À quel prix ?

Monsieur Phal dit:Cher Monsieur hornak,
Il y a, en France, des salles subventionnées, des spectacles subventionnés... Ce qui fait baisser le tarifs, sinon peu de gens pourraient y aller.
Bien à vous
Monsieur Phal

Tout à fait, comme le théâtre, l'opéra. S'il n'y avait pas de subventions, les prix seraient beaucoup plus élevés que ceux pratiqués.

On ne peut pas comparer un concert ou un spectacle avec une marchandise industrielle. Pour prendre un exemple, il y a fort longtemps, j’avais payé une somme rondelette pour voir un match de gala avec Magic Johnson, mais pour autant je n’aurais jamais surpayé pour un DVD retraçant sa carrière.
Je peux considérer certains jeux comme des œuvres mais au final ce que j’achète dans ma boutique c’est bien une marchandise. :)

stefou dit:On ne peut pas comparer un concert ou un spectacle avec une marchandise industrielle. Pour prendre un exemple, il y a fort longtemps, j'avais payé une somme rondelette pour voir un match de gala avec Magic Johnson, mais pour autant je n'aurais jamais surpayé pour un DVD retraçant sa carrière.
Je peux considérer certains jeux comme des œuvres mais au final ce que j'achète dans ma boutique c'est bien une marchandise. :)

Ca dépend de la perception de chacun : certains ne sont pas prêts à payer un concert alors qu'ils achètent tous les albums de tel artiste... et pour d'autres c'est l'inverse.

Cela dépend de la perception de valeur du client.
Sauf si c’est un produit d’appel qui engendrera des achats futurs de produits beaucoup plus rentables, le coût de production n’est qu’un seuil minimum.
Regardez l’iPhone, vanté comme un mètre étalon de l’ergonomie, vendu 3fois son coût de production et peu de gens s’en plaignent. Regardez les habits abercrombie qui ne font pas de taille large pour que leur produit aillent uniquement aux gens de corpulence normale donc des gens branchés et beaux en faisant le raccourci vendus également très chers.
J’ai plutôt l’impression que dans le cas de produits soumis à des tendances, c’est plutôt le fait d’acheter un accès a une communauté considérée dans le mouvement plutôt que le produit en lui même.
Nous le voyons de plus faible ampleur quand des jeux sortent avec une composante vers les applications smart phones, ou des tendances de réédition qui remettent au goût du jour des jeux plus anciens, ou les jeux minimalistes. C’est difficile de tenir des propos qui généralisent, et ce n’est pas le propos de considérer des joueurs uniquement comme des suiveurs de mode, mais je pense que la société nous conditionne comme cela, et c’est de fait un de nos penchants, non pas naturels car cela n’est pas inné, mais acquis je dirais.
Et petit aparté, j’ai vécu dans la vallée de la ruhr pendant 1 an, et j’ai vu plein d’opel mais pas tant de Mercedes audi et BMW.

Gaite dit:
J'ai plutôt l'impression que dans le cas de produits soumis à des tendances, c'est plutôt le fait d'acheter un accès a une communauté considérée dans le mouvement plutôt que le produit en lui même.

Oui, c'est là toute la problématique du phénomène des "marques" qui prend de plus en plus d'ampleur jusqu'à virer au fétichisme dans certains cas...

Une analyse (signée nofrag.com) sur le juste prix dans le monde du jeu vidéo :
bonne lecture :)
http://www.nofrag.com/2015/mar/16/46717/

Gaite dit:
Et petit aparté, j'ai vécu dans la vallée de la ruhr pendant 1 an, et j'ai vu plein d'opel mais pas tant de Mercedes audi et BMW.

Perso, 6 mois à Düsseldorf, j'ai jamais vu autant de BMW, et surtout de Jaguar et de Porsche, un truc de dingue.
Mais de toutes manières, vu le taux de travailleurs pauvres, m'étonne pas qu'ils soient proches de leurs sous.
Sinon, je pense que le travail de l'auteur mérite salaire, mais la majorité des acheteurs de jeux veulent du matos. Ce sera difficile de faire bouger les mentalités là-dessus je pense.

