Avec l’émergence d’applications numériques dans les jeux de société, apparaissent des débats sur la place des uns et des autres, sur la définition même du jeu de société, sur celle des joueurs. Ces débats ont d’abord déclenché en moi une fracture entre le geek et le joueur que je suis. Mais y a-t-il vraiment fracture ? Et cette question ne cacherait-elle pas le véritable objet de cet article ?
[Note à l’intention des pressés, des curieux, de ceux qui n’aiment pas lire mais qui veulent savoir quand même : cet article « dont je suis le héros » peut être lu en commençant par la fin en vousrendant à la partie J’aime le jeu et je suis un geek mais on s’en fiche, non ? voire directement à la conclusion.]
Ceci n’est pas un geek
Depuis toujours, quelques indices tendent à me faire penser que je suis un geek, un vrai, un dur, tout en plastique et circuits imprimés.
D’ailleurs, si je me fie à la définition du Petit Larousse, le geek est un « fan d’informatique, de sciences fiction, de jeux vidéo, etc., toujours à l’affût des nouveautés et des améliorations à apporter aux technologies numériques » et c’est bien moi !
Passionné par l’informatique, je le suis depuis 40 ans. Je reviens régulièrement vers la science-fiction dès qu’il s’agit de m’évader à travers un livre, un film, une série, un jeu. Les jeux vidéo, je ne les ai abandonnés pendant quelques années que parce qu’ils étaient chronophages et que j’avais besoin de ce temps précieux pour mes autres loisirs de geek.
Quant à être à l’affût de nouveautés et d’améliorations, c’est ma seconde nature. Elle n’est bridée que par la sagesse acquise avec l’âge, qui me permet de faire des choix judicieux pour être toujours à la pointe de la technologie à moindres frais.
Cette définition paraît tourner autour du numérique, mais j’y vois déjà deux failles dans lesquelles le société-joueur que je suis peut s’insinuer : la science-fiction et le « etc. ».
La science-fiction fait écho à mes premières lectures (de papier, même si je lis aussi des livres numériques). S’il y est question de technologies futuristes, le support peut prendre de nombreuses formes, dont celle d’un jeu de société (Starfighter, que je ressors régulièrement, m’a d’abord fait de l’œil par son thème).
Le « etc. » m’emmène vers le royaume fourre-tout du mode de vie geek. Il devient de moins en moins péjoratif d’être catalogué de geek. Certaines personnes le revendiquent même comme une qualité. Le geek (comme le jeu de société) connaît une démocratisation qui le sort de son côté obscur (attention ! ce côté est toujours habité par des êtres étranges..).
Ce qui m’amène réellement à penser que la frontière entre le geek et le joueur est faible, c’est la traduction du mot geek : « fou de ».
J’aime le carton
Car je suis « fou de » jeux. Mon premier vrai plaisir de joueur est d’ouvrir la boîte, de sentir l’odeur de l’encre, de découvrir le contenu. Viennent ensuite le plaisir du dépunchage, la lecture et la relecture des règles (je suis sûr que je ne suis pas le seul à pratiquer de la sorte).
Puis j’installe le jeu et j’imagine la partie... J’attends avec impatience d’essayer le jeu.
J’aime tellement les jeux que j’en possède auxquels je n’ai pas joué et que certains de mes jeux préférés n’ont qu’une seule partie à mon actif. J’aime le jeu pour l’objet, la mécanique et les amis qu’il rassemble.
Bref, je suis un joueur et je suis un geek (si vous doutez de votre statut, vérifiez donc là).
J’aime le jeu et je suis un geek mais on s’en fiche, non ?
J’en viens maintenant au sujet réel de cet article.
Lorsque j’ai lu l’article de Dized intitulé « Voici ce à quoi jouer à des jeux de société pourrait ressembler dans quelques années… », le geek en moi s’est extasié devant tout ce que pourrait lui apporter l’application.
Mais en lisant les commentaires, le fou de jeu s’est inquiété qu’un jour Tric Trac ne soit plus la référence française sur le jeu (si, si, je le pense).Même si Monsieur Phal l’a pris à la rigolade, j’ai ressenti un petit serrement de gorge, d’autant que, quelques jours plus tard, Asmodée présentait sa propre application en TTTV.
:o) Ben, les mecs reçoivent direct les infos
[…] Bref, plus besoin de venir ici. :)
Monsieur Phal
Ça m’a tourneboulé, je m’en suis inquiété, je me suis réuni, j’ai beaucoup débattu mais, finalement, je me suis bien vite auto-rassuré, voilà pourquoi :
Depuis que je joue régulièrement à des jeux de société, il m’arrive d’en ressortir un pour une soirée jeux dont j’ai oublié des détails de la règle. Souvent, les joueurs fous que nous sommes retrouvent ces détails en jouant, nous décidons de répondre nous même à la question (en criant plus fort que les autres, en faisant un bras de fer ou en décidant que ça n’a pas vraiment d’importance). Parfois, les vieux lecteurs experts que nous sommes n’hésitent à se plonger dans la règle de papier parce que nous en adorons le toucher et que nous nous souvenons toujours où se trouve la réponse à la question que nous nous posons (donc ça va vite).
Parfois, avant que les joueurs n’arrivent, disposant d’un peu de temps, j’utilise une superbe application sortie il y a quelques années : le moteur de recherche du site Tric Trac : je trouve la fiche de mon jeu, je peux lire toutes les indications qui se trouve sur la boîte, je peux le commander en quelques clics, je peux lire ce que les autres internautateurs en pensent, je peux voir une vidéo des règles, une vidéo d’une partie (j’adore !), je peux noter le jeu, le commenter moi-même, accéder à des idées de pimpage, à ma ludothèque, faire une liste de souhait, vendre et acheter d’occasion, etc. (et il est important ce etc. !)
Finalement, j’ai choisi mon camp : je suis surtout un geek fou de jeu de société.
Quand je joue, je joue. Quand je veux partager ma passion du jeu, je joue ou je surfe sur Tric Trac, et quand j’ai besoin de geekerie ludique, je surfe sur Tric Trac.
En conclusion
En cette fin d’année, je veux remercier toute l’équipe de Tric Trac pour avoir réalisé la meilleure des applications sur le jeu de société.
Quelle différence, en effet, entre une application et ce site auquel j’accède d’où je veux, quand je veux, en quelque secondes, sur mon téléphone ? La réponse serait-elle : aucune ?
Non, il y a une différence essentielle : Tric Trac est l’aboutissement de nombreuses années de partage, de réflexions ; la communauté qui s’est agrégée autour du site est une grande famille qui s’enrichit chaque année. Tric Trac, c’est donc de la chaleur et de la convivialité, des coups de gueules et des coups de foudre.
Merci à vous d’avoir créé ce lieu de rencontre et d’échange. Il a encore de belles années devant lui.
Joyeux Noël et bonne année !