Au-delà du divertissement : Interview de Henri Kermarrec et Julien Prothière au sujet du Manifeste métaludique

Très mauvaise initiative, pour ma part.

L’histoire du jeu et de la règle daubée est grossier, cela ne m’a pas surpris/étonné, mais soit.

Ensuite, voici ce que dit Éric Zimmermann :

« Les jeux sont magnifiques. Ils n’ont pas besoins d’être justifiés.

C’est vrai par-dessus tout : si les jeux ont de la valeur, ce n’est pas avant tout parce qu’ils peuvent apprendre quelque chose à quelqu’un ou transformer notre monde. Comme d’autres formes d’expression culturelle, les jeux et l’action de jouer sont en premier lieu importants parce qu’ils sont magnifiques. »

Du coup, quand ils disent « son manifeste recoupe certaines de nos idées », je vois plutôt un avis différent, voire opposé.

Pour finir, il y a un nombre non négligeable de jeux dans le top 100 BGG (Spirit Island, Root, Twilight Struggle, Pax Pamir, etc) où la thématique et les mécaniques ont été pensé pour immerger les joueureuses.
Après, libre à chacun.e de s’intéresser aux sujets de ces jeux, de les creuser et de se questionner.

Je ne comprends pas ce manifeste, qui enfonce des portes ouvertes. Pensent-ils sérieusement que les auteurices de jeux et les gens du milieu ont appris quelque chose ?

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La responsabilité c’est peut être de comprendre qu’à l’heure actuelle certaines thématiques ne sont plus possibles, en tout cas avec le traitement qui leur était réservé. Le jeu de société s’est élargi à un public qui a dépassé la petite bulle bien confortable des quelques initiés. Il faut comprendre en quoi un Mombasa (pour reprendre un marronnier) peut poser problème, pas tant dans sa thématique propre mais surtout dans la façon dont cette dernière est traitée et retranscrite en jeu. Et par ailleurs l’auteur l’a entendu.

Dans un hobby ouvert et qui tend à ne plus s’adresser à une sociologie particulière de joueurs et joueuses, oui c’est une forme de responsabilité.

Tu parles d’un monde où tous les auteurs auraient la même sensibilité politique et souhaiteraient aller dans le même sens.
Si c’était le sens de ce manifeste ça voudrait dire que la phrase “le jeu est politique” signifierait en réalité : “le jeu est de tel bord politique” ou “le jeu devrait être de tel bord politique”. Ce qui pour moi n’aurait aucun sens.

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Je parle surtout d’un monde ou le jeu de société est essentiellement fait par des hommes occidentaux, donc baignants dans les mêmes références historiques, sociales, fictionnelles et ayant peu ou prou une vision similaire du monde.

Quand le jeu de société est entendu comme politique c’est précisément pour montrer qu’il est situé.

Et ?..

Prendre conscience de ce biais dans la création, c’est prendre conscience qu’on est malgré nous des acteurs et actrices politiques, que faire ce pas de côté nous permettrait de comprendre à minima comment créer dans une perspective plus ouverte au sein de notre hobby. Et ça ne peut qu’être bon pour l’innovation.

Dire qu’il y a un biais c’est dire qu’il y a un tort à redresser. Ça n’est pas compatible avec une définition universelle. Ça ne peut qu’entraîner division et récupération politique (est ce l’objectif de ce manifeste ?)

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Un biais ne signifie pas un tort, c’est un peu fort, juste une composante à considérer pour si possible la modérer.

Le manifeste prend clairement un parti. Définissez le comme vous le souhaitez mais il ne prétend clairement pas être neutre dans son approche (en tout cas ce n’est pas ma lecture), de toute manière la neutralité est un vœu pieux.

Ben non ! Dire qu’il y a un voire plus probablement plusieurs biais ce n’est pas dire qu’il y a des torts à redresser. C’est juste prendre conscience qu’ils existent.
Et dire qu’il n’y en a pas c’est clairement faire un déni de réalité. On a tous des biais, en prendre conscience ne nous oblige pas à les prendre en compte dans nos décisions mais au moins on fait des choix en connaissance de cause (et éventuellement conséquences)

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Biais a clairement une connotation péjorative.
Perspective, point de vue sont à privilégier si vous ne voulez pas mettre de connotation.

