Eh beh… vous en avez des sujets sérieux en ce début d’année
Déjà, encore une fois, il y a le problème de définir ce qu’est le travail, comme d’habitude en fait, histoire de bien perdre tout le monde pour finalement ne pas avancer beaucoup sur la question.
Mais déjà, est-ce une question ? Marx faisait du travail l’essence même de l’humain : seul être capable de transformer la nature pour subvenir à ses besoins. Fondamentalement, les biologistes ne sont pas vraiment d’accord avec cette assertion : les fourmis, les abeilles modifient leur environnement pour se loger, se nourrir et donc travaillent.
Des définitions, il y en a un paquet : philosophiques, politiques, économiques…
Et elles ne posent pas toutes la liaison avec un salaire, une rétribution.
Beaucoup de choses ont été dites ici qui me semblent faire sens, sans doute autant par ressenti que par expérience. Et finalement, même si ça part un peu dans tous les sens, ça me semble beaucoup plus clair que certaines discussions des sciences sociales comme les explications données par Georges Friedman : Qu’est ce que le travail, parues dans les Annales Armand Colin dans les années 1960. On peut trouver le texte ici pour les curieux :
Qu'est-ce que le travail ? - Persée
C’est dense, se veut complet et réfléchi et finalement… on reste sur sa faim, comme s’il manquait une dimension humaine fondamentale, celle du plaisir de faire les choses.
Pour les Romains, y’avait pas vraiment de discussion : le travail, c’était pour les esclaves et donc la notion de travail plaisir est vraiment très très restreinte.
Et puis, la notion même de travail n’est plus corrélée à la production d’un bien ou d’un service à moins de se convaincre, par exemple, que les activités de trading apportent un service à la société.
Comme le revenu, la rente, la rétribution ne sont pas non plus corrélées au travail.
Voire, et c’est souvent le cas, que le salaire n’est absolument pas corrélé à la quantité de travail fournie, à la qualité du travail fourni, à l’utilité du travail fourni.
Je pense en particulier à certaines de mes connaissances qui engrangent les jetons de présence aux conseils d’administration qu’ils honorent de leur présence une fois par mois pour quelques heures : on se fait assez facilement plus de 20k euro par an rien qu’avec ça. C’est scandaleux ? oui.
Et ce genre d’abus n’est malheureusement pas réservé aux hautes castes sociales. Sans être dépressif, il n’est qu’à remarquer la vénalité chez beaucoup de nos concitoyens. Alors, je ne jette pas la pierre parce que ça fait un mal fou et que le responsable n’est pas là. La société de consommation, pour bénéficier de ses mirages mais aussi simplement pour pouvoir survivre dedans entraîne ces comportements auxquels, même pour moi, j’ai bien du mal à résister.
Donc, au final, tout ça, ça amène énormément de frustrations, à part pour une élite privilégiée.
Et puis, il y a aussi ceux qui arrivent à se débrouiller en dehors du système, que ce soit volontairement ou contraint.
Mais, dans la plupart des cas, notre société arrive à remplir assez de cases pour que nous nous sentions mieux dedans que dehors ou mieux, que notre résilience nous fait accepter ces frustrations simplement pour avoir un sentiment d’exister aux yeux des autres.
Quelle imbécilité que de dire qu’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde… il n’y a pas assez de travail rémunéré et valorisé, ça, oui.
Mais qui va payer ? Et là, c’est encore une autre histoire qui commence par la théorie du ruissellement qui à mon sens ne coule pas beaucoup et pas assez pour arriver jusqu’à la base et continue avec les théories sociales du partage des richesses et va jusqu’au revenu universel.
Le véritable problème, c’est la sclérose du système qui perpétue les inégalités à des niveaux tels qu’un jour ou l’autre ça ne tiendra plus.
Après, faut-il croire en l’humain ?
Je crains qu’il faudra une situation de crise extrême pour qu’on puisse retrouver ses qualités et certainement aussi ses pires défauts chez certains.
Tristes tropiques ? Je suis plus optimiste: ceux qui sont aidés ont plus tendance à aider à leur tour. Peut être le plus dur est de lancer le mouvement.
Alors, au travail