Bonjour, je me permets de partager avec vous mon dernier article, intitulé Jeu, culture et Divertissement. L’article touche à la place du jeu dans notre société, je pense que ça peut vous intéresser.
Le Divertissement est souvent perçu comme une activité amusante et innovante, alors que la Culture serait une activité ennuyeuse et formaliste. Cette distinction est-elle pertinente ? Le jeu est-il seulement un produit de divertissement ? La culture peut-elle être amusante ? Divertissement et culture sont-ils complémentaires ou entrent-ils forcément en compétition ? Je vais tenter de répondre à ces questions à travers l’exemple du jeu.
Votre point de vue est le bienvenu. Je n’ai pas une culture encyclopédique du jeu de société et vous aurez peut-être des compléments d’information à me proposer.
Le “jeu sérieux” (serious game en anglais) est un outil éducatif qui utilise des mécaniques ludiques dans un objectif qui n’a rien à voir avec le divertissement. Les jeux sérieux sont très à la mode, il y a même des sociétés spécialisées dans le domaine.
Quand je parle de “jeux sérieux”, je ne veux pas dire que certains jeux sont sérieux et que d’autres ne le sont pas. Les “jeux sérieux”, c’est comme ça qu’on appelle des supports éducatifs ou commerciaux qui prennent la forme du jeu pour mieux capter l’intérêt de leur auditoire. C’est une catégorie de supports éducatifs. Ce n’est pas moi qui ai choisi de les appeler ainsi. Ce n’est pas un jugement de valeur de ma part, ni un moyen de discriminer des jeux que je jugerais plus “culturels” que d’autres (pour moi, tous les jeux de société dits “modernes” sont des produits culturels ET des produits de divertissement).
L’éducation nationale, les sociétés de formation, les publicitaires utilisent le jeu sérieux. Un jeu est éducatif en lui-même, par ses mécaniques, par son côté social. Mais le jeu sérieux a pour objectif un apprentissage de compétences ou de connaissances précis, et cet apprentissage passe avant l’aspect ludique. Un jeu sérieux n’est pas structuré comme un jeu de société ou comme un jeu vidéo classique. Souvent, il ressemble plus à un support pédagogique interactif qu’à un véritable jeu. Je t’invite à taper “serious game” sur ton moteur de recherche pour mieux te rendre compte.
Je suis assez perplexe aussi. Tu manies des notions délicates en essayant de t’accrocher aux branches des définitions mais j’ai l’impression que la démarche n’aboutit pas. Tu pourrais commencer par distinguer la culture d’un individu (ce qu’il sait du monde, ce qu’il a appris à l’école ou en lisant dans son lit et qui par exemple peut, parfois, s’assimiler à la culture bourgeoise ou à une contre-culture), et la culture au sens large, c’est-à-dire les pratiques, les modi, les us d’une population. Le jeu est devenu, pour une part non négligeable de la population mais non quantifiée à ma connaissance, une pratique culturelle. Cette pratique s’insère dans une méta-culture qui est celle des loisirs (une notion qui varie considérablement suivant la partie du monde que tu envisages), elle-même issue de la lutte sociale qui entre les années 30 et 80 a permis une augmentation du revenu du plus grand nombre tout en voyant leur temps de travail diminuer. Cette pratique culturelle du jeu a très vite été marchandisée par de grosses sociétés (Parker, MB…) qui ont produit des jeux aux auteurs inconnus (être auteur d’un jeu dans les années 20 à 80 est une rareté). Ces jeux on y a tous joué (Puissance 4, Destin…). Aujourd’hui le jeu s’affirme comme une donnée culturelle, tant dans la forme que dans la praxis. Le jeu a un auteur, un illustrateur, un éditeur, un distributeur… souvent avec des identités particulières propres (comme un auteur de livres ou une maison d’édition comme NRF ou Maspero). Le jeu n’est un produit culturel que par ce qu’il s’insère également dans une culture plus large, celle de la marchandisation. Ce n’est pas un gros mot mais la traduction de devoir payer pour jouer, ce qui n’a rien de choquant. Des pratiques alternatives existent puisque par exemple des auteurs proposent des jeux en Print 'n Play. On peut considérer qu’ils sont là dans une contre-culture, celle de la gratuité.
EDIT je orécise tout de même que de tout temps on a joué dans toutes les civilisations mais que aujourd’hui le temps de jeu s’est élargi. Par exemple, les parties de cartes ou de dés des cafés du XIXème qui faisaient face aux charbonnages, ou les parties de colin-maillard de l’aristocratie européenne du XVIIIème ont laissé place à autre chose, de plus vaste, de moins ritualisé et de plus riche.
Je te remercie pour ton retour. J’ai voulu mettre en lumière une certaine vision du jeu, dénoncer la place et le sens donnés au divertissement dans notre société tout en montrant l’utilité de manier à la fois culture et divertissement dans la pratique ludique. Effectivement, je manie beaucoup de notions et c’est la difficulté de vouloir parler de sujets complexes sans verser dans la monographie sociologique. Mon article de blog fait déjà 7 pages A4…
Le débat et la question sont certes beaucoup plus larges que les points que j’aborde, et les points que j’aborde traduisent certainement un parti-pris de ma part. Tu en fais la démonstration avec les compléments d’information que tu fournis dans ton message.
Je ne pense pas reprendre cet article, en tout cas pas dans l’immédiat. Je vais donc accepter ses imperfections en espérant qu’il aura atteint son objectif : faire réfléchir sur ces questions à défaut de pouvoir proposer une vision objective et complète du sujet abordé.
Zemeckis dit :Selon ta définition, pourquoi ne pas appeler les "jeux sérieux" les "jeux éducatifs" ? Ce serait plus approprié non ?
Salut Zemeckis, "jeu sérieux" est le terme communément accepté pour le type de jeux dont je parle. Ce terme est peu connu dans les milieux ludiques, il est en revanche commun dans les milieux de la formation et de l'éducation. Dans ce cas précis, ce ne serait pas plus approprié de parler de "jeu éducatif" vu que je fais référence à un type précis de jeu qui porte l'appellation "jeu sérieux" et aucune autre.
Pour l'anecdote, lorsque j'avais utilisé le terme "jeu éducatif" pour parler de mon jeu de société pédagogique sur l'archéologie, on m'avait rétorqué qu'un jeu est par nature éducatif et que le terme "jeu éducatif" n'a donc pas de sens. Le problème des définitions est récurrent : comment appeler un jeu qui a pour but un apprentissage - ici l'archéologie ? Le terme "jeu éducatif" ne convient pas, le terme "jeu sérieux" non plus car mon jeu est aussi un produit ludique et pas seulement un produit éducatif. Le terme "pédagogique" est mieux compris sauf qu'étymologiquement, cela signifie "éducation pour les enfants", et mon jeu ne s'adresse pas seulement aux enfants. Actuellement, je penche plutôt vers l'appellation de "jeu culturel", ce qui n'est pas sans rappeler mon article ! On pourrait me rétorquer qu'un jeu est également culturel par nature... On ne s'en sort pas ! ;)