Apprentissage de la lecture : quelle méthode?

Vieux chat, ta définition d’illettré est trop vaste. A moins que tu l’opposes à celle de “fin lettré”. Il arrive à n’importe qui de tomber sur des mots dont il ne connaît pas le sens.

Copain Msieur Vieux Chat :wink: :D : je m’inscris totalement dans ce qu’il a écrit.

Si en effet les méthodes actuelles sont surtout interactives (ou mixtes pour certaines), il y a quasi dans tous les CP un départ global dès la rentrée (Septembre-Octobre) puis de la syllabique (ou alors c’est lié).

En outre, la lecture est travaillée de manière systématique avec l’écriture car il existe une interaction entre ces deux activités cognitives.

Lire, c’est déchiffrer un code alphabétique avec des correspondances entre graphèmes et phonèmes (lettres combinées = sons). Mais surtout, lire c’est décoder du sens = comprendre ce qu’on lit. Il existe un va et vient entre déchiffrage et décodage.

Plus on lit, plus on se confronte à du vocabulaire inconnu que l’on déchiffre grâce à la syllabique… mais que l’on reconnaît globalement par la suite quand on a l’image mentale du mot en tête. C’est pourquoi lorsqu’on lit, on a une image globale du mot avec son signifié/signifiant en tête en fonction du contexte de la phrase.

Réaliser l’expérience suivante : fermez les yeux, ouvrez n’importe quel livre… puis ouvrez les yeux sur le texte. Aussitôt, votre cerveau a décrypté des mots connus globalement par vous. En effet, en tant que lecteur vous ne réalisez plus ce lourd travail cognitif de déchiffrage/décodage puisque vous connaissez ces mots et surtout savez qu’à tel graphème correspond tel phonème.

En maternelle, les activités de reconnaissance globale de certains mots participent à ce futur travail de lecteur. Les enfants, encore peu familiers aux sons de la langue (les phonèmes), n’ont qu’une image globale de certains mots = leur prénom, les jours de la semaine, les petits mots outils comme “la”, “le”, “et”, “du”, “de”… De plus tout un travail est réalisé sur les syllabes orales et écrites (via les chansons, les comptines, les poésies et les productions d’écrits) : les enfants comprennent peu à peu que “JEU-DI”, c’est comme “JEU” et “DI-MITRI”… (exemple tiré de ma classe). etc etc… Ils réalisent des correspondances entre des graphèmes et des phonèmes sur des mots connus globalement.

Voici un lien où vous trouverez non seulement une réponse à la circulaire Robien, mais en plus un condensé des recherches sur la lecture depuis une trentaine d’années.

http://www.lscp.net/persons/ramus/lecture/

Bien écoludiquement, Rémy-lee

autre lien indispensable pour comprendre l’apprentissage de la lecture :

http://eduscol.education.fr/D0135/accueil.htm

Je vous recommande la lecture de ces Documents d’accompagnement des programmes officiels.

Bien écoludiquement, Rémy-lee

Cher Monsieur Wasabi,

Pour faire simple, quand ma fille ainée est entré en petite section de maternelle à 3 ans et 5 mois, elle savait lire genre comme un enfant de CE2 (8 ans quoi) et elle comprenait ce qu’elle lisait. Nous avons rencontré des difficultés assez fortes avec 2 institutrices qui ont eu du mal a gérer cette situation, pourtant nous n’étions pas de ces parents qui faisaient pression ou qui la ramenaient puisque nous n’avons rien dit, partant du principe que si y’avait questions ou problème on nous contacterait.

Bref, l’entrée en petit section ne c’est pas très bien passé avec l’instit. Il y avait un léger décalage avec ce qu’on demandait aux enfants et ce que notre fille avait envie ou besoin de faire. Bref, elle était pas très bien, elle nous le faisait un peu payer, un peu à l’instit aussi parfois qui l’a un peu mal vécu, mais heureusement la directrice a pris le relais, elle a fait glisser la p’tite d’une classe avec une super instit qui l’aimait bien et ça c’est bien terminé.

Le second passage difficile a été au CP ou elle était en classe double CP/CE1. L’équipe enseignante ne savait pas trop si on pouvait la mettre direct en CE1 (elle était petite quand même quoi), nous on ne disait pas trop grand chose, on faisait confiance aux enseignants qui ont pensé que la classe double c’était le mieux pour voir comment elle gèrerait le CE1, et on ne voulait pas passer pour ces parents qui pensent que leur mômes sont des merveilles de plus fort et font chier tout le monde avec ça :lol: Bref, la gosse ne savait plus où elle en était, elle suivait les cours de lecture de CE1, les cours de Math du CP, avec des devoirs que pour elle de pas comme les autres enfants de sa classe… Elle l’a mal vécu, on l’a un peu payé et l’instit l’a un peu prise en grippe (la gestion du cas particulier sans doutes). Mais elle est partie en congé mat, la remplacante a été parfaite et la fin de l’année aussi.

Ces 2 passages, même s’ils se sont bien terminé, ont été assez pénible pour elle et nous…

Le seul problème qui reste, c’est que durant ces premières années d’école, elle n’a jamais eu besoin de bosser. Imaginez les devoirs de CP quand vous savez lire comme un gamin de CM2 :lol: Là, elle va entrer en seconde et elle a l’air épanouie, mais elle va en chier puisqu’il parait que là, il faut bosser… Bien fait, sale môme ! :lol:

Inutile de vous dire que pour la cadette, on a laissé tombé Piaget, la globale, syllabique, Boscher et compagnie :lol: De toute façon, elle était beaucoup moins demandeuse que sa soeur aînée et sa scolarité se passe parfaitement, sans aucun problème…

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Philippe dit:Vieux chat, ta définition d'illettré est trop vaste. A moins que tu l'opposes à celle de "fin lettré". Il arrive à n'importe qui de tomber sur des mots dont il ne connaît pas le sens.


C'est pourtant la définition de l'illetrisme. Quand on avance qu'il y a 20% d'illetré en France c'est par rapport à cette définition.

Méthode globale, interactive, mixte, synthétique, syllabique … tout ça c’est des histoire pour embrouiller les enseignants et faire mousser l’ego des “soi-disant” pédagogues …

En matière d’éducation, rien ne vaut un bon vieux dicton qui remplace tous les manuels de conseils à l’enseignement. A savoir : “c’est en forgeant qu’on devient forgeron”

C’est en lisant qu’on devient lecteur. Peut importe la méthode, quand un enfant à le désir et le plaisir d’apprendre à lire, il y parviendra quelle que soit la méthode employée. Et lorsqu’un enfant éprouve des difficultés, c’est en diversifiant les exercices et les plaisirs qu’on lui donnera le goût de lire.

Prendre le temps d’aller à la bibliothèque, lire des histoires ensemble, conter comme au bon vieux temps, toucher et tourner les pages des livres, regarder les images et les commenter, chanter des chansons en classe, tout simplement montrer que l’on peut prendre du plaisir avec un livre; montrer ce que l’on peut retirer de la lecture, c’est largement suffisant pour donner l’envie d’apprendre à lire aux enfants.

Après tant d’essais, les pédagogues aurait du retenir qu’aucune méthode d’éducation n’est parfaite in fine. L’éducation c’est avant tout savoir s’adapter à son public d’élèves !!!

Monsieur Phal dit: Imaginez les devoirs de CP quand vous savez lire comme un gamin de CM2 :lol: Là, elle va entrer en seconde et elle a l'air épanouie, mais elle va en chier puisqu'il parait que là, il faut bosser... Bien fait, sale môme ! :lol:

Elle est passe directement du CP a la 2nde !!! Balese, surtout avec un pere pareil. Dites, votre femme, ca serais pas Judit Polgar par hasard? :lol:
Serieusement, merci pour votre temoignage detaille et sincere.
Monsieur Phal dit:
Inutile de vous dire que pour la cadette, on a laissé tombé Piaget, la globale, syllabique, Boscher et compagnie :lol: De toute façon, elle était beaucoup moins demandeuse que sa soeur aînée et sa scolarité se passe parfaitement, sans aucun problème...


Oui, je suis convaincu que le pire pour un gamin, c'est d'etre decalle par rapport a son environement, que ce soit vers le haut ou vers le bas. L'ecole, c'est fait pour apprendre ensemble.
Malheureusement, pour diverses raisons, il y a de + en + une tendance a vouloir faire de ses enfants des chiens savants (principalement par orgeuil, pour etre sur qu'ils ne soient pas touches par les deficiances de l'education publique, et que plus grands ils soient hyper-competitifs sur le marche du travail)

Bon, je viens mettre mon petit mot moi aussi. D’abord, je suis totalement d’accord avec les explications de VieuxChat (et la plupart de celles de Remy…)
Copains pareil :D

J’ai retrouvé le texte de Goigoux qui parlait de cela, c’est très interressant, très juste et c’est là:
cliquez ici

Pour en remettre une couche, j’ai fait remplaçant durant deux ans, je suis passé dans un bon paquet d’écoles et de CP et je n’ai jamais rencontré de classes faisant de la globale ou de la syllabique… La plupart des instits suivaient Ratus ou Gafi donc des méthodes intégratives (et pas mixtes :)) …
Je ne sais pas si en Dordogne nous sommes un cas particuliers mais le débat ne correspond à aucune réalité chez nous.

