Si vous ne connaissez pas monsieur Bruno Faidutti vous êtes un béotien mais ça se soigne très bien. Dans son blog à lui qu’il a de personnellement, il parle de ses jeux. C’est bien normal. Mais il parle aussi du monde ludique avec un ton qui oscille entre bienveillance et pamphlet et que l’on soit ou pas au diapason avec ses propos, ceux-ci sont toujours intéressants. À la fois pertinent et impertinent, le vieux hippie (nous avons le même âge) nous parle en ce moment de l’avenir du jeu.
Article sympa, mais pourquoi un “retour de la religion” ? Je n’ai pas spécialement noté que la religion était en forte croissance actuellement. Après, l’incompatibilité entre jeu et religion est, selon moi, d’un ancien temps. La religion n’a-t-elle pas évolué depuis ?
Le parallèle entre BD et jeux me semble un peu hasardeux. Les lecteurs de BD se comptent en France par millions alors que les joueurs de JDS sont plus que marginaux.
On trouve des BD non seulement dans les librairies spécialisées (plus nombreuses que les boutiques de jeux) mais aussi dans les librairies et grandes surfaces.
Si la bulle JDS éclate elle fera un petit “plop” qui sera un peu douloureux certes pour les acteurs mais on est quand même très loin de la dimension BD !
D’ailleurs Kickstarter fait un peu trembler l’univers du JDS alors qu’à quelques exceptions, très médiatisées, prés c’est de l’artisanat semi-professionnel.
Donc si Asmodée est racheté par Panzani et que tout explose on se rabattra sur le participatif et on repartira de l’avant.
Les libraires sont en cours de raréfaction et les jeux se vendent aussi (et surtout d’un point de vue quantitatif) dans les grandes et moyennes surfaces. Et effectivement quand Asmodee ne fera plus que des Attrape-Lapin, d’autres prendront la place du jeu spé.
Tout dépend quelle religion. Après c’est un blog donc Bruno Faidutti présente ses problématiques sous un angle personnel avec ses préoccupations. Mais je partage également la sensation d’un retour au religieux particulièrement en France qui est un pays d’exception en matière de laïcité. Je suis moins sensible au pont fait entre religion et jeu même si les jeux dans l’histoire ont beaucoup à voir avec la métaphysique et la transcendance. Aujourd’hui c’est un peu plus mécanique et commercial ^^
Complètement d’accord avec toi Zemeckis, sur l’incompatibilité noté par Bruno Faidutti
Extrait de l’article:
“Parce qu’ils sont si proches et ont les mêmes causes, jeu et religion sont rivaux et largement incompatibles. Un croyant n’a nul besoin de jouer…”
Je ne suis pas du tout d’accord avec cette affirmation.
Un croyant sait jouer et plus largement s’amuser.
C’est un peu comme l’opposition foi et science qui ne tient pas debout (si on creuse un peu…)
@Jahwork :
“Un croyant n’a nul besoin de jouer…”
“Un croyant sait jouer” : Ce n’est pas tout à fait la même chose.
Pour avoir lu d’autres articles de Bruno Faidutti, sa thèse pourrait être résumé au fait qu’un croyant comble le besoin vicéral et humain de “simplification du réel” par le cadre “simpliste et dogmatique” que lui propose sa religion. Ainsi, s’il sait jouer, il n’en a pas le besoin comme l’a un non-croyant.
Je précise que mon intuition ne me fait pas adhérer à cette thèse, mais je crois l’avoir comprise.
Venant du Jeux Vidéos pour ainsi dire je remarque quelques similitudes sur l’évolution des deux secteurs comme l’apparition du jeux en kit (le kickstarter bourré de stretch goal / extensions qui au final coute un rein tout comme les jeux vidéos qui sortent aujourd’hui avec 4 DLC prévus à “préacheter” avec la copie neuve. Quand on se contente du jeu de base on l’impression d’avoir une version au rabais).
Les gros, très gros, qui avalent pas mal des concurrents et nivellent le catalogue global…
Le JDS a en tout cas l’avantage de garder cette facilité à voir sortir de petites créations alors que le numérique est de plus en plus vérouiller par les grosses machines.
Et le pépére bruno qui continue sa croisade athéiste… Agaçant de le voir opposer joueur/croyant comme si on ne pouvait pas être l’un et l’autre. ET ironiquement s’arroge un droit de prophéte “Mais, bon, si ça tourne mal, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus.”
MAis bon, ca m’empêchera pas de tester ses prochains jeux ;op
Le parallèle à la BD me semble bien solide et c’est un sujet sur lequel j’ai échangé avec lui il y a presque 10 ans. Si effectivement il concède que pour l’instant, ça ne s’est pas vérifié, l’industrie du jeu prend quand même la même direction que la BD.
Comme le dit Mops, les libraires spé BD sont malheureusement en train de se raréfier et ceux qui sont là tirent bien souvent la langue. Cependant, je pense que c’est clairement pas le maillon de la chaine qui en chie le plus. Effectivement, les auteurs de BD qui vivent de leur œuvre sont très très rares. Il y a une réelle paupérisation du milieu du fait de trop de sorties. En chiffres, la BD s’est toujours vendue pareil… Mais là où les ventes se partagaient entre 800 et 1200 titres à la nouveauté il y a 20 ans… On a atteint du 4000 voire même 6000 sorties il me semble. Alors, oui, il y a toujours autant de BD vendues en france mais quand un auteur trouvait que 20 000 exemplaires, c’était “bien” il y a 20 ans… Aujourd’hui, 8000 est un exploit et un très bon chiffre. A savoir qu’un auteur décemment payé en avance sur droits commence à toucher des droits à partir de 10-12000 ex.
Je parlais récemment à un ami qui est auteur de BD et qui me disait que le plus dur était derrière eux. Il y a un réel “mieux” visiblement ces quelques derniers mois. Tant mieux… Même si beaucoup d’autres copains voient le truc encore bien mal barré.
Dans le jeu de société, ça fait quelques années, comme le dit Bruno, qu’il y a de plus en plus de sorties, d’éditeurs, d’auteurs… Quelque part, oui, il y a de la place pour tout le monde… Mais peu en vivront… Comme dans la BD.
En france et en belgique, la BD est importante… Mais juste en france et en belgique. Le reste est purement anecdotique. Quand on parle de ventes de jeux, on parle “monde”, on parle ventes internationales… Et je pense que le marché du jeu peut toucher beaucoup beaucoup plus de monde que la BD. Si la bulle du jds éclate… Ca ne fera pas un petit “plop”… Loin de là à mon avis.
Après, je regarde mon bureau dans lequel il y a à peu près 1000 BDs et plus de 500 jeux et j’aime les deux à la folie. Par contre, ça doit faire deux ans que je n’ai plus acheté de BDs parce que ça en fait 10 que je suis perdu dans les rayons de mon libraire… Trop de sorties, trop de trucs qui me plaisent pas et qui noient ce qui pourrait me plaire. En jeux, oui, il y a beaucoup beaucoup de sorties, ça s’accélère encore… Mais j’arrive encore à m’y retrouver.
Bon bon… C’était ma petite pièce sur la question… Un peu long le commentaire… Mais bon…
Alors, je connais pas vraiment le milieu par les chiffres mais il me semble que le milieu du jeu vidéo indé a quand même bien évolué non ? On voit plein de petits jeux d’auteurs sortir sur consoles, pc ou encore tablettes et téléphones… Alors, oui, je pense que les grosses boites sont pas loin en embuscade (genre le cas de No man Sky) et que ça fait pas du bien à la scène indé… Mais quand même… De mon point de vue extérieur… J’ai l’impression que c’est pas si compliqué de sortir des jeux en “petites créations”.
A quand un article qui listerait les raisons de se réjouir et d’imaginer que demain pourrait être fendar ?
J’aime bcp l’évolution du monde du jds depuis 30 ans (de baston à Dolores en passant par mascarade), je prends mon pied avec le participatif, et finalement l’évolution de mon libraire de quartier en “zone de libre échange culturel” est tout à fait réjouissante…
Tout comme Phoenixeux le dit un peu plus haut, Bruno Faidutti met en parallèle le “confort” que procure la religion et le jeu en proposant des systèmes d’organisation de Mondes en opposition avec l"inquiétude" que peut engendrer des visions plus “entropiques”. Un des aspects des religions est leur “explications” de l’ordre du monde, sa création et son sens avec en général quelques règles à respecter pour aller dans le sens de cette création.
Les jeux (comme d’autres créations humaines) sont des représentations du monde (même les jeux abstraits). En créant des systèmes relativement fermés sur eux-mêmes, ils nous mettent en situation de vivre un système simple et fixé (et donc d’après Bruno rassurant) par opposition au monde complexe et d’apparence souvent chaotique dans lequel nous vivons.
Je suis tout à fait d’accord avec cette vision mais pas avec l’intensité qu’il lui donne.
En tant qu’autiste léger, je suis parfois confronté à la douleur engendrée par ce chaos quand mon activité mentale ne trie pas les informations extérieures correctement. Pour donner du sens à ce qui nous entoure, nous passons notre temps à trier les informations pour les ériger en systèmes, mécanismes, jugements, chronologie nous permettant de les penser car nous pensons ainsi. Sans parler de pathologie, qui ne s’est jamais posé la question du sens de la vie ou de celui de sa présence en ce monde ?
Ériger des systèmes plus simples comme un roman, une peinture, une musique, un jeu, … nous permet pendant un temps d’évoluer dans un “univers” complètement cohérent même si les clés de cette création peuvent par ailleurs nous échapper.
La différence que je vois est que les religions (ou les mythes) donnent une configuration au sens de la vie de manière globale alors qu’une création comme le jeu ou une oeuvre d’art sont des systèmes plus restreints et plus “célibataires”. En ce sens, il me semble qu’un croyant peut aussi jouer, les deux systèmes ne remplissant pas exactement les mêmes fonctions bien qu’on puisse faire le lien comme il le propose.
Je pense qu’on voit d’ailleurs deux systèmes de pensées dans notre relation au monde, entre les joueurs qui honnissent le hasard et ceux que cela fascinent complètement.
Pour finir vous noterez l’importance que Bruno Faidutti accorde à certain mécanismes chaotiques dans ces jeux qui sont décriés par certains types de joueurs mais qui montrent sa préoccupation d’auteur sur ce sujet.
Bien d’accord avec toi (comme je le disais en réponse à Zemeckis)
Faut croire qu’il est resté “bloqué” dans les années hippies (renvoi à l’attribut que lui donne Docteur Mops)
Par contre, de plus en plus, ça me pose question en terme d’intérêt ludique, lorsqu’un de ses jeux sort.
J’aime beaucoup Citadelles, j’ai acheté Mascarade, mais à force de connaître le monsieur, je prends de plus en plus de recul.
Disons que ses jeux ne sont plus en tête de mes listes, surtout s’il y a une vraie concurrence ludique en face.
J’ai le cas récemment où j’hésitais entre Cap’taine Carcacasse, Diamant et Deep Sea Adventure: j’ai pris DSA, d’abord bien sûr parce que ludiquement il me convenait mieux, mais Diamant a “perdu quelques points” pour cette raison là.
Oui l’éthique/la morale/la conscience (appelé cela comme vous voulez) peut entrer en ligne de compte. Lorsque j’achète (de manière générale), est-ce que je cautionne (ou ai-je envie de) ce que véhiculent les créateurs (au sens large) du produit ?
J’essai au maximum et quand c’est possible d’être raccord là dessus.