T.I.M.E Stories : l'année passée et l'année avenir

Une nouvelle année de voyages extra-temporaux s’achève. Une année marquée pour l’Agence T.I.M.E de deux aventures bien distinctes, mouvementées, et probablement parmi les meilleurs scénarios explorés jusque-là. Une année qui s’achève avec un petit avant-goût de la suite (dont on peut déjà esquisser les prémices). Alors une fois n’est pas coutume, comme l’an passé, nous allons débriefer les rebondissements de l’année T.I.M.E Stories, et murmurer à grands cris sur ce qui nous attend pour N.T. 2018.

Attention !
Aussi édulcoré et blancotté puisse-t-il être,
ce dossier de présentation / review risque de contenir des spoilers.
La lecture des infos masquées reste à votre discrétion,
merci de ne pas saper le plaisir des petits nouveaux.

Lumen Fidei : l'épopée et les maures

Tric TracGros scénario d'aventure que ce Lumen Fidei ! Loin des enquêtes ou scénarios classiques plus intimistes, Lumen Fidei nous envoie en grande pompe dans l'Espagne de la fin de la Reconquesta. Avec ses 3 paquets de cartes (ce qui en fait le second "gros" scénario), Lumen Fidei s'inscrit comme un scénario blockbuster d'aventure, à la thématique historique forte.

Lumen Fidei développe l'idée des "Paquets Mystères" (vus auparavant dans La Prophétie des Dragons et Expédition : Endurance) d'une manière renouvelée, aussi bien mécaniquement que scénaristiquement. Ici, nous avons affaire à 3 chapitres, 3 phases de jeu, clairement distinctes. En effet, [SPOIL]chaque chapitre développe la trame sous un nouvel angle d'approche. Le premier chapitre est une phase d'enquête somme toute classique pour T.I.M.E Stories, plongeant fortement dans le décorum historique de l'époque, mais également dans la légende biblique de la sorcière Lilith. Si l'on reste sur un contexte historique réaliste, le scénario pose néanmoins les bases d'un dénouement plus mystique. Le second chapitre est une petite boule de fraîcheur dans le système de T.S. La mécanique de déplacement modifiée transforme le jeu en vaste territoire à explorer, en course-poursuite aux multiples points de sorties, avec une agréable sensation de voyage renouvelant les découvertes de nouveaux lieux. Le troisième chapitre quitte définitivement la réalité historique pour basculer dans le chaos mystique, avant un combat de boss final pas si classique dans sa facture. Ormis deux énigmes pointues (l'une usant le jeton d'état d'une façon encore jamais vue), ce troisième segment est nettement plus tourné vers l'action[SPOIL].

Tric TracCes 3 segments donnent une couleur particulière à cette aventure. On en ressort avec l'agréable impression d'avoir vécu une longue histoire, riche en sensations diverses, en surprises et rebondissements encore jamais vus dans T.S. Une impression poussée par la présence de choix cornéliens, inattendus, à résoudre dès le début de l'aventure, et qui ne pourront être modifiés sur le reste de la partie, [SPOIL]le changement de chapitre vous empêchant de lancer une nouvelle run dans un chapitre précédent. Quand on prend Michel d'Ailly, on ne vit pas la même histoire qu'avec Yasmina[SPOIL]. Dans Lumen Fidei, ce qui est fait, est fait ! Le scénario pouvant être rejoué de manière complètement différente, [SPOIL]que ce soit par les choix d'alliances que par le chemin emprunté. Il y a, par exemple, pour le chapitre 2, deux voies tout à fait distinctes pour atteindre Grenade[SPOIL]. Une partie de Lumen Fidei sera donc, plus encore que pour les scénarios précédents, unique pour votre groupe de joueurs.