Sinon Goigoux détaillait les groupes d’élèves qui composaient les “non lecteurs” en sixième. Il y montrait qu’une minorité d’élèves ne sait pas déchiffrer et qu’une majorité ne comprend pas ce qu’elle lit. Le problème viendrai plus d’une absence de compréhension réelle de l’écrit que d’une absence (ou de problèmes) de technique.
Donc expliquer les difficultés de lecture en sixième par les méthodes d’apprentissage du CP est grotesque, notamment car le problème ne vient pas du déchiffrage mais essentiellement du sens. Le sens se construit durant toute l’école élémentaire et pas qu’au CP, bien entendu…

J’essaye de vous retrouver son texte là desus…

Extrait d’un autre texte de Goigoux (je l’aime bien ce gars :))

"Comment peut-on expliquer que de telles erreurs soient également commises par le ministère ?
Également par une grande méconnaissance de la réalité des pratiques pédagogiques caricaturées pour mieux justifier un retour nostalgique et populiste vers le passé. Les professeurs des écoles stagiaires qui ont été invités à dialoguer avec le ministre et les membres de son cabinet le 23 janvier à Sens ont été stupéfaits de l’ampleur de cette ignorance. C’est d’autant plus inquiétant que les informations pertinentes sont à la disposition de l’administration centrale : la dernière étude de terrain consacrée au cours préparatoire a été réalisée en 2004 par l’Inspection générale, institution peu suspecte de sympathie globaliste. On y apprend que 88% des maîtres observés organisent un travail sur la conscience phonique, 100% un moment de lecture déchiffrage et 77% des dictées de syllabes ! "

et ça, sur la syllabique:
“le ministre prend pour modèle la méthode syllabique Léo et Léa[3] qu’il demande à tous les éditeurs scolaires d’imiter. Dans ce manuel, avatar moderne de la méthode Boscher, les textes soumis aux élèves sont exclusivement rédigés avec des mots constitués de syllabes connues. Par exemple : « Le père a pêché une loche. Farro la hume puis il jappe ; la loche ne parle pas ! Il la lèche alors Léo le chasse » (Léo et Léa, p. 31). Le vocabulaire choisi ne tient aucun compte du sens et de l’intérêt du texte pour les élèves, ni de leurs connaissances lexicales.

Dans la mesure où les méthodes syllabiques, dans leur souci de simplification extrême, confondent la lettre et le son, elles retardent l’étude des graphèmes complexes. Ainsi, dans Léo et Léa, le phonème /o/ est exclusivement associé à la lettre o jusqu’à la 41è leçon de l’année, obligeant les auteurs à fabriquer des pseudo récits tels que : « Léa sort le cheval. Faro le mord. Le cheval a mal. Il remue puis il rue. Léa lui parle fort. Faro file. » (idem, p. 23) et à différer au troisième trimestre l’introduction de mots tels que beau, auto ou château.

Pire encore, de nombreux mots, parmi les plus fréquents du français ne sont jamais proposés aux élèves car ils sont irréguliers ou trop complexes du point de vue graphophonologique. Sur ce point aussi, les méthodes syllabiques sont en contradiction flagrante avec les programmes en vigueur qui demandent aux enseignants d’introduire des mots fréquents dès le début de l’année, « pour l’essentiel des mots outils » dont « la forme orthographique est mémorisée ». Pas un seul « et », « dans » ou « un » dans les dix premières leçons de Léo et Léa ; pas une seule fois le verbe « être » conjugué au présent. Plus de la moitié des vingt mots les plus fréquents de la langue française n’est jamais lue au cours du premier trimestre.”

Monsieur Phal dit: Là, elle va entrer en seconde et elle a l'air épanouie, mais elle va en chier puisqu'il parait que là, il faut bosser... Bien fait, sale môme ! :lol: l


je vous rassure monsieur phal, je connais quelqu'un qui ne s'est mis à bosser que trois semaine avant les concours de fin de prepa.
Bubu dit:
bla bla très inquiétant dont je ne garde que la fin.
Plus de la moitié des vingt mots les plus fréquents de la langue française n’est jamais lue au cours du premier trimestre."


a ce point là! ca va pas être simple pour ceux qui ne lisent qu'à l'école!

Il me semble que c’est déjà plus difficile pour ceux qui ne lisent qu’à l’école, et que e n’est pas nouveau, car quelle que soit la méthode utilisée il y a toujours des familles qui ont eu un accès plus facile aux livres… Et comment ces malheureux vont-ils pouvoir comprendre une règle de jeu???(surtout s’il s’agit d’une traduction)!!!Enfin heureusement il y a Trictrac… :wink:

Au XVIIIe, pour résoudre la question de l’orthographe compliquée du français, on apprenait à lire et écrire avec le latin, où les mots se disent comme ils s’écrivent et vice versa. Une fois cette première étape franchie, on passait à la lecture du français. Enfin, on abordait l’écriture.

