Classe, jeu, compétence... Non, je ne vais pas vous parler de jeu de rôle.
Il s'agit ici des jeux proposés à mes élèves dans le cadre de la classe.
La compétence en question est une compétence scolaire.
Un avertissement en préambule : je ne prétends pas tout savoir du jeu et de la pédagogie, je souhaite partager une réflexion et surtout enrichir, par ce partage, le lien que j'ai établi entre le jeu et l'enseignement.
Voilà plusieurs années que ma passion a fait entrer des jeux dans ma classe de CM1-CM2. Il m'a fallu, au début, justifier aux yeux des parents que les jeux que pratiquaient les élèves n'étaient pas un loisir, une distraction pour les soulager de la lourdeur des études, mais bien un outil au service de leurs apprentissages.
Il m'a fallu, ensuite, justifier aux yeux de joueurs que le jeu ne perdait pas de sa qualité ludique en étant au service de l'école, qu'il ne s'agissait pas de faire semblant de jouer pour en réalité travailler.
J'ai d'abord proposé des jeux rapides (Jungle Speed) dans l'optique de lire des règles et de les respecter. Ma classe a organisé une fête du jeu, les élèves ont dû apprendre des jeux pour être capable de les expliquer le jour J. Ce projet a été l'occasion de faire un tri entre les jeux qui pouvaient être au service de la classe et ceux qui ne pouvaient être que de la détente.
J'en viens donc au thème de ce fil : il s'agit de proposer un jeu, de donner une durée, un niveau de classe et ce à quoi il peut contribuer.
L'idée est de créer un catalogue que chacun pourra expérimenter s'il le souhaite.
Apprentissage des règles : accompagnement de l’enseignant nécessaire, première lecture en groupe classe.
Nombre de joueurs : 2 recommandés (pour réduire la durée)
Durée : trop long pour une partie complète
Commentaire : Je mets ce jeu en première position de ma liste parce qu’il est le premier à avoir été à la fois si clairement utile (pour l’utilisation des tables) et, malgré la complexité de l’apprentissage des règles et sa durée, à avoir été régulièrement réclamé par les élèves. Il est rare qu’ils puissent le terminer, mais la mise en place et quelques tours de jeu leur suffit. Il faut dire que l’organisation de soirées jeux quelques vendredis dans l’année leur permet de rejouer des partie entières avec leurs parents.
Joueur et enseignant (remplaçant donc je ne pourrai certainement pas le mettre en application dans l’immédiat) ce sujet m’intéresse fortement ! Pour l’instant j’ai surtout eu l’occasion de pratiquer avec les collègues (sur la pause de midi) et avec mes propres enfants, mais je serai curieux d’avoir tes retours sur une pratique en classe. Déjà par rappport à l’organisation : tu proposes ça sur des temps définis, en petits groupes autonomes, ou bien en libre service pour les élèves qui ont terminé un travail, lors des APC ,… ? J’ai déjà pu croiser quelques collègues qui pratiquaient les échecs avec leurs élèves et ça fonctionnait très bien. Merci en tout cas du partage…
Salut, ton post m’intéresse énormément. D’ailleurs, ça fait des mois que je songe à en faire un équivalent. Mais je n’ai pas grand chose à dire, malheureusement, sur le sujet… Je fais des remplacements au collège de mes enfants. Remplacements, donc des classes dans lesquelles je saute au pied levé, sans connaître les élèves (parfois je n’ai même pas une liste de classe). Collège, donc des élèves plus âgés qu’en primaire. A quoi il faut ajouter que je suis française mais habite en Allemagne, donc j’assure les remplacements en allemand (alors que j’ai un niveau d’allemand plutôt moyen). Enfin, j’essaye toujours de faire travailler les élèves sur quelque chose en rapport avec la matière pour laquelle j’assure le remplacement, ce qui complique encore un peu la donne…
En matière de jeu de société, pour l’instant je n’ai qu’une seule expérience : en cours d’allemand, je fais travailler les élèves avec des dés Story Cubes
On commence par faire un rappel sur “comment écrire une bonne histoire” (qui fait partie du programme scolaire, ça tombe bien) : les différentes parties, le vocabulaire, etc… Puis je fais se répartir les élèves par groupes d’environ 5 élèves. Ensuite j’ai deux variantes : individuelle ou collective.
