Il y en a qui se font plaisir avec ce sujet.
Jolies photos.
thyuig dit:Mince, j'ignorais que Ghost Story se passait en Chine.
Du coup, Au bord de l'eau fera l'affaire :
Je les ai ces deux là !
Enfermés dans un carton d'une cave de banlieue parisienne

Merci à toi, j'irais les sauver à mon prochain passage.
Je n'y avait pas pensé, je les ai toujours vu présenté comme un Trois mousquetaires à la sauce chinoise. Tu les as lu ?
C’est très sympa à lire, Au bord de l’eau.
Il y a environ 30 fois plus de personnages principaux que dans les 3 Mousquetaires, et chacun a droit à son ou ses chapitres.
C’est violent, grivois, vulgaire, assez drôle et surtout plein de baston.
bertrand dit::) Merci à vous
Merci à toi surtout, tes photos sont très belles et invitent au voyage.

Jer dit:C'est très sympa à lire, Au bord de l'eau.
Il y a environ 30 fois plus de personnages principaux que dans les 3 Mousquetaires, et chacun a droit à son ou ses chapitres.
C'est violent, grivois, vulgaire, assez drôle et surtout plein de baston.
Bon ben ça y est, j'ai trouvé la saga de l'été...
Manque plus qu'à aller braver le bitume, ça me mettra dans l'ambiance...
Un grand merci et félicitations à l’auteur du topic et leurs contributeurs.

Ma chronique du livre :
« Toujours le même processus. On détruit un processus naturel gratuit et on le remplace par une prothèse artificielle payante. »
Après « Saturne » (2011, Prix des lecteurs Quais du Polar), « La disparition soudaine des ouvrières » est la deuxième enquête de la commissaire Simona Tavianello.
Simona et son époux Marco coulent des vacances amoureuses dans les Alpes piémontaises.
Oui mais voilà, dans la vallée, un cadavre est découvert chez un militant écolo défenseur des abeilles, « un emmerdeur de première », membre actif du Comité de Défense des Apiculteurs des Vallées Alpines.
Près du tué par balle, sur une feuille en gros caractères hâtivement tracés au feutre rouge s’étalent les mots : « Révolution des abeilles ».
Oui mais voilà, la balle qui a été tirée dans la tête de la victime provient du revolver de service de Simona.
Finies les vacances langoureuses !
Ce polar, rapide et efficace, avec ses journalistes véreux, ses Services Secrets, en veux-tu, en voilà, ses écolos farfelus, ses industriels, sans foi ni loi, manipulateurs d’OGM, d’insecticides et autres bombes à retardement, se lit avec plaisir, grand plaisir même.
Les abeilles disparaissent…
Quand on sait que 35% du tonnage de ce que nous mangeons dépend de la pollinisation, y’a de quoi s’inquiéter, non ?
Un très bon moment de lecture alertante donc.
C’est déjà pas mal, non ?
Et puis la Simona, je l’aime bien.
Toujours aussi séduisante, fonceuse et frondeuse.
Surtout quand elle dit : « Dans une salle de spectacle quand un chanteur voulait faire reprendre un refrain en choeur, dans une réunion de travail quand un supérieur posait une question à la cantonade, dans une assemblée politique ou syndicale quand l’orateur lançait un slogan qu’on était censé répéter, elle réagissait toujours de la même manière : elle rentrait la tête dans les épaules et attendait que ça passe. »
Propos hors du troupeau, j’adore !


