Allo Docteur, je vous appelle parce que j’ai un problème.
J’ai beau faire de mon mieux pour suivre vos recommandations (fréquenter TT, regarder quelques rares vidéo, traîner sur BGG), rien n’y fait, je n’arrive à m’intéresser à rien. Cela fait plusieurs mois que cela me travaille, j’espérais que ce serait un mal passager, mais force est de reconnaître que cette fois-ci ça dure.
Pourtant ce ne sont pas les tentations qui manquent. Mais entre les jeux aux graphismes trop mignons, tout en explosions de couleurs, thème nature et animaux anthropomorphes ; ceux aux mécaniques qui semblent déjà vues et revues ; ou encore ceux d’auteurs dont je n’ai que faire : il n’y a vraiment rien aujourd’hui qui parvienne à effleurer ma corde sensible. On a beau me dire que celui-ci sera le futur As d’Or, que tel autre est d’ores-et-déjà le meilleur jeu de l’année, qu’icelui serait le jeu le plus abouti d’un auteur quelconque… Non, ça me laisse de marbre.
Alors oui Docteur, je sais que vous allez me dire de profiter de ce que j’ai. Je sais que la mienne, de ludothèque, est sans doute plus petite que la moyenne ; pour autant, que ce n’est pas la taille qui compte ; que l’important est le plaisir qu’elle arrive à me procurer. Mais il n’empêche que parfois j’aime aussi ressentir l’excitation de la nouveauté, la petite pointe de dopamine que génère l’attente, l’enthousiasme partagé avec d’autres, la joie enfantine quand je mets enfin la main sur le jeu tant attendu, le plaisir d’entendre le @proute de la boîte neuve qu’on ouvre. Et sans cela, je ressens comme une sorte de vide.
Fidèle à l’adage comme quoi ce serait dans les vieilles boîtes qu’on fait les meilleurs jeux, je me tourne vers certains ancêtres à côté desquels je serais passé lorsque j’ai débuté dans le loisir. Mais l’exercice a aussi ses limites, ils sont forcément moins nombreux et parfois difficiles à trouver, on finit par faire le tour des possibilités.
Ce qui m’arrive est paradoxal, car le nombre de sorties n’a jamais été aussi important ! Je devrais pourtant être noyé dans les propositions et ne plus savoir où donner de mon temps de cerveau disponible ! Mais j’ai l’impression que c’est l’inverse qui se produit, tout va tellement vite que je n’arrive plus à prendre du temps pour me passionner pour rien.
Je ne sais pas si je suis malade, ni s’il existe un remède. Mais j’aimerais tout de même trouver cette étincelle qui puisse rallumer la flamme. Vous pourriez me rédiger une ordonnance ?