Collective : chaque élève pioche 2 dés dans mon sac (j’ai beaucoup de dés). Ensuite les élèves doivent travailler ensemble pour écrire une histoire. Individuelle : chaque élève pioche 1 dé dans mon sac. Ensuite chaque élève doit écrire sa propre histoire à partir des 5 dés du groupe. Les élèves aiment bien voir les différentes tournures que peut prendre une histoire à partir d’éléments de départ identiques.
Bien sur, les histoires sont écrites dans un temps déterminées et sont lues devant toute la classe avant la fin de l’heure. En général on rigole bien et j’ai eu des histoires carrément géniales !!!
Sinon, j’ai déjà envisagé d’utiliser le “6 qui prend” en cours de maths, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le mettre en pratique. Je fais quelque chose de ludique avec un code que les élèves doivent décoder pour ouvrir le coffre au trésor et s’emparer de son contenu, mais ce n’est pas à base de jeu de société.
Et en allemand, j’envisage de travailler avec un jeu qui s’appelle “ein solches ding”, mais pareil; je ne l’ai pas encore mis en pratique.
J’espère que ton post pourra nous apporter plein de bonnes idées…
Franchement, pour la table de multiplication, il y a Minivilles…Dans une moindre mesure, mais ça peut donner un argument sur l’apprentissage des Maths, c’est aussi les probabilités sur les dés… plus facile d’avoir une somme de 7 que de 2 ou 12 sur 2 dés.
Pour apprendre les tables facilement, il y a le jeu Tennis multiplication, mais que je trouve finalement plus rébarbatif et “scolaire”.
Le jeu de cartes abstrait Eleusis a été conçu pour expliquer la logique inductive, et notamment la méthode scientifique (théorie, expérimentation). Il y a une variante “express” jouable en quelques minutes. Jouable de 3 à 8 en théorie, je ne vois pas ce qui empêche d’y jouer à deux. Il n’y a pas vraiment de limite haute non plus, mais je ne pense pas que ce soit gérable au delà de 5 joueurs.
Pawn ! dit : Il m'a fallu, au début, justifier aux yeux des parents que les jeux que pratiquaient les élèves n'étaient pas un loisir, une distraction pour les soulager de la lourdeur des études, mais bien un outil au service de leurs apprentissages.
Je vous souhaite en tout cas de bons moments de jeu à toi et surtout à tes élèves. De toute façon, chacun y prendra ce qu'il veut, et plus le jeu sera amusant/passionnant/enthousiasmant, plus celui qui l'apprécie en retiendra des choses. Mais il est vrai qu'à l'école on ne joue pas au ballon, on interagit avec un référentiel bondissant... Alors bon courage à toi pour traduire tout ça en langage EN qui plaira aux parents et aux autres.
L'objet de ce site est exactement dans l'esprit de ce que je pratique en classe : la concordance entre les apprentissages et le plaisir avec des indications précises, sur les fiches de jeu, pour les mettre en oeuvre.
Le travail qui a été fait pour répertorier les jeux et les compétences sera d'une grande utilité à ceux qui sont à la recherche d'une activité ludique précise pour leur classe.
Pour ma part, je souhaitais, à travers ce post, lancer une réflexion sur le jeu en classe à partir de situations vécues, de retour d'expérience.
