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MrGirafe dit:Il faudrait une petite interprétation-analyse du texte, non ?


Lautréamont débloque complétement mais il écrit bien.

Ca suffira ? Sinon, donne moi le lien je fais les copié-collés ! :)

Alors, les mers soulèvent
leurs eaux, engloutissent dans leurs abîmes les
planches ; les ouragans, les tremblements de terre
renversent les maisons ; la peste, les maladies
diverses déciment les familles priantes. Mais, les
hommes ne s’ en aperçoivent pas. Je les ai vus aussi
rougissant, pâlissant de honte pour leur conduite
sur cette terre ; rarement. Tempêtes, soeurs des
ouragans ; firmament bleuâtre, dont je n’ admets pas
la beauté ; mer hypocrite, image de mon coeur ;
terre, au sein mystérieux ; habitants des sphères ;
univers entier ; Dieu, qui l’ as créé avec
magnificence, c’ est toi que j’ invoque : montre-moi
un homme qui soit bon ! … mais, que ta grâce
décuple mes forces naturelles ; car, au spectacle de
ce monstre, je puis mourir d’ étonnement ; on meurt
à moins.

On doit laisser pousser ses ongles pendant quinze
jours. Oh ! Comme il est doux d’ arracher brutalement
de son lit un enfant qui n’ a rien encore sur la
lèvre supérieure, et, avec les yeux très-ouverts,
de faire semblant de passer suavement la main sur
son front, en inclinant en arrière ses beaux
cheveux ! Puis, tout à coup, au moment où il s’ y
attend le moins, d’ enfoncer les ongles longs dans
sa poitrine molle, de façon qu’ il ne meure pas ;
car, s’ il mourait, on n’ aurait pas plus tard
l’ aspect de ses misères. Ensuite, on boit le sang en
léchant les blessures ; et, pendant ce temps, qui
devrait durer autant que l’ éternité dure, l’ enfant
pleure. Rien n’ est si bon que son sang, extrait
comme je viens de le dire, et tout chaud encore, si
ce ne sont ses larmes, amères comme le sel. Homme,
n’ as-tu jamais goûté de ton sang, quand par hasard
tu t’ es coupé le doigt ? Comme il est bon, n’ est-ce
pas ; car, il n’ a aucun goût. En outre, ne te
souviens-tu pas d’ avoir un jour, dans tes réflexions
lugubres, porté la main, creusée au fond, sur ta
figure maladive mouillée par ce qui tombait des
yeux ; laquelle main ensuite se dirigeait fatalement
vers la bouche, qui puisait à longs traits, dans
cette coupe, tremblante comme les dents de l’ élève
qui regarde obliquement celui qui est né pour
l’ oppresser, les larmes ? Comme elles sont bonnes,
n’ est-ce pas ; car, elles ont le goût du vinaigre.
On dirait les larmes de celle qui aime le plus ;
mais, les larmes de l’ enfant sont meilleures au
palais.

Lui, ne trahit pas, ne connaissant pas encore
le mal : celle qui aime le plus trahit tôt ou tard…
je le devine par analogie, quoique j’ ignore ce que
c’ est que l’ amitié, que l’ amour (il est probable que
je ne les accepterai jamais ; du moins, de la part
de la race humaine). Donc, puisque ton sang et tes
larmes ne te dégoûtent pas, nourris-toi, nourris-toi
avec confiance des larmes et du sang de l’ adolescent.
Bande-lui les yeux, pendant que tu déchireras ses
chairs palpitantes ; et, après avoir entendu de
longues heures ses cris sublimes, semblables aux
râles perçants que poussent dans une bataille les
gosiers des blessés agonisants, alors,
t’ ayant écarté comme une avalanche, tu te
précipiteras de la chambre voisine, et tu feras
semblant d’ arriver à son secours. Tu lui délieras
les mains, aux nerfs et aux veines gonflées, tu
rendras la vue à ses yeux égarés, en te remettant
à lécher ses larmes et son sang. Comme alors le
repentir est vrai ! L’ étincelle divine qui est en
nous, et paraît si rarement, se montre ; trop tard !

MrGirafe dit:Attention, je pense que la noiraude est la plus troll de nous tous..
Oui, mais seulement 68 messages en un an... pas énorme, pour une trolleuse 8)

79 messages, pârdon, !

Comme le coeur déborde de pouvoir consoler
l’ innocent à qui l’ on a fait du mal : " adolescent,
qui venez de souffrir des douleurs cruelles, qui
donc a pu commettre sur vous un crime que je ne sais
de quel nom qualifier ! Malheureux que vous êtes !
Comme vous devez souffrir ! Et si votre mère savait
cela, elle ne serait pas plus près de la mort, si
abhorrée par les coupables, que je ne le suis
maintenant. Hélas ! Qu’ est-ce donc que le bien et
le mal ! Est-ce une même chose par laquelle nous
témoignons avec rage notre impuissance, et la
passion d’ atteindre à l’ infini par les moyens même
les plus insensés ? Ou bien, sont-ce deux choses
différentes ? Oui… que ce soit plutôt une même
chose… car, sinon, que deviendrai-je au jour du
jugement ! Adolescent, pardonne-moi ; c’ est celui
qui est devant ta figure noble et sacrée, qui a
brisé tes os et déchiré les chairs qui pendent à
différents endroits de ton corps. Est-ce un délire
de ma raison malade, est-ce un instinct secret qui
ne dépend pas de mes raisonnements, pareil à celui
de l’ aigle déchirant sa proie, qui m’ a poussé à
commettre ce crime ; et pourtant, autant que ma
victime, je souffrais ! Adolescent, pardonne-moi.

Fichtre ! une noiraude qui charge… ça fait peur !!!

Une fois sortis de cette vie passagère, je veux que
nous soyons entrelacés pendant l’ éternité ; ne former
qu’ un seul être, ma bouche collée à ta bouche.
Même, de cette manière, ma punition ne sera pas
complète. Alors, tu me déchireras, sans jamais
t’ arrêter, avec les dents et les ongles à la fois.
Je parerai mon corps de guirlandes embaumées, pour
cet holocauste expiatoire ; et nous souffrirons tous
les deux, moi, d’ être déchiré, toi, de me déchirer…
ma bouche collée à ta bouche. ô adolescent, aux
cheveux blonds, aux yeux si doux, feras-tu
maintenant ce que je te conseille ? Malgré toi,
je veux que tu le fasses, et tu rendras heureuse ma
conscience. " après avoir parlé ainsi, en même temps
tu auras fait le mal à un être humain, et tu seras
aimé du même être : c’ est le bonheur le plus grand
que l’ on puisse concevoir. Plus tard, tu pourras le
mettre à l’ hôpital ; car le perclus ne pourra pas
gagner sa vie. On t’ appelera bon, et les couronnes
de laurier et les médailles d’ or cacheront tes
pieds nus, épars sur la grande tombe, à la figure
vieille. ô toi, dont je ne veux pas écrire le nom
sur cette page qui consacre la sainteté du crime, je
sais que ton pardon fut immense comme l’ univers.
Mais, moi, j’ existe encore !

J’ ai fait un pacte avec la prostitution afin de semer
le désordre dans les familles. Je me rappelle la
nuit qui précéda cette dangereuse liaison. Je vis
devant moi un tombeau. J’ entendis un ver luisant, grand
comme une maison, qui me dit : " je vais t’ éclairer.
Lis l’ inscription. Ce n’ est pas de moi que vient cet
ordre suprême. " une vaste lumière couleur de sang,
à l’ aspect de laquelle mes mâchoires claquèrent et
mes bras tombèrent inertes, se répandit dans les
airs jusqu’ à l’ horizon. Je m’ appuyai contre une
muraille en ruine, car j’ allais tomber, et je lus :
" ci-gît un adolescent qui mourut poitrinaire : vous
savez pourquoi. Ne priez pas pour lui. " beaucoup
d’ hommes n’ auraient peut-être pas eu autant de
courage que moi. Pendant ce temps, une belle femme nue
vint se coucher à mes pieds. Moi, à elle, avec une
figure triste : " tu peux te relever. " je lui tendis
la main avec laquelle le fratricide égorge sa soeur.
Le ver luisant à moi : " toi, prends une pierre et
tue-la. -pourquoi ? " lui dis-je. Lui, à moi :
" prends garde à toi ; le plus faible, parce que je
suis le plus fort. Celle-ci s’ appelle
Prostitution. "

