<img src=“https://cdn.trictrac.net/documents/formats/news_xlarge/documents/originals/55/4b/dbc9aa2c00cb7983f622e52773e3f077e81ce5565240b3ad6923834acaec.png” alt=“Financement participatif : Et si le “mieux” était l’ennemi du “bien” ?”/>
Au risque de se retrouver à nouveau gentiment “FranHoiss-icher” avec humour, et simplement parce que le sujet et toutes les réactions humaines qu’il agrège sont passionnants, continuons de suivre les changements, les mutations, voir les turpitudes, des jeux de société proposés en financements participatifs :
Note préliminaire de la page 1, importante à lire ! : Il y a ici des réflexions, des prises de recul, quelques analyses et beaucoup de questionnements. L'ensemble n'engage que son auteur, au titre d'observateur du dit-phénomène et amateur de la chose ludique. Il y a des chiffres aussi... plein... pour comparer du comparable...
Et pour tout le reste, il y a Master... les spécialistes !
S'il y a moins de six mois depuis nos premières réflexions, c'est que les choses ont largement continué d'évoluer. Entre l'échec qui n'en est pas un mais peut-être "comptablement" quand même de Claustrophobia (le papotache ici... attention, si vous êtes un humain parfois irrationnel, ne pas cliquer !) et les campagnes attendues qui semblaient pouvoir atteindre des sommets mais qui s'arrêtent à mi-pente en espérant ne pas redescendre, quelle période charnière vivons-nous, tout de même ! Voyons un peu l'état des lieux :
Show "must" go on ?
Un des arguments vendu comme impératif pour une campagne de financement participatif réussie est "le show", le spectacle. C'était peut-être vrai lors de la découverte de ce nouveau jouet que sont KS et consort, mais visiblement, "l'habituation rétinienne" fait qu'il devient difficile de maintenir un spectacle attractif, alors même que les spectateurs commencent à être blasés... et puis, un spectacle long, une longue campagne... et bien nous finissons par nous apercevoir que... Ben que c'est long, quoi !... Pourvu que le spectacle des prochains KS ne soient assuré par les artifices habituels du salon de l'auto...
© photo newsMonumental (Funforge) se termine après 30 jours d'une campagne sur une longue durée, avec du stretch goal en veux-tu en voilà (près d'une quarantaine) dévoilés progressivement, du social network et du community management. Ce deuxième lancement (la campagne précédente ayant été stoppée puis retravaillée) est un succès puisque 5600 pledgeurs (ceux qui payent pour participer à la campagne) auront rejoints l'aventure. Cependant la somme accumulée n'est pas le million, voir le 1,5 millions qui semblait pouvoir être caressé.
Par ailleurs, si l'image de la société auprès des "financeurs" peut être invoquée, une fois encore, elle ne suffit pas à tout expliquer. Mythic Games jouit d'une bonne image auprès des pledgeurs : C'est l'énorme Time of Legends : Joan of Arc (plus de 10 000 contributeurs et 4 millions de fond levés) et Solomon Kane qui n'a pas à rougir (quasiment 8000 contributeurs et 2 millions). Et quand bien même ces deux projets ne sont pas encore livrés, la communication (dont nous avons déjà parlé précédemment) est la plus active possible. Et pourtant, le troisième projet, Reichbusters : Projekt Vril, là aussi "projet à spectacle" (strech goal, figurines en pagaille, écoute pro-active des souscripteurs, etc), n'est pas sur le rythme effrénée attendu. Et pourtant, cette fois, la campagne est courte (10 jours) et simple (deux pledges, avec des achats supplémentaires possibles).
Troisième et dernier exemple : Deep Madness. Et vas-y que Diemension Games te dégueule du kiloplastiques avec de la figurine horrifique et du monstres torturés (et de taille qui l'est tout autant) ; avec de la bonne affaire ("prenez mon bundle et vous économisez 10€ par rapport à l'offre boutique") dans tous les sens ; et vas-y que je te place des tuiles double sized, plus de 8 kg de matos, et du scénarios en campagne... Tout pour plaire!...
Et ça plait ! 9 566 contributeurs et 1 440 000 $ (sans le pledge manager) pour soutenir ce projet... Oui, mais ça, c'était en 2016, me direz-vous ? Et les livraisons finales sont, une fois encore, de cette année seulement, deux ans plus tard. Et bien pourtant, ils viennent de remettre le couvert avec le second tirage qui s'est achevé il y a peu...
Au secours, noyades sous cartons et plastiques (polluants ;) ) en vue...
Et ça plait encore ! 7 768 contributeurs... une sommes rondelettes de 840 000$ de plus !... Mais, mais, mais, nuançons un peu : 2475 prennent des boites de base et des All-in. Considérons-les comme de nouveaux joueurs ayant entendu parler du jeu et souhaitant se le procurer... Et comparons-les aux 4680 primo-joueurs de cette deuxième campagne : 1255 participants souhaitent seulement acheter des extensions qu'ils n'ont pas pris lors de la première campagne, et 3425 contributeurs du premier "print" récupèrent les nouvelles extensions proposées dans ce projet. Donc, sur 9566 primo-joueurs, 4680 sont revenus chercher du matériel supplémentaire, de l'extension, soit 48,9%. Si nous mettons en relief ce chiffre aux chiffres des extensions de jeux en "édition classique" vendues en boutique, c'est une belle réussite !
Et on viendrait nous dire que, dans un cas comme celui de ce second print, la plateforme de financement participative n'est pas considérée comme une boutique en ligne fonctionnelle ?... voyons, voyons... ts ts ts !
Bref, le spectacle et le kiloplastique ? Ben, p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non, ma bonne dame ! Et c'est un peu l'arbre qui cache la forêt...
Pledgeurs, Pledgeurs... oui, mais c'est des humains !?!
Et si nous regardions du côté des licences...censément juteuses et attractives... Même si Batman a montré qu'atteindre les "nouveaux contributeurs", ces personnes qui n'ont jamais participé à un financement participatif, était loin d'être une chose aisée, cet El Dorado nouveau (les aficionados sous perfusions de KS suivant déjà tous tout ça de près) pourrait même être un mirage. Oh, il y a bien l'arbre qui cache la forêt avec d'énormes financements : Horizon Zero Dawn s'est terminé fin septembre avec quasiment 10 000 participants (10% sont des nouveaux venus) et 1,5 millions (sans compter le pledge manager qui arrive) mais ce serait oublier qu'il y a deux ans, pour ce même éditeur, c'était Dark Soul, ses 31 178 contributeurs (dont 9 250 nouveaux pledgers... 29,6%...) et ses 4 millions... En deux ans, quel écart ! Est-ce que toutes les personnes susceptibles d'être intéressées par des jeux de société sont maintenant au courant et sur KS ? Est-ce que le fait d'être, dernièrement, seulement en train de livrer les derniers produits Dark Souls deux ans plus tard, joue dans cette "méfiance" ? C'est possible !
Ne pas craquer... surtout ne pas craquer... yes ! Achievement succeed !
Et Assassin's Creed : Brotherhood of Venice alors ? On ne peut pas dire que la licence d'Ubisoft ne soit pas un challenger efficace. Triton Noir, avec V-Commandos et son succès d'estime réjouissant, en travaillant avec Manuel Rozoy (Time Stories), a mis toutes les chances de son côté : Du narratif, une campagne avec la gestion de son campement entre les scénarios, de l'infiltration et des cascades depuis les toits... Bref, lors de la TTTV que nous avons fait avec Thibaud et Manu, ça faisait bigrement envie !
Et là encore l'irrationalité pointe le bout de son nez :
- Lors de la campagne de Claustrophobia, il était critiqué que tout soit prêt, que cette campagne n'était qu'une pré-commande, que le jeu était tout fini, les règles écrites et fixées... parce que, vous comprenez, "en ayant mis de l'argent dans le projet, et même si je suis "-----" (insérer ici un métier, domaine de compétence du "financeur"), je suis maintenant co-auteur, co-développeur et co-éditeur assermenté du jeu, avec toutes mes bonnes idées, qu'en les réalisant, le jeu va être sublimé !". Modérons de suite l'interprétation de ces propos : Certains pledgeurs proposent respectueusement des idées et laissent les éditeurs prendre les décisions qui relèvent de leur domaine de compétences. Nous parlons ici d'autres, plus consommateurs, qui considèrent qu'à partir du moment où ils mettent de l'argent, ils (s)ont des d(roi)ts, en tant que client-financeurs, et ne mettent pas la forme.
- Et pendant ce temps-là, sur la campagne d'Assassin's Creed : L'équipe de Triton Noir, souhaitant être honnête et transparent, indique que les règles sont en développement et que les choses peuvent évoluer au gré des séances de playtests jusqu'en 2020, année à laquelle sera livré le jeu, indiquée pour être sûr de ne pas être "en retard". Et bien certains gueulent encore parce que les règles ne sont pas finies, terminées, stables... et du coup, comment s'engager sans savoir ce que ça donnera in fine ?
