[Aïe] le fond de l'air effraie

Check list Le Monde du 29 août 2007

Chronique d’une catastrophe alimentaire annoncée

800 M d’automobilistes sont en train d’affamer 2 mds de pauvres, relève le Guardian. George Bush ayant décidé de parier sur les biocarburants afin de réduire sa dépendance au pétrole importé, les agriculteurs américains délaissent de plus en plus les cultures nourricières. Les USA comptent à ce jour 100 usines d’éthanol, mais 300 autres sont prévues. La demande va progresser de 170 % d’ici trois ans, mais les 20 % du maïs US qui servent aujourd’hui à produire de l’éthanol ne satisfont que 2% des besoins des automobilistes américains. Or la quasi-totalité des terres consacrées aux biocarburants servaient, il y a encore un ou deux ans, à nourrir animaux et êtres humains. Les USA exportant la majeure partie du maïs mondial, son prix a doublé en dix mois, la viande ayant augmenté, elle, de 50 %, et le coût de l’aide alimentaire aux pays pauvres de 20 %. Ce qui était considéré comme un grenier alimentaire est en train de devenir un immense réservoir d’essence, et les stocks actuels de céréales ne nous permettraient de survivre que pendant 50 jours. Mais ce n’est qu’un début : les réserves de poissons seront taries à l’horizon 2048, et l’on ne connaît pas encore les conséquences de l’épuisement en cours des réserves d’eau, ni des inondations et autres désastres écologiques dus au réchauffement climatique.

à ceux qui ont des enfants et aux autres, je souhaite une bonne journée :?

Kouynemum dit:à ceux qui ont des enfants ...

C'est clair que c'est le genre de nouvelle qui ne donne pas envie de s'y mettre. :(

Pas gai…

Soleil Vert pas loin…

C’est malheureusement pas nouveau que pour fournir en bio-éthanol, il faudrait des surfaces cultivées énormes… la solution n’est pas forcément là…

(et puis Bush qui se met à faire dans l’écolo, c’est forcément suspect…)

Une bonne petite guerre mondiale avec quelques centaines de millions de mort… et hop, l’affaire est réglée :twisted:

l’article du Guardian est réellement terrifiant dans les implications mécaniques sur le prix des denrées .

une lueur d’espoir quand même à la fin ?

All this is far too gloomy, say other analysts and politicians. Earlier this year, Brazil’s president, Luiz Lula, told the Guardian that there was no need for world food shortages, or any destruction of forests to grow more food at all. “Brazil has 320m hectares [3.2m sq km] of arable land, only a fifth of which is cultivated. Of this, less than 4% is used for ethanol production … This is not a choice between food and energy.”
Others say that the food price rises now being seen are temporary and will fall back within a year as the market responds. Technologists pin their faith on GM crops, or drought- resistant crops, or trust that biofuel producers will develop technologies that require less raw material or use non-edible parts of food. The immediate best bet is that countries such as Argentina, Poland, Ukraine and Kazakhstan will grow more food for export as US output declines.

Faudrait équipper les voitures de piles au plutonium comme dans les sous-marins nucléaires mais un modèle de pile beaucoup plus petit pour la vie de tous les jours, les voitures auraient une autonomie quasi-illimitée (au moins un siècle), plus de pleins d’essence et côté entretien faudrait juste changer le liquide de refroidissement de la pile tous les ans (genre de l’azote liquide).
Mais on en est loin et faudrait rendre le système sûre, le compartiment radioactif en titane ou autre matériau superétanche, genre qu’en cas d’accident qu’il n’y ait pas de fuites.

Mais tout ceci est utopique, tout le monde sait que l’environnement ne fait pas le poids face aux billets de banque, la pollution c’est l’enrichissement de certains. :?

Phil Goude dit:Une bonne petite guerre mondiale avec quelques centaines de millions de mort.... et hop, l'affaire est réglée :twisted:


ce que je trouve inquiétant, c'est moins la perspective de baisse des quantités que celle de hausse des prix.
c'est très bien expliqué dans l'article.
mécaniquement, poulets, oeufs, produits laitiers etc... s'en trouvent renchéris.
à celà se conjugue les changements de mode d'alimentation où des pays comme l'Inde ou la Chine abandonnent une alimentation riche en légumes pour se tourner vers une alimentation "à l'américaine"
on a un effet ciseau.
les populations au dessous du seuil de pauvreté voient leur budget alimentaire s'alourdir au-delà du supportable.
en fait, avant que "la planète ne manque de nourriture" ce que je ressens comme une image théorique, il semblerait que l'on vive une lente et profonde dégradation sociale.
alors guerre mondiale, je ne sais pas mais explosion sociale due à une misère grandissante, ça ne semble pas irréaliste.

reste que si on en croit Lulla, l'alternative ne serait pas aussi simpliste que "carburant ou nourriture"

je suis preneuse d'éléments dans ce sens.
Kouynemum dit:reste que si on en croit Lulla, l'alternative ne serait pas aussi simpliste que "carburant ou nourriture"

J'avais lu qu'au niveau de la production de bio-éthanol (donc le Brésil est un gros producteur/consommateur), toutes les plantes n'étaient pas au même niveau (certaines, on peut utiliser fleur et tige, d'autres uniquement la fleur). Et que par exemple, le colza qu'on veut utiliser en France n'est pas celle qui a le meilleur rendement par rapport à ce qu'utilise le Brésil (et c'est la que j'ai un trou :oops: je crois que c'est la canne à sucre - en tous cas, ce n'ets pas le coton :lol: ).
Donc, effectivement, au Brésil, le problème se pose peut-être moins ("civilisation" automobile moins avancée en nombre, en consommation moyenne des moteurs...) qu'aux Etats-unis.

Oui, c’est bien la canne qui est utilisée au Brésil, M. Fadest. Les pays tropicaux ont de ce point de vue l’avantage d’une plus forte productivité liée à l’énergie lumineuse reçue (hors problèmes possibles liés au sol), et la période de récolte est longue, mieux répartie dans le temps, donc. De plus, pour faire à peu près valablement (du point de vue énergétique) du biocarburant, il faut le faire en extensif, donc c’est favorable aux pays qui ont un grand territoire.
A noter qu’en France aussi on peut cultiver de la canne à sucre : mais plutôt à La Réunion et aux Antilles. A La Réunion, les résidus de canne après extraction du sucre servent à produire l’énergie électrique de l’île pendant la moitié de l’année.

Meeeuuhhh dit: A La Réunion, les résidus de canne après extraction du sucre servent à produire l'énergie électrique de l'île pendant la moitié de l'année.


oui, mais dans ces zones-là, c'est le climat qui handicapperait la production :

Climate change, meanwhile, is leading to more intense rains, unpredictable storms, longer-lasting droughts, and interrupted seasons. In Britain, the recent floods will result in a shortage of vegetables such as potatoes and peas, and cereals such as wheat. This comes on top of a 4.9% rise in food prices in the year to May - well over consumer price inflation - and a 9.6% hike in vegetable prices.
Britain can get by, but elsewhere climate change is proving disastrous. "I met leaders from Madagascar reeling from seven cyclones in the first six months of the year," Josette Sheeran, new director of the World Food Programme, told colleagues in Rome recently. "I asked them when the season ends and was told that such questions are becoming more difficult to answer. Farmers know that predictable patterns in weather are becoming a thing of the past. How does the global food supply system deal with such changing risk?"
The answer is: with ever greater difficulty. The Intergovernmental Panel on Climate Change predicts that rain-dependent agriculture could be cut in half by 2020 as a result of climate change. "Anything even close to a 50% reduction in yields would obviously pose huge problems," said Sheeran. Within a week, Lesotho had declared a food emergency after the worst drought in 30 years and greatly reduced harvests in neighbouring South Africa pushed prices well beyond the reach of most of the population.
Technologists pin their faith on GM crops


GM, c'est pour Génétiquement Modifié ? :?
Kouynemum dit:
Technologists pin their faith on GM crops

GM, c'est pour Génétiquement Modifié ? :?

Oui, genetically modified, plus précisément.

Pour La Réunion oui, bien sûr, je ne livrai là qu'une anecdote sur la situation actuelle. Je suis bien incapable de dire ce qui peut se passer dans quelques années, encore moins ce qu'il faut faire. Ca mêle des problèmes d'agronomie (au sens très large) jusqu'à des problèmes de macro-économie, en passant par la micro-économie, plus des problèmes politiques, sociaux, culturels, en n'oubliant pas la climatologie, les sciences du sol et j'en passe.

