Récemment une partie à deux d’Age of Steam avec Palferso sur la carte de l’Ecosse.
Grand merci à Palferso pour la découverte…
Age of Steam m’a fait une très grosse impression…
J’ai déjà eu plusieurs occasions d’y jouer mais que je n’avais pas saisies : je compte bien y remédier…
L’intérêt d’un jeu comme Age of Steam réside dans la concurrence, il FAUT subir une promiscuité suffisante pour que le jeu ait un intérêt…
Et en terme d’interactivité, on est alors bien servi !!Par contre, trop de promiscuité, c’est-à-dire, jouer sur une carte trop petite pour le nombre de joueurs en lice, est tout aussi mauvais… J’imagine très bien que des joueurs peuvent alors se retrouver en queue de peloton sans avoir pu réellement avoir eu leur mot à dire pour se défendre…
C’est pour ça que je rejoins Palferso quand il insiste sur le fait de jouer avec les cartes adaptées au nombre de joueurs en lice : par exemple, une carte prévue pour être jouée à 4 joueurs DOIT être jouées à quatre joueurs, ni plus, ni moins… Il existe toutes sortes de cartes pour tout nombre de joueurs de 2 jusqu’à 6, il n’y a donc que l’embarras du choix…
Le jeu est très simple au niveaux des règles… Je dirai même plus simples que Brass…
Cependant… Dès le premier tour, on est impitoyablement jeté dans la fosse aux lions, on est attaqué sur tous les aspects du jeu dès les premières secondes…C’est de là que vient la difficulté du jeu quand on débute : alors qu’on en est encore à assimiler les règles, on est déjà brutalement confronté à toutes les problématiques du jeu et en même temps… En particulier celle d’anticiper sur ses besoins financiers…
En effet… Parmi ces problématiques, la plus sensible est la gestion de l’argent… Puisque c’est de cette ressource dont dépendent nos actions…
Le jeu met les joueurs dos au mur… on est en déficit 90% du temps de jeu… Un véritable cauchemar !!
Se donner des moyens financiers pour “gérer ses petites affaires” ne suffit généralement pas, il faut avoir plus d’argent que les autres : bref s’enfoncer dans les crédits… Une véritable cavalerie bancaire !!
Pourquoi avoir plus d’argent que les autres ?
Parce que Age of Steam propose un système d’enchères pour déterminer l’ordre du tour…
Je ne suis pas fan des enchères en règle générale… Ça me parait toujours relativement artificiel car juste un prétexte un peu trop facile pour pouvoir se targuer d’avoir de l’interaction entre joueurs…
Alors que dans Age of Steam, c’était exactement ce qu’il fallait faire !!
Avec ce système d’enchères, on ne contente pas de se battre pour jouer avant les autres, on a aussi en tête de siphonner leurs finances pour diminuer leurs possibilités de jeu…
Aux joueurs de choisir :
- Payer cher pour joueur tôt… Mais avoir moins de liquidités, ce qui limitera les possibilités de jeu, en plus de s’enfoncer davantage dans la spirale déficitaire…
- Ou jouer tard… Au risque de n’avoir que des miettes en termes d’actions intéressantes…
Par ce biais, on a donc la possibilité de s’attaquer directement aux ressources adverses !! Très élégant !!
En plus de ce système, de manière générale, dans Age of Steam, on n’a pas l’impression de devoir choisir entre jouer pour soi et jouer contre les autres… On ressent toujours la présence d’une sorte de système de “vases communicants” qui fait que jouer pour soi se traduit immanquablement par une perte pour les autres joueurs…
Par exemple, une livraison faite par nous (qui rapporte de l’argent), c’est une livraison en moins de disponible pour tous ceux qui joueront après…
A cette époque, (Age of Steam est sorti la même année que Puerto Rico…) il faut avouer que Martin Wallace avait une imagination fertile.
Le système d’approvisionnement des Villes par le Marché est véritablement brillant…
Les villes sur la carte sont numérotées et on a une grille remplie avec des ressources (des cubes dont la couleur correspond à celle des villes mais dont la répartition est aléatoirement fixée au setup) avec en colonne les numéros des villes. A la fin de chaque tour on lance un certain nombre de dés (en fonction du nombre de joueurs) et la valeur des dés indique les villes qui seront réapprovisionnées à raison d’un cube par dé.
Comme cela m’a été très bien expliqué par Palferso, on sait donc quelle ville va proposer quel type de ressource à livrer mais on ne sait pas quand ces ressources seront disponibles : ce mélange entre tactique (opportunisme) et stratégie est très harmonieux…

Voir le jeu Age of Steam sur une table fait immanquablement penser à la série des jeux 18XX quand on en connait quelques-uns…
Y jouer ne fait que confirmer d’où Martin Wallace a puisé son inspiration pour son jeu !!

Le premier jeu de la série des 18XX, 1829 est sorti en 1974 et est, grosso modo, un jeu de gestion d’entreprises ferroviaires très orienté bourse.
Le système de connexions, via la pose de tuiles représentant des rails, est identique, seule la finalité change… Dans les 18XX, on fait voyager les trains à disposition… Dans Age of Steam, on dispose de deux actions et pour chacune d’elles on fera tourner un train à condition de pouvoir livrer une ressource… Si dans un 18XX, l’acquisition de trains est explicite et cruciale, dans Age of Steam, les trains sont implicitement présent…
Le gain technologique représente dans l’un comme dans l’autre, le nombre de villes que l’on peut traverser et plus ce nombre est grand, plus les gains seront conséquents… Dans les 18XX, on achète des trains et il faut épuiser le stock de trains d’un niveau pour accéder au niveau suivant : c’est d’ailleurs une des péripéties principales de ces jeux…
Dans Age of Steam, on a donc la même intention mais à travers une piste sur laquelle on fait monter un marqueur : et on paye ce niveau à chaque tour !! Très malin…




En effet, autre tour de force, malgré son âge, le jeu n’a pas pris une ride… C’est incroyable…



En tout cas, bien que je n’aie qu’une partie au compteur, je pense pouvoir affirmer que les mécanismes de jeu sont éprouvés et que si une partie se “passe mal”, il faut surtout bien débriefer pour en comprendre la raison et ne pas accuser trop vite le jeu…
Dans des jeux aussi agressifs et dont l’agressivité se traduit par la recherche d’un déséquilibre à son avantage, il est très tentant de céder à la facilité et de reprocher au jeu de ne pas être juste…
PS : j’ai précommandé la version Deluxe proposée sur Kickstarter il y a peu…

a++
Manubis.