Financement participatif : Et si le "mieux" était l'ennemi du "bien" ?

Je pense qu’il y a un phénomène intéressant. La clientèle des gros jeux KS n’augmente pas, il n’y a plus beaucoup de « primo-backer ». Par contre le nombre de projets augmente. Les entreprises du secteur cherchent à occuper le marché en ayant tout le temps un jeu qui buzz.
Les backers fous vont probablement se calmer, lassitude/saturation, déception (par exemple les figurines de monster slaughter ne sont pas au niveau des attentes semble t il, le ras le bol exprimé par frenchfever17 ci dessous )manque de moyens, constat que les jeux restent dans les boîtes ou sont revendues sans presque être ouvertes, etc.
L’évolution du marché va être intéressante à observer. La tendance va t elle être la même ? Avec un risque d’efondrement. Les entreprises du secteur vont elle savoir se renouveler, comme Monolith a essayé de le faire ? Mais comment ? Les produits eux mêmes vont ils évoluer ? Tout cela n’aurat il été qu’une bulle concernant quelques dizaines de millier de personne dans le monde ?

6 mois, pour observer un marché dont le cycle est de plus de 18 mois (conception du produit, promotion, campagne, fabrication, livraison) c’est bien trop court.

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Bonjour,

Je suis aussi un peintre de figurines et il y a un point dans ce que tu as dit avec lequel je ne suis pas d’accord. Autant les tonnes de figurines qui coûtent des fortunes dans les KS m’énervent, autant peindre une belle fig de jeu bien détaillée reste pour moi un plaisir de peintre à la fois à la réalisation et en jeu. C’est clair que je travaille beaucoup moins une fig de jeu qu’une fig d’exposition, mais justement une figurine très détaillée permet aussi une peinture rapide grâce aux reliefs qui dirigent la peinture et les lavis et qui donne facilement de très bons résultats. J’ai acheté Blood Rage (en boutique !) et je m’amuse beaucoup à peindre les gros monstres. De plus ils donnent vraiment bien sur le plateau. Après c’est clair que des centaines de figs dans un jeu, ça devient juste trop coûteux et bien pénible à peindre.

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Quoi de neuf ? Il y a six mois, j’écarquillais les yeux sur des campagnes qui se cassaient la gueule, en pagaille et par surprise. Le curseur a bougé ! Et maintenant, le curseur a bougé à nouveau, car, même si les planètes semblent alignées et les voyants au vert, ça ne monte plus… ça ne monte plus autant… il y a une nouvelle donne et elle m’interroge… voilà mon neuf à moi dans le monde du KS :)… et comme l’observation se fait depuis quelques années, j’espère ne pas m’être cantonner aux 6 derniers mois sur un cycle de 18, mais suivre une évolution à plus long terme… Et comme l’espoir fait vivre… :slight_smile:

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Ah mais, je suis d’accord. C’est humain… ce qui n’en fait pas quelque chose de rationnel. Et, mais j’avoue que c’est personnel, dire que ce sont les porteurs de projet qui doivent maîtriser ce genre de chose, je ne suis pas pour. “Dédouaner” le joueur-client parce que lui, passe en voyant un truc par hasard… pas forcément. Il me semble qu’on peut monter un projet, et s’attacher à communiquer aux joueurs “avertis”… et ceux qui passent par hasard, ben p’têt ben qu’oui ou p’têt ben qu’non, c’est lui qui voit, mais “son hasard” ne me semble pas imputable à l’éditeur.

Cet article me parle beaucoup en ce moment. Le constat dans mon entourage ludique complète ou va dans le sens de l’article. Sans vraiment se consulter nous sommes 4 ou 5 gros pledgeurs à ne pratiquement plus pledger. Nos étagères sont pleines de jeux pour la plupart bons voir excellents même si nous avons aussi eu quelques déconvenues.

L’offre ludique nous submerge. Entasser des jeux qui méritent au moins 3 ou 4 parties pour commencer à montrer tout leur potentiel a ses limites. Çà fait de belles étagères ou un gros bordel à la maison mais quand vient le moment de les sortir c’est une autre histoire. Au delà du temps, il y a aussi les règles à assimiler. Passer 45 minutes en début de soirée à apprendre de nouvelles règles pour jouer à un jeu, c’est un petit jeu ou un gros jeu maitrisé de moins auquel on pourrait jouer. Par exemple scythe à 3, on arrive à faire des parties en 1h aujourd’hui. Une partie par semaine en changeant de jeux toutes les semaines on s’est retrouvé à enchaîner : un Feudum, un Lisboa, un Mare Nostrum, un Monbassa, un Scythe, un Agricola, un Caylus, un Great Western, un Mythic Battle, un Terraforming… à moins d’avoir une mémoire exceptionnelle ou de jouer à tous ces jeux toutes les semaines, je ne vois pas comment on fait. Nous nous n’avons pas trouvé en tout cas.

