Outlive : un Kickstarter en partenariat avec les boutiques.

[10’ to kill][Outlive]

Quand on parle de kickstarter, les débats sont toujours animés. Il y a les pour, il y a les contre, il y a les partagés, il y a les « qu’est ce que c’est kickstarter ? », il y a autant d’avis que de joueurs au final. Mais s’il y a une bien une catégorie de personne qui voient souvent ça d’un mauvais œil, ce sont les boutiques. Et, on peut les comprendre. Sur Kickstarter, les éditeurs vendent leur produit en directs aux backers ce qui coupe les boutiques (et les distributeurs aussi).

9cbb0e06ea4c923e77ce0eaf5d3c8fc5b1e7.png

Pourtant, aucun éditeur ne se dit qu'il veut passer outre les boutiques. Ce sont des maillons essentiels de notre loisir préféré. Mais quand on est un petit (je ne peux parler que pour moi) éditeur, qu'on ne tire pas de revenu de ses jeux alors qu'on y passe des dizaines d'heures chaque semaine (en développement, production, com' et démonstration), c'est tentant de se tourner vers un modèle qui multiplie les marges par 4 ou 5, qui permet d'être un relais de communication très puissant et qui sécurise le financement de sa production.

Mais quand on est un petit éditeur, on a aussi besoin des boutiques pour faire vivre son jeu ensuite, passé le « buzz » du KS. On a besoin de ce réseau de points de vente, de ce réseau de professionnels passionnés pour qu'ils présentent votre jeu à tous les joueurs qui ne vont pas sur KS. Et ce n'est pas toujours simple pour les boutiques de commander un jeu que toute une partie du public a déjà acheté sur KS. Il y a un risque pour elle de ne pas les vendre. C'est pour ça que beaucoup de jeux sur KS ont du mal à vivre ensuite en boutique.

61003c4dbcf3bf9e1aee0f6f1f53255d62c8.jpe

Bien entendu, loin de moi l'idée de critiquer les éditeurs qui vont sur KS, c'est parfois indispensable, parfois nécessaire pour proposer le jeux à un prix décent. Je l'ai fait pour 10' to kill, c'était indispensable pour la survie de ma société. Et même quand c'est purement par confort financier, on ne peut pas jeter la pierre à un éditeur qui essaye de sécuriser l'avenir de son entreprise.

Après 10' to kill, qui a rencontré un certain succès sur Kickstarter et en boutique (merci à tous les backers et à toutes les boutiques de France d'ailleurs), je me suis posé la question de questionner ce modèle dichotomique : Kickstarter/Boutique. Y-a-t-il une place pour autre chose ?

Quand je vais sur Kickstarter pour un de mes jeux, c'est que je n'ai pas le choix : son développement a coûté cher ou je n'ai pas l'argent pour le produire, etc... Je suis donc obligé d'utiliser ce moyen, mais d'un autre côté je souhaite que mon jeu vive au delà du KS et je ne souhaite pas nuire aux boutiques qui font connaître notre passion chaque jour à de nouveaux joueurs en les conseillant.

9f47912a9cd2d6889e7b5ae456b0f0c73ed2.jpe

Pour comprendre la difficulté il faut comprendre l'économie du jeu de société. Prenons un jeu que je souhaite vendre 20 euros (ce qui va suivre est très schématique et les chiffres sont purement démonstratifs) :

  • Dans le circuit classique, la boutique l'achète au distributeur 10 euros. Le distributeur me prend 30% de marge. Je touche donc 7 euros pour mon jeu. Sur ces 7 euros, il faut que je paye les illustrations (1 euro), l'auteur (1 euros), le développement, et la production (3,5 euros). Je gagne donc 1,5 euros. Quand j'ai vendu 1000 boites, j'ai donc gagné 1500 euros sur lesquels je suis imposé.
  • Sur Kickstarter, si on prend le même jeu à 20 euros : je paye les illustrations (1 euro), l'auteur (1 euros), le développement, et la production (3,5 euros), ça ne change pas. Ensuite KS me prend environ 8% de frais donc 1,5 euros puis la TVA 20% donc 4 euros. Je prélève ensuite sur ma marge quelques euros pour réduire les frais de port de mes backers (disons 4 euros). Je gagne donc 5 euros par boîte... Soit pour 1000 boîtes 5000 euros.

On comprend vite pourquoi le modèle est plus rentable sur Kickstarter. Les chiffres que j'ai donnés ne sont pas réels, c'est un exemple pour que chacun comprenne. Ce qui veut dire qu'un jeu que je peux vendre 20 euros sur KS, je vais devoir le vendre 25 ou 30 en boutique pour avoir une marge qui permette de ne pas mettre la clef sous la porte (on parle même pas de se payer à ce stade là). Et si je veux qu'en boutique mon jeu coûte quand même 20 euros, je dois donc le financer sur KS puis l'amener en boutique pour que tous les joueurs bénéficie de la baisse de prix liées au fait que le jeu a été financé sur Kickstarter.

b571045a8529e60cf742d80129bcc3bf9886.jpe

Alors comment redonner une place aux boutiques dans ce contexte ?

Pour le Kickstrater d'Outlive (voir l'article sur le jeu de Monsieur Guillaume), nous proposons de tenter quelque chose. Pour les boutiques françaises (et peut être Belges), nous allons proposer, via le distributeur du jeu (Blackrock) de rétro-céder une partie de notre marge kickstarter aux boutiques qui acceptent de devenir points de retrait pour les backers.

Tout le monde y gagne. Les backers qui iront retirer leurs jeux en boutique, ne payeront pas de frais de port pour les exemplaires « Kickstarter » (avec les stretch goals). Les boutiques qui feront point de retrait se verront rétrocéder la partie de notre marge que je consacre au frais de port (via un système de facturation de prestation). Elles gagneront moins que si elles avaient vendues le jeu en direct mais elles n'avancent pas d'argent (pour acheter le jeu), elles verront de nouveaux clients venir dans leur boutique et surtout elles ne seront plus exclues du modèle KS. Enfin, elles auront droit à des exemplaires « boutiques » (sans les stretch goals) en avant première. C'est à dire qu'elles recevront leurs exemplaires boutiques avant les boutiques n'ayant pas choisies de participer. Pour les backers qui veulent recevoir leurs jeux, pas de problème. Ils pourront aussi en payant les frais de port.

Je ne sais pas si ce modèle marchera, mais ça vaut le coup d'essayer non ?

Rendez vous en Mars pour le Kickstarter d'Outlive, parce que je n'en ai pas parlé dans cet article mais le jeu est une vraie tuerie !

13 « J'aime »

Très bonne idée : rdv au nid ? :slight_smile:

3 « J'aime »

Bonne idée en effet. J’espère pour vous que cela fonctionnera à merveille :slight_smile:

3 « J'aime »

C’est une très bonne idée. Ca me fait penser aux relais colis pour faire un peu d’argent aux fleuristes.
Prochaine étape, associer les éditeurs/localisateurs aux KS (ceci est un message pour Edge ^^).

2 « J'aime »

Belle initiative. J’espère aussi que ça fonctionnera.

1 « J'aime »

C’est un concept qui marche déjà dans certaines grandes surface : “Acheter votre lave-linge en ligne et venez le retirer dans 1h en magasin”. Bien sur le délai ne sera pas le même puisqu’il faudra attendre que le jeu soit produit et distribuer en boutique, mais le principe reste le même.
C’est une très bonne initiative je trouve, car en effet ça permet aux boutique de ne pas avancer d’argent sur les jeux qu’ils recevront (à destination des bakers) tout en leur permettant de gagner un peu pour le service de distribution. Et ça attire de nouveaux clients en magasin, qui potentiellement en profiteront pour acheter un autre jeu. Et ça donne aux boutiques une exclusivité sur ces jeux, ce qui sera surement aussi un plus pour elles.
Et pour les bakers on évite les frais de ports, ce qui n’est pas négligeable, on soutient un jeu qui nous plait, et en plus on favorise les boutiques près de chez soi.

Tout le monde y gagne… Sauf la Poste peut-être :slight_smile:

j’espère vraiment que cette initiative portera ses fruits.

4 « J'aime »

Si il y a boutique, il y a distribution, non ? Donc un distributeur a 10 euros (pour l’exemple) ?

Bien, une tentative qui esperons le, verra son succés.
Mais, pourquoi Outlive pour nommer ce jeu (déja 10 to kill, bon) j’ en ai un peu assez que tous les titres soient anglicisés sous le pretexte qu’il y a un marché anglo saxon. “Survie”, ça ne passe pas, parce que la plateforme est US ? J’ai pourtant lu que les régles du jeu sont en français, ainsi que l’auteur…sans tomber dans le nationalisme outrancier. Enfin, j’imagine que tous le monde comprend ça…sauf moi, ça me désole un peu quand même.
Y a t’il une réglé déja consultable? j’aime bien lire les régles avant de me lancer sur l’achat d’un jeu.
Je vais suivre l’affaire.

3 « J'aime »

Je comprends tout à fait ce point de vue mais il faut comprendre que sur KS nous ne pouvons communiquer sur 2 noms et que la grosse partie du public est anglophone. Donc, le titre est anglophone. Ensuite, une fois qu’on a fait la com’ sur un titre, c’est compliqué de le changer uniquement pour la France (alors qu’une partie des français a commencé à connaitre le jeu sous le nom Outlive).
La règle sera disponible avant le KS mais elle n’est pas encore maquettée.

Le distributeur prend 30% (en gros) de ce qu’on vend aux boutiques (enfin de ce qu’il vend aux boutiques).

Super initiative, il faut essayer pour savoir si ce type de partenariat est viable.
Les boutiques n’ont rien à perdre de participer, de toute façon ces nouveaux outils sont plébiscités et ne disparaîtront pas de si tôt, autant en tirer parti d’une manière ou d’une autre.

1 « J'aime »

Mantic le fait, après la qualité du matériel localisé n’est pas identique au matériel original pour le moment.

bonne idée, bravo.

2 « J'aime »

Merci pour votre effort .
Il va falloir trouver des solutions pour que les boutiques qui font vivre le jeu puissent vivrent à coté du KS

3 « J'aime »

bonne idée, c’est cool !
par contre, impossible de retrouver le sujet sur le jeu en forum … (V5)

2 « J'aime »

malin

Très instructif, la partie sur les prix, marge etc… et très intéressant le partenariat avec les boutiques. J’ai hâte de voir avec Outlive

Bravo pour cet interessant montage gagnant / gagnant / gagnant (sauf la société de livraison !)
Du coup, les boutiques devront s’inscrire avant le KS? Il y aura une liste de points de retrait dès le début? Ou bien cela sera-t-il géré plus tard, avec un pledge manager?

2 « J'aime »

Bonjour, j’espère avoir des boutiques partenaire avant le KS. Mais bien sur jusqu’au PM, il pourra s’en rajouter :slight_smile: