Mathias dit:Le Zeptien dit:Mathias dit: Et j'ai beau essayer, je n'arrive pas à comprendre leur logique, pourquoi on arrive à ressentir de la défiance et de la rivalité vis à vis d'un type qu'on ne connaît pas, uniquement parce qu'il supporte une autre équipe que la sienne.
Parce que le foot est un prétexte. Cette aggressivité prend racine dans un terreau qui n'a rien a voir avec le sport lui-même : Besoin d'identification à des valeurs, un maillot, des couleurs, besoin de se sentir fort, de marquer son territoire, désire de défendre quelque chose qu'on estime plus important que le quotidien, le tout sur fond de frustration sociale et de volonté de cogner sur quelque chose ou quelqu'un, sentiment qu'avoir des ennemis, c'est aussi une façon d'exister, que cela est valorisant, avec de vagues considérations politiques etc...enfin, je te balance pèle-mèle tout ça, mais il existe de très bons ouvrages sur la question.
Oui, je comprends tout ça, mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi ça s'exprime dans le football, qui n'est pas un sport plus violent qu'un autre ? Pourquoi pas dans le rubgy, le basket, le handball, le cyclisme ? Pourquoi les Etats-Unis, qui ne sont pas épargnés par les frustrations sociales de toutes sortes, ne connaissent pas ce problème avec le football américain et le base-ball ?
Aïe ! tu poses une question sur laquelle butent souvent les sociologues.
je vais essayer de t'apporter une réponse toute personnelle qui n'engage donc que moi. ce ne sont là que des hypothèse (et c'est incomplet...je des courses à faire

).
Alors, au delà du fait que tu me donnes en exemple des sports qui n'ont peut-être pas tout a fait, sur un plan social, un public identique, que ce sont des sports qui véhiculent aussi des valeurs et des histoires différentes, voilà un peu comme je vois les choses.
Tout d'abord, le foot peut-être pratiqué par tout le monde et partout. Il suffit d'avoir...un ballon. C'est différent du rugby (je t'invite à jouer au rugby sur du bitume

), ou du cyclisme. La taille et le poid jouent un rôle moindre qu'au rugby ou au basket. Donc on peu plus facilement s'identifier et "se voir" en train de jouer au foot, que de jouer au basket quand on fait 1m65. De plus, le foot est un sport de violence contenue...il faut se retenir en permanence de ne pas toucher l'adversaire, sous peine d'être sanctionner...il y a un coté "Tu m'touche pas à moi". Or ces règles peuvent être facilement enfreintes et provoque facilement la colère dans les tribunes
Au rugby, le contact est direct, on éprouve la force de l'adversaire ce qui force le respect. Ce respect, est parfois un peu "chahuté" sur un terrain de rugby, je dis pas le contraire, mais rarement dans les tribunes où les rugbymen sont plus admirés pour leur courage et leurs forces que ne le sont les joueurs de foot. Cela conditionne beaucoup je crois l'etat d'esprit des amateurs de rugby, sport qui véhicule l'idée que "bon, sur le terrain, c'est pas de la rigolade, on y va franco, c'est l'affrontement, mais après, on fait la fête". On mange bien, on boit, on chante...les plus sévères diront que dans le rugby, on a que de bonnes brutes, des gars costaud, un brin bagareur parfois mais pas méchants.
Au foot, on déifie facilement un joueur comme on peut y voir une brêle le lendemain...parce qu'on a tous plus ou moins joué au foot, certains ont l'impression qu'ils pourraient faire mieux. Marquer un but est vu souvent (à tort) comme un acte individuelle, la notion de collectif est moins importante, on a une somme d'individualités. Certains joueurs sont parfois vicieux, et ça se voit (je plonge, je tire le maillot, je fais une main) et ça énerve dans les tribunes. Je crois que le comportement de certains joueurs de foot peut correspondre, dans certains cas, aux perceptions que certaines personnes peuvent avoir de la société, et de la façon dont elles se voient dans cette société. "Tous les moyens sont bons pour marquer, et c'est moi qui marque, et essayer d'enfreindre les règles sans se faire piquer est un moyen comme un autre, etc...". bref, certains supporters peuvent facilement s'identifier au "système football" comme ils le perçoivent et dans ce qu'il a de moins rejouissant, ou perçu comme tel, parce qu'ils y détectent des valeurs qui leur conviennent.
Comme l'équipe de foot est présupposée représentative de la force d'une ville (puisque je le répète, tout le monde peut jouer au foot), gagner ou perdre prend peut-être plus d'importance, mais là ça dépasse le foot lui-même. C'est pourquoi il peut y avoir des hyper-identification à l'équipe. Après, viennent se greffer d'autres facteurs comme je te le dis plus haut, mais là, j'ai vraiment plus le temps..désolé...