorcellerie... combien de campagne de jdr ont-elles vraiment vu le jour ? Combien furent menées à leur terme... ?
El comandante dit:fabericus dit:En bon roliste (je préparais une campagne de Mage : the Sorcerers crusade qui n'a jamais vu le jour)
sorcellerie... combien de campagne de jdr ont-elles vraiment vu le jour ? Combien furent menées à leur terme... ?
Je ne crois pas avoir jamais vu une campagne de jdr se terminer autrement que par attrition...
fabericus dit:El comandante dit:fabericus dit:En bon roliste (je préparais une campagne de Mage : the Sorcerers crusade qui n'a jamais vu le jour)
sorcellerie... combien de campagne de jdr ont-elles vraiment vu le jour ? Combien furent menées à leur terme... ?
Je ne crois pas avoir jamais vu une campagne de jdr se terminer autrement que par attrition...
Là j'en ai deux prêtes à mener, dont une maléfices pour M. Corbax...
Sinon j’ai du parnoia en stock
… mais on pollue peut-être un chouille, non ?
fabericus dit:Sinon j'ai du parnoia en stock... mais on pollue peut-être un chouille, non ?
voui mais l'essentiel a été dit sur ce sujet.
Et puis tu pourras poursuivre les références devant ton sandwich pain complet-céleri au curry...