les larmes dans les yeux, la
rage dans le coeur, je sentis naître en moi une
force inconnue. Je pris une grosse pierre ; après
bien des efforts, je la soulevai avec peine jusqu’ à
la hauteur de ma poitrine ; je la mis sur l’ épaule
avec les bras. Je gravis une montagne jusqu’ au
sommet : de là, j’ écrasai le ver luisant. Sa tête
s’ enfonça sous le sol d’ une grandeur d’ homme ; la
pierre rebondit jusqu’ à la hauteur de six églises.
Elle alla retomber dans un lac, dont les eaux
s’ abaissèrent un instant, tournoyantes, en creusant
un immense cône renversé. Le calme reparut à la
surface ; la lumière de sang ne brilla plus. " hélas !
Hélas ! S’ écria la belle femme nue ; qu’ as-tu
fait ? " moi, à elle : " je te préfère à lui ; parce
que j’ ai pitié des malheureux. Ce n’ est pas ta faute,
si la justice éternelle t’ a créée. " elle, à moi :
" un jour, les hommes me rendront justice ; je ne t’ en
dis pas davantage. Laisse-moi partir, pour aller
cacher au fond de la mer ma tristesse infinie. Il n’ y
a que toi et les monstres hideux qui grouillent dans
ces noirs abîmes, qui ne me méprisent pas. Tu es bon.
Adieu, toi qui m’ as aimée ! " moi, à elle : " adieu !
Encore une fois : adieu ! Je t’ aimerai toujours ! …
dès aujourd’ hui, j’ abandonne la vertu. " c’ est
pourquoi, ô peuples, quand vous entendrez le vent
d’ hiver gémir sur la mer et près de ses bords, ou
au-dessus des grandes villes, qui, depuis longtemps,
ont pris le deuil pour moi, ou à travers les froides
régions polaires, dites : " ce n’ est pas l’ esprit de
Dieu qui passe : ce n’ est que le soupir aigu de la
prostitution, uni avec les gémissements graves du
montévidéen. " enfants, c’ est moi qui vous le dis.
Alors, pleins de miséricorde, agenouillez-vous ; et
que les hommes, plus nombreux que les poux, fassent
de longues prières.

Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits
isolés de la campagne, l’ on voit, plongé dans
d’ amères réflexions, toutes les choses revêtir des
formes jaunes, indécises, fantastiques. L’ ombre des
arbres, tantôt vite, tantôt lentement, court, vient,
revient, par diverses formes, en s’ aplatissant, en se
collant contre la terre. Dans le temps, lorsque
j’ étais emporté sur les ailes de la jeunesse, cela
me faisait rêver, me paraissait étrange ; maintenant,
j’ y suis habitué. Le vent gémit à travers les feuilles
ses notes langoureuses, et le hibou chante sa grave
complainte, qui fait dresser les cheveux à ceux qui
l’ entendent.

Ah tout de suite, ça a plus de tenue…

Bon, une remarque sur la mise en page, mais sinon j’ai pas lu.
Juste les vagues créées par le mots suffisent à mon bonheur.

Alors, les chiens, rendus furieux,
brisent leurs chaînes, s’ échappent des fermes
lointaines ; ils courent dans la campagne, çà et là,
en proie à la folie. Tout à coup, ils s’ arrêtent,
regardent de tous les côtés avec une inquiétude
farouche, l’ oeil en feu ; et, de même que les
éléphants, avant de mourir, jettent dans le désert
un dernier regard au ciel, élevant désespérément
leur trompe, laissant leurs oreilles inertes, de
même les chiens laissent leurs oreilles inertes,
élèvent la tête, gonflent le cou terrible, et se
mettent à aboyer, tour à tour, soit comme un enfant
qui crie de faim, soit comme un chat blessé au
ventre au-dessus d’ un toit, soit comme une femme qui
va enfanter, soit comme un moribond atteint de la
peste à l’ hôpital, soit comme une jeune fille qui
chante un air sublime, contre les étoiles au nord,
contre les étoiles à l’ est, contre les étoiles au
sud, contre les étoiles à l’ ouest ; contre la lune ;
contre les montagnes, semblables au loin à des
roches géantes, gisantes dans l’ obscurité ; contre
l’ air froid qu’ ils aspirent à pleins poumons, qui
rend l’ intérieur de leur narine rouge, brûlant ;
contre le silence de la nuit ; contre les chouettes,
dont le vol oblique leur rase le museau, emportant
un rat ou une grenouille dans le bec, nourriture vivante, douce
pour les petits ; contre les lièvres qui
disparaissent en un clin d’ oeil ; contre le voleur,
qui s’ enfuit au galop de son cheval après avoir
commis un crime ; contre les serpents, remuant les
bruyères, qui leur font trembler la peau, grincer
les dents ; contre leurs propres aboiements, qui
leur font peur à eux-mêmes ; contre les crapauds
qu’ ils broient d’ un seul coup de mâchoire (pourquoi
se sont-ils éloignés du marais ? ) ; contre les arbres,
dont les feuilles, mollement bercées, sont autant
de mystères qu’ ils ne comprennent pas, qu’ ils
veulent découvrir avec leurs yeux fixes, intelligents ;
contre les araignées, suspendues entre leurs longues
pattes, qui grimpent sur les arbres pour se sauver ;
contre les corbeaux qui n’ ont pas trouvé de quoi
manger pendant la journée, et qui s’ en reviennent
au gîte l’ aile fatiguée ; contre les rochers du
rivage ; contre les feux, qui paraissent aux mâts
des navires invisibles ; contre le bruit sourd des
vagues ; contre les grands poissons, qui, nageant,
montrent leur dos noir, puis s’ enfoncent dans
l’ abîme ; et contre l’ homme qui les rend esclaves.