Et les conséquences de Lumen Fidei ne s'arrêtent pas là ! [SPOIL]L'autre intérêt de ce scénario, plus encore que ses aînés, réside dans les impacts futurs de vos choix. La façon de mener votre aventure, et de la clôturer, vont faire basculer votre groupe dans l'engrenage du complot et de la paranoïa, vous poussant à choisir désormais un camp plutôt qu'un autre pour vos prochains scénarios.[SPOIL] Une mécanique narrative menée plus en avant sur le site du T.I.M.E Chronicle, vous permettant de découvrir le dessous des cartes, d'une manière encore une fois personnalisée en fonction de vos choix.

Seuls petits bémols ? Le "bug", réparé sur les rééditions, dont il a déjà été question ici et là sur les forums ludiques. Un moment de coinçage imprévu, signifiant que vous avez quelque peu retourné votre veste en cours de partie, mais après tout pourquoi pas, on touche ici la sympathique particularité du scénario. Autre léger bémol, [SPOIL]l'ambiance historique qui se dissipe sur la fin de l'histoire. Les éléments fantastiques restant en filigrane durant l'aventure, on aurait pu apprécier un final moins explosif. Le final a néanmoins pour lui de proposer une ultime fois des choix complexes aux joueurs. Il n'est pas dit que vous foncerez dans le tas avec ce final boss, prenez un peu le temps de réfléchir aux conséquences de vos actes.[SPOIL]. Malgré ces quelques remarques, Lumen Fidei est, de l'avis général (et du nôtre à la rédaction) le meilleur scénario "aventure" de T.I.M.E Stories à ce jour, avec son lot de nouveautés et d'épique, étant à la fois une bonne aventure à vivre et une évolution interactive de la trame principale.

Estrella Drive : l'enquête et les morts

Tric TracSi Lumen Fidei s'est inscrit dans l'univers T.S. comme un excellent gros scénario d'aventure, Estrella Drive se révèle un excellent petit scénario d'enquête. Que cela soit par ses twists ([SPOIL]le meilleur étant certainement le "timeception" de milieu de partie[SPOIL]), par la clarté de son fil rouge, ou par sa force à provoquer des émotions rares dans le domaine ludique, Estrella Drive renouvelle le format "enquête" de T.I.M.E Stories, n'ayant vraiment rien de commun avec les précédents scénarios du même format (Asylum ou Sous Le Masque pour les plus marquants, ne serait-ce que parce que [SPOIL]ces scénarios vous demandent d'agir, là où Estrella Drive vous impose de rester discret, d'impacter le moins possible votre environnement, et d'assister passivement au désastre. Un cas de conscience fort, qui ne laissera pas de marbre[SPOIL]).

Estrella Drive donne un objectif clair. Un fil rouge qui vous permet de tenir, et de vous laisser prendre par l'ambiance du lieu. Malgré l'apparence courte de la timeline, le scénario s'avère bien équilibré, il y aura peu de répétitions entre les différents runs. Vous découvrirez obligatoirement plusieurs nouveaux lieux à chaque retour temporel. Un atout rare et appréciable dans les scénarios les plus "linéaires". La mécanique se mêle agréablement au scénario, jusqu'à vous porter à un twist étonnant et franchement génial : [SPOIL] en milieu de partie, le scénario vous renvoie dans son propre passé ! Vous voilà plongé en pleine "timeception", renvoyé dans un second corps, un second temps, où tout se ressemble, et pourtant... Aurez-vous le courage de ne pas agir, d

e laisser se dérouler le massacre monstrueux qui a provoqué votre enquête en premier lieu ? Il vous faudra être furtif, et assister aux événements de 1969, tout en évitant que ceux de 1982 n'arrivent ![SPOIL] Par la suite, plusieurs idées mécaniques servent à provoquer cette tension, à faire vivre cette ambiance si particulière à Estrella Drive, qui vous malmène entre l'excitation, l'angoisse, et le malaise. [SPOIL]D'abord, parce que vos ennemis sont bien trop forts pour vous. Ensuite, parce que vous savez qu'ils apparaissent dans quelques unités de temps, une mécanique stressante de compte à rebours qui va vous pousser à être le plus efficace possible. À votre groupe de trouver les subterfuges pour retarder l'échéance fatale, à partir de laquelle votre aventure bascule dans le chaos. À vous d'être intelligent pour repousser au plus possible le massacre (en fermant les portes, posant des pièges), d'éviter de vous confronter à l'ennemi en trouvant des cachettes (la géniale tension, remplie de doutes, du paquet Dans Le Noir) tout en cherchant à collecter les objets maudits que vous êtes venus récupérer[SPOIL].

