http://www.imdb.com/title/tt0379725/
J’ai vu ce film hier soir et je n’arrive toujours pas à la qualifier.
Je pense que c’est un bon film, il en a, du moins, tous les éléments.
Mais la question que je me pose encore est de savoir ce qui a motivé l’élaboration première de ce film…
Je ne connais pas non plus le réalisateur, mais j’ai regretté son manque de critique (ce qui finalement permet au spectateur de se faire sa propre opinion dessus, certes). Car je trouve dangeureux que le public puisse prendre l’auteur, Capote, en affection. Ma copine m’a suggéré que c’était l’aspect documentaire du film qui voulait peut-être montrer, qu’en réalité, Capote, par son attitude, n’offrait pas la possibilité de se faire critiquer.
Ca m’a décidément permis de réfléchir à nouveau sur la question de l’oeuvre et son auteur. Comment apprécier encore une oeuvre en connaissant ce qui l’a motivée ? Peut-on décemment apprécier les oeuvres d’un auteur qui s’est révélé être un barbare ? etc.
Klimt (2006)
http://www.imdb.com/title/tt0417871/
J’ai vu Klimt hier soir et finalement la même question se pose, ses oeuvres sont superbes (Klimt fait partie de mes peintres préférés) et lorsqu’on s’interroge aux relations inconséquentes avec qu’il a eues avec les femmes de sa vie et qu’on les confronte à ses oeuvres d’un érotisme féminin superbe, elles ne s’en retrouvent non pas ternies, mais on se pose la question : “peut-on tout sacrifier pour l’Art ?”
Autrement on pensera à Rousseau et ses préceptes éducatifs, à Schiele qui batait ses modèles, à l’écrivain Céline…
Je me posais la question pour les auteurs je JdS… quel serait l’impact d’un scandale (petit, certes) sur un JdS ? Si par exemple on apprenait que Stefan Dorra (ça n’engage que moi hein, je ne veux pas spolier la personne) avait escroqué d’une manière ou d’une autre les trésors publiques, donc notre argent (je sais qu’il est allemand mais on est dans la théorie), est-ce qu’on jouerait à Intrige de la même manière ? Est-ce qu’on ne ressentirait pas une sorte de petit goût amer dans la négociation d’une partie du chateau ? Est-ce qu’il ne faudrait pas faire preuve d’un cynisme incroyable pour jouer en sachant, en toute conscience, que les choses se passent de la même manière mais à une autre échelle ?
Je ne dis pas que je ne suis pas conscient que ça se passe de toutes façons de cette manière, mais le fait que l’auteur lui-même ait été un élément de ce rouage créerait un lien direct entre le jeu (nous), et cette réalité des choses, dont nous payons au quotidien les pots cassés…
Le cas Brasillach en France est interessant. A t on bien fait de rayer de la litterature française un des auteurs majeurs du XXe siècle ?
Ses pairs pensaient que non (Camus, Cocteau, Aymé, Anouilh), De Gaulle en a jugé autrement.
Quelle limite entre l’oeuvre et son auteur ? Qui décide ce qui est répréhensible et ce qui ne l’est pas ? Peut il y avoir création s’il n’y pas déviance ? Les jeux de Knizia seraient ils irrecevables si celui ci s’avérait pédophile ?
Je me demandais si la nature de l’oeuvre (peinture, livre, jeu) n’avait pas un impact sur des affects directement lié générés chez ceux qui l’appréhendent.
Autrement dit, est-ce que la personnalité d’un auteur transparait dans ses jeux ? Je crois que oui. Est-ce qu’on ne voue pas un culte aux oeuvres d’un artiste, ou finalement à l’artiste lui-même ?
Est-ce qu’on aime les jeux de Knizia, ou est-ce qu’on aime Knizia ?
Evidemment, on aime les jeux de Knizia, mais ne parle-t-on pas d’ “un Knizia” pour qualifier un de ses jeux ? Est-ce qu’on ne mélange pas simplement sa vie, ses jeux, son oeuvre, sa personnalité, sous un seul et même signifiant ?
Est-ce qu’apprécier un jeu d’un auteur, c’est accepter ce qu’il est ?
Cela laisse supposer deux points :
1) Le jeu est une oeuvre d’art.
2) Au delà d’une simple mécanique ou d’un univers, un jeu est aussi porteur de sens.
Sanguo dit:Cela laisse supposer deux points :
1) Le jeu est une oeuvre d'art.
2) Au delà d'une simple mécanique ou d'un univers, un jeu est aussi porteur de sens.
1) Je dirais que le jeu est une oeuvre. Je ne le qualifierais pas d'oeuvre d'art.
2) Clairement. Il est évident que les règles d'un jeu, les choix des joueurs dans les limites qu'offre le jeu et les conséquences liées aux choix des joueurs font porter au jeu, du sens.
