Asmodée entre en bourse vendredi 7 février 2025

Bill Gates vient d’une famille bourgeoise aisée.
Jeff Bezos a eu des parents qui ont investi autour de 300 000$ à la création d’Amazon.
Mark Zuckerberg vient d’une famille bourgeoise aisée.

Ce n’est pas pour dire qu’ils n’ont pas de talent, car il en ont plus que moi, mais ils ont eu le support qui leur a permis d’en arriver là.

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Parce qu’Embracer est suédois.

Je ne dis absolument pas le contraire. Je disais juste qu’il fallait se méfier du storytelling des grosses entreprises parce qu’ils essaient aussi de jouer sur le plan affectif et Asmodée ne fait pas exception.

C’est d’autant plus vrai que l’entité cotée sur le marché n’a évidemment plus rien à voir avec l’entreprise fondée sur les cendres de Siroz.
Néanmoins, j’étais resté sur l’idée que Marc Nunès était encore impliqué dans la distribution d’un ensemble de studios dans le giron d’Asmodee.
Si c’est le cas, je considère sa présence comme une garantie de préserver l’ADN de la boîte.
En revanche, si plus aucun des fondateurs historiques n’est présent…

C’est beau de penser cela, mais la réalité est toute autre. Toutes les capitalisations en bourses actuelles sont orientées sur le rendement. Et si nunes est un frein au rendement, il dégagera sans égard à qui il est et ce qu’il a apporté.
Si l’actionnaire place ses billes se n’est pas par bonté d’âme ni par une préoccupation importante dans l’évolution des jeux de société, c’est pour récupérer ses billes plus quelques unes en rab.

Personnellement, je vois ça d’un tres mauvais oeil (comme a l’epoque où asmodée se faisait racheter par d’autres boîtes) car on risque de se retrouver avec le meme problème que les jeux vidéos : tirer sur la corde d’un modèle de jeux pour avoir un produit rentable, sans prise de risques, accessibles au grand public. Finis les jeux de niche ou tout autre ovni qui risquera de ne pas être assez rentable et bienvenu aux rééditions de succès passés qui n’apporteront rien de neuf!

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Si c’est ça les bons jeux iront chez d’autres éditeurs, non cotés en bourse.

C’est déjà le cas.
Allez, je vais mettre Edge-studio quand même, car le JDR, c’est de niche.

Une entrée en bourse n’est-ce pas une façon de rajouter des intermédiaires (investisseurs) qui attendent un rendement accrue ? Dès lors, les choix guidés par les actionnaires ne risquent ils pas de mener Asmodée dans une course aux jeux qui rapportent, loin des classiques et audacieux que nous apprécions. Car pour faire de l’audacieux, il faut faire des erreurs. L’erreur est-elle permise dans un tel modèle ?
Au final, il faut payer l’addition (indirectement) aux actionnaires. Qui payent ? Celui qui achète ? Le sous-traitant qui imprime, façonne ?

Comparaison n’est pas raison, mais au début, Netflix prenait beaucoup de risques. Depuis qu’ils sont en bourses j’ai l’impression que leurs propositions sont très similaires, peu risquées…

Il faut comprendre que Embracer était déjà en bourse, donc ce que vous craignez sur les motivations, c’était déjà présent, indirectement.

Exactement.
Et cette entrée en bourse d’asmodee va lui permettre d’éponger les dettes qu’Embracer lui a mis sur le dos pour revaloriser les deux autres entités d’Embracer

Une boîte cherche forcément la rentabilité pour ses propriétaires et c’est vrai aussi pour une société cotée en bourse.

Mais ce qui compte n’est pas la tant rentabilité affichée à destination des porteurs d’actions que les dividendes reversées aux actionnaires et surtout la configuration des porteurs. Je peux citer une boîte (non cotée en bourse) pour laquelle j’ai travaillé qui était possédée à 100% par un fond d’investissement vautour qui siphonnait tous les ans 100% des bénéfices en dividendes, le tout en licenciant du monde alors que la boîte était hyper bénéficiaire (logique du toujours plus). Une boîte dont les actionnaires majoritaires sont état ou font partie de la boîte n’aura pas la même logique de prédation ni de rentabilité.

Je ne peux pas me prononcer pour Asmodée mais l’avantage d’un tel groupe c’est qu’il y a un certain nombre de locomotives assurant un matelas permettant d’innover sur des marchés de niche sans mettre en péril la société.

Tu peux avoir tous les cas de propriétaires quand tu n’es pas en bourse.
Beaucoup de propriétaires considèrent l’argent comme un carburant (moyen) et non un objectif affiché, donc la rentabilité est synonyme de viabilité pour ces entreprises.

En bourse, tu es juste sûr d’être dans une configuration où la rentabilité est inscrite en objectif et pas seulement en moyen.

Oui et non. Tout dépend de qui est actionnaire, est-ce que tu as des gros ou des petits porteurs, etc.
En outre, une action rapporte de l’argent à son propriétaire en fonction de deux critères : le prix de vente par rapport au prix d’achat et les dividendes versées. Et les exemples sont nombreux pour montrer que ce n’est pas forcément corrélé avec la performance de l’entreprise.