L'autre particularité d'Estrella Drive, c'est d'oser la carte du scénario adulte. Pas nécessairement par ce qu'il montre, mais plus par son ton, et par ce qu'il suggère et explore. Sur ce point, la mention Public Averti prend tout son sens. Nous ne sommes pas dans du Torture Porn ou du -18 gratuit, mais plus dans une mise en garde : vous allez être touché en plein dans vos tripes. Estrella Drive suggère plus qu'il ne provoque gratuitement, mais il touche une corde sensible dont il faut être conscient. La raison évidente est un large spoil : [SPOIL]Estrella Drive revisite un fait-divers historique somme toute encore récent. En effet, bien que les noms aient été modifiés, la réalité historique détournée, ou que l'horreur est plus sous-jacente qu'au premier plan, il reste vrai que Estrella Drivenous fait vivre le massacre de Cielo Drive par Charles Manson. Un scénario qui dérange et remue, surtout quand on connait la véritable histoire, et l'on appréciera justement qu'elle soit pastichée, détournée, et plus une inspiration à nous faire vivre des émotions rares, un peu comme a pu le faire la dernière saison d'American Horror Story avec un épisode sur ce même thème. Un scénario en plein écho à plusieurs sujets d'actualité (mais ne nous éternisons pas, nous ne sommes pas là pour prendre parti), qui a le mérite de prouver que le monde du jeu peut faire vivre autre chose que le rire, et peut peut-être faire réfléchir au-delà de divertir. On pourra polémiquer, mais c'est le point de vu que je préfère personnellement adopter : le questionnement personnel, moral et philosophique, par le biais d'une création humaine provoquant de l'émotion (le jeu est-il un art ? c'est un autre débat).[SPOIL]

Le ton d'Estrella Drive ne plaira pas aux âmes les plus sensibles, et ne vous laissera en aucun cas indifférent, qu'on le dise. Ne serait-ce que parce que l'on ne peut pas changer le passé, [SPOIL]car l'on assiste impuissant au massacre de la villa, quoi que celui-ci reste encore soft, suggéré : on se contente de voir du sang, des corps à moitié hors-champ... La violence, aurait pu être encore plus graphique, mais n'aurait-ce pas été simplement choquer pour choquer ? Et surtout, terriblement déplacée par rapport aux événements réels ? Il en va de même pour les séquences à connotation sexuelle, plus suggérées que montrées. L'horreur de ce qui se fait et se dit agit plus dans cette zone sombre de notre imagination qu'en direct sous nos yeux.[SPOIL] Il n'en demeure pas moins qu'Estrella Drive reste un très bon scénario format "enquête", probablement le meilleur de T.S. L'histoire traverse d'étonnantes émotions tendues et tordues, une véritable tension entre le film noir et l'horreur, portée par des objectifs clairs et des surprises mécaniques et narratives inattendues et bien vues, permettant de s'immerger totalement dans une ambiance unique.

Santo Tomás de Aquino : un préquel sans séquelles

Disponible gratuitement à la sortie d'Estrella Drive, mais aussi jouable en démo de T.I.M.E Stories sur les festivals, Santo Tomás de Aquino est un mini-scénario d'une heure environ. Développé pour initier les newbies à T.I.M.E Stories rapidement, le scénario n'en est pas moins un excellent court-ludique de la saga, en plus d'être une introduction au prochain scénario : Frères de la Côte. Rassurez-vous, il n'est pas indispensable de jouer Santo Tomás de Aquino pour se lancer dans Frères de la Côte. Il s'agit avant tout d'un agréable bonus.

Si le scénario se joue en effet rapidement ([SPOIL] entre autre grâce à la mécanique d'accélération en fin de première run, avec les items à débloquer automatiquement obtenus, ou encore parce que les personnages ont des bonus particuliers plutôt forts[SPOIL]), il n'en est pas moins une courte aventure assez inédite en son genre. Pas vraiment une enquête, ni vraiment un scénario d'action, Santo Tomás de Aquino va vous demander d'effectuer un travail de sape : trouver où appuyer, où ça fait mal, dans le but de démarrer une mutinerie. L'aventure contient elle-même quelques petites surprises, qui invitent à jouer ses runs différemment, par exemple avec [SPOIL]la sous-intrigue du singe, qui se conclue différemment en fonction de vos actions, ou bien en gérant au mieux ses Unités de Temps pour pouvoir vivre un combat final, facultatif mais plutôt sympathique à vivre[SPOIL]. Santo Tomás de Aquino est donc une courte mise en bouche tout de même très plaisante.

Le cru 2017 de T.I.M.E Stories est décidément excellent, et valait son attente. La série ludique semble avoir pris son rythme, osant de plus en plus de détournements dans sa mécanique et se renouvelant en terme d'histoire. Les poncifs qui pouvaient gêner lors des précédents opus (répétitivité du dernier run, boss final classique, énigmes ardues sans filet, fins abruptes parfois, jets multiples de dés chaotiques) ont de plus en tendance à disparaître. Les expériences se diversifient, des choix cornéliens apparaissent (liées à l'histoire du jeu avec Lumen Fidei, ou bien simplement aux problématiques du scénario avec Estrella Drive), et le jeu en lui-même a marqué cette année une belle évolution avec deux scénarios très différents, probablement les meilleurs de la saga. Voilà qui augure du bon pour la suite.

Faites vos valises pour 2018 !

Tric TracEt bien justement ! Le cru 2018 des voyages à travers le tissus soyeux et velouté de l'espace et du temps va démarrer en fanfare très tôt avec Frères De La Côte. On ne peut pas trop vous en dire, sinon qu'il va y avoir des pirates, et que vos habitudes vont être sérieusement bousculées avec un énorme monde ouvert. Oui, pas un petit plan riquiqui d'une baraque minuscule avec sa mission toute droite à remplir. Non, avec Frères De La Côte, vous voilà propulsé dans un monde où tout est possible, avec moult péripéties et missions annexes, le tout accompagné d'un système de sauvegarde spécial pour que chaque run soit complètement différente. Une aventure avec un grand A qui pourrait bien surpasser Lumen Fidei, déjà excellent, en terme de scénario épique et surprenant.

Voilà une belle entrée en matière pour l'année T.I.M.E Stories qui s'annonce, puisque le mot d'ordre est donné : bousculer les habitudes ! Nos informations sont néanmoins bien moins claires, mais tout de même alléchantes, quant à la suite de l'année (sans doute quelques perturbations quantiques nous empêchent-elles de voir avec précision ce qui se trame). Deuxième trimestre 2018, sachez tout de même que The Hadal Project vous enverra pour la première fois dans le futur (enfin, dans le futur de notre présent à nous, de là à dire qu'il s'agit de celui de l'Agence). Premier scénario fanmade publié, The Hadal Project tient son nom de la zone hadale, l'espace démarrant à -6000 m et se poursuivant dans le noir des tréfonds marins. Un scénario à l'univers croisant ceux d'Abyss et de Blade Runner, contenant surprises mêlant parfaitement mécanique et scénario, qui a surpris les Space Cowboys eux-mêmes ! Autant vous dire que The Hadal Project ne va pas manquer de profondeur.

Tric Trac

Enfin, toute fin 2018 viendra Madame, un scénario signé Fabien Riffaud et Juan Rodriguez (les papas de Décrocher La Lune, Les Poilus...). Pour l'instant on ne peut trop vous en dire, si ce n'est répéter cette phrase énigmatique entendu au détour d'une faille temporelle : "C'est le dixième scénario, il est temps de bousculer tous les repères". Je n'ai pas pu en gratter plus, mais de toute évidence, ce qui va se passer à Versailles et tout à fait nouveau pour les simples agents que nous sommes. Êtes-vous prêts ? Moi pas, mais je vais le faire quand même !

L'année 2018 sera également marquée par la sortie de nouveaux rapports sur le site du T.I.M.E Chronicle. Ces débriefs et textes divers permettent de prolonger et approfondir l'histoire globale, sans nuire à la structure des épisodes indépendants. T.I.M.E Stories cherche en effet l'équilibre entre agents suivant la trame secrète liant les scénarios, et agents d'un soir, capable de s'attaquer à n'importe quel scénario dans le désordre. Le rythme de parution va d'ailleurs poursuivre le schéma mis en place cette année : une histoire "à part" puis une histoire "ancrée", etc, un peu dans l'esprit des séries à l'ancienne type X-Files. Toutefois, pour ne pas perdre les newbies, une partie de l'intrigue se dévoile sur le site du T.I.M.E Chronicle (que je vous invite donc à suivre, et tout particulièrement [SPOIL]après les événements de Lumen Fidei[SPOIL]).

Enfin, pour Juin 2018, viendra une petite boîte de matériel deluxe, reprenant les pions agents, timeline, plan, et le set de dés en plexiglas transparent. Rien que de l'accessoire inutile donc indispensable, mais qui claque grave.



[[Décrocher la Lune](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/decrocher-la-lune)][[Les Poilus](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/les-poilus)][[T.I.M.E Stories](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories)][[T.I.M.E Stories - Estrella Drive](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-estrella-drive)][[T.I.M.E Stories - Expédition : Endurance](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-expedition-endurance-1)][[T.I.M.E Stories - Frères de la Côte](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-freres-de-la-cote)][[T.I.M.E Stories - La Prophétie des Dragons](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-la-prophetie-des-dragons)][[T.I.M.E Stories - Lumen Fidei](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-lumen-fidei)][[T.I.M.E Stories - Madame](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-madame)][[T.I.M.E Stories - Santo Tomás de Aquino](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-santo-tomas-de-aquino)][[T.I.M.E Stories - Sous le masque](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/t-i-m-e-stories-sous-le-masque)]
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Un gros dossier qui n’a pas été simple à faire. J’aurais parfois voulu en dire plus, parfois en dire moins. J’aurais aimé développé le sujet de fond d’Estrella Drive. J’ai dû m’y replonger pour écrire l’article : ça n’a pas été simple, ça a pris du temps. A me tourner et me retourner dedans, ce scénario m’a touché bien en plus en profondeur que je ne le pensais. Ce segment fut très compliqué à écrire pour moi, et cela m’a pris plusieurs jours, pour choisir entre la retenue, le développement, l’impact, le personnel et l’objectivité impossible de l’article.
C’était très casse-gueule de faire un scénar pareil, mais franchement, je veux en voir plus des comme ça. Je veux être retourné de l’intérieur, encore. Parce que l’aura d’Estrella Drive fait beaucoup d’écho dans ma vie en ce moment. J’espère être parvenu à retranscrire ça comme il faut. A vous avoir montré que c’est un bon scénar de base, et qu’il porte en plus des qualités rares pour un jeu dans sa portée intellectuelle et émotionnelle hors-jeu, sans m’étendre trop personnellement sur mon chamboulement rien qu’à moi dans l’article. A vous avoir donné envie, comme moi, d’approfondir ensuite le sujet.
Je vais avoir besoin de beaucoup de choses joyeuses après tout ça (mais heureusement, je bosse en partie dans le jeu, ça aide).

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merci même si j’ai pas tout lu pour éviter le spoil, tiens je vais le faire le scénario bonus pour quelques démos en club
EDIT : on fait comment pour se le procurer ? Santo Tomás de Aquino

Normalement toutes les boutiques ont reçu un lot d’exemplaire de Santo Tomás de Aquino avec leurs boîtes de Estrella Drive. Tu devrais pouvoir dealer ça avec ta boutique locale, cher Harry. =)

Le problème d’Estrella Drive c’est pas qu’il soit adulte, ou qu’il ne faille pas être sensible. Son problème c’est d’être basé sur une histoire vrai qui vient de connaitre son aboutissement il y a juste quelques jours. Est ce que l’on peut “jouer” avec tout ? Si oui à quand le scénario sur les attentats de Charlie ou du stade de France, ou sur Marc Dutroux ?

Je jouais à time Stories chez un pote, parce que ça ne plaisait pas plus que ça, mais là c’est la ligne rouge qui a été franchie pour moi.

ahh ok désolé je croyais que c’était un truc à télécharger ! merci bien

C’est un point de vu qui se défend tout à fait.
J’ai eu à fortement peser le pour et le contre ces derniers jours.
Au final, considérant personnellement (et le mot est important, c’est un point de vu qui n’engage que moi) que le jeu est un art, je trouve important que l’art me fasse vivre des choses, poser des points de vu, et approfondir des phénomènes et événements qui composent le monde dans lequel je vis. Je ne m’y serai sans doute pas intéressé sans, ni aurait été à ce point touché. Cela me parle et je loue la démarche.
Le hasard du calendrier est le même que pour l’utilisation de cet événement par la saison 7 d’American Horror Story : il n’était pas prévu de coller à ce point à l’actualité. Sans être à ce point “au mauvais moment”, le scnéario aurait de toute façon fait écho, je pense, à l’actualité du réalisateur concerné (bon, n’en disons pas plus, c’est spoilé)
Il faut aussi se rendre compte que cette histoire a déjà plus de quarante ans. Il n’y a pas autant entre la SGM et les récits se moquant des nazis, transformant une propagande froide et implacable de l’humanité en parodie fantaisiste qui fait sourire. Les nazis d’Indiana Jones sont incroyables de bêtise et d’ésotérisme. On pose là la question du détachement, du temps qui passe, des nouvelles générations qui voient tout ça de loin…
C’est un sujet très vaste et je n’ai aucune réponse…
Mais j’ai fait un choix. Celui d’adopter le point de vu que grâce à un rapport émotionnel et sensitive à une création, j’ai pu, de mon propre fait (combien le feront, ?) découvrir en profondeur un événement qu’il ne m’aurait pas, sinon, outre mesure, été intéressant d’explorer. Je n’aurais pas fait la démarche d’entrer à ce point en écho avec ce drame et ses victimes. Et ça, c’est fort pour un jeu, et trop rare. Et je suis bien content de ne pas vivre ça qu’au cinéma, dans les romans et les BD, ou en musique…

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C’est justement son ancrage dans la réalité qui fait la particularité et toute la réussite de ce scénario.
Je ne connaissais que mal cette histoire, mais le fait de la “regarder” par le biais de ce jeu, avec les choix et l’émotion que cela implique, aura été très fort.
Quant au fond de la question, j’espère qu’en effet, nous pourrons dans un futur plus ou moins lointain “jouer” des attentats (par contre, Dutroux, c’est encore autre chose), cela signifiera que l’émotion sera retombée, et du coup que, certainement, ce sera une période de terminée. (Ce n’est malheureusement pas encore le cas, mais il faut rester optimiste)

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Dans le matériel inutile et donc indispensable, il me faudrait une jolie boîte pour mettre asylum avec ses autres copains. Ce serait plus joli dans ma ludothèque :grin:

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Merci les Space cowboys pour ce bonheur ludique que ce formidable jeu nous procure depuis sa création! Continuez longtemps à le faire vivre svp

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“regarder” cette histoire ???
Je vous rappelle qu’elle était enceinte de 8 mois quand elle a été massacré par ces barbares.
Justement, regarder et ne pas pouvoir, même symboliquement, l’empêcher je trouve ça malsain (pour rester soft dans mes propos).
ça fait appel au plus bas instinct de l’humain, celui qui l’amène à ralentir devant un accident en espérant voir un cadavre ou un bout de sang

Quand je jouais à Day of Defeat ou à Counter, peut être que malgré moi, je n’étais qu’un sal*** de nazi ou un pu*** de terroriste ? non, en fait, je jouais à un jeu avec du recul. N’est-ce pas pareil ici ? Une histoire de recul. Ceci dit, il est compréhensible de sentir cela malsain. (j’ai pas joué à ce jeu, je suis peut etre hors sujet)

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@datavin c’est pas tout à fait pareil, non ? là on est au niveau individuel d’un événement dont tout le monde (ou presque) à entendu parlé, dont on connais les noms, les motifs, on parlait encore la semaine dernière de l’instigateur du massacre, et du massacre sur toutes les chaines de télé. beaucoup de protagonistes sont encore vivant, ou ont de la famille encore vivante. ça c’est pas passé il y a 1 siècle ou 2.

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Bonjour,
Comment faire pour éviter “le bug” de Lumen Fideis lorsque l’on a la première édition mais qu’on n’y a pas encore jouée ?

Communiqué officiel de Bob :
Sur la carte B du lieu 13 (carte n°124 du scénario), ajoutez « Prenez l’élément 14 si vous ne l’avez pas déjà.» à la fin de la carte.
=)

Allez, pour un demi-point Godwin : beaucoup de protagonistes de la déportation lors de la seconde guerre mondiale sont encore en vie, ou ont de la famille encore vivante, ça ne s’est pas passé il y a un siècle ou deux, et pourtant je ne citerai même pas de noms de jeux où l’on incarne des SS tant il est facile d’en trouver par soi-même. Ils ne plaisent pas à tout le monde non plus, on peut juger que l’angle de traitement est différent et c’est certainement moins impliquant individuellement pour la plupart des joueurs et joueuses.
A mon avis c’est tout simplement une histoire de curseur très personnel, ce qui est bête pour certains est révolutionnaire pour d’autres, le mauvais goût et le voyeurisme des uns est une expérience intéressante et même enrichissante pour d’autres.

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C’est sûrement à ce jour le scénario de Time Stories le plus clivant, et si ça n’est pas mon préféré le frisson de la découverte est sans cesse renouvelé. Encore merci et bravo aux Space Cowboys de s’être lancés dans cette aventure complètement folle, et de l’entretenir contre vents et marrées (un scénario de Time Stories c’est quand même beaucoup de travail, comme pour un album d’Astérix). C’est novateur, c’est beau, c’est risqué, et mon équipe espère très fort que ça durera encore longtemps, car si les surprises vont de “juste” chouette à excellente, le moment vécu est toujours inoubliable!

Merci !!

Est ce qu’il serait possible de préciser dans le premier commentaire que ça spoile un peu ? :slight_smile: J’avais eu l’info comme quoi c’était basé sur une histoire vraie donc pas grave pour moi mais je pense que pas mal de gens seraient dérangés d’apprendre ça comme ça. Merciii
Sinon article au top même si je ne peux pas encore tout lire ^^

@Goupil il existe des jeux sur la déportation ? Il existe des jeux où on regarde Mengele faire ?
Ne mélangeons pas tout. Et je comprends que des jeux sur WWII peuvent déranger.

Encore une fois, un jeu par exemple sur « des » attentats qu’il faudrait empêcher, ou secourir, c’est une chose. Un jeu où on regarde un Ahmed Mero faire c’est autre chose, non ?