La question qui suit est : que m’apporte ce nouveau jeu que je vois ? Est ce qu’avec une vingtaine de jeux (ou moins) je ne peux pas assouvir toutes mes envies ludiques ? Les mécaniques sont elles vraiment si innovantes ? La question se pose quand on prend le temps de regarder les jeux qui remplissent nos étagères. On peut avoir envi de craquer pour un jeu avec un super design et un univers accrocheur mais finalement doit on y mettre 75 euros frais de port en plus quand on a déjà son grand frère dans nos étagères mais qu’on a pas pris le temps de le sortir.

Il y a aussi la question des figurines. Partons du principe quelles sont toutes superbes… Même si c’est le cas elles finiront pour la plupart rangées dans une boîte, souvent pas peintes par manque de temps, d’envies, de compétences (si je me loupe sur celle là je vais être dégouté). Si on complète avec l’intérêt du jeu en lui même et bien la question revient : Que m’apporte vraiment ce nouveau jeu ?

Et puis on tend à diminuer nos consommation dans tous les domaines, à apporter un peu de raison dans nos actes quotidien peut être qu’inconsciemment, la diminution de nos achats de jeux en générales (pas seulement sur KS) en est une conséquence.

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Je ne pensais pas qu’il était possible de “passer” sur KS et de “voir le truc un peu au hasard”. Je ne sais pas comment fonctionne les gens, mais je vois deux façons de suivre l’actualité KS :

  • regarder régulièrement quels sont les nouveaux projets sur le site, ce qui veut dire qu’on ne va pas faire que “passer”, mais prendre un peu de temps pour étudier les projets qui nous semblent intéressants ;
  • aller voir des sites qui recensent ces projets, et de la même façon prendre le temps de lire ce qu’il en est dit.

Il me semble que l’objectif d’un porteur de projet, c’est de le faire connaître en-dehors de KS, justement, pour attirer le maximum de gens. Le coup du “je tombe là-dessus par hasard, je le prends et je verrai plus tard”, c’est vraiment du consumérisme. La comparaison avec le caddie dans le supermarché est très bien vue : “allô, chérie ? Oui, je suis chez KS, là… Non, je cherche rien de précis, je flâne dans les rayons. Oh, attends ! Waow, la jolie boîte ! En EB, en plus, -20% ! Allez hop, dans le caddie, on verra après… Comment ? Tu veux que je te ramène un jeu de cartes ? Pas de souci, je passe justement à côté du rayon, là…”

On peut dénigrer la vision de Monolith qui considère KS comme une boutique en ligne, mais quand on voit la façon dont beaucoup utilise la plateforme, on est loin du principe de crowdfunding, ce coup de pouce à un projet qui ne verrait pas le jour autrement.

Merci. J’avais visiblement loupé le passage où les projets se plantaient en pagaille. Avec le filtre de l’info choisie, je n’ai pas vu le reste.

M. Guillaume, je répondais à sgtpepere, pas à vous (sur les 18 mois et les 6)

Oups… ah ben voilà, je fus eu… conversations croisées, tout ça tout ça… :smiley: je vous présente mes excuses, jmguiche…

La majorité des backers n’en sont pas à leur 1ere participation. Et s’ils se disaient simplement qu’il était temps de dépenser un peu moins pour du (matériel de) jeu qui ne servira pas ou peu.

Ce qui serait un test intéressant un jour, c’est de prendre un jeu de Bruno Cathala (je prends juste un exemple que tout le monde connait), illustré par un Vincent Dutrait (pareil) avec un jeu calibré à la Kingdomino (bon, grand public, laaAaarge public et que tout le monde qui l’avait essayé à l’état de proto savait que ça allait être un carton). On prend ce jeu et ces gens et on en fait un KS exclusive et on voit. Est ce qu’on peut atteindre les chiffres qu’on peut atteindre en boutique ? Est ce que l’éditeur, les auteurs s’y retrouvent ?

Quand je vois qu’un monumental fait un assez gros chiffre avec “seulement” 5000 contributeurs, je ne peux m’empêcher de penser que ce jeu, en boutique, devrait toucher plus de monde (dans sa version pions car plus abordable). Alors, certes, c’est une prod que l’éditeur doit assumer et payer… Sûrement plus de taff pour le vendre à l’étranger en touchant les différentes filiales etc… Mais je me dis que le potentiel de vente est supérieur.

En fait, j’ai pas de soucis avec KS tant que ça touche des jeux qui ne pourraient être vendus ailleurs à cause de leur matos ou de leur adn un peu hybride (World of yoho par exemple)… Mais je continue de penser que certains jeux ne devraient pas passer par ce système.

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Certain KS ont une démarche mixte, lancement sur KS pour financer les coûts fixes puis distribution en boutique (878, the Great War), qui me semble être une démarche intéressante. Cette démarche n’est d’ailleurs pas vraiment nouvelle, c’est le principe des “P500” de GMT.

Il n’y a pas d’offense. Bien à vous. A bientôt à Cannes.

Excellent article.
Je me demande si on est pas au final en train d assister au début de la “consolidation”, qui verra pas mal d acteurs KS déposer le bilan avant que peut être ne se renforcent ceux qui seront restés.
Altorus a tout dit et on pourrait presque résumer son temoignage en un mot : Saturation.
KS est devenu une partie IRL de Smallworld… c est triste mais en l état il n y a plus suffisemment de place pour tout le monde.

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Ouais. Ca fait des années qu’on se demande si le jeu de société moderne va connaître les mêmes problèmes que la BD. Jusque là, ça tient quand même pas mal… Là où le monde du jeu via KS a éclaté en 5-6 ans et a atteint le même seuil de crise. A mes yeux en tous cas.

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Et, petite réflexion autour d’un café, j’aurais tendance à penser que le vrai soucis du monde du jeu, à la différence de la BD c’est qu’il y a limite plus de demande que d’offre. Alors, en disant ça au moment où il n’y a jamais eu autant de sorties, c’est un peu con mais je m’explique.

En BD, dans les années 90, il y a eu 3 titres qui ont fait exploser les ventes d’albums. Titeuf, Lanfeust de troy et XIII. Pour simplifier, à elles seules, ces trois séries ont créer une bulle d’augmentation générale des vente de 20 à 25%. Qu’est ce qu’il se passe à partir de là ? Il y a des sous à se faire, beaucoup de nouveaux éditeurs, encore plus d’auteurs, beaucoup de séries (beaucoup beaucoup) qui marchent un peu sur la recette des trois titres cités au dessus et du coup, explosion du nombre de titres, de sorties… 10-15 ans plus tard, les sonnettes d’alarme sont tirées de partout… Il se vend plus de BDs chaque années… Mais moins par exemplaire… En clair, dans les années 90, une série commencait à s’installer avec 20 000 exemplaires et on commençait à parler d’une série à succès. Dans les années 2010, 8000 exemplaires est considéré presque comme un exploit. Du coup, seuls quelques titres (les mêmes depuis 30 ans) cartonnent, plein d’éditeurs restent sur le carreau, les autres se regroupent et les auteurs commencent à vraiment galérer.

Dans le jeu de société moderne, hors KS, on suit un peu la même courbe dans un sens à une différence prêt (à mes yeux), le mode de consommation. Alors, d’une certaine façon, l’offre a clairement explosé, le nombre d’éditeurs et d’auteurs aussi… Mais en fait, les joueurs en demandent plus… toujours plus. Un jeu, pour être crée demande à être joué, playtesté… Pas une BD. Une Bd, on montre une couv’, une image. Dans le jeu, les protos tournent sur les salons, se découvrent dans les cafés jeux, chez les potes… Vous sortez d’une partie cool, BIM ! vous voulez le jeu… Pis une fois chez vous… Ben vous le sortez moins puisqu’il y en a encore plein que vous avez pas joué… Pis surtout, il y a ce fameux “nouveau jeu” qui va arriver, qui va tout défoncer et qui sera encore plus mieux bien. Donc toute l’attente qu’un éditeur arrive à générer est incroyablement volatile car le public l’est.

En KS, ça se traduit par un éditeur qui lance un KS alors que les deux derniers n’ont pas été livrés, donc pas joués. Du coup, quand il va finir par sortir, ben les gens sont déjà en attente d’autre chose et du coup… Ben ils vont pas parler du jeu (puisqu’ils y jouent pas), du coup, vont pas le faire découvrir à d’autres et du coup, le jeu va pas s’installer.

Donc, d’une certaine façon (très simplifiée certes), il y a plus de demandes que d’offre.

A mes yeux, le problème de KS dans le jeu c’est qu’il mélange (comme le circuit tradi) différents nivaux de professionnalisme (du Monolith déjà bien préparé au premier KS au jeune auteur qui n’a pas réussi à placer son jeu chez un éditeur et qui préfère du coup le faire tout seul) avec les différences de moyens et de connaissance sur la fab’ d’un jeu que ça génère et que, malheureusement, malgré ce que l’on croit, un échec sur KS fait perdre des sous. Souvent beaucoup. Souvent plus qu’une demande de prêt à une banque. Pourquoi ? Parce que pour réussir un KS, faut avancer les sous de la com’, des illustrations, des figurinistes etc etc…

Ca soulève d’ailleurs un point que je pensais déjà disparu… Les fameux 100 % très bas pour pouvoir dire “financé en x mn”. Ca me surprend toujours de voir des prix de départ à 12 000 euros quand on sait pertinemment que si ça en restait à ce niveaux là, il y aurait une sacré perte sèche d’argent.

Hmmm… voili voilou… C’était mon petit post “du café” entre deux clopes et deux coups de pinceau numérique. :slight_smile:

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Bravo pour ce com’, je suis 100% d’accords! Nombre de projets nous flattent la rétine, nous font rêver aux heures de peintures satisfaisantes à venir. Tout le monde veux avoir une belle étagère remplie de belles boîte histoire que ça fasse beau, d’avoir une collec’, d’avoir le choix etc. Mais la vague actuelle est sûrement en train de bien diluer notre temps de jeux disponible et au final pourrait bien sonner le glas de la croissance actuelle du milieu ludique.
Autant il est possible d’enchaîner rapidement de manière plaisante les BD, les films, les séries sans même forcément se rappeler de l’histoire (du coup on peut re-regarder plus tard), autant jouer en profitant à 100% du mécanisme proposé nécessite beaucoup plus de temps, des joueurs disponibles et équitablement expérimentés.

J’ai aussi de gros doutes sur la qualité mécanique/ludique des jeux avec beaucoup de figurines. J’ai vraiment hésité pour Jehanne d’Arc (un comble de l’avoir anglicisé, la pauvre!) mais quand j’ai vu les parties, les explications, mon impression était brouillon, au final je regrette pas d’avoir lâché prise quand je vois les questions de points de règles soulevés sur les forums. Lorsque je vois les vidéos de Mythic Games, j’ai aussi l’impression qu’ils devraient se mettre aux jeux vidéos… Pourtant, j’ai pledgé Batman, pour l’univers, l’expérience sympa de Conan en test et bien sûre les figurines, mais est ce que j’y jouerai autant que 7 wonders? Bref, ça pourrait se finir avec tout un tas de joueurs frustrés de ne pas pouvoir expérimenter assez les jeux aux mécaniques riches, la frustration ça fait vendre, alors on est tiraillé entre nos envies matérialistes, notre porte monnaie et l’envie de ne pas rater un jeu exceptionnel KS-only (7th continent effect).

Je viens exactement de vivre cette expérience en lisant l’article, je n’étais pas au courant du KS Monumental, je guette par curiosté la vidéo de papotache, ça à l’air cool, je regarde le KS, c’est plutôt cher mais ça les vaut, je regarde les vidéos de règles, ouai pas mal mais j’ai l’impression de voir un espèce de myrmès (que j’ai déjà) croisé avec un 7 wonders (oui avec un deck builing en plus), là j’ai le doute, je regarde les avis,

Le probleme qui pourrait arriver c est l explosion des jeux non livrés pour cause de financement trop bas (bien qu au dessus du seuil). Cela génèrerait la même défiance qu’a connu le jeu video sur KS.

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Kickstarter n’est qu’un outil utilisé par le secteur.

Par contre ce qui est intéressant c’est qu’il permet d’être en prise direct avec certains clients desinhibés qui sous couvert d’un anonymat virtuel se permettent des comportements qu’ils n’assumeraient pas en levant la tête de leurs écrans Ils ont tendances également à ne pas assumer les choix qu’ils ont fait en pledgant et pensent qu’en ayant payé ils peuvent tout se permettre et rejeter leurs propres turpitudes sur les auteurs de jeu.
Nous sommes dans un monde ou assumer, savoir être, savoir penser, être responsable sont des notions qui disparaissent.

Je suis aussi un peu étonné par le manque de vie sur TT des jeux KS après leur sortie.
Ils ont droit à des fils de discussion à rallonge avant leur sortie. Alors qu’il n’y a pas grand chose à en dire pour un joueur à part spéculer sur un jeu auquel on n’a pas joué , s’extasier ou raler sur la comm de l’éditeur.
Puis, une fois sorti, presque plus rien, quelques retours sur le matériel, pas de retour sur des partie joués, peu d’avis. Il y a bien sur des exceptions, pour des jeux d’exception (7th continent, Scythes, mais ce dernier est sorti de la logique KS).
Des jeux ayant peu de succès commercial ont parfois plus de retours.

Un peu comme si le moteur de tout cela était le désir (de l’objet qu’on attend) mais pas la jouissance (de jouer).

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