Je disais cela dans le sens que cela génère des intermédiaires exigeants qui forcément recherchent la rentabilité puisque que c’est un placement. Il y a forcément des exemples ou les entreprises à fond propres cherchent à essorer le moindre euros des bénéfices dans un objectif de rentabilité accrue, mais le modèle de l’actionnariat n’incite pas forcément à investir, innover, ou au bien être de ses salariés.
Surtout que dans un modèle de rachat d’entreprise de type actionnariat, le crédit contracté pour racheter l’entreprise doit être bien souvent remboursé par… l’entreprise ! Wow ?! :face_with_spiral_eyes: personnellement je trouve ça dingue. C’est sur que si dans la performance de l’entreprise, le bien être et les fournisseurs ne sont pas pris en compte…

Je ne suis pas sur que le lancement en bourse d’une boite qui a des dettes attire beaucoup d’investisseurs…

T’inquiète pas trop. :smile:
La bourse, c’est de la croyance, de la foi. Dette Tesla : 12.30 Milliards d’euros

cepafo! la preuve que je n’y connais rien :grin:

Le truc c’est qu’Asmodee a les reins pour supporter cette dette, preuve de sa solidité.

[désolé, réponse un peu longue, j’ai essayé d’être le plus précis possible]

Lors d’une cotation, la société publie un document d’information appelé le prospectus, qui donne énormément d’informations sur la société, ses risques, le rationnel de l’entrée en bourse, ses objectifs, et ses états financiers actuels et historiques. C’est un document fiable puisque à valeur réglementaire et soumis à l’autorité de régulation des marchés dans le pays de cotation.

Pour répondre à ta question, l’analyse de la structure de l’actionnariat (que l’on peut trouver dans le prospectus) peut aider à estimer les attentes des investisseurs.
Le tableau ci-dessous résume la structure actionnariale le jour de l’entrée en bourse, en donnant plus de détails sur les 10 premiers investisseurs en volume:

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  • Lars Wingefors est le CEO de Embracer
  • Savvy Games Group est une société multinationale saoudienne d’investissement, de développement, d’édition de jeux vidéo et d’e-sport
  • S3D media Inc est Saber Interactive, société de jeux video acquise par Embracer
  • DNB Asset Management est l’un des principaux gestionnaires d’actifs de la région nordique
  • Alecta est un gestionnaire de régimes de retraite professionnels
  • Canada pension plan investment board est le fond de pension canadien
  • PAI partners est un fond de private equity français
  • Handelsbanken fonder est un gestionnaire de fonds nordique
  • Vangard est une société de conseil en placement US
  • SEB Investment Management est un gestionnaire d’actifs nordique

Plus de 20% du capital est détenu par des fonds de pension, des fond de private equity ou des gestionnaires d’actifs, qui sont des groups qui n’ont comme objectif que la rentabilité maximum à moindre risque.
Lars Wingerfors (CEO d’embracer), Savvy et S3D sont présents car actionnaires historiques de Embracer (ils ont activé leur clause d’éligibilité à 1 action de type B de Asmodée pour 1 action de type B d’Embracer). Il sera intéressant de voir combien de temps et dans quelles conditions ils restent au capital, mais il est possible que ces investisseurs cherchent aussi principalement la rentabilité.
D’après le prospectus, tous les investisseurs entrés lors de la cotation sont soumis à un “lock-up” (i.e. ils ne peuvent pas vendre leurs actions), à hauteur de 30% de leurs actions sur 1 an, et 30% su 3 ans (les autres 30% devenant “libres” suite à la cotation). Donc on ne verra pas de mouvement significatifs avant 1 an.

Le prospectus décrit également les objectifs financiers de la société:

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  • Croissance: faire croitre le CA de la société (probablement calé sur le taux de croissance du marché à minimum), avec ses propres produits (“organic”) au début, puis par M&A.

  • Rentabilité: Ramener la marge EBIT à 18% du CA: historiquement, la marge EBITDA d’Asmodée est de 14-16%, donc là, il va y avoir un peu d’efforts à faire… donc réduction de couts probablement.

  • ratio d’endettement: la boite cherche à retrouver une structure de bilan plus propre, avec un endettement plus réduit. Cet objectif dicte d’ailleurs la politique de dividende de la boite:

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L’objectif principal est donc bien de rembourser la dette avant de verser des dividendes (ce qui semble logique). Pour information, plus le ratio Dette nette / EBITDA est faible, plus la probabilité de la société à pouvoir rembourser sa dette et se refinancer est grande. Un ratio de dette nette sur EBITDA inférieur à 3 est généralement considéré comme acceptable (pour faire un parallèle, c’est le fameux 35% de taux d’endettement que les banques cherchent à sécuriser qand vous leur demander un emprunt: votre remboursement d’emprunt (= votre dette) ne doit pas dépasser 35% de vos revenus nets (= votre EBITDA).

Si enfin on regarde les objectifs stratégiques de la cotation, ils confirment les objectifs financiers:

On remarque qu’on va probablement continuer de manger des jeux sous licence Seigneur des Anneaux, et qu’ils sont sur les starting-blocks pour reprendre les acquisitions.

Plus généralement, Je vous invite à lire le prospectus d’entrée en bourse qui est une vraie mine d’information, et qui contient également une très grosse étude de marché sur les jeux de plateau (“tabletop gaming”) très intéressante. On y apprend plein de choses sur la segmentation du marché, la gestion des marques et leur adaptation pour conquérir de nouveaux segments.

Source: Listing Prospectus