Hello
Je découvre cette “lettre ouverte” de bon matin…
Comment dire…
Merci bien sûr mais… c’est très exagéré et beaucoup trop flatteur
(mais merci quand même, Maman, d’avoir enfin créé ton compte sur TT… ta lettre ouverte me fait plaisir, mais j’ai peur que ça se voit )
Pour être (à peine) plus sérieux:
Déjà, il faut bien prendre en compte qu’une bonne moitié de mon travail est réalisée à 4 mains… et donc le mérite éventuel doit absolument être partagé. Et il est toujours un peu gênant pour moi d’être mis en avant trop souvent devant mes partenaires de travail. Certains en sont arrivé à monter un syndicat, le CCABC (Comité des Co-Auteurs de Bruno Cathala). Bref, la révolte gronde, et je saurais gré de ne pas alimenter leur courroux.
Ensuite… le talent… c’est très relatif. Il est commun, en théâtre par exemple, de dire qu’un succès, c’est 80% de travail et 20% de talent. Bref, il se trouve que… je travaille beaucoup, voilà tout !!
Et pour finir. J’ai de la chance. Certes, la chance ça se provoque. Mais quand même, j’ai de la chance.
La chance que Bruno Faidutti m’aide, sans qu’on se connaisse, à mes débuts… Un sacré accélérateur, pour sûr !
La chance de rencontrer le futur patron de DOW avant même que la boîte ne soit créée.
La chance que quelqu’un décide de créer une maison d’édition pour finalement donner vie à Mr Jack.
La chance qu’Antoine m’invite sur 7W duel
etc etc etc…
Une chance de cocu, disons-le. Et j’en profite pour remercier toutes mes compagnes successives, sans qui tout ceci n’aurait pas été possible.
Pour finir sur une touche plus personnelle…
J’ai fait le choix de vivre du jeu. En tout cas d’essayer. C’est un chemin passionnant, tout particulièrement pour toutes ces rencontres (auteurs, éditeurs, illustrateurs, joueurs) que je n’aurai jamais faites autrement. C’est aussi un chemin difficile. Auteur publié depuis 2002, je suis “à mon compte” depuis 2004, et 2015 est seulement ma seconde année avec des revenus qui vont bien. Aujourd’hui, j’ai la chance que ça se passe bien, mais d’une part, j’ai quand même vécu presque 10 ans de galère sur le plan financier, et d’autre part, j’ai pleine conscience de la fragilité de la situation. D’une part parce que la durée de vie des jeux a tendance à être de plus en plus courte. D’autre part parce que je dépends du désir des autres:
- Désir des éditeurs de continuer à croire en mon travail
- Désir des joueurs de continuer à me suivre
Avec une vraie interrogation profonde.
Je ne sais travailler que sur des jeux que j’ai envie de jouer moi-même. ça peut paraître assez égoïste comme attitude, mais c’est ainsi. je ne sais pas faire autrement. Si je veux partager, il faut que mon affect sur le jeu soit engagé à ce point.
LEs joueurs sont globalement une “cible” majoritairement situés entre 25 et 45 ans. Cette cible reste fixe dans le temps (il y a des gens qui arrêtent de jouer, ou jouent moins… et des nouveaux entrants de l’autre côte de la pyramide). Et moi… je vieillis. Chaque année, je m’écarte du centre de la population cible.
Avec du coup, cette interrogation; à quel moment mes propres envies vont se retrouver en décalage de celles des joueurs…
Prenez vos copies…
vous avez 4 heures