De le prix des JDS est un vaste sujet. J’ai fait un long post afin de bien synthétiser ma pensée et d’essayer clairement de l’argumenter.
Pour moi, si l’on regarde les autres secteurs marchands, le temps de gestation et le coût de fabrication d’un produit ne sont pas forcément représentés dans son prix final. Le prix final est surtout composé par le marché qui dit : «Je suis prêt à mettre tel prix dans tel produit. »
Le prix est très souvent décorréllé du coût. Dans la notion de coût il ya aussi la notion de quantité (d’économie de masse en fonction du nombre d’exemplaires produits).
Un exemple, une société qui fabriquerait une voiture au coût d’une Logan et serait capable de la vendre au prix d’une Audi aurait tout compris. A l’inverse, une entreprise qui fabriquerait une voiture hyper géniale du niveau de la qualité d’une audi mais devrait la vendre au prix d’une Porsche aurait un souci (cela existe, ça s’appelle un artisan, il y en a de nombreux dans l’automobile).
Finalement, le prix de vente d’un type de produit est un peu comme la côte d’une action en bourse, elle monte et descend en fonction de ce que les gens sont prêts à y mettre. On n’a qu’à voir l’évolution des prix des téléphones ces dernières années (qui coûtent plus cher maintenant qu’un laptop !).
Et qu’on me dise pas que la technique justifie cette augmentation, ce n’est pas vrai, les blackberry première génération savaient aller sur le net, lire et envoyer des mails et prendre des photos tout comme les dernières versions de smartphones.
En général, la technique est utilisée comme argument de vente mais pas forcément en amenant du progré aux utilisateurs : le cas typique des TV 4K. Qui a un film en 4K ? A-t-on trouvé un support capable de stocker un film en 4k ? Existe-t-il des émission en 4K ? De même pour la 3d…
Après il existe un argument qui dit que le prix d’un jds dépend du plaisir qu’il procure… Je ne suis pas d’accord car le plaisir est une donnée plus que subjective alors que le prix non. Un des seuls secteurs fonctionnant à peu prés comme cela est le donationware ou donateware (http://fr.wikipedia.org/wiki/Donationware). L’utilisateur peut ou doit rétribuer l’auteur de ce qu’il veut ou pense que le logiciel vaut.
Aujourd’hui, j’avoue avoir plus que des doutes sur l’avenir d’un tel système.
Au final, le prix, donnée très objective, doit s’appuyer pour moi sur l’idée que se fait l’acheteur du prix d’un produit (qui parfois reflète un peu le matériel, la création, le plaisir mais de loin).
On peut à peu prés dégager des tendances communément acceptées et suivies souvent liées à l’expérience de jeu et à la quantité de matériel (pas forcément à sa qualité) :
* Jeux minimaliste aux alentours de 10€ (Hanabi, Love letter, Crossing…)
* Jeux d’apéros ou d’ambiance aux alentours de 20€ (Jungle speed, Time’s up, Cash and gun…)
* Petis jeux stratégiques ou de plateaux aux alentours de 25€ (Mykerinos, room25, 8 minutes pour un empire, Abalone…)
* Jeux moyens aux alentours de 35€ (Taluva, Glen More…)
* Gros jeux de plateaux 40 à 45€ (Agricola, Caylus…)
* Jeux avec des figurines aux alentours de 60€ (zombies 15, dust le jeu de plateau…)
* Jeux avec des figurines toutes différentes 80 à 100 € (Conan, Zombicide, kaos ball, imperial assault…)
A ces bases viennent se superposer le prix des licences qui peuvent à l’instar d’une marque (comme celle à la pomme) augmenter « artificiellement » le prix d’un jeu (star wars, conan, harry potter, marvel, disney…) sans lien direct avec l’augmentation du plaisir ou le fait que cela rende le jeu meilleur (walking dead…).
Depuis 15 ans que j’achète des jeux, cela s’est peu ou prou toujours vérifié à quelques exceptions prés (j’en ai d’ailleurs mis dans mon post). Par exemple, Kill Dog, jeu gratuit en encart d’un magazine est devenu lors de son édition officelle Cash and Gun qui est loin d’être donné pour un jeu d’apéro (certes les flingues en pousse sont fournis mais combien coûtent 6 flingues en plastiques ?).
Aujourd’hui avec les versions Deluxe et les KS et autres, on crée des versions « uniques » ou améliorées des jeux telles les voitures faites par les artisans. Le prix est alors beaucoup plus basé sur les coûts.

Voila ce que je pense du prix des jeux, c’est pour cela que je me suis bricolé moi-même mon Kill Dog (faute de trouver un VO) que je me bricolerai mon Crossing, si le prix reste à plus de 15€, que je me suis bricolé aussi un Babylone, un doodle city, un love letter, un blokus duo à partir du blokus normal, un Qwixx. Cela m’a permis de m’acheter d’autres jeux comme Glen More, Diaballik, en respectant le budget alloué à ce loisir.
Pour la question du travail de l’auteur, je pense que malheureusement, un auteur qui passerait des années à inventer un méga jeu en utilisant qu’un D6 et qu’une feuille de papier devrait changer de métier ou en faire un passe temps et ne pas vouloir en vivre.
Cela est mon humble avis, il peut vous déplaire, mais c’est le mien. Jusqu’à ce que j’en change…
PS. Edition pour correction orthographique.

Rygel dit:Une analyse (signée nofrag.com) sur le juste prix dans le monde du jeu vidéo :
bonne lecture :)
http://www.nofrag.com/2015/mar/16/46717/

Pas sûr que ce soit totalement applicable au JdS, mais l'article est vraiment très intéressant. Merci. :)
Sandrine et Richard dit:Pour la question du travail de l’auteur, je pense que malheureusement, un auteur qui passerait des années à inventer un méga jeu en utilisant qu’un D6 et qu’une feuille de papier devrait changer de métier ou en faire un passe temps et ne pas vouloir en vivre.

Et pourtant, les loups garous de thiercelieux se vendent très bien, non ? Et dans la boite, rien au niveau matériel de bien costaud : un p'tit bout de papier avec écrit vite fait le rôle pourrait faire l'affaire.
A mon avis, il ne faut pas occulter l'idée de tout acheteur/consommateur : "celui de posséder l'objet". Certes il y en a toujours pour créer son propre jeu au lieu de l'acheter, mais c'est très marginal. Combien d'achats le sont uniquement parceque la boite est jolie ? Je pense, au contraire de toi, qu'un excellent jeu utilisant un D6 et une feuille de papier peut bien se vendre, si l'enrobage donne envie.
J'ai donné comme exemple les loups garous, mais dans le même genre, Zombie Dice fait la même chose : de simples dés, avec un enrobage. C'est joli, ça se vend. Idem, les jeux de Yams se vendent à la pelle en période estivale. Et c'est juste 5D6 et un bloc de papier. Ou mieux encore, le 421...
On parle beaucoup de l'auteur sur ce topic, mais je pense que l'illustrateur a beaucoup (autant ?) de poids dans le succès d'un jeu.

6 D6 et une feuille → Qwixx, un must :)

J’entends vos arguments.
Les loups garous de T.: 9,50euros
Qwixx: 8euros
Que des petits jeux à bas prix…
Si les lous garous étaient à 30€ auraient ils eu le même succès? J’en suis pas convaincu.
J’ai acheté ce jeu et les dernières parties que j’ai faites étaient avec une jeu de 32 cartes car je n’avais pas le jeu avec moi. Cela n’enlève rien au plaisir du jeu…
Pour Qwixx c’est comme le yam, si on a le jeu on y joue, si on veut le jeu et qu’on a pas de dés ni de piste de dés, on l’achète, si comme souvent on est en vacances, on prend 5 dés de jeux différents, on prend un bloc note et on y joue. Le yam se trouve à 2,50 euros sur le net, juste le prix des dés si l’on veut se le fabriquer.

Pour la question du travail de l’auteur, je pense que malheureusement, un auteur qui passerait des années à inventer un méga jeu en utilisant qu’un D6 et qu’une feuille de papier devrait changer de métier ou en faire un passe temps et ne pas vouloir en vivre.

J’ai été peu précis j’aurai du rajouter que si il compte vendre son jeu plus de 20 euros, ça va être tendu. Mais pour moi la remarque “vouloir en vivre” suffisait.
Les jeux simples se vendent bien (jeu des cochons, yam, …) si leur prix correspond à un jeu simple.
Si je sors un jeu de Yam avec des dés en ébène gravés à l’or fin et une piste en acajou et cuir pleine fleur, le tout vendu à 80 euros, justifiés au regard du matériel. Vous êtes preneurs??
Je pense que cela n’intéressera presque que les super fans du Yam et les collectionneurs.

Comme tout produit, les jeux ont un prix “psychologique” (certains disent du marché), y déroger, c’est prendre des risques. Soit de vente si l’on est au dessus, soit financiers si l’on est en dessous.
Cela commence à devenir compliqué si le matériel intrinsèque du jeu (qu’on ne peut remplacer) coûte forcément un bras, il faut alors être sûr de soi.

Aprés pour moi, sans arrière pensée, le travail de l’illustrateur, aussi bon soit il est un bonus, il peut augmenter le plaisir et l’attractivité d’un jeu (Agricola pour moi) mais cela fait partie de l’habillage au même titre que le thème. On a vu par le passé des jeux être considérés comme moches par la plupart des gens et trés bien marcher (Funkenschlag première édition par exemple).
Je n’achète pas un jeu simplement parce qu’il est beau (expl Krieg und Frieden) et j’achète parfois des jeux que je trouve moches (ou pas à mon goût) (expl Troyes).
Je respecte totalement le rôle des illustrateurs qui est primordial pour un JDS mais cela ne fait pas tout.

Désolé, si j’ai froissé les illustrateurs des jeux cités, mes propos reflètent simplement mes goûts personnels.

Sandrine et Richard dit:Aprés pour moi, sans arrière pensée, le travail de l'illustrateur, aussi bon soit il est un bonus, il peut augmenter le plaisir et l'attractivité d'un jeu (Agricola pour moi) mais cela fait partie de l'habillage au même titre que le thème. On a vu par le passé des jeux être considérés comme moches par la plupart des gens et trés bien marcher (Funkenschlag première édition par exemple).

Oui, par le passé. C'est à dire à l'époque ou y'avait peu de jeux, peu de choix. Je pense que le marché actuel donne une priorité à l'illustration.
Monsieur Phal dit:Cher Monsieur,
Il ne faut pas perdre de vu que lorsque l'on parle du coût du matériel, à la base, ceux qui fabriquent les pions factures aussi des trucs incroyables comme le temps des ouvriers, le prix des machines, l'entreprise de nettoyage qui lave le sol de l'usine, les gardiens la nuit, les comptables, le loyer, la lumière, le coût de dev des machineries... Des fous en sommes qui s'en mettent plein les fouilles :lol:
Ceci étant, c'est un débat philosophie complexe et intéressant. Qu'est ce qui fait un prix ? Qu'est ce que l'on mets comme acte dans l'achat d'un objet, d'un service... Matérialisé ou pas... L'impact d'une normalité et l'effet hors norme... Un "Smallwordl" à 350€ c'est dingue, et pourtant, à la vue de la vidéo nombreux sont ceux qui ont regretté de ne pas avoir craqué... Monsieur Guido, notre allemande de service, nous expliquait que dans son pays, celui qui a inventé le LIDL et ALDI, les gens sont à la recherche en permanence du prix le plus bas, quitte à manger moins bien, à s'habiller moins bien et, forcément à jouer moins bien.
Il nous disait, en caricaturant légèrement, que si vous proposez à un allemand 2 jeux, l'un pas terrible, voire pas bon, à 10€, et de l'autre un jeu excellent, exceptionnel, l'un des meilleurs du monde mais à 12€, la majorité des gens prendrait celui à 10€ parce qu'ils auront économisés 2€. Les allemands font cela pour la nourriture, d'où, comme je le disais, la prolifération de hard-discount dans leur pays... Alors que chez nous, on n'hésite pas une seconde, on prend le jeu à 12€... Parce que pour 2€ de plus, on a celui qui est très bon... Ce sont des paramètres à prendre en compte quand on cherche le juste prix...
Bien à vous
Monsieur Phal

C'est vrai que les différences culturelles amènent un lot de raisonnement différent d'un pays à l'autre. Ayant vécu en France un petit 7 ans et ayant marié une française, je confirme que pour les français, en général, si quelque chose n'est pas cher, c'est qu'il est pas bon; c'est souvent proscrit. Le mieux est de vendre le même produit 20 euros de plus, lui inscrire le "collector" et hop ça pars comme des "petits pains chaud". C'est anecdotique, comme les allemands qui recherchent à tout prix le premier prix. Comme quoi.