Si, à Cannes en cette fin de février, vous allez sur le stand des Space Cowboys pour découvrir « Elyseum », vous risquez de trouver leur prochain jeu en version proto. Enfin, leur prochain. Pas tout à fait. D’abord parce qu’ils sont 3 éditeurs sur le coup. Oui. Une co-co-édition. Et que ce n’est pas le logo Space Cowboys que vous verrez sur la boîte, mais que c’est quand même eux qui ont travaillé dessus. Bon sang, ces gens ne savent pas bosser normalement. Non. On dirait que leur but ultime c’est de mettre la pagaille dans notre belle base de données.
Prototype.
Nous avons, depuis quelques parties sur un prototype, il y a un bon moment, très envie de vous parler de ce projet. Bon, c’est vraiment de la gourmandise parce que le jeu est prévu pour mai ou juin 2015, mais le prototype va forcément tourner au Festival International des jeux de Cannes, du coup, si vous voulez essayer de… l’essayer, il faut bien que nous vous en parlions pour que vous les harceliez afin qu’ils le sortent.
C’est un projet un peu spécial, car, s’il a été développé (aussi) par les Space Cowboys, il n’entre pas tout à fait dans la ligne éditoriale que c’était imaginé l’éditeur. Nous sommes face à un jeu très « party Games », ce qui n’est pas vraiment l’idée que l’on se fait de ces 5 grands gaillards. D’ailleurs, cela explique le fait qu’ils se soient acoquinés avec des champions de la marade…
Le prototype auto-edité par Yoshiteru Shinohara.
Co-co-Edition.
Ils sont 3, oui, 3 éditeurs à s’être mis d’accord pour proposer une édition d’un jeu venu d’Asie. 3 pour un jeu épuré. Simple. « Xing », vous en avez peut-être entendu parlé il y a quasi un an sous la plume du Docteur Mops qui annonçait que les Space Cowboys, Cocktail Games et Moonster Games avaient signé les droits de ce jeu auto-édité en très petite quantité par Yoshiteru Shinohara. Il faut dire que Moonster Asia, société montée en Corée par Matthieu d’Epenoux de Cocktail Games et Emmanuel Beltrando de Moonster Games, est très à l’affut, très au fait de ce qui se passe dans ces contrées aux ludiques si séduisant pour nous. « Xing » avait le potentiel d’une bombe ludique, le voilà qui arrive travaillé, ciselé, sous le nom de « Crossing ».
Le ramage et le plumage.
Avec « Crossing », nous voilà devant un party games, un jeu simple et plein de rires, mais de rires fins et subtils. Un jeu qui s’appuie sur nos bas instincts. Vous pourrez jouer de façon « mathématique », en calculant au mieux le « différentiel », mais aussi de façon plus légère, vous basant sur l’instinct ou, mieux, en jouant de façon « psychologique » avec de la science sociale dedans. Oui. Carrément. Parce que « Crossing » va faire appel à une partie de votre cerveau que vous ne contrôlez pas vraiment. Enfin, vous pensez contrôler la chose, vous pensez être maître de vous, que votre intelligence prend le pas sur vos bas instincts « rotuliens », mais pas du tout… Bref, « Crossing », sous ces dehors de bonbon acidulé plein de joie et de bonne humeur est un jeu de fourbasses 6e Dan.
Mise en place.
Chaque joueur va avoir un petit plateau devant lui. Sa réserve. On place au centre de la table des tuiles « Champignon », le nombre de joueurs moins 1. Tuiles sur lesquelles on place des « pierres de vie ». Ces pierres sont de 4 couleurs. Il y a des rouges, des jaunes, des bleues et des blanches. En début de manche, quand un champignon est vide, on place dessus 2 « Pierres de vie », tirées du sac au hasard. Si le champignon contient encore des pierres, on en rajoute une prise toujours au hasard dans le sac noir. Donc, en tout début de partie, il y a 2 pierres par champignon. Simple.
1… 2… 3 !
A chaque manche, tous les joueurs ont quelques secondes pour analyser la situation, puis on compte jusqu’à 3, et là, chaque joueur doit pointer un champignon ou une réserve avec son doigt. L’idée est simple, si vous êtes le seul à pointer quelques choses, vous allez récupérer toutes les « pierres de vie » qui sont dessus et les rajouter à votre réserve. Si vous pointez votre propre réserve, vous sortez du jeu les « pierres de vie » qui sont dessus, et ce même si plusieurs joueurs pointent votre réserve. C’est le seul cas. Parce que vous avez « protégé vos pierres de vie ». Elles sont retirées de la réserve et ne pourront plus vous être volées. En contrepartie, vous ne participerez pas à la manche suivante… Subtil.
Donc, si vous pointez la réserve d’un joueur et que vous êtes le seul, vous lui prenez toutes les « pierres de vie » qui sont dessus et vous les mettez dans votre réserve. Forcément, si vous êtes plusieurs à pointer un champignon ou la réserve d’un autre, rien ne se passe. RIEN. Vous avez perdu un tour. Une fois toutes les pierres récupérées, ou pas, on refait le plein des champignons et on recommence.
Oui, mais comment je gagne.
Simple, lorsqu’il n’y a plus de pierre dans le sac, la partie prend fin et on compte les points. Vous allez devoir faire des familles avec les pierres que vous avez encore sur votre réserve et celles que vous avez sorties durant la partie. 1 jaune + 1 rouge + une bleue vous donne 5 points. Une pierre blanche rapporte 2 points et n’importe quelle pierre isolée rapporte 1 point. Celui qui a le plus de points de victoire est déclaré « Grand Vainqueur ».
Un jeu limpide, simple, fin et subtil qui fait appel à des instinct qu’on ne contrôle pas forcément…
Analyse rapide.
Ce « Crossing » a des allures de « Skull », mais en version plus rapide et plus déconnante. Le plaisir est immédiat. En tout cas en ce qui me concerne. Il est clair que ce type de jeu n’est pas fait pour tous les joueurs. Certains assimileront leur manque de gestion de l’humain, du comportement des autres à du chaos. Il n’en est rien. Si certains sont à l’aise devant des grilles de calculs Excel, d’autres sont plus performants quand il est question de comportements « socials ». Mais, paradoxalement, je pense que si ce type de jeux peut s’avérer clivant au sein des joueurs, il a tout ce qu’il faut pour plaire à un large public. Parce que c’est une petite tuerie. La mécanique du plaisir qui se dégage s’appuie sur des phénomènes chimiques sécrétés par notre cerveau. Celui, par exemple, de la récompense. Ce petit moment juste avant la résolution du coup, cette excitation fugace qui précède le moment de la résolution. Et c’est fort. C’est beau. C’est magique. Simple, il a un Monsieur Phal Approuved parce que c’est un jeu qui rentre parfaitement dans ce qui m’excite personnellement et ce que je pense qui est bon pour le monde ludique actuel.
Je peux me tromper, mais ce « Crossing », c’est de l’Or en barre pour les joueurs qui veulent initier aux jeux modernes actuels. Et par actuel, je parle de 2015, pas de 1995 !
Monsieur Phal - New-York - février 2015
Cannes 2015.
Le jeu sera en démonstration à Cannes, au format Prototype. Vous pourrez vous confronter à la mécanique. Vous pourrez aussi admirer le travail éditorial incroyable avec, encore, le choix d’un jeu beau, même si c’est plus cher. La boite est au format livre, mais en métal embossé. La grande classe. Les pierres précieuses sont d’un format large… Bref, c’est du luxe, mais de base. Le jeu coutera autour de 30€. Un pari, il est vrai, mais qui a très bien réussi à « Splendor ». Je crois que ces choix sont bons. Parce que le jeu est bon et qu’il vaut mieux attirer les joueurs qui s’ignorent, ceux qui n’achètent que 2 jeux par ans, avec de bons jeux en ne lésinant pas sur la qualité du matériel, des illustrations. Bref, vendre une belle expérience ludique, faire que les gens soient heureux d’acheter quelques choses de beau et classe. Et puis, il y a plus de monde qui achète 2 jeux par an que de joueurs qui achètent 2 jeux par mois, c’est ceux-là qu’il faut séduire…
La sortie
Si vous n’allez pas à Cannes fin février, il est fort probable que le prototype tourne ailleurs avant sa sortie prévue en mai/juin.
Crossing
Un jeu de Yoshiteru Shinohara
Illustré par Charlène Le Scanff
Publié par Cocktail Games, Moonster Games, Space Cowboys
3 à 6 joueurs
A partir de 6 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 15 minutes
Prix: Moins de 30 €uros