Ce ne sont certainement pas les mêmes personnes, mais il est clair, et c'est une Lapalissade, que gérer un paquet d'humain... peut conduire à sombrer dans la folie !
"Je te dis qu'il ne faut pas d'Early Bird temporel et ne jamais commencer le jeudi, sinon, les planètes ne sont pas alignés et je n'achèterai pas ton jeu... tu piges ou je t'aspire les orifices ?"
En tout cas, le feu d'artifice attendu n'est pas au rendez-vous. La campagne demande même des ajustements... Certainement la faute aux "early birds", c'est évident... et tellement rationnel, bien sûr : Un "early bird", c'est une offre qui assure un pledge financièrement un peu plus intéressant à ceux qui participent le plus vite, au commencement de la campagne... pour lancer les choses, quoi... et remercier ceux qui font confiance dés le départ au projet. Seulement voilà, ceux qui arrivent plus tard, et bien, ils ne sont pas contents : "Et puisque c'est comme ça et que moi, je peux pas économiser 50€, et bien je pledge pas du tout, na !". oO Ah bon ? Et bien excusez-moi, mais moi, ce que je voulais, c'est un bon jeu... pas une promotion de 50€ !... Bref !
Attention, ne déconsidérons pas les choses trop vite à trop vouloir regarder les choses d'un oeil critique. Assassin's Creed : Brotherhood of Venice, c'est actuellement plus de 5000 contributeurs et plus de 500 000€ et il reste 13 jours (mais à animer, ce peut être long) avant la fin. Il s'agit simplement de remarquer que ces campagnes, précédemment taillées pour "exploser"... n'explosent plus... ou plutôt soyons positif : "n'explosent pas autant qu'elles auraient pu le faire, il y a ne serait-ce qu'un an !"
Et puis il y a ces belles histoires qui continuent de faire rêver et qui continuent de faire croire que le financement participatif, c'est de l'argent facile, des sucess stories à l'américaine :
- L'extension de Spirit Island, Paf : 8 080 contributeurs qui engagent 700 000€ là où le jeu de base n'avait fait que sourciller 1178 participants... mais entre les deux, le bouche à oreille a fonctionné à plein autour d'un jeu très satisfaisant dans son propos et sa mécanique (les TTTV sont ici puisque ça arrive en français chez Intrafin bientôt).
-> Ouf ! Donc, quand un jeu est très bon, ça finit par se savoir, c'est rassurant !
- Volfyirion, un petit jeu de cartes deckbuilding rapide arrive à quasiment 9000 contributeurs... mais c'est sur un jeu de base à 9$... ce qui donne un tout petit 184 000 € ;
-> Ouf ! Donc quand un jeu n'est pas sur-édité, au "juste" prix, en plus d'être joli et à priori bon, ça passe aussi... c'est rassurant !
- Tidal Blade - Heroes of the reef chatouille également les 9000 contributeurs mais avec un panier moyen à moins de 80€...
-> Ouf ! un jeu dont on a les règles, des illustrations chatoyantes, des roues, des dés, un mode solo, des figurines mais pas trop, des ressources mais pas trop, et surtout une robuste piste de dé en plastique moulé par injection du Chronosseum qui fait tout !... ça marche encore ! C'est rassurant ! (Cesse, ironie, cela suffit !)
One Step beyond ?