Je vois bien qu'il existe une partie forum sur ludikecole qui relève de la même intention et je pense m'inscrire pour y participer. Mais l'avantage d'un fil de discussion sur Tric Trac, c'est qu'il s'adresse en priorité aux joueurs, avant de s'adresser aux enseignants. Il n'est pas utile, ici, de prendre de précautions oratoires, de s'assurer que notre démarche puisse être validée par l'Education nationale,d'être prudent sur ce qu'on avance, d'être absolument dans le respect de la démarche pédagogique. Je peux être ici de ceux que la fiche de préparation agace, que la recherche d'objectif fatigue. Il m'arrive d'improviser en classe et ce sont souvent des situations que je recycle ensuite.
Si quelqu'un a une idée qui sort des clous mais qui a permis à des enfants de vivre un moment ludique utile à leurs apprentissages, qu'il le dise. Il a même le droit de ne pas être enseignant. Ce qui m'intéresse, c'est le processus de création, d'adaptation de la règle. Pourquoi avoir choisit ce jeu ? Pourquoi le raccourcir ? Pourquoi le modifier ? Ces questions m'intéressent autant que le résultat final (la fiche du jeu).
alyogali dit : En matière de jeu de société, pour l'instant je n'ai qu'une seule expérience : en cours d'allemand, je fais travailler les élèves avec des dés Story Cubes.
J'utilise aussi ces cubes pour faire écrire des phrases qui reprennent des notions grammaticales.
Je lance 3 dés. Le premier me donne un nom, le second un adjectif qualificatif et le troisième un verbe. Les élèves doivent reprendre ces mots dans une seule phrase, à laquelle j'ajoute une contrainte (de temps, de syntaxe). Ce jeu ressemble à un jogging d'écriture (ce qu'il est) et ils ne sont pas dupes : ce n'est pas un jeu de société. Mais le simple fait de sortir la boîte et de sélectionner les dés les rend fébriles : ils aiment jouer et sont prêt à tout, même à écrire, pour assouvir ce besoin naturel.
Merci. Je me suis évertué à expliquer ma démarche lorsque je me suis lancé (j’avais besoin du soutien moral des collègues et du soutien financier des associations -il fallait bien se procurer un petit fonds ludique de départ). Aujourd’hui, que les parents ou d’autres ne soient pas convaincus me laisse indifférent. Mon baromètre, c’est le plaisir qu’ont mes élèves à venir en classe et les progrès qu’ils réalisent grâce à quelques moments de jeux (souvent sans s’en apercevoir puisqu’ils ne sont pas en train de travailler -d’après eux).
Je suis maintenant celui chez qui on joue, ce qui est parfois mal compris. Mais j’ai en même temps la réputation d’être strict, ce qui n’est pas nécessairement contradictoire. Les jeux sont visibles dans la classe, ceux qui sont pratiqués dans la journée ainsi que ceux qui ne le sont que lors de soirées jeux ouvertes à tous. Je ne me justifie pas auprès des parents, j’explique ma pratique de classe (je n’utilise d’ailleurs pas de termes pédagogiques abscons). Etant parent, j’offre à mes élèves ce que j’aimerais que mes enfants reçoivent et j’explique aux parents ce que j’aimerais que l’on me dise. C’est simple et efficace.
6ko F'ran dit :Franchement, pour la table de multiplication, il y a Minivilles....Dans une moindre mesure, mais ça peut donner un argument sur l'apprentissage des Maths, c'est aussi les probabilités sur les dés... plus facile d'avoir une somme de 7 que de 2 ou 12 sur 2 dés.
Pour apprendre les tables facilement, il y a le jeu Tennis multiplication, mais que je trouve finalement plus rébarbatif et "scolaire".
Minivilles sur un temps de classe, si on respecte la règle de base (sans les extensions), prendrait trop de temps à mon goût. En règle générale, lorsqu'il s'agit de jeux qui ont une durée excédant 15 minutes, je choisis des jeux avec un minimum de chaos, parce que je privilégie à ce moment là la recherche de stratégie, pour développer la logique.
Miniville sort, par contre pour des sessions plus longues (en fin de période, pour se détendre, ou, comme je le pratique en ce moment même, lors de classes de découverte).
Pour ce qui est de ta remarque sur les probabilités, c'est une excellente manière d'aborder le sujet avec des élèves (sans en faire le sujet d'une leçon). D'autant que l'on va retrouver cette répartition dans d'autres jeu, comme Catane, par exemple. A partir de réponses rapides donnée dans une partie à des interrogations de joueurs ("Pourquoi avoir choisi le 7 pour les voleurs ?", "Pourquoi les cartes 7 valent plus cher ?"), on peut, par la suite, aborder les différentes manières de faire un 7 avec deux dés, ce qui va être un travail de recherche qui s'appuiera sur une expérience vécue.
Quant à Tennis multiplication, je comprends bien le côté rébarbatif. Je pense qu'il est induit à la fois par le fait d'utiliser les tables de multiplication (qui restent pour un certain nombre d'élèves, et de parents, un inaccessible objectif scolaire) et d'avoir une durée relativement longue d'utilisation de ces tables avant de parvenir, même pour celui qui les maîtrise, à gagner. Il faudrait se pencher sur une adaptation des règles pour le rendre plus court.
Pour la pratique des tables, j'ai adapté à la classe un jeu de cour anglais, le fishy fingers, dont je pourrai reparler plus tard, qui me permet de voir tous mes élèves déclamer des tables avec plaisir pendant le temps d'une partie, qui dure de 3 à 9 minutes.
@Pawn pas de souci, je proposais ce site pour aider, je ne suis pas un agent de l’Education Nationale
(je suis bibliothécaire)
Je dois moi-même convaincre des collègues que du jeu c’est du boulot ! Et c’est pas facile .
Je suis convaincue que le public s’amuse et qu’on s’enrichit à jouer avec les autres.
Et si certains collègues ou certaines personnes pensent que parce qu’on s’amuse, on n’apprend rien, on ne travaille pas, libre à eux de continuer à lire l’encyclopedia universalis plutôt que de jouer à timeline
Tu dis : “Je peux être ici de ceux que la fiche de préparation agace, que la recherche d’objectif fatigue. Il m’arrive d’improviser en classe et ce sont souvent des situations que je recycle ensuite.”
Nous sommes sur la même longueur d’onde. :-)
J’ai adapté des jeux pour des personnes déficientes visuelles et nous pouvons jouer entre publics voyants, mal voyants, non voyants
Les règles que nous avons modifiées concernent, par exemple, le puzzle du corbeau du Verger.
Nous avons numéroté en braille et en gros caractères les pièces du puzzle et nous nous servons de le plaque dépunchée pour poser les pièces du puzzle. Cette plaque étant elle aussi numérotée.
Le fait de jouer avec des personnes handicapées change notre façon de jouer.
Le rythme de jeu n’est pas le même et on apprend à dire à haute voix la carte que l’on va jouer , par exemple et celles qui sont sur la table, comme avec Zéro .
C’est intéressant que les personnes valides soient celles qui doivent s’adapter au handicap et pas l’inverse.
Avec adaptation (ou sans), on joue à Mahé, King Up, Montgolfière, Zéro, Maître Renard, For Sale, Can’t Stop* etc.
Comme j’aime donner des liens, tu peux voir des adaptations de jeux sur le site d’accessijeux
Maintenant, tu peux me mettre un HS dans la marge, m’en fiche
* Can’t stop, voilà un jeu où tu fais des additions tout le temps
Tes élèves ont de la chance. Et à propos de Can’t stop, plus que tout autre jeu je trouve, il permet de bien visualiser et appréhender les probabilités, avec son dessin en montagne.
Salut Pawn, moi même enseignant, j’utilise aussi le jeu dans mes cours. C’est pour des plus grands (lycée) mais ça marche très bien. On a même fabriqué un jeu de plateau (gestion de ressources et territoires) en lien avec le programme en classe de seconde (sur les grandes Découvertes). Pour les plus jeunes, il y a ce jeu avec des dés où il faut fabriquer une histoire. Beaucoup d’enseignants du primaire utilise ce système (Dés à histoire). Bon courage et bonne continuation.