A propos, question pour mes collègues professeurs des écoles : pourquoi tous ces fourgons d’élèves en détresse qui nous arrivent dans le secondaire ? D’après ce que vous dites, les méthodes sont bonnes. Où est la racine principale du mal ?

Peut être a cause de la non différenciation.
Les méthodes sont bonnes, ce n’est pas le problème.
Mon avis, c’est qu’une méthode ne peut pas être utilisée pour tous les élèves. Mais qu’à chaque élève correspond une méthode.

Est-ce que tu enseignes ? Parce qu’avec mes classes de 35 élèves en seconde, je les vois mal, même de près, les 8 méthodes à mettre en oeuvre pour mes types d’élèves…

EDIT : je veux dire, bien sûr, que je ne peux pas gérer l’hétérogénéité d’une classe de cette taille, ni même de 25 élèves.

oui, je suis dans l’enseignement (spécialisé) en collège donc pas autant d’effectif que toi et je maintiens, la différenciation n’est pas à négliger.

j’ai bossé en CP/CE1 effectif 22 et les temps de travail individualisé (en ce qui concerne la lecture écriture était relativement important sur mon emploi du temps).

évidement, l’enseignement en primaire et dans le secondaire c’est bien différent…

J’ai aussi travaillé en collège, et l’hétérogénéité y est encore plus marquée qu’en lycée. Une partie de la question est réglée en fait au fur et à mesure par le fait que les élèves aux résultats peu satisfaisants quittent la route principale… :? Mais dans la pratique je suis frappé par la reproduction sociale. Cela me fait mal au coeur à chaque rencontre parents / profs.

EDIT ! Waw ! Mon message numéro 900 !

La racine du mal… ? Culturelle bien sur. Quand on a de sparents qui vous font découvrir plein de choses (sérieuses ou non) on a plus de curiosité, plus d’envie d’apprendre.
Ne pas savoir lire vient du fait que certains élèves n’y trouve pas leur intérêt. “Pourquoi j’apprendrai à lire ? De toute façon je serai footballeur” C’est ainsi que réfléchissent certains de mes élèves (CM2). Ceci dit ils sont plutôt bon en lecture les miens. Ils ont une vision beaucoup trop utilitariste des apprentissages. Si un apprentissage ne leur sert pas immédiatement et de manière évidente alors cela ne les intéresse pas et ils ne chercheront pas à apprendre plus que cela, c’est uniquement la motivation du maître qui fera la différence.

Bref c’est la vision que les élèves ont de la la lecture qui fait que certains n’y arrivent pas. Et cette vision est fortement conotée par la culture des élèves (culture au sens le plus large possible)

Philippe dit: Une partie de la question est réglée en fait au fur et à mesure par le fait que les élèves aux résultats peu satisfaisants quittent la route principale... :?

Ils rejoignent alors la section du collège où je travaille et qui leur permet d'apprendre a leur rythme, avec des méthodes qui fonctionnent pour eux spécifiquement.
Philippe dit: Mais dans la pratique je suis frappé par la reproduction sociale. Cela me fait mal au coeur à chaque rencontre parents / profs.

Moi aussi j'ai des gros coups de blues à chacune de ces réunions :(

Pour en revenir au sujet, je ne trouve pas normal que sous prétexte que la méthode choisie par le prof ne marche pas avec certains élèves alors on exclu ces élèves de la "route principale" ou on les laisse tomber. Il serait mieux à mon avis d'abandonner la méthode, d'en choisir une autre ou de l'adapter pour essayer de raccrocher l'élève. Non?

Chaque fois que l’on introduit un nouveau dispositif, les bons élèves y réussissent admirablement… restent les autres ! Le problème assez vite, c’est que l’on ne peut plus rester éternellement sur l’acquisition des fondamentaux. L’heure tourne, et il faut s’occuper aussi des élèves qui ont compris et qui commencent à s’ennuyer. Le problème n’est pas qu’il y ait un groupe restreint d’élèves en diffuclté : on peut en effet trouver des dispositifs, aménager leur parcours, etc. Le problème est quand cette supposée minorité se met à gonfler au fil des années (si j’en crois mes collègues de lettres plus âgés). Encore en terminale S, on trouve un nombre important d’élèves à l’orthographe déplorable, par exemple. Ils ont passé plus de dix ans dans le système scolaire sans apprendre cela.