Et, petite réflexion autour d’un café, j’aurais tendance à penser que le vrai soucis du monde du jeu, à la différence de la BD c’est qu’il y a limite plus de demande que d’offre. Alors, en disant ça au moment où il n’y a jamais eu autant de sorties, c’est un peu con mais je m’explique.
En BD, dans les années 90, il y a eu 3 titres qui ont fait exploser les ventes d’albums. Titeuf, Lanfeust de troy et XIII. Pour simplifier, à elles seules, ces trois séries ont créer une bulle d’augmentation générale des vente de 20 à 25%. Qu’est ce qu’il se passe à partir de là ? Il y a des sous à se faire, beaucoup de nouveaux éditeurs, encore plus d’auteurs, beaucoup de séries (beaucoup beaucoup) qui marchent un peu sur la recette des trois titres cités au dessus et du coup, explosion du nombre de titres, de sorties… 10-15 ans plus tard, les sonnettes d’alarme sont tirées de partout… Il se vend plus de BDs chaque années… Mais moins par exemplaire… En clair, dans les années 90, une série commencait à s’installer avec 20 000 exemplaires et on commençait à parler d’une série à succès. Dans les années 2010, 8000 exemplaires est considéré presque comme un exploit. Du coup, seuls quelques titres (les mêmes depuis 30 ans) cartonnent, plein d’éditeurs restent sur le carreau, les autres se regroupent et les auteurs commencent à vraiment galérer.
Dans le jeu de société moderne, hors KS, on suit un peu la même courbe dans un sens à une différence prêt (à mes yeux), le mode de consommation. Alors, d’une certaine façon, l’offre a clairement explosé, le nombre d’éditeurs et d’auteurs aussi… Mais en fait, les joueurs en demandent plus… toujours plus. Un jeu, pour être crée demande à être joué, playtesté… Pas une BD. Une Bd, on montre une couv’, une image. Dans le jeu, les protos tournent sur les salons, se découvrent dans les cafés jeux, chez les potes… Vous sortez d’une partie cool, BIM ! vous voulez le jeu… Pis une fois chez vous… Ben vous le sortez moins puisqu’il y en a encore plein que vous avez pas joué… Pis surtout, il y a ce fameux “nouveau jeu” qui va arriver, qui va tout défoncer et qui sera encore plus mieux bien. Donc toute l’attente qu’un éditeur arrive à générer est incroyablement volatile car le public l’est.
En KS, ça se traduit par un éditeur qui lance un KS alors que les deux derniers n’ont pas été livrés, donc pas joués. Du coup, quand il va finir par sortir, ben les gens sont déjà en attente d’autre chose et du coup… Ben ils vont pas parler du jeu (puisqu’ils y jouent pas), du coup, vont pas le faire découvrir à d’autres et du coup, le jeu va pas s’installer.
Donc, d’une certaine façon (très simplifiée certes), il y a plus de demandes que d’offre.
A mes yeux, le problème de KS dans le jeu c’est qu’il mélange (comme le circuit tradi) différents nivaux de professionnalisme (du Monolith déjà bien préparé au premier KS au jeune auteur qui n’a pas réussi à placer son jeu chez un éditeur et qui préfère du coup le faire tout seul) avec les différences de moyens et de connaissance sur la fab’ d’un jeu que ça génère et que, malheureusement, malgré ce que l’on croit, un échec sur KS fait perdre des sous. Souvent beaucoup. Souvent plus qu’une demande de prêt à une banque. Pourquoi ? Parce que pour réussir un KS, faut avancer les sous de la com’, des illustrations, des figurinistes etc etc…
Ca soulève d’ailleurs un point que je pensais déjà disparu… Les fameux 100 % très bas pour pouvoir dire “financé en x mn”. Ca me surprend toujours de voir des prix de départ à 12 000 euros quand on sait pertinemment que si ça en restait à ce niveaux là, il y aurait une sacré perte sèche d’argent.
Hmmm… voili voilou… C’était mon petit post “du café” entre deux clopes et deux coups de pinceau numérique.