Ma chronique du livre :
Un exercice de style réussi. Une sacrée performance.
L’auteur a gagné son pari. J’applaudis haut et fort.
Je préviens d’emblée. Suis un (ancien) footeux et un (encore et toujours) amoureux du rock anglais. Et je me suis régalé.
Pour l’anecdote chaque chapitre est accompagné d’un titre de rock de circonstance : Brian Eno, Deep Purple, The Who, etc.
De quoi se mettre dans l’ambiance.
Alors faut-il avoir chaussé des crampons pour goûter ce livre ?
Faut-il avoir poussé du cuir sur le rectangle vert pour apprécier cette (presque) banale et insignifiante histoire de match de foot ?
Je ne crois pas. Et c’est là l’incroyable tour de force de l’auteur.
Nous y voilà. Nous sommes le jeudi 8 juillet 1982.
A Séville en Espagne. Demi-finale de la Coupe du Monde de football.
France-RFA.
Mitterrand est Président de notre République.
Le mur de Berlin n’est pas encore tombé.
Ce sera le match du siècle. Et son terrible « attentat » contre Patrick Battiston.
Michaël Mention nous en livre la retranscription romancée. Minute par minute. A la seconde près.
A travers le récit d’un joueur fictif nous (re)jouons le match.
Son personnage perd la boule au fil de ce match dramatique et se met à chercher un « collabo » parmi les onze joueurs français. Il va jusqu’à barrer des noms au fur et à mesure de leurs actions sur le terrain.
Soupçonner ses propres coéquipiers. Lui-même ne va t-il pas les trahir, changer de camp ?
Plus vivant que le direct télévisuel de Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, les deux compères commentateurs sportifs furieusement énervés et vulgairement chauvins ce jour-là.
Impensable. J’étais sceptique. Je suis rentré sur la pelouse à reculons. Pas envie de rechausser mes crampons.
Pas envie de revivre le cauchemar. Pas envie de mouiller le maillot à lire un semblant de polar footballistique.
Et pourtant.
L’auteur a réussi à m’embarquer, sans me lâcher la main, page à page, mot à mot, jusqu’au coup de sifflet final.
Et pourtant j’avais déjà vu et revu ce fameux match.
Mais je vous avertis, chers lecteurs, ce livre est bien loin d’un mièvre article du célèbre journal sportif jaune, L’Equipe.
L’auteur nous parle, aussi (et surtout) de Lino Ventura, de la Bande à Baader, de la montée du Front National, de Patrick Dewaere…
Patrick Dewaere qui se suicidera 8 jours après cette demi-finale.
Comme pour un polar ne comptez pas sur moi pour vous divulguer la chute de l’intrigue…le score final.
Platini, Rocheteau, Giresse, Rummenigge, Breitner, Schumacher, Corver…qui sera le coupable ?
Ou le football comme une allégorie…à la vie…à la mort…
Une belle prolongation.
« Nous sommes devenus des bêtes…Plus jamais je n’ai retrouvé sur un terrain cette cruauté dont nous avons fait preuve. » Alain Giresse, milieu de terrain.

Ma chronique du livre :
« Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse… »
Derniers mots écrits par Jean Blanchard fusillé pour traîtrise le 4 décembre 1914…réhabilité en 1921.
Pierre Lemaitre dédie ce roman aux morts, de toutes nationalités, de la guerre de 14-18 : dix millions de morts.
Ce roman tragique, comique, émouvant, haletant, embarque, engage le lecteur, halluciné, dans une fresque désanchantée d’après-guerre.
Un monument !
Roman historique, politique.
Roman d’amour.
Polar.
Cinq cent pages qui nous prennent au coeur et aux tripes.
A corps et à cri.
Un corps à corps avec la mort.
Une lecture à corps perdu…pour la vie…
L’écriture de Pierre Lemaitre, fluide et sensible, nous colle à la peau.
A fleur de peau.
Chair à canon, chair de poule.
« Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. »
Les premières pages dans les tranchées de la mort, stupéfiantes, nous laissent sans voix.
Sonnés !
C’est dans un trou d’obus que les destins d’Albert et d’Edouard vont basculer.
Ame cassée et gueule cassée.
Et puis y’a Cécile déjà partie, Madeleine la soeur d’Edouard, Pauline la jolie servante des Péricourt et la petite Louise.
Et puis l’horrible Lieutenant Pradelle, l’émouvant Monsieur Péricourt, le père de Madeleine et d’Edouard, l’inénarrable Joseph Merlin.
Et bien d’autres personnages encore, plus vrais que nature, cher lecteur, que vous n’êtes pas prêt d’oublier.
En attendant le centenaire du début de la guerre de 14-18, frère lecteur, lisez ce livre !
Un livre à ranger près d’Henri Barbusse, Louis Guilloux et Céline.
Rien que ça !
« Je suis certain que votre patriotisme trouvera dans cette proposition, l’occasion d’exprimer à vos chers morts que leur héroïsme restera éternellement sous le regard de leurs fils comme le modèle de tous les sacrifices. »
Un monument, vous dis-je…


Ma chronique du livre :
1878.
Les Indiens cheyennes, chassés de leurs Grandes Plaines, sont parqués dans l’Oklahoma.
Loin de leurs bisons ils vivotent dans cette région aride.
Vont-ils survivre encore longtemps ?
Mais en juillet 1878 c’est l’incident de Darlington.
Trois cents cheyennes, hommes, femmes et enfants décident de s’enfuir pour rejoindre leur terre sacrée des Black Hills.
Soldats et milice civile vont les poursuivre jusqu’à la frontière du Wyoming.
Un sacré bout de chemin.
Ce livre est émouvant à pleurer.
Un livre-hommage à cette nation qui veut vivre debout ou mourir debout.
Vous n’êtes pas prêts d’oublier les admirables Dog Soldiers.
Bons jeux et bonnes lectures

Si vous ne savez pas quoi lire…https://lesangnoir.wordpress.com/
Ma chronique du livre :
Quel livre !
Un roman qui vous prend au corps et au cœur.
Qui vous tient sans jamais vous lâcher, sans jamais vous lasser.
« La Stark affluait dans le méandre à Murrayville comme le sang dans le cœur de Margo Crane. »
Difficile de critiquer ce livre tant l’émotion demeure intacte. Longtemps après encore.
Nous voilà dans le Michigan des années soixante-dix.
Murrayville est une cité ouvrière qui vivote près du lac Michigan.
Ici la famille Murray domine son petit monde de père en fils.
La jeune adolescente Margo aime chasser, pêcher, se baigner dans la rivière Stark et sait tirer à la carabine comme personne.
Comme Annie Oakley, figure légendaire de l’ouest américain.
Margo sait vivre avec la rivière comme son grand-père lui a appris.
Sa mère a abandonné mari et fille pour fuir la rivière et ses secrets.
Margo est élevée par son père.
Quand son père est abattu par un Murray…
Margo va devoir survivre sur le fil de la vie…au fil de l’eau.
A la rencontre de grands hommes et de salauds.
La vie comme un voyage.
Margo va grandir en suivant la rivière.
Une rivière où se noyer, une rivière où renaître.
Ce livre est époustouflant de paysages, gonflé d’émotions et baigné de sagesse et d’espoir.
Un hymne à la liberté.
Inoubliable Margo.
A lire d’urgence !
C’est un ordre !
Ma chronique du livre :
«Nous sommes du même sang mais nous n’en faisons pas le même usage.»
J’avais adoré les frères loufoques «Homer et Langley», de E.L . Doctorow, paru également chez Actes Sud. Sorte de conte philosophique à la «Candide» de Voltaire dont je ne me lasserai pas de conseiller la lecture jubilatoire.
Aucun rapport avec ce livre, sauf une histoire de deux frères.
Bon, passons…
Là nous voilà partis dans une aventure du grand mythique Far West.
Sorte de roman-western toqué d’absurde où se mélangent, se confondent, se chevauchent le comique et le tragique.
Sorte de picaresque chevauchée effrénée où le lecteur galope (du coq à l’âne) de courts chapitres en courts chapitres, au gré, à la merci des rencontres que s’amuse à nous proposer l’auteur Patrick DeWitt.
DeWitt, cela se sent à la lecture, a bien dû s’amuser à l’écrire.
Le lecteur, cela se sent à l’écriture, s’amusera à le lire.
Bon, passons…
1851, nous suivons les frères Sisters, Eli et Charlie Sisters en Californie.
Deux frères déjà légendaires dans l’ouest américain.
Deux tueurs à gage : stupides et cruels mais…si attachants !
Eli et Charlie ne sont jamais du même avis.
Toujours à se contredire, à se chamailler…comme deux gamins.
Laurel et Hardy au Far West, le film.
Sorte de Don Quichotte sous acide «Orange Mécanique», fumant comme un «Pulp Fiction», ardent de braises à la McCarthy.
C’est possible ça ?
Humour noir, cadavres pas toujours exquis, dialogues insensés…
Recherche de l’amour, de la Mère éternelle…pour les adeptes du «freudisme» (si, si, ça existe, croyez-moi, j’en ai vus de mes propres yeux). La maison-mère, à l’abri de tous les dangers et de toutes les horreurs de l’existence. «Ses cheveux, son visage et son cou sentaient le sommeil et le savon. »
La mère qui console…qui absout…
Bon, passons…
Les frères Sisters donc.
Eli franc du mot, Charlie franc de la gâchette (qui abat «nonchalamment» ses victimes…parfois innocentes).
Eli se pose beaucoup, beaucoup de questions.
Charlie l’aîné, beaucoup, beaucoup moins.
C’est Elie qui nous raconte l’histoire.
Deux sanguinaires tueurs à gage, dis-je.
Sur odre du mystérieux «Commodore», nos deux frangins doivent traquer Hermann Kermit Warm, un chercheur d’or.
«Qu’est-ce qu’il a fait, ce Hermann Warm ?
– Il a pris quelque chose au Commodore.
– Qu’est-ce qu’il a pris ?
– Nous le saurons bientôt. Avant tout, il faut le tuer.»
Et nous voilà en selle pour la chevauchée fantastique.
Sur le chemin, nous allons rencontrer, en vrac : un ex cowboy improvisé dentiste, un homme qui pleure tout le temps, une sorte de sorcière, un indien mort, un serveur de restaurant philosophe, une brosse à dents révolutionnaire, des trappeurs déguisés en ours, une ourse rousse, un dandy «épistolaire» trop précieux, une «énaurme» fille de joie, un cheval borgne, une rivière illuminée, des castors qui roulent sur l’or, de l’or qui rend aveugle et j’en passe et des plus farfelues…
Et tous ces personnages improbables de parler un langage précieux digne d’un salon de l’Hôtel de Sully en plein XVIIIe.
Mais où va t-on ?
Né en 1975 sur l’île de Vancouver, Patrick deWitt vit actuellement à Portland, Oregon.
«Les Frères Sisters» a figuré dans la dernière sélection du Man Booker Prize 2012, la plus haute distinction littéraire aux États-Unis et a remporté le prix littéraire du Gouverneur général, le prix de l’Association des auteurs canadiens et a été élu meilleur livre de l’année par le Publishers Weekly.
Bref, un livre attrayant, repoussant, inquiétant, émouvant.
Comme une impression d’irréalité…
«Croire en une source diabolique supernaturelle n’est pas nécessaire ; les hommes sont capables de toutes ces méchancetés par eux-mêmes.» Joseph Conrad
Bon passons et bonnes lectures…et comme dit si bien Eli Sisters : «Jamais je ne serai un meneur d’hommes, et je n’ai aucune envie de l’être ; mais ne souhaite pas non plus être mené. je veux rester maître de moi-même.»
Ma chronique du livre :
« Ce fut un été humide et rigoureux, se rappelle Mary Shelley en 1831, et la pluie incessante nous confinait des jours entiers à l’intérieur de la maison ». Là, elle va écrire «Frankenstein ou le Prométhée moderne».
Lendemain de cuite difficile. Sacrée gueule de bois.
Antoine Verney est un écrivain de romans à l’eau de rose, romans de gare, genre collection Arlequin.
Il a écrit : «Rougir de plaisir», «L’Amour commotion», «Il n’y aura plus d’hiver dans les saisons de ma passion» ou bien «La théorie des amoureux solubles».
Après une soirée trop arrosée et huit heures de sommeil plus tard, notre héros se réveille.
Des zombies ont pris le contrôle de la planète. C’est une pandémie mondiale. Ils sont des millions, des dizaines de millions.
Ils sont la foule. Infinie et sans âme.
«Leur nombre est leur intelligence. »
Il n’y a plus de gouvernements, plus de police, plus d’armée.
Les dernières poches de résistance sont tombées.
Plus de télé, plus de tous ces appareils électroniques qui nous rendent esclaves, plus de disques durs…
Restent les livres…
Et des zombies.
«Dents immondes, une langue grise qui s’agite, des lèvres retournées…corps à moitié dénudés, doigts tendus.»
Ils sont là pour signifier notre mortalité, «la mort dans notre vie, et la vie dans la mort.»
Antoine Verney serait (j’ai bien écrit «serait») le seul survivant.
Constat : «J’étais heureux et je ne le savais pas.»
Le lecteur tourne, tourne les pages avec une seule idée en tête : comment va t-il s’en sortir ?
Notre héros, car il s’agit bien d’un héros, occupe son temps : faire le ménage, lire (Dostoïevski, Stendhal, Jane Austen), écrire, se ravitailler en nourriture, cultiver un jardin, récolter l’eau de pluie, entretenir des plantes vertes, souligner le nom du saint sur un calendrier des pompiers et tuer un zombie de temps en temps.
En pleine tête, seul moyen de les achever.
Parfois les zombies disparaissent et…ils nous manquent…
Puis l’habitude des zombies : l’habitude abrutit.
Enfin, ces zombies adorent écouter notre héros lire à haute voix (de loin, distance de sécurité oblige) ses romans sentimentaux qui parlent de jeunes infirmières amoureuses de vieux chirurgiens ou de femmes battues qui se vengent…
Il a (enfin) trouvé son public.
«Si je ne suis pas désiré, je ne suis plus rien.»
Bien sûr les êtres aimés lui manquent.
Les autres…aussi !
Plus tard, c’est la rencontre avec un autre survivant : une femme.
L’unique femme ?
«Ses cheveux bougent quand elle marche…»
Ah, l’amour, toujours l’amour…
Roman de série B. Littérature populaire. Que sais-je ?
«Et j’étais libre, car personne ne se soucie de littérature populaire. Elle n’est pas surveillée.» nous dit le héros ou bien est-ce l’auteur ?
Bon, j’avoue (pourquoi devrais-je avoir honte de lire des histoires de zombies ?), j’ai aimé lire ce livre. Je l’ai lu avec un plaisir non dissimulé que je vous exhibe ici-même.
Je me suis beaucoup amusé.
Et ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler la fin.
Avertissement à la population : les zombies sont des morts-vivants partiellement décomposés, dépourvus de langage, de raison et souvent de conscience, qui survivent en se nourrissant de la chair humaine des vivants.
Aurions-nous besoin d’ennemis pour (sur)vivre ?
Bon faut que je me calme mais j’en ai encore plein d’autres si vous voulez