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(NDLN : Il est fort le bougre)

Oui, mais finalement, je me demande si je préférais pas la première vague… :wink:

Après quoi, ils se mettent de nouveau à courir
dans la campagne, en sautant, de leurs pattes
sanglantes, par-dessus les fossés, les chemins, les
champs, les herbes et les pierres escarpées. On les
dirait atteints de la rage, cherchant un vaste
étang pour apaiser leur soif. Leurs hurlements
prolongés épouvantent la nature. Malheur au
voyageur attardé ! Les amis des cimetières se
jetteront sur lui, le déchireront, le mangeront avec
leur bouche d’ où tombe du sang ; car ils n’ ont pas
les dents gâtées. Les animaux sauvages, n’ osant pas
s’ approcher pour prendre part au repas de chair,
s’ enfuient à perte de vue, tremblants. Après
quelques heures, les chiens, harassés de courir çà
et là, presque morts, la langue en dehors de la
bouche, se précipitent les uns sur les autres, sans
savoir ce qu’ ils font, et se déchirent en mille
lambeaux, avec une rapidité incroyable.

Ils n’ agissent pas ainsi par cruauté. Un jour, avec des
yeux vitreux, ma mère me dit : " lorsque tu seras
dans ton lit, que tu entendras les aboiements des
chiens dans la campagne, cache-toi dans ta
couverture, ne tourne pas en dérision ce qu’ ils
font : ils ont soif insatiable de l’ infini, comme
toi, comme moi, comme le reste des humains, à la
figure pâle et longue. Même, je te permets de te
mettre devant la fenêtre pour contempler ce spectacle,
qui est assez sublime. " depuis ce temps, je respecte
le voeu de la morte. Moi, comme les chiens,
j’ éprouve le besoin de l’ infini… je ne puis, je ne
puis contenter ce besoin ! Je suis le fils de l’ homme
et de la femme d’ après ce qu’ on m’ a dit. ça
m’ étonne… je croyais être davantage ! Au reste,
que m’ importe d’ où je viens ? Moi, si cela avait
pu dépendre de ma volonté, j’ aurais voulu être
plutôt le fils de la femelle du requin, dont la
faim est amie des tempêtes, et du tigre, à la
cruauté reconnue : je ne serais pas si méchant.

ça doit prendre plus de place sur le serveur, les longs posts, non ?

Vous, qui me regardez, éloignez-vous de moi, car
mon haleine exhale un souffle empoisonné. Nul n’ a
encore vu les rides vertes de mon front ; ni les os
en saillie de ma figure maigre, pareils aux arêtes
de quelque grand poisson, ou aux rochers couvrant
les rivages de la mer, ou aux abruptes montagnes
alpestres, que je parcourus souvent, quand j’ avais
sur ma tête des cheveux d’ une autre couleur. Et,
quand je rôde autour des habitations des hommes,
pendant les nuits orageuses, les yeux ardents, les
cheveux flagellés par le vent des tempêtes, isolé
comme une pierre au milieu du chemin, je couvre
ma face flétrie, avec un morceau de velours, noir
comme la suie qui remplit l’ intérieur des cheminées :
il ne faut pas que les yeux soient témoins de la
laideur que l’ être suprême, avec un sourire de
haine puissante, a mise sur moi. Chaque matin, quand
le soleil se lève pour les autres, en répandant la
joie et la chaleur salutaires dans la nature, tandis
qu’ aucun de mes traits ne bouge, en regardant
fixement l’ espace plein de ténèbres, accroupi vers
le fond de ma caverne aimée, dans un désespoir qui
m’ enivre comme le vin, je meurtris de mes puissantes
mains ma poitrine en lambeaux.

Pourtant, je sens que
je ne suis pas atteint de la rage ! Pourtant, je sens
que je ne suis pas le seul qui souffre ! Pourtant, je
sens que je respire ! Comme un condamné qui essaie
ses muscles, en réfléchissant sur leur sort, et qui
va bientôt monter à l’ échafaud, debout, sur mon lit
de paille, les yeux fermés, je tourne lentement
mon col de droite à gauche, de gauche à droite,
pendant des heures entières ; je ne tombe pas raide
mort. De moment en moment, lorsque mon col ne peut
plus continuer de tourner dans un même sens, qu’ il
s’ arrête, pour se remettre à tourner dans un sens
opposé, je regarde subitement l’ horizon, à travers
les rares interstices laissés par les broussailles
épaisses qui recouvrent l’ entrée : je ne vois rien !
Rien… si ce ne sont les campagnes qui dansent en
tourbillons avec les arbres et avec les longues
files d’ oiseaux qui traversent les airs. Cela me
trouble le sang et le cerveau… qui donc, sur la
tête, me donne des coups de barre de fer, comme un
marteau frappant l’ enclume ?