alcoolisation chez les jeunes

Actuellement je bosse dans un lep…Je constate que régulièrement des ados rentrent dans un état lèger ou avancé d’ivresse…j’ai un poste d’animatrice, surveillante…et suis “subordonnée” à une certaine hiérachie…Issue de l’animation socio culturelle et ayant bossé dans des structures différentes (maison de quartier, accueil de jeunes, centres sociaux, ludothèque) je trouve que l’éducation nationale est gravement en retard dans ce domaine…en tout état de cause, ici j’ai l’impression qu’on voit les choses mais qu’on minimise un maximum pour ne pas être emmerdé…
ça m’inquiète…beaucoup…

mais je me sens quelque peu isolée d’autant plus que je ne suis là qu’une année :roll:
je ne vous parle pas des discours classiques que j’entend du style c’est nomral qu’on se déchire à leur age…

Arriver déchiré en cours, c’est sûr que c’est moyen, d’autant plus si c’est régulier.
Que l’éducation française ne réagisse pas ne m’étonne malheureusement pas. L’éducation nationale est un gros pachyderme qui ne sait/veut pas s’adapter mais qui continue à fonctionner. Il suffit de voir que chaque tentative (bonne ou mauvaise) d’un ministre de l’éducation nationale pour changer quelque peu le système se traduit par des grèves généralisées et qu’on conserve donc le système actuel. Alors forcément, face à un nouveau problème comme l’alcoolisation des jeunes, le pachyderme ne réagit pas trop, préférant se mettre des oeillères et poursuivre sur sa continuité. C’est navrant mais l’inertie du système français, allié aux désillusions des jeunes enseignants après quelques vaines tentatives de changement… Tout cela n’aide pas à ce que ce constat se modifie.
Il faudrait pourtant que cela change…


Et concernant la réponse “c’est normal de se déchirer à leur âge” je répondrais oui et non. C’est normal de s’amuser et si cela passe par boire de l’alcool, qu’ils le fassent. J’en ai fait autant plus jeune et je continue maintenant, alors je me vois mal interdire toute consommation d’alcool à des jeunes.
Par contre, le faire en journée alors qu’on a cours par la suite ou finir forcément saoul, là non. S’amuser, ça ne signifiera jamais pour moi finir bourré. Ca m’est arrivé, oui, mais ça ne doit pas être un automatisme : je bois, je finis bourré. Non. Et quand on a des responsabilités (aller en cours en est une) alors il faut assumer et rester en état de le faire.
Mais je crois que ces constats ne passent que rarement dans les cervelles des adolescents…

Arriver en cours bourré (ou plus souvent, après avoir fumé), ça m’est arrivé… Le problème est plutôt si c’est tous les jours ou pas…

Si c’est exceptionnel pour un étudiant donné j’aurais tendance à minimiser aussi, c’est pas très malin et pas très respectueux des profs et autres étudiants, mais ça n’a pas non plus des conséquences dramatiques il me semble…
Après de l’information et de la prévention je suis toujours pour, il faut voir si ton lycée est un cas isolé ou si c’est général.

Le soucis que j’y vois, c’est la banalisation. Si on “ferme les yeux” pour un, on les ferme pour tout les autres. A partir de quel moment faut-il agir? Et de quelle manière?

Que propose l’éducation nationale dans ce cas? C’est du ressort du reglement intérieur de l’établissement? Il n’y a pas de consignes nationales, ou alors innaplicables?

Je sais qu’on a des enseignants parmis nous, je pense qu’ils auront des réponses ^^

Chewy203 dit:Plein de choses intéressantes...


Juste en passant, mettre ça sur le dos de l'éducation nationale, c'est un peu facile...
Pour avoir bossé dans un CFA, avec à priori plus de liberté vis à vis du ministère (mis à part le respect des programmes), le problème s'est aussi présenté. La consommation d'alcool et/ou de cannabis était relativement fréquente, et souvent chez des apprentis bien identifiés.
Mais il y a aussi une forme de clientélisme, il faut du chiffre, un maximum d'apprentis, donc la hiérarchie n'est pas regardante et on laisse tout ça dériver.

Hmmm. Et se poser la question de ce qui pousse de plus en plus de jeunes (et de plus en plus jeunes) à considérer la chouille* comme une des plus hautes formes de loisir ?
L’alcool est pas moins disponible qu’hier… Alors ?


Mais je vois dans les réponses que les réponses souhaitées sont toujours les mêmes : traiter les symptômes, jamais le mal…
greuh
* : et les substances variées, etc.

greuh dit:Hmmm. Et se poser la question de ce qui pousse de plus en plus de jeunes (et de plus en plus jeunes) à considérer la chouille* comme une des plus hautes formes de loisir ?
L'alcool est pas moins disponible qu'hier... Alors ?


je crois aussi que la problématique est très profonde.
parce que le pb le plus grave, ce n'est pas seulement de considérer la biture comme un loisir, mais c'est aussi la pratique courante de se murger pour atteindre le coma éthylique à moindre coût le plus rapidement possible.
on a un signal d'angoisse très très fort que nous renvoie ces djeunes. :|

Ben leur problème, amha, c’est l’absence d’espoir.

Ils savent très bien que la seule manière d’être considéré comme un modèle de réussite (selon les critères actuels de notre merveilleuse civilisation en déclin, c’est-à-dire “être riche et célèbre”) ne passe pas par les études mais par devenir chanteur, acteur ou passer à la télé via un truc genre Star’Ac…

Il n’y a qu’à voir l’étonnant mouvement de soutien à Tony Musulin qui s’était monté sans organisation aucune pendant sa cavale…

Quand on n’a pas d’espoir, on se détruit, d’une manière ou d’une autre.

No future.
greuh

Oui certes, mais j’imagine quand même le désarroi de certains enseignants, qui doivent se demander ce qu’ils peuvent bien faire.

OC qui a fait passer un entretien pour un stage à 10 heures du matin avec un type qui carburait visiblement au joint… assez… flippant

greuh dit:Quand on n'a pas d'espoir, on se détruit, d'une manière ou d'une autre.


je crois aussi.
indépendament des perspectives socio-économiques qu'ils considèrent d'un oeil extrêmement pessimiste, on (moi et notre génération, entre autre) n'a pas su, on ne sait pas les faire rêver.
alors, trop d'acquis, trop de confort, pas assez de révolte nécessaire ?

quant à l'avenir de la planète, il y a une forme de résignation. c'est un peu le danger de la banalisation des discours catastrophistes extrêmes; on obtient ce genre de réponses : boaf, on est tous foutus, alors à quoi bon...

ça craint. :cry:
Cheesegeek dit:Oui certes, mais j'imagine quand même le désarroi de certains enseignants, qui doivent se demander ce qu'ils peuvent bien faire.


Heureusement qu'ils se demandent ce qu'ils peuvent faire. Cela démontre leur humanité :)

Et il existe sûrement des actions pour eux qu'il est possible d'entreprendre. Mais tout n'est pas de leur ressort. Les parents, la société, el gouvernement sont aussi des éléments qui pourraient se sortir les doigts pour tenter de donner un avenir aux gamins (et je parle de la totalité des gamins, ce n'est pas limité à ceux qui sont en difficulté). Parce que pour l'instant, au mieux, leur avenir se situe dans la classe moyenne et ils le savent. Ça ne les fait pas rêver et je les comprend.

greuh, qui a eu mal le jour où il a pris conscience qu'il ne serait ni cowboy ni astronaute.

Edit : je pense que le désespoir n'est pas limité aux jeunes d'ailleurs. Entre le bond des sports dangereux, d'un consumérisme éclatant, etc. je pense qu'une bonne part de notre population est dans une logique d'autodestruction, quelle qu'en soit la forme.
Kouynemum dit:
greuh dit:Quand on n'a pas d'espoir, on se détruit, d'une manière ou d'une autre.

je crois aussi.
indépendament des perspectives socio-économiques qu'ils considèrent d'un oeil extrêmement pessimiste, on (moi et notre génération, entre autre) n'a pas su, on ne sait pas les faire rêver.
alors, trop d'acquis, trop de confort, pas assez de révolte nécessaire ?
quant à l'avenir de la planète, il y a une forme de résignation. c'est un peu le danger de la banalisation des discours catastrophistes extrêmes; on obtient ce genre de réponses : boaf, on est tous foutus, alors à quoi bon...
ça craint. :cry:


+ 1
greuh
greuh dit:greuh, qui a eu mal le jour où il a pris conscience qu'il ne serait ni cowboy ni astronaute.
Ah ça... Dire que je n'irais jamais sur Mars...
greuh dit:Edit : je pense que le désespoir n'est pas limité aux jeunes d'ailleurs. Entre le bond des sports dangereux, d'un consumérisme éclatant, etc. je pense qu'une bonne part de notre population est dans une logique d'autodestruction, quelle qu'en soit la forme.
Assez d'accord, on peut ajouter l'absence de proposition d'"aventures collectives"?

Yep…

@Girafe : petite question, ce sont des jeunes de quel âge ? C’est fréquent ? C’est tous ou plutôt toujours les mêmes ?

@Greuh et Kouyne : et oui que voulez vous… Depuis quelques années on bassine les jeunes avec des :

- le sida
- le chômage
- la pollution
- la planète foutue
- les retraites
- le déficit
- la real TV et ses émissions qui font de toi un héros jetable
- les divorces / familles mono-parentales
- …

Bref, que du positif ! Et que du bon pour quand tu doutes avoir de vrais repères pour avancer et progresser…

Alors après t’as le choix entre t’en coller une et penser à autre chose ou écouter et lire à longueur de temps les mêmes merdes et finir par picoler en désespoir !

Mais c’est vrai que c’est à l’Education Nationale de prendre tout cela à sa charge ! Et ces feignasses de prof qui devraient utiliser leur temps pour créer des cellules de soutien psychologique ! Ils sont tellement payer qu’ils pourraient aussi faire ça !! Pfff…

Kouynemum dit:
greuh dit:Quand on n'a pas d'espoir, on se détruit, d'une manière ou d'une autre.

je crois aussi.
indépendament des perspectives socio-économiques qu'ils considèrent d'un oeil extrêmement pessimiste, on (moi et notre génération, entre autre) n'a pas su, on ne sait pas les faire rêver.
alors, trop d'acquis, trop de confort, pas assez de révolte nécessaire ?
quant à l'avenir de la planète, il y a une forme de résignation. c'est un peu le danger de la banalisation des discours catastrophistes extrêmes; on obtient ce genre de réponses : boaf, on est tous foutus, alors à quoi bon...
ça craint. :cry:


Heu, c'est aussi une question d'âge, non?
Quand j'étais au lycée, il y a 10 ans, j'etais complètement blasé sur tout, et j'avais d'avis sur pas grand chose.
Le système éducatif (pas les enseignants, l'institution) y est aussi pour beaucoup, pas de "décryptage" de l'actualité, pas d'apprentissage de la citoyenneté (à mon époque l'instruction civique nous était présentée comme des leçons de morale :pouicvomi: )

Et puis est-ce que c'est vraiment un phénomène nouveau que les jeunes pensent qu'à se bourrer la gueule?
Mes parents (+ de 50 ans) faisaient le tour des villages pour se meuler la tronche (en voiture!) de manière assez systématique aussi.

Attention je dis pas que c'est bien, mais comme on est en train de l'analyser comme un nouveau phénomène, j'aimerais bien qu'on m'explique ce qui est nouveau. Ceci dit sans provoc aucune.
Edit : je pense que le désespoir n'est pas limité aux jeunes d'ailleurs. Entre le bond des sports dangereux, d'un consumérisme éclatant, etc. je pense qu'une bonne part de notre population est dans une logique d'autodestruction, quelle qu'en soit la forme.


C'est sûr. Ajoutons l'individualisme à l'extrême.
Boulicomtois dit:
Chewy203 dit:Plein de choses intéressantes...

Juste en passant, mettre ça sur le dos de l'éducation nationale, c'est un peu facile...
Pour avoir bossé dans un CFA, avec à priori plus de liberté vis à vis du ministère (mis à part le respect des programmes), le problème s'est aussi présenté. La consommation d'alcool et/ou de cannabis était relativement fréquente, et souvent chez des apprentis bien identifiés.
Mais il y a aussi une forme de clientélisme, il faut du chiffre, un maximum d'apprentis, donc la hiérarchie n'est pas regardante et on laisse tout ça dériver.