Il est clair que nos gouvernants internationaux ont intérêts à éviter une monté des prix…On sait ce que ça donne à court terme… risque de pauvreté des plus pauvres, de maladies, de famines. Certains pays entreront en guerre pour raison économiques (afin de s’enrichir ou d’éviter une surchauffe de la population et donc d’influencer la population à découvrir un ennemi responsable de leur vie)
A moyen ou long terme, des guerres qui risquent d’entraîner tous les pays…
C’est du catastrophisme SI et seulement SI les organisations iternationales ne font pas ce qu’il faut… c’est à dire fédérer notre planète et nos institutions en vue de vivre en équilibre avec cette planète, y prospèrer, aider les plus démunis et réduire les inégalités (politique, démocratique, économique) et imposer des limites de productions inutiles.
C’est utopique, mais sinon, la réalité béligérante reviendra en force…malheureusement… bon on a le temps ça va mettre 30 ans…mais quand même, c’est urgent pour NOS enfants (et même si on en a pas).

PG

Sur le sujet, je suis plutôt pessimiste, mais j’ai pas complètement baissé les bras.
Je pense qu’il y a une erreur dans le logiciel de l’homme, et qu’on voit ce qu’on fait de travers mais qu’on arrive pas à changer les choses à grande échelle, et j’ai presque perdu espoir que les humains voient le siècle prochain.
Ca ne m’empêche pas de continuer à faire les actions que je peux faire à mon niveau pour essayer d’améliorer la situation…

Emilie

C’est clair que c’est inquiétant.

Personnellement je ne crois absolument pas aux bio carburants à moyen terme.

1) Cela demande des superficies de fous
2) La pollution agricole via les perticides et les engrais compense amplement le bénéfice pour les véhicules
3) Cela diminue effectivement la part de l’agriculture alimentaire.

C’est clair qu’il n’y a pas de quoi être très optimiste surtout que des pays aussi grands que le Brésil ou les US qui peuvent déforestés des superficies de fou pour transformer cela en territoires agricoles.

Alors oui cela peut être un carburant de substitution mais à quel coût ?

A++ Stouf

je suis en train de préparer un discours sur ce thème pour l’AGNU… et donc en plein dedans depuis des semaines. C’est atrocement plus déprimant que ce que tu peux imaginer - surtout sur les agrodiesels (je refuse le préfixe “bio”, qui n’a rien à voir avec la bagnole). Si j’ai le temps je mettrai quelques éléments ici.

oui quand on veut bien se projeter dans le futur proche cela fait peur…
un article du Monde sur les abeilles domestiques qui disparaissent de manière massive, en rajoute une couche. Les abeilles sentinelles les premières touchées?
Notre seule chance : que les pays du nord donne l’exemple en réduisant drastiquement la consommation de pétrole, le tout voiture (le tiers monde récupère nos vieilles voitures), nos mauvaise habitudes de consommation gaspi, nos usines polluantes délocalisées, enfin que le système change! On doit pouvoir faire de l’économie propre.
Pour cela il faut qu’un président américain compétent soit élue et rien que de dire cela : ça fait peur aussi… :(


J’en suis au point ou en plaisantant je dis à mes élèves sur le chapitre des énergies qu’il serait bien qu’ils apprennent le cheval : vaut mieux en rires.

et me dire que Sarko a peu être raison sur l’instauration d’une taxe écologique… C’est pour dire mon niveau d’optimisme
:(

tupak amaru dit:oui quand on veut bien se projeter dans le futur proche cela fait peur...
un article du Monde sur les abeilles domestiques qui disparaissent de manière massive, en rajoute une couche. Les abeilles sentinelles les premières touchées?


oui, j'ai lu ça aussi aujourd'hui
extrait Le Monde du jeudi 30 aout:

"Ce sentiment d'incrédulité, beaucoup d'apiculteurs l'ont ressenti depuis quelques années. Partout ou presque, les abeilles meurent dans des proportions trop importantes. Certes, l'ampleur des pertes varie d'une région du monde à l'autre et d'une année sur l'autre. La saison et les circonstances ne sont pas toujours identiques. Mais c'est bien le même phénomène qui se produit, " sur une large échelle ", précise Peter Neumann, du Centre agroscope Liebefeld-Posieux. Installé à Berne, la capitale de la confédération helvétique, cet institut assure la coordination du groupe de travail européen sur la prévention des mortalités. " Quelque chose est en train de dérailler " estime notre spécialiste. " Cela a lieu de plus en plus souvent et dans des proportions plus importantes. "
Aux Etats-Unis, où l'on parle de " syndrome d'effondrement des colonies ", quelque 25 % du cheptel auraient disparu au cours de l'hiver 2006-2007. En Europe, la France, la Belgique, l'Italie, l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne, la Grèce, la Pologne, les Pays-Bas ont été touchés depuis le début des années 2000. Les pertes peuvent atteindre, localement, jusqu'à 90 % des colonies. " Il est possible que cela se produise dans d'autres régions du monde, mais nous manquons de données ", ajoute M. Neumann.
Tout allait pourtant pour le mieux depuis des millions d'années. Rien n'était venu déranger le tête-à-tête évolutif entre les plantes à fleurs, rivalisant d'éclat auprès des insectes pollinisateurs, et les abeilles, qui puisaient le nectar entre leurs pétales. Leurs vies se passaient immuablement, dans une troublante soumission aux lois de la ruche, où il n'est d'autre destin possible que travailler à la perpétuation de l'espèce. L'homme est-il en train de tuer à petit feu l'industrieux insecte qu'il a tant bien que mal domestiqué depuis l'Antiquité ? " Nous n'avons pas la clé du mystère, il y a un élément que nous ne comprenons pas, prévient Jean-Daniel Charrière, chercheur au Centre de Berne. Nous n'aimons pas être dans l'inconnu. Pourtant, avec les abeilles, nous le sommes souvent. " Dans l'incertitude, les spécialistes en sont réduits à énumérer toutes les causes de mortalité possibles.
Un temps envisagée, la piste des ondes électromagnétiques est écartée. Les OGM, en revanche, figurent toujours sur la liste des suspects. Selon une étude publiée dans la revue Science du 8 juin, les cultures transgéniques ont cependant un effet moins important sur les abeilles que les champs traités aux pesticides. Et l'hypothèse OGM ne peut expliquer les mortalités en Europe, où les surfaces plantées sont très faibles.
Restent deux pistes privilégiées : les maladies, virus, parasites et autres champignons, d'un côté. La dégradation générale de l'environnement - changements climatiques, raréfaction des fleurs et surtout surdose de produit chimiques -, de l'autre. Peut-être tout cela à la fois. " On peut supporter séparément une maladie, une mauvaise alimentation, un empoisonnement aux pesticides, mais quand tous les facteurs se conjuguent, il arrive un moment où la limite de résistance est atteinte ", explique M. Neumann. Pour les apiculteurs, l'abeille est une " sentinelle ", une " sonnette d'alarme ", le témoin de dérèglements invisibles à nos yeux. Une chose est certaine, au bout de toutes les pistes, c'est toujours l'homme que l'on retrouve.
(...)
L'abeille domestique est-elle une espèce en danger ? On n'en est pas là. Mais son sort a de multiples raisons d'inquiéter. " C'est une pollinisatrice particulièrement efficace, explique Bernard Vaissière, qui dirige le laboratoire de pollinisation entomophile à l'INRA d'Avignon. Et elle est en train de disparaître de régions entières. " Voyant leurs ruches péricliter, les petits apiculteurs amateurs, qui contribuaient à maintenir partout la présence de l'espèce, sont de moins en moins nombreux.
Or la survie de 80 % des plantes à fleurs et la production de 35 % de la nourriture des hommes dépendent de la pollinisation. Aux Etats-Unis, ce marché a été évalué à 15 milliards de dollars. Certes, ni le blé, ni le riz, ni les pommes de terre n'ont besoin d'abeilles. Mais imagine-t-on un monde sans fruits, sans légumes et sans fleurs ? Circonstance aggravante, les autres pollinisateurs ne s'en tirent pas mieux. " On a toutes les raisons de penser que quand l'abeille domestique a des soucis, c'est pire pour les espèces sauvages, car la colonie a un effet protecteur ", explique Bernard Vaissière. Les spécialistes de l'abeille se sentent un peu seuls. Nous vivons dans une société " insectophobe ", dit Francesco Panella. Pourtant, sans les insectes, rien ne marche. Ils sont la colonne vertébrale des écosystèmes terrestres. " Ce sont les grands oubliés du monde animal, déplore Marie-Pierre Chauzat, membre de l'équipe abeille de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Ils n'ont pas les grands yeux du panda, les belles plumes des oiseaux, la jolie fourrure des bébés phoques. "

C’est moins romantique que les abeilles mais si vous aimez la morue (et pas mal d’autres poissons), l’avenir est sombre . Quand on pense que ce poisson fut l’un des plus communs…

Je me posais une question on a des infos sur les populations d’insectes (autres que les abeilles). Par exemple les fourmis ?

je crois me souvenir avoir lu, il ya très longtemps : que les fourmis sont particulièrement résistantes jusqu’à résister à une attaque nucléaire?

Donc ce sont elles qui prendront le relais sur notre belle planête :)