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Trop de biais tue le biais !

Ce concept a été popularisé par l’essort de la zététique, du scepticisme, de la pensée critique, etc…
Sauf que comme souvent, d’un concept intéressant, certains ont fait une religion, et quoi qu’on dise, et bien c’est le biais du ceci, le biais du cela…
Au final, dire que tout le monde est biaisé, et qu’il faut en avoir conscience, c’est bien, mais c’est un peu retour à la case départ. Ce sont les gros biais qu’il convient de souligner, sans ça ça ne veut plus rien dire.
Ca devient tout simplement… Le biais des biais :grin:

Premier point, la plupart des gens jouent pour se divertir, sans arrière pensée (philosophique, éthique, etc), et cela est d’autant plus vrai que le milieu s’élargit. Je n’ai pas de statistiques, mais j’attends des éléments pour contredire cela.

Deuxièmement, le milieu du jeu vidéo est bien plus développé que le JdS, en terme de diversité, de niche que de taille de public. Dans mon exemple qui suit, je prends le JV comme une perspective future du JdS.

Est ce qu’un jeu comme GTA (je me suis arrêté à SA) ne doit pas exister, parce que l’on y fait des choses violentes, immorales, etc ?
Peut-on utiliser la satyre pour aborder un sujet ?

Je rêve d’un jeu où l’on serait en compétition pour déforester un maximum un espace naturel en utilisant des solutions mafieuses pour accélérer le projet. Et pour le rendre plus actuel, il faudrait combattre une IA qui serait une ONG écologiste.
À la fin, il n’y aurait pas d’autre conséquence que la victoire, puisqu’avec de l’argent on fait ce que l’on veut.

Par ce thème, je comprendrais mieux l’impact de ce genre de projet qu’un jeu où l’on accumule des tuiles qui sont des animaux de la forêt que l’on sauve de leur habitat dégradé.

C’est bien évidemment ma manière, par l’essai-erreur, de m’intéresser à un sujet. Je comprends que l’on y adhère pas, mais de là à y être contre… ce n’est qu’un jeu, non ?

Prendre le parti des ordures ne modifie en aucun cas le message politique, il me semble. Je ne vois de ce point de vue aucune différence avec un jeu où on jouerait au contraire l’ONG écolo. Les auteurs du manifeste seraient-ils stupides à ce point ?

Franchement si on considère le jeu comme un objet culturel je ne comprend absolument pas le pourquoi de ces levées de bouclier face à ce manifeste… Si on prend la Musique, le Cinéma, la Bd, la Littérature c’est exactement pareil : il y a du pur divertissement et des choses plus sérieuses et ce n’est pas un problème… Les auteurs de ce manifeste disent juste qu’ils ont envie d’aller plus vers le sérieux que vers le pur divertissement : où est le problème ?

Ça me paraît juste normal qu’un objet culturel puisse aussi bousculer, faire réfléchir : par exemple la BD “Deogracias” parle du génocide rwandais sans fards, de manière assez crue et dure et pose des questions intéressantes… On est loin du divertissement, ça bouscule, ça fait réfléchir… Nina Simone, dans le contexte du mouvement des Droits Sociaux aux États Unis était passée des chansons d’amour aux chansons plus engagés, “Four Women” par exemple qui parle de la condition des femmes et de racisme et “ça remue”… Une œuvre comme “1984” de George Orwrll pose plein de questions sur l’obéissance aveugle, la manipulation de masse et “ça remue” également…

Pourquoi tout cela ne DEVRAIT pas être possible dans le jds ? Il y a déjà un certain nombre de jeux qui sortent un peu du cadre habituel : Tainted Grail, par exemple, pose des questions et des dilemmes moraux très intéressants et atypiques au sein d’un jds, Spirit Island prend pour une fois le point de vue des colonisés, Black Orchestra propose d’assassiner Hitler ce qui n’est pas un thème tