Je te cite Eric : "Sauf que à mon sens ta confiance en l’homme ne repose absolument pas sur une démarche intellectuelle et raisonnable, c’est un acte de foi et d’espérance… (sans aucune connotation péjorative… "
Et pourtant si.
Je n’ai pas une confiance aussi absolu que ça dans l’homme. Comme tout le monde je peux voir les ravages que l’on cause (et je m’inclue dedans) : guerres (très liées à la question des religions en général), utilisation à outrance des ressources à notre disposition, toutes les questions de précarité à l’échelle planétaire, j’en passe et des meilleurs.
Mais à côté de ça, je vois plein de choses encouragentes, pleins de personnes qui se mobilisent et qui obtiennent des avancées. J’ai un peu envie de dire que cela s’équilibre à mes yeux.
Mais ce n’est pas cela qui est important, car là effectivement je suis dans la croyance. Ce qui compte pour moi, ce sont les découvertes scientifiques (quelque soit le domaine) qui élargissent le domaine des possibles, qui apportent des réponses et des solutions sur le monde, sur les problèmes et les réussites. Et c’est au regard de cela, que j’affirme que l’Homme a (ou vas avoir) à sa disposition les moyens techniques et intellectuels d’améliorer les choses.
La question est la suivante : Que va faire l’humanité des savoirs qui sont à disposition ? J’estime que nous (ceux qui se retrouve dans ces paroles) ont un devoir d’évangélisation, une évangélisation qui passe par l’éducation : lecture, écriture, mathématique… ok, mais aussi développement du sens critique, développement de la réflexion sur le monde qui nous entoure, développement du sens de la vie en collectivité.
En cela, ma démarche est une construction intellectuelle.
Maintenant, et j’en suis conscient, ça peut marche, comme ça peut être un échec retantissant. Et alors ? J’essaye tous les jours, dans mon travail, lorsque je participe à des discussions comme celle-ci. Pour moi, ce qui sauvera l’Homme (pour faire un parallèle un peu maladroit avec la/les, peu importe, religion) c’est l’Education laïc et athée (après dans le privé, chacun est libre de croire en ce qu’il veut).
J’en profite pour faire la transition sur l’athéisme qui pour moi n’est pas une “religion”. Je vais un peu plus développer cette notion (en tout cas pour mon cas). L’athéisme constitue une sorte de bouclier qui permet d’appréhender une question en passant outre le prisme des religions. En cela, l’athéisme pourrait également être nommé laïcité intellectuelle. Pour autant, je n’ai pas envie de tuer, d’éliminer ou plus simplement de dénigrer ou de stigmatiser un croyant quel qu’il soit. Reste que je m’oppose fermement à toute tentative des religions (ou de quelques religieux) de mélanger la politique (dans son sens noble) et la foi. Et là, il y a encore du travail.
Dans tout ce que je viens d’écrire il n’y a aucune attaque dans ton positionnement car à la lecture de tes interventions tu ne sembles pas faire cet amalgame.
Maintenant, revenons à Michel Onfray. Toujours de mon point de vue, c’est un philosophe extrèmement intéressant de par son ton, de par les sujets qu’il traite (et sans doute aussi parce qu’il a un discours de gauche
). Pour te faire un point de vue moins passionné sur son compte je pourrai te conseiller son antimanuel de philosophie (qui est très facile à lire en plus).
Pour ce qui est de son traité d’athéologie et de la critique que tu en fais (que j’ai pris le temps de digérer avant de réagir), je vais me permettre de nuancer tes propos. Tout d’abord il est important de dire que son objectif n’est pas de brûler les croyants. Par contre, il est plus vindicatif avec les clergés. L’objet de se livre est de faire le lien entre des valeurs religieuses et les représentations culturelles de notre société (plus particulièrement occidentale et c’est une limite de l’ouvrage, sans doute n’avait-il pas les moyens d’élargir son propos à d’autres sociétés). Une fois le lien établi et ce sur quoi ils reposent (textes, conciles…), il propose une autre approche des questions du monde au regard de l’athéisme, c’est à dire un regard dépassionné du religieux.
Maintenant pour ce qui est des exemples qu’il prend. Il y a sans doute quelques erreurs et je ne m’avanturerai pas sur ce terrain car je n’ai pas les connaissances suffisantes pour cela. Par contre, je continue de dire qu’il a raison de prendre appuis sur des questions comme la place de la femme, la sexualité, la peur de la mort, guerre des religions, le bien/mal… Je m’explique. Les conceptions des Eglises romaine, juive et musulmane ont fortement influencé les cultures, les institutions politiques et ont mis en avant la question religieuse de sorte que lorsque je parle je suis un athée qui parle à un protestant, ou encore un athée qui parle à un musulman, ou un athée qui parle à un juif. Moi je souhaite juste être un homme qui parle à un homme et ainsi éviter un débat stérile car passionné par la question religieuse (attention je ne parle pas du présent débat qui se positionne clairement dans le domaine sur la question religieuse, mais plus des débats qui enflamment le proche-orient, ceux sur le port du voile en France).
Maintenant je reconnais que tous les religieux ne sont pas ou plus aussi obtu que l’Eglise romaine et Michel Onfray n’en parle pas (mais ce n’était pas le propos de son livre). Je reconnais également qu’en lisant son ouvrage je me suis dit : “Aie, les croyants et plus particulièrement les clergés ne vont pas aimer du tout”. Clairement son texte est trash car direct, mais ça ne m’étonne pas, c’est son ton en général. Maintenant, en passant outre le ton, il donne des éléments pour voir notre société sous un éclairage différent (le rôle de la philosophie), libre à chacun de prendre les éléments qui l’intéresse ou non. Moi j’aime ce texte dans sa globalité, je me positionne comme athée et pourtant je ne vais brûler personne et me conterait de respecter les croyances de chacun. Je me contenterais comme ici, d’exprimer mon point de vue, mes idées et de les argumenter. Si les idées développées intéressent ou questionnent quelqu’un, dans ce cas, très bien. Au pire, elles ne feront de mal à personne 