- Si le jeu n’est qu’une oeuvre qui n’est pas à épithète, elle est de facto dissociable de son auteur car pour la comprendre / appréhender il n’y a pas nécessité de connaitre ses conditions d’existence et d’émergence. En effet connaitre les conditions de production et sa raison d’être n’impactent pas sur son utilisation et son appréciation.
2) Reflet d’une sensibilité surement, porteur de sens je doute. Un exemple ?
Sanguo dit:1) Si le jeu n'est qu'une oeuvre qui n'est pas à épithète, elle est de facto dissociable de son auteur car pour la comprendre / appréhender il n'y a pas nécessité de connaitre ses conditions d'existence et d'émergence. En effet connaitre les conditions de production et sa raison d'être n'impactent pas sur son utilisation et son appréciation.
C'est justement la question que je me pose !
Sanguo dit:
2) Reflet d'une sensibilité surement, porteur de sens je doute. Un exemple ?
Reprenons l'exemple d'Intrige, il est clairement porteur de sens. Et je ne crois (espère) pas qu'il reflète la sensibilité de son auteur.
sbeuh dit:Reprenons l'exemple d'Intrige, il est clairement porteur de sens. Et je ne crois (espère) pas qu'il reflète la sensibilité de son auteur.
Porteur de sens en quoi ? Il faut développer.
Sanguo dit:Porteur de sens en quoi ? Il faut développer.
On développe quand on a le temps de le faire
Hein
sbeuh dit:
Reprenons l'exemple d'Intrige, il est clairement porteur de sens. Et je ne crois (espère) pas qu'il reflète la sensibilité de son auteur.
A ta "demande" (j'aurais tendance à qualifier ça d'ordre
On peut envisager le "sens" d'un jeu, comme étant le sens dans lequel tourne le jeu, la mécanique qu'il faut adopter pour gagner au jeu, but a priori de toute partie (sans quoi elle serait sans intérêt).
Donc quel est le sens d'Intrige ? De quels mécanismes faut-il jouer pour parvenir à ses fins ?
La corruption, le charme vénal, la mise en confiance puis la traîtrise, truander, l'argumentation boîteuse et fallacieuse, être sans scrupule, planter ses comparses et veiller à ses intérêts parasitaires (son petit patrimoine monétaire)...
Donc, quel sens pouvons-nous donner à Intrige ? Que pour parvenir à ses fins, il faut être une véritable crapule.
Intrige, en ce sens, est porteur de sens.
sbeuh dit:On peut envisager le "sens" d'un jeu, comme étant le sens dans lequel tourne le jeu, la mécanique qu'il faut adopter pour gagner au jeu, but a priori de toute partie (sans quoi elle serait sans intérêt).
Je ne suis pas d'accord sur cette définition à part le jeu de mot sur "le sens dans lequel tourne le jeu".
sbeuh dit:
La corruption, le charme vénal, la mise en confiance puis la traîtrise, truander, l'argumentation boîteuse et fallacieuse, être sans scrupule, planter ses comparses et veiller à ses intérêts parasitaires (son petit patrimoine monétaire)...
Ceux sont simplement des éléments de contexte du jeu, le background
Quand on parle de "sens" on est plutot dans les registres discursifs liés à la sémantique, au signifié, siginfiant et tout ça ou liés à l'anthropologie (les mythes fondateurs, les rites, les symboles etc ...) ou à la philosophie.
Sanguo dit:sbeuh dit:On peut envisager le "sens" d'un jeu, comme étant le sens dans lequel tourne le jeu, la mécanique qu'il faut adopter pour gagner au jeu, but a priori de toute partie (sans quoi elle serait sans intérêt).
Je ne suis pas d'accord sur cette définition à part le jeu de mot sur "le sens dans lequel tourne le jeu".
Soit. Mais je crois que la notion de "donner sens à" est tout aussi valable.
Sanguo dit:sbeuh dit:
La corruption, le charme vénal, la mise en confiance puis la traîtrise, truander, l'argumentation boîteuse et fallacieuse, être sans scrupule, planter ses comparses et veiller à ses intérêts parasitaires (son petit patrimoine monétaire)...
Ceux sont simplement des éléments de contexte du jeu, le background
Quand on parle de "sens" on est plutot dans les registres discursifs liés à la sémantique, au signifié, siginfiant et tout ça ou liés à l'anthropologie (les mythes fondateurs, les rites, les symboles etc ...) ou à la philosophie.
Dans ta vision "réductrice" (mais pas forcément inintéressante) et pour entrer sur ton terrain, je dirais qu'il y a du sens au delà de l'aspect sémantique ou idiomatique. Lire Acheminement vers la Parole d'Heidegger.
Sinon, pour te réfuter, je crois que dans Intrige, le principal moteur du jeu est la parole, le mot échangé avec les autres. La sémantique, l'aspect discursif sont les pièces maitresses du jeu (tel que je vois et joue Intrige), sans quoi Intrige n'a plus d'intérêt à être joué.
sbeuh dit:ta vision "réductrice" et pour entrer sur ton terrain
Quels sont donc ma vision et mon terrain ?
