Ce n’est pas abstrait, le matos est fragile (cartes), mais le mode tournoi me fait penser à ta demande, j’ai nommé Challengers (oui, bon, je l’ai juste découvert), qui a l’avantage d’être disponible en boutiques et peut-être pérenne si on le munit de protège-cartes bien épais qui claquent.
Merci pour toutes vos belles propositions qui donnent plein de nouvelles envies !
Bon, j’ai quand même craqué aujourd’hui car j’ai fermé toute la matinée pour retrier le contenu des boites, plastifier les cartes de l’extension, ajouter les cartes et les marqueurs de la toison d’or dans chaque boite… J’y ai passé 3 heures. J’étais tout content de rouvrir pour faire découvrir tout ça mais paf, ils m’ont encore mis du bordel et après 20 minutes il me manquait des pions, des marqueurs, des cartes n’étaient plus dans les bonnes boites !!! AAAAArrrrrrgggggggghhhhhhh !!! Je n’en peux plus ! Pourtant j’ai 8 boites et 8 grandes tables et malgré l’interdiction d’avoir 2 boites sur la même table ils arrivent à me mélanger du matériel et quand on trie, on se rend compte qu’il y a des pertes !
J’ai mis tout le monde dehors et j’ai fermé toute la journée… pour chercher le matériel disparu. J’ai presque tout retrouvé sous des tables, derrière des placards… mais ils m’ont saoulé !
Lol.
Je compatis.
Il en reste 2 sur Okkazeo s’il fallait un peu de réserve :
Je trouve que vivre ca et continuer, c’est admirable.
Personnellement je ne pourrai pas.
Si quelqu’un a apprécié une activité et ne respecte pas ce qui lui a permis de faire cette activité, c’est qu’il n’a pas la capacité de se projeter dans « la prochaine fois ».
Il faudrait se plonger dans Piaget ou ses successeurs pour savoir à quel âge, normalement, cette capacité apparaît.
Je suis parfaitement d’accord avec le constat mais je pense qu’une fois ce triste constat fait, il faut tenter de faire changer les choses. La pédagogie, c’est l’art de répéter et même si parfois ça me ******* je finis par me calmer et par repartir de plus belle au combat.
Je pense finalement que le plus frustrant dans le métier d’enseignant c’est l’illusion de ne jamais vraiment avancer. En effet, quand on a fini le travail avec une génération et qu’enfin, des bonnes habitudes sont prises, on change de génération. Et paf, on recommence tout. Quand on compare la génération qui part à la génération qui arrive, on a l’illusion que les nouveaux sont pires que les anciens parce qu’on a tendance à oublier à quel point ceux qui partent et auxquels on a fini par s’attacher étaient “compliqués” quand on les a découvert.
Tu arrives vraiment à éduquer quand ça part de ce niveau alors qu’on est au collège ?
Et c’est bien de l’éducation ici, pas de l’enseignement.
Enfin, c’est un vaste débat sur le rôle de l’école, mais dans le triptyque « éduquer, cultiver, former », le prof ne peut pas tout faire.
Et ce que je trouve admirable, c’est la volonté d’éduquer les gamins. Enseigner, oui, j’aurais pu me motiver à ça : transmettre un savoir, un savoir faire, ouvrir l’esprit et partager. Je ne dis pas que j’aurais su faire, mais je comprend.
Par contre, essayer de faire comprendre à un gamin de 12 ans qui n’est pas le mien que s’il bousille un jeu il ne pourra plus y jouer… je pense que c’est et ça a toujours été au dessus de mes forces.
J’ai pas mal de neuveux et nièces qui, enfants, venaient passer les vacances chez moi sans les parents. Inutile de dire que des jeux a la maison il y en a plein, des truc fragiles aussi. Je n’ai jamais eu à expliquer que si on bousille un jeu, Ben on n’y joue plus le lendemain, sauf peut être une fois. C’était acquis vers 9 ou 10 ans, même avant.
Bref… chapeau.
Es-tu toi-même joueur ? (Pour savoir si tu connais les jeux récemment sortis)
Plutôt que de vouloir proposer un autre jeu “qui ressemble” à Santorini, pourquoi ne pas justement proposer quelque chose de différent ? Quelqu’un a proposé Challengers, tu ne penses pas que ça prendrait ?
Sinon Faraway ? Les parties sont courtes et il fonctionne très bien à deux.
Je suis encore une fois d’accord mais partant du constat que, dans la très grande majorité des familles, il n’y a plus d’éducation, on peut avoir deux solutions :
- attendre que les gamins soient éduqués à coup de TikTok
- proposer une alternative avec des ambitions modestes
Oui je suis joueur mais ma came n’est pas sortable en milieu scolaire. Je joue par exemple à Ark Nova, les jeux de Lacerda…
Je me joins aux félicitations pour le projet, c’est vraiment enthousiasmant de voir ça !
Pour avoir bossé en milieu scolaire plutôt niveau primaire, beaucoup de Dobble, de Twin it, de Skull… (des jeux où ils sont vite autonomes) et des jeux, présentés un à un, comme The island, takenoko… c’est possible, yinsh (voire même les classiques comme othello ou abalone entre autres) paraît comme une bonne proposition, la réedition de Pingouins également, laisser de l’automonie et présenter chaque jeu en groupe restreint (beaucoup de jeux à deux joueurs et apprentissage avec l’adulte d’un jeu avec plus de joueurs) tutorer… tout ça vous le savez je sais mais on est parfois surpris, quand un jeu « prend » de voir à quel point il est joué et rejoué et respecté. Love letter a été un gros succès aussi, cinq cornichons aussi…
A ce niveau, en primaire, un gros travail était mené sur le rangement par exemple. Un instant était consacré à la verbalisation.
Comme le souligne jmguiche, l’éducation, en primaire de ce que je connais, et son niveau ne permettent pas toujours l’instruction « classique », mais justement, assez rapidement, se crée une culture commune autour de cette pratique culturelle qui nous intéresse, les jeux de société. Et de façon assez majoritaire de ce que j’ai pu observer. J’ai le souvenir de parties de 7 wonders avec des enfants de cm1 cm2 assez prégnantes pour qu’ils transmettent l’envie de jouer dans leurs propres familles. C’était un projet sur une année. Je dois reconnaître que je suis aussi assez maniaque sur le matériel (surtout quand les jeux provenaient de la ludothèque de ma ville).
Je pense que je vais devoir me résoudre à ça mais pour l’instant, l’atelier est ouvert en libre accès. C’est un peu une ruche où les élèves entrent et sortent. Parfois pour simplement faire une partie ou juste regarder. Sur un quart d’heure de récréation, il m’arrive d’avoir 80 élèves et je suis tout seul, bloqué à mon bureau à devoir saisir les parties entrées par ceux qui jouent. De ce fait, je ne peux pas faire la police à la porte pour bloquer les entrées. Et j’ai du mal à voir qui maltraite le matériel ou pas.
Je vais certainement devoir mettre une jauge mais, s’il y a une jauge, je vais aussi devoir organiser un planning pour que ça ne soit pas toujours les mêmes qui viennent.
Un adulte pour 80 enfants/élèves, en effet, cela me paraît impossible.
Ah et j’y pense, à la demande d’un élève, j’ai fait des nouveaux tableaux de statistiques.
Là, on voit mes stats avec les différentes cartes (je n’ai capturé que les premières lignes). On voit par exemple que j’ai joué 24 fois avec Minotaur avec lequel j’ai 91,69% de victoires et j’ai joué 11 fois contre lui et, en l’affrontant, j’ai 54,55% de victoires.
Mes joueurs sont friands de ce genre de données que je peux avoir pour chacun d’eux.
J’ai aussi le tableau inverse qui, quand je mets le nom d’une carte, me dit quels sont les joueurs qui l’ont eu le plus avec eux et contre eux.
En fin de primaire, beaucoup d’enfants/élèves ont développé ou non cette pratique culturelle, certains sont soigneux d’autres non, en revanche, ils sont volontaires et s’approprient les jeux, à leurs façon. Votre effectif me semble gigantesque quand même, 80 personnes à surveiller seul/e, c’est vite le bordel j’imagine, comme une cour de récréation avec des règles implicites et explicites.
J’essayais, à mon échelle, de faire en sorte que tous et toutes jouent au maximum de jeux et je sais que Santorini est intéressant (vite redondant à mon sens avec des joueurs de même niveau) mais très vite quand le jeu est trop complexe ou ne correspond pas à leur zone proximale d’action, les enfants décrochent vite. Ils sentent assez vite qu’ils ne pourront pas se l’approprier par eux-mêmes et souvent ça les décourage.
Alors pour être parfaitement honnête, je n’en ai jamais 80 en même temps mais la ruche étant ouverte, ça rentre et ça sort donc, certains jours de grande affluence, je vois 80 têtes lors d’une récréation. La plupart du temps, je vais être sur une bonne trentaine.
Ce que je trouve intéressant à Santorini, c’est la courbe de progression. Plus on joue, plus on se rend compte de la richesse du jeu. Je sais que les puristes des jeux abstraits le conseillent sans les pouvoirs et là, il peut vite devenir redondant à mon avis aussi. Il offre moins de profondeur qu’un jeu d’échecs. L’asymétrie liée aux cartes déséquilibre un jeu le jeu mais permet de donner un gros bonus à ceux qui jouent beaucoup. Apprendre à bien jouer certaines cartes n’est pas évident. Apprendre à bien contrer certaines autres carte propose un défi qui peut aussi être très stimulant. Savoir estimer quelle carte a potentiellement un avantage dans un duel est aussi une compétence qui s’acquière avec l’expérience… Et la sensation de valoriser son expérience partie après partie est grisante.
Je partage le même avis sur Santorini que j’ai bien poncé à l’époque, j’avais même participé à l’édition deluxe Kickstarter. Si vous avez beaucoup de passage, en plus dans des moments récréatifs, et si l’objectif n’est pas que de jouer à un seul type de jeu mais juste faire jouer « correctement » (selon les règles implicites et explicites), il y a eu pas mal de conseils sur ce fil pour vous aider dans votre démarche ce qui vous ne vous empêche pas, ponctuellement , d’organiser des tournois.
Nota bene : mon expérience se posait dans le cadre des TAP avec quinze ou seize enfants maximum donc le cadre de mon intervention se pose ainsi. C’est un sujet transversal également qui peut intéresser des professeurs parmi l’équipe pédagogique.
L’équipe pédagogique… Moui alors c’est parfois la notion d’équipe qui pêche un peu dans mon collège. L’ambiance y un peu tendue et donc j’ai beau inviter continuellement toute la communauté (profs, surveillants, personnels administratifs, agents territoriaux, parents, éducateurs…) peu d’adultes viennent. Le prétexte c’est souvent : “Je n’ai pas le temps !” Moi non plus je n’ai pas le temps mais je trouve que c’est important d’en trouver. En réalité ce n’est pas un problème de temps mais bon, n’en parlons pas.
Pour prendre les gens un peu au piège, j’ai tenter d’éditer des bulletins d’invitation que les élèves peuvent prendre sur mon bureau.
Avec ça, ils peuvent défier les adultes. Ils n’ont qu’à se mettre d’accord sur la date et l’heure. Quand c’est un élève sympa qui les invite, les ronchonchons n’osent pas dire non et les élèves peu persuasifs ont souvent une capacité à insister très lourdement jusqu’à ce qu’ils obtiennent un “OUI” !!!
J’ai quand même un collègue qui vient relativement souvent. Depuis le début de l’année, il a réussi à jouer 121 parties et il est actuellement à la 6ème place du classement. Les élèves adorent nous défier et ça permet de créer des liens intéressants entre eux et nous. On sort de la relation hyper verticale traditionnelle et ils se sentent valorisés quand ils parviennent à gagner contre nous.
Ces liens permettent de contourner ensuite bien des problèmes relationnels entre certains élèves potentiellement perturbateur et nous.
Autre élément, j’ai pu relever ces données :
J’ai 29% de filles à l’atelier mais elles ne jouent que 12% des parties ce qui semble indiquer que les garçons leur laissent peu la place. De ce fait, une fois tous les 15 jours, j’organise des journées SantoriFilles durant lesquelles, comme le nom l’indique, seules les filles peuvent venir à l’atelier. Là, j’ai souvent une fréquentation nettement moins importante et étrangement, je n’ai aucun problème de matériel en bordel ou perdu.