Je n'ai pas dit que l'éducation nationale était responsable de cet état, et si c'est ce qui transparait de mon message, je m'en excuse. Je souhaitais seulement dire que l'éducation nationale n'est pas capable de réagir à ce genre de problèmes et ne peut donc pas y apporter une solution, sans que l'on remette en cause le système actuel.


Concernant les raisons de finir déchiré, oui c'est sûr qu'il vaut mieux traiter le problème dans ce sens, s'attaquer à la cause, pas aux symptômes.
La génération actuelle n'a pas d'espoir ? Pas d'avenir ? Je ne crois pas que la situation ait tellement changée par rapport à ma propre adolescence. J'ai compris très tôt que je me paierai jamais une Ferrari, que je ne m'afficherai pas aux bras de top modèles... Et alors ? Certes le matraquage médiatique sur ces "modèles de réussite" est de plus en plus fort mais ils ne représentent pas le but à atteindre pour autant. Oui, finir ouvrier non-qualifié sur une chaîne de montage, ce n'est pas un avenir motivant, je suis d'accord. Mais ce n'est pas en se déchirant sans arrêt qu'on va éviter cet avenir, justement.

Pour moi, la vraie raison de cet état, c'est la part grandissante des "assistés" de la société. Non, je ne suis pas facho, ni même de droite, et je reconnais que beaucoup de personnes aidées en ont besoin et méritent les aides du gouvernement.
Mais la proportion de personnes profitant du système est de plus en plus forte et deviennent des modèles à suivre. Un jeune placé devant le fait de choisir son avenir prendra en premier choix : réussir la Star'Ac (ou autres shows TV du genre). Mais en se prenant la réalité en pleine face, entre travailler 35h par semaine, dans un métier sans aucune considération, lui faisant gagner tout juste de quoi vivre OU choisir de lézarder chez soi en touchant des indemnités, en ayant du temps libre et en gagnant de quoi vivre...
Dans ces conditions, on peut effectivement s'en ficher pas mal de se déchirer et de se détruire petit à petit, ça ne changera rien à son avenir.


PS: je me répète : je ne critique pas TOUTES les personnes recevant des aides car beaucoup d'entre elles en ont besoin et méritent d'être aidées. Mais je critique ceux qui reçoivent des aides et profitent du système, en vivant comme des parasites (le mot est fort mais c'est celui qui convient, désolé pour les âmes sensibles).

Ce qui est nouveau, c’est la diminution de l’âge des chouillards, et le fait que ce ne soit pas limité aux WE, ni même aux soirées… La fréquence augmente, l’âge diminue.

Si tes parents faisaient le tour en bagnole, ils avaient autour de 20 ans (entre 18 et 21 selon l’époque de la majorité, mais je sais pas si ça a eu un effet sur le permis de conduire). Et ils allaient de fête de village en bal populaire : c’était limité au samedi soir.

Si je te parle d’un gosse de 14 ans qui picole du Ricqlès en plein cours* un jeudi matin, j’espère que tu vois la différence…
greuh
* : j’ai vu faire. En utilisant le bouchon de la flasque comme “verre”.

Yep…

Juste au passage quand même …

7. Evolutions
Les résultats des différentes enquêtes ne sont pas parfaitement concordants en ce qui concerne l’évolution des consommations d’alcool chez les jeunes. Selon ESPAD, entre 1999 et 2003, la prévalence de consommation et la consommation régulière sont restées stables. D’après ESCAPAD, de 2000 à 2003, l’usage d’alcool chez les 17-18 ans au cours du dernier mois a augmenté uniquement chez les garçons. L’usage régulier d’alcool apparaît en hausse pour les 2 sexes, tandis le niveau des ivresses est resté stable.


source

Hors sujet total :
Les profiteurs des aides sociales, ce grand mythe urbain. J’ai fait le calcul, une fois, en prenant la totalité des RMIstes, en considérant qu’ils avaient tous quatre enfants à charge, en arrondissant au supérieur et en doublant le chiffre obtenu…
Ben c’était peanuts par rapport au pognon “volé” par les très riches. Mais ces derniers sont l’exemple à suivre (cf. la télé, les journaux).

Dans les rares moyens de devenir riche et célèbre, j’ai oublié le seul qui fonctionne vraiment : hériter. Miss “Bête-en-cours” ne me contredira pas là-dessus, elle qui essaie de mettre maman “Laure et Al” sous tutelle…
greuh.