Se pourrait-il alors qu'un angle d'analyse soit l'aspect culturel et temporel de l'utilisation de cette nouvelle possibilité éditoriale ? (rappelons-le, nous ne considérons ici que le domaine du "jeu de société")
Nous autres joueurs, nous avons découvert et "joué" avec un nouveau joujou, de façon "fofolle", "épaté", "dans tous les sens" et même "irrationnelle", avec "des étoiles pleins les yeux" à ses débuts. Maintenant, les différentes contraintes : financières (chacun l'ayant aussi à des niveaux différents ce qui complexifie l'équation), place de stockage, connaissances des astuces cachées, tout ceci nous ramène à des comportements plus rationnels d'analyses, revenant aux axiomes classiques de départ :
- "ai-je les sous pour tous ces jeux KS sans compter ceux qui sortent en classique" ? ;
- "ai-je de la place pour ce jeu ?" ;
- "au delà du spectacle et des figurines, que m'apporte le jeu ?" ;
- "est-ce que la promesse (délai de livraison, règle et développement du jeu, etc) qui m'est faite peut être réalisée par celui qui me la faite ?" ;
- "le jeu est-il vraiment bon ou est-ce juste un nouveau "ouaip, c'est pas mal" ? (mais nous y reviendrons dans un prochain article) ;
Une fois encore, "l'avantage" du Net et des réseaux sociaux, c'est que tout se dit et surtout son contraire ! De ce côté-là, pas de soucis, le financement participatif déclenche des débats passionnés (et pour le "passionnant"... chacun y trouvera aussi à dire alors...). Quoiqu'il en soit, les plateformes, KS étant une des plus importantes, si ce n'est LA plus importante, peuvent être :
- considérées de façon naïvo-angélique comme "mais enfin, normalement, c'est un tremplin pour aider les porteurs de projet sans qui ces projets ne pourraient pas exister financièrement... pas pour se faire de l'argent", ou
- considérées de façon économico-pragmatique comme un nouveau "temple du capitalisme et de la spéculation, boutique en ligne et machine à cash, un nouveau supermarché où les rayons seraient remplis de projets qui attirent le chalands à grands coups de promotions, d'offres à ne pas rater, et des consommateurs, grégaires ou éclairés, qui vont et viennent au gré des mouvements de troupeau pour faire leurs courses de spectacles-cartons-plastiques pour remplir leur ludothèque et/ou leur vie, prennent puis reposent, tout en s'exprimant à voix haute sur le "comment ça devrait être fait" et le "pourquoi la boite aurait dû être rose pour franchir le cap des 5000 bakers"...
... la vérité doit être ailleurs... ou entre les deux !
Et puis, il y a les porteurs de projet plus modeste... et là encore, pas évident de positionner le curseur correctement : Entre le nouveau projet d'Ankama autour de Krosmaster Blast qui peine à monter jusqu'au 1000 participants et la relance d'ArenaBots (Happy Games Factory) qui, après avoir revu la copie du jeu, relance ce dernier et la machine grippe encore ; Entre Officinalis chez Robin Red Games qui doit être ravi de ses 1300 contributeurs, ne demandant au départ que 4000 €, et les Funky Sheep qui ont sué sang et eau pour travailler leur Badass Force ou Rallyman GT chez Holy Grail Games, il ne semble parfois y avoir aucune logique, aucune rationalisation possible du résultat...
Petits projets ou gros projets ; Espérant atteindre les étoiles ou n'espérant qu'être financé ; En circuit parallèle ou incluant les boutiques ; Full communication/spectacle ou débarqué de nul part en mode bric et broc... Il ne faut pas oublier que le grand gagnant reste la plateforme elle-même. En ce qui concerne Kickstarter, entre avril 2017 (un peu plus de 3 milliard de $ de pledges cumulés) et avril 2018 (3,6 milliard), c'est une progression de 20% pour finalement approcher les 4 milliard de $ en octobre 2018 (source) alors que la proportion de projets financés dans le domaine du jeu sur cette plateforme n'est finalement que de 37,61% (36,55% toute catégorie confondu) (source).
Une fois encore, à la rédaction Tric Trac, nous suivons cela en essayant d'être sur le fil... pour ne pas tomber dans la réaction rapide pour "l'acte compulsif d'achat", ni dans la conso-communication. Juste amener de la réflexion afin que, comme toujours, chacun puisse se positionner en ayant conscience des tenants et des aboutissants et agir en toute connaissance de cause. Et puis, au vu des derniers résultats d'un des prétendus ténors du genre, Cool Mini Or Not, au vu de tous ces changements rapide, l'année 2019 risque d'être palpitante... même si elle risque d'entendre résonner des marches funèbres ! C'est la vie !
[[Assassin's Creed: Brotherhood of Venice](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/assassins-creed-brotherhood-of-venice)][[Batman - Gotham City Chronicles](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/batman-gotham-city-chronicles)][[Claustrophobia : 1643](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/claustrophobia-1643)][[Dark Souls: The Board Game](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/dark-souls-the-board-game)][[Deep Madness](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/deep-madness)][[Horizon: Zero Dawn](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/horizon-zero-dawn)][[Time of Legends: Joan of Arc](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/joan-of-arc)][[Monumental](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/monumental)][[Reichbusters: Projekt Vril](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/reichbusters-projekt-vril)][[Solomon Kane](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/solomon-kane)][[Spirit Island](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/spirit-island)][[Tidal Blades: Heroes of the Reef - Part 1](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/tidal-blades-heroes-of-the-reef-part-1)][[T.I.M.E Stories](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories)][[Volfyirion](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/volfyirion)][[V-Sabotage](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/v-sabotage)]