Pour Heidegger ce qui serait interessant ce que tu nous resumes ce que tu en as retenu ou en tout cas les points clefs qui viennent étayer ton discours.
Sanguo dit:
Quels sont donc ma vision et mon terrain ?
Pour Heidegger ce qui serait interessant ce que tu nous resumes ce que tu en as retenu ou en tout cas les points clefs qui viennent étayer ton discours.
Je vais être bête et méchant. Quand je qualifie quelque chose de réducteur, c'est par rapport à une notion plus large. Or, lorsque je recherche sens dans le dictionnaire je trouve :
sens nom masculin
(latin sensus)
I. 1. Fonction psycho-physiologique par laquelle un organisme reçoit des informations sur certains éléments du milieu extérieur de nature physique (vue, audition, sensibilité à la pesanteur, toucher) ou chimique (goût, odorat).
- Les cinq sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, le goût.
2. Connaissance immédiate.
- Sixième sens : intuition.
3. Manière de comprendre, de juger ; opinion. Avoir le sens des réalités. J'abonde dans votre sens.
- Le bon sens, le sens commun : capacité de distinguer le vrai du faux, d'agir raisonnablement ; ensemble des opinions dominantes dans une société donnée.
- En dépit du bon sens : contrairement à la simple raison.
- Tomber sous le sens : être évident.
4. Raison d'être, signification. Donner un sens à son action.
5. Ensemble des représentations que suggère un mot, un énoncé ; signification.
II. 1. Direction, orientation. Aller en sens contraire.
- Sens unique : voie sur laquelle la circulation, par décision administrative, ne s'effectue que dans une seule direction.
- Sens dessus dessous : de façon que ce qui devait être dessus ou en haut se trouve dessous ou en bas ; dans un grand désordre, un grand trouble.
- Sens devant derrière : de telle sorte que ce qui devait être devant se trouve derrière.
2. Math.
a. Sens direct, sens trigonométrique, sens positif : sens de rotation fixé conventionnellement comme étant le sens contraire du mouvement des aiguilles d'une montre, qui est le sens rétrograde.
b. Sens direct ou positif (d'une base d'un espace vectoriel orienté) : classe de toutes les bases qui conservent l'orientation d'une base choisie comme référence.
c. Sens rétrograde ou négatif : classe de toutes les autres bases, lesquelles changent l'orientation de la base de référence.
3. Côté d'un corps, d'une chose. Couper un objet dans le sens de la longueur.
• pluriel
Sensualité, besoins sexuels. Troubler les sens.
(c) Larousse.
D'après toi, la notion de "sens" est "lié[e] à la sémantique, au signifié, siginfiant et tout ça ou liés à l'anthropologie (les mythes fondateurs, les rites, les symboles etc ...) ou à la philosophie."
Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Quand je lis que la notion de "sens" est liée à "tout ça", je me dis que tu ne peux qu'avoir raison, et moi tort. Ton terrain, c'est donc toi qui a raison, et moi tort. Et quand je décide d'entrer sur terrain, je décide que je vais avoir tort et que tu vas avoir raison. Et je commence à raisonner dans ce sens. Donc je commence à divaguer et à parler de croyance mystique : "Soit. Mais je crois que la notion de "donner sens à" est tout aussi valable."
Qu'est-ce que j'ai retenu de l'acheminement vers la parole ? Dans ce cadre précis, je pensais au dialogue en D et J (l'Allemand et le Japonais) et la notion allemande de "winken" et enfin cette notion japonaise de "Koto ba", soit littéralement, d'après la Japonais, ce qui serait une définition japonaise et proble de "parole". Je crois savoir que tu "sais" de quoi je parle ?
Bon bin tampis. Pourtant c’etait pas mal la référence à Heidegger, il est quand même un pur exemple de ton propos. Si après guerre Hannah Arendt n’avait pas été son ardente ambassadrice il serait resté dans les poubelles de l’Histoire.
Sanguo dit:Si après guerre Hannah Arendt n'avait pas été son ardente ambassadrice il serait resté dans les poubelles de l'Histoire.
Je me suis dit que je n'allais pas réagir à chaud parce que je trouvais le ton méprisant.
Deux jours plus tard, c'est toujours le cas, et j'avoue ne pas comprendre.
Sanguo dit:Bon bin tampis. Pourtant c'etait pas mal la référence à Heidegger, il est quand même un pur exemple de ton propos. Si après guerre Hannah Arendt n'avait pas été son ardente ambassadrice il serait resté dans les poubelles de l'Histoire.
http://heidegger.over-blog.com/article- ... horComment
J'ai pu enfin me situer. Et je profite de l'occasion pour répondre à Sanguo.
Je n'avais pas fait le rapprochement, bêtement, entre Heidegger et le sujet du topic. Il est finalement plus que d'à propos.