Le choix en matière de jeux de société est de nos jours gargantuesque. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. L’apparition des jeux de société dits modernes date des années 90, avec des jeux comme Les Colons de Catane. Bien entendu, avant cette période, les jeux de société existaient déjà et proposaient déjà de nombreux titres très différents. Il suffit de se plonger dans quelques numéros du magazine Jeux & Stratégies pour s’en rendre compte. Malgré cette « révolution » et ces nouveaux jeux, de nos jours, les classiques quelque peu dépassés restent les mêmes : Monopoly, Risk, les échecs, Trivial Pursuit, et quelques autres.
Pourtant si vous êtes un joueur régulier, vous savez qu’il existe de nombreux autres jeux tout aussi intéressants, voire plus. Car ces vieux classiques possèdent de nombreux défauts. Le Monopoly semble sans fin et être assez aléatoire. Risk souffre du même souci, longueur et hasard trop présent, les échecs rebutent souvent de par leur difficulté et de par la différence de niveau des joueurs qui peut décourager, enfin le Trivial Pursuit ne se base que sur des questions, si vous êtes cultivés tout va bien, sinon mettez votre ego de côté.
Bien sûr, quelques jeux ont su devenir des classiques « modernes », je pense notamment à Jungle Speed, Time’s Up, Les loups garou de Thiercellieux, les Aventuriers du Rail, Catane (anciennement les Colons de Catane), et d’autres jeux qui peuvent différer selon les goûts de chacun.
Le souci dans tout ceci, c’est de réussir à faire jouer des personnes non-joueuses, qui ont pour seuls souvenirs des jeux punitifs et pas forcément très folichons. La tâche est assez ardue. Mais plus profondément, c’est aussi ce classicisme qui nous ronge, nous autres joueurs plus « aguerris ». Il suffit de se rendre dans une grande surface ou un magasin de jouets (et non une boutique spécialisée) pour se rendre compte que la chance n’est pas donnée à tous ces petits nouveaux. On tombera inexorablement sur une sempiternelle édition de Labyrinthe, de Monopoly ou autre Trivial Pursuit. Il serait injuste d’incriminer les gérants de ces magasins, car si l’on retrouve ces jeux sur leurs étals c’est parce qu’il y a une demande. Après si l’on ne propose rien de nouveau aux clients, ils ne vont pas aller les chercher non plus. A cette situation s’ajoute le manque de conseils dont souffrent ces enseignes. Leur seule chance : que des joueurs habitués aux nouvelles productions les initient. On est clairement dans un cas de figure où le serpent se mord la queue.
Si le but n’est pas d’uniformiser la pensée ou bien de monter au pilori les vieux classiques comme le Monopoly, l’idée est de réussir à démontrer aux réticents, qu’il existe d’autres jeux, et qu’ils peuvent continuer à aimer leurs Trivial Pursuit s’ils le souhaitent. Nous savons tous, en tant que joueur expérimenté, qu’il existe de nombreux jeux avec des mécaniques très variées ; l’idée sera donc de découvrir quelle mécanique peut séduire. Quelques questions au(x) futur(s) joueur(s) et le tour est joué. Le tout est de réussir à trouver un jeu facile d’accès, mais pas trop simpliste non plus. Le challenge se trouve surtout à ce niveau. Évitez bien entendu de présenter trop de jeux à la fois pour ne pas perdre votre invité.
Tout ceci pour dire qu’un non-joueur n’ira pas spontanément vers des jeux qu’il ne connait pas N’oubliez pas, en France, les jeux de société sont considérés comme des jeux pour enfants. Cette idée largement répandue est donc difficile à combattre et créera certains complexes sur des personnes qui se sentent attirées par les jeux mais qui n’osent pas franchir le pas. Cette barrière peut s’estomper si le non-joueur a des enfants, mais dans ce cas lui ou ses enfants se tourneront logiquement vers des jeux infantiles ou classiques, chose tout à fait logique. Là encore, nous tournons un peu en rond, même si avec le temps, ses enfants prenant plaisir à jouer (on espère pas aux classiques d’après-guerre), ils finiront peut-être par faire découvrir de nouveaux jeux à leurs parents.
Un classique le devient si avant tout il se vend bien. Mais pour cela il faut tout d’abord que le public l’adopte, et dans ce domaine il n’y a qu’une règle : le bouche à oreille ! Et cela peut prendre du temps. Un classique ne peut donc s’installer que dans le temps, et non de façon immédiate. Si la demande pour un jeu se fait assez forte, les boutiques n’hésiteront pas à les commander, les faisant ainsi apparaitre sur leurs étals. C’est donc ainsi qu’un jeu devient un classique (si celui-ci possède de vraies qualités ludiques et n’est pas qu’un phénomène de mode).
Initier des non-joueurs à des jeux modernes se traduit donc par le fait de leur proposer des jeux modernes, mais ayant un point commun avec les jeux qu’ils connaissent déjà, s’ils les apprécient, s’ils les ont en horreur vous pouvez alors vous orienter vers d’autres jeux. Bien entendu, évitez les jeux trop complexes, trop longs ou trop abstraits au début.
Cette fracture existera toujours, à partir du moment où les jeux sont considérés comme pour enfants. Il serait tout de même dommage de ne pas partager notre passion avec des joueurs qui s’ignorent pour cela il faut y aller doucement, être patient et surtout être à l’écoute de l’autre. Le jeu de société est avant tout un moment de partage, avec les jeux adéquats vous n’aurez aucun mal à faire entrer de nouveaux joueurs dans votre ronde.
D’autres articles sur le même style de sujet très bientôt, pour les plus impatients je vous invite à vous rendre sur le blog Les 1D Ludiques