Ma chronique du livre :
Maria da Graça, la quarantaine, femme de ménage, lasse et frustrée vit captive entre son mari Augusto, marin, « une moitié d’homme ».
« …j’attends seulement qu’il réembarque… »
Et Monsieur Ferreira son patron, vieux grigou pervers amoureux de Goya, Pessoa, Proust et Mozart.
« …pendant que d’une main elle astiquait la maison, de l’autre elle astiquait l’ego impérialiste de son patron. »
Maria, son amie Quitéria prostituée au corps vorace et Andriy émigré ukrainien au coeur brisé (sur)vivent, coûte que coûte et nous bousculent pour gagner une petite place sur Terre comme au Paradis.
Et saint Pierre, ce bonimenteur, lui demanda ce que cela voulait dire femme de ménage :
« …femme que de temps en temps, le temps de faire le ménage… »
Un livre exceptionnel, magique.
L’indispensable de cette rentrée littéraire !
Ma chronique du livre :
«A mon avis, la première activité la plus étrange et terrible à laquelle un homme puisse se livrer est l’écriture…Lire est la deuxième.»
Voilà un roman très surprenant, bien singulier…
Le lecteur est transporté (oui, c’est bien cela, transporté) au temps de l’Académie de Platon, dans la Grèce de 388 avant JC.
Un éphèbe, Tramaque, (puis un autre, puis…) est retrouvé mort dans les rues d’Athènes.
Diagorias, son mentor, engage Héraclès Pontor, le Déchiffreur d’Enigmes, une sorte de détective privé de l’époque, quoi, pour élucider les crimes.
Et nous voilà en plein polar-philosophique…
«Je crois qu’il est préférable de condamner un être imaginaire à la réalité plutôt qu’un être réel à la fiction.»
Mais c’est aussi l’histoire d’un manuscrit traduit sous nos yeux, en direct-live, quoi.
«Ecoute, Traducteur ! cria-t-il de sa voix puissante. toi, qui te sens si sûr d’exister ! dis-moi qui je suis ! … Interprète mon langage et définis-moi !… Je te défie de me comprendre!… Toi, qui crois que nous ne sommes que des mots écrits il y a très longtemps!… Toi, qui penses que notre histoire cache une clé finale!… Raisonne-moi, Traducteur!… Dis-moi qui je suis… si, en me lisant, tu es aussi capable de me déchiffrer !…»
Qui est ce mystérieux traducteur ?
Qui est ce Montalo, soi-disant l’auteur de cette histoire ?
Qui est cet Anonyme qui rajoute des phrases dans le texte à l’insu du traducteur ?
Un livre qui s’écrit sous nos yeux…au fur et à mesure de notre lecture…
Ce livre est un hommage à la littérature (qui dépasse, de loin, toutes les philosophies), à l’écriture, à la lecture.
Somoza nous interroge, nous interpelle, nous questionne, nous engage.
Un livre atypique, étourdissant, voire destabilisant (complexe ?), vraiment !
Une fin incroyable…
«Non, mais qu’est-ce que lire ? Mon père était écrivain, et il le savait : quand on écrit, on crée des images qui par la suite, éclairées par d’autres yeux, se révèlent sous d’autres formes, impensables pour le créateur.»
Né en 1959 à la Havane, José Carlos Somoza est psychiatre.
Il vit en Espagne.
«La caverne des idées» a obtenu le prix Gold Dagger Price, prix littéraire britannique décerné annuellement par le Crime Writers’ Association (Association des écrivains de romans policiers), au meilleur roman policier de l’année.
Ma chronique du livre :
«C’était la journée la plus extraordinaire de l’année, celle qui portait tous les espoirs de l’humanité. Demain, le soleil allait renaître.»
Après un séjour (très, très mouvementé) en Patagonie chez les nomades Mapuches de Caryl Férey, nous voici dans le Grand Nord chez les Samis.
Le peuple Sami est un peuple nomade, éleveur de rennes en Laponie.
La religion samie pratique le culte des ours et le chamanisme.
Le chant Joik traditionnel se chante a cappella, sorte de plainte, de cri de douleur ou de colère. Chant improvisé.
Les premiers missionnaires le qualifie de chant du Diable.
Ce chant est accompagné par un tambour magique fabriqué à partir d’une peau de renne.
Les Samis peuvent alors entrer en transe pour rejoindre leurs dieux ou leurs ancêtres.
Les Samis vivent dans une sorte de tipi nommé «gumpi».
Voilà, ça c’est fait, c’était la minute nécessaire du Professeur d’ethnologie.
Passons au vif du sujet comme dirait Roger Frison-Roche, notre célèbre explorateur français.
(Tiens du coup, je me revois enfant dévorant «Premier de cordée» avant d’aller me jeter dans les pattes de «Michel Strogoff» de Jules Verne…quand tu aimes, il faut partir écrivait Blaise Cendrars…)
Klemet Nango est policier à la Brigade des rennes, patrouille P9.
Klemet est sami. Il est le seul sami policier. Pas très loin de la retraite.
Il travaille en doublette avec Nina, jeune diplômée de l’école de police d’Oslo. Boursière, elle n’a pas eu le choix de son affectation. Elle ignore tout de ces contrées dépeuplées et semi-désertiques du Nord mais…elle a de grands yeux bleus.
La police des rennes gère les conflits entre éleveurs : vols de rennes, partage de territoires de transhumance, constats de rennes accidentés.
La routine quoi.
C’est encore la longue, longue nuit polaire…
Quand, quand…
Quand un précieux tambour magique sumi vient d’être volé dans le musée du centre culturel de Juhl.
Quand Mattis un éleveur de rennes vient d’être sauvagement tué : poignardé, les deux oreilles découpées.
«Tous les rennes sont marqués aux oreilles. Aux deux oreilles. Et tu as besoin des marques des deux oreilles pour identifier le propriétaire. Les voleurs coupent les oreilles des rennes.
Pour qu’on ne puisse pas identifier à qui appartient le renne. Pas de propriétaire, pas de plainte.»
Par moins trente degrés, à cheval sur leurs scooters des neiges, Klemet et Nina vont enquêter…et nous faire visiter la Laponie.
Extraordinaire Laponie !
Et au fil de la lecture le temps d’ensoleillement va augmenter pour finir par éclairer le dénouement.
4H15 mn d’ensoleillement…4H38 mn d’ensoleillement…
Les suspects ne manquent pas.
Une histoire sordide de vendetta entre éleveurs ?
Qui est vraiment ce Mattis, fils de chamane, fabricant de tambours samis ?
Et que dire de cet Aslak qui vit retiré du monde dans la toundra, dans une tente de branchages, de terre et de mousse avec ses rennes et sa femme. Cet Aslak qui se déplace encore en skis, combat les loups à mains nues et castre ses rennes avec les dents.
«Tu vois, ces montagnes, elles se respectent les unes les autres. Aucune n’essaye de monter plus haut que l’autre pour lui faire de l’ombre ou pour la cacher ou pour lui dire qu’elle est plus belle…Les hommes devraient faire comme les montagnes.»
Et que vient fouiller ce géologue français ?
Vient-il réveiller une vieille légende sami qui prétend l’existence d’une mine d’or secrète ?
Secrète mais…maudite !
Et que manigance ce nouveau parti d’extrême droite qui monte en puissance dans le pays ? Le soi-disant Parti du progrès.
Et que penser de ce Rolf Brattsen, policier raciste qui déteste les Samis.
Une histoire politique ?
De gros sous ? De pétrole ?
Et que dire de cet Olaf Renson, jeune enragé autonomiste sami qui lutte pour la survie de son peuple ?
Et que protège ces laestadiens, cette secte luthérienne, et leur pasteur fanatique ?
Et pourquoi Karl Olsen, ce riche paysan, cache t-il cette précieuse carte relatant une expédition dans le Grand Nord de Roger Frison-Roche en 1939 ?
Et que…
Oui, cher lecteur, vous le saurez en lisant ce superbe «thriller-boréal».
Klemet et Nina sont deux personnages très attachants.
Vraiment. On se sent bien près d’eux.
Les paysages lapons sont magnifiques. Les moeurs de ces Samis, éleveurs de rennes sont remarquablement décrits.
La construction de l’histoire est parfaitement maîtrisée.
Un excellent moment de lecture.
Dépaysant !
Superbe !
Olivier TRUC est journaliste : Libération, Le Point, le Monde.
Spécialiste des pays nordiques et baltes, il vit à Stockholm.
C’est son premier roman.
«Il savait ce qu’il devait faire. Et ce que, après lui, son fils devrait faire. Et le fils de son fils.»
Allez promis j’arrête

Tu devrais directement importer ton blog sur le site.
Jer dit:Tu devrais directement importer ton blog sur le site.
T'as pas tort Jer j'ai un peu trop chargé la charrue

Ouais mais non je sais m'arrêter

Mais dès que je peux donner envie de lire j'ai des fourmis dans les mains

Donner des envies de lectures comme d'autres ici savent si bien donner des envies de jeux.
Quant à mon blog je ne recherche aucune notoriété.
Pour moi lire c'est comme respirer

Promis je recommencerai plus

Pourtant je trouve ces rapprochements jeu-livre ou livre-jeu assez intéressant.
Cripure dit:Jer dit:Tu devrais directement importer ton blog sur le site.
T'as pas tort Jer j'ai un peu trop chargé la charrue![]()
Ouais mais non je sais m'arrêter![]()
Mais dès que je peux donner envie de lire j'ai des fourmis dans les mains![]()
Donner des envies de lectures comme d'autres ici savent si bien donner des envies de jeux.
Quant à mon blog je ne recherche aucune notoriété.
Pour moi lire c'est comme respirer
Promis je recommencerai plus
Pourtant je trouve ces rapprochements jeu-livre ou livre-jeu assez intéressant.


Cuba libre
Oui sûrement plus adapté, mais je n’avais que cela…
bertrand dit:
mais non, continue. C'est intéressant et comme ça je ne suis pas le seul malade à vouloir mélanger jeux et livres
Tant que tu ne mélanges pas partouze et politique, tout va bien.
le Disque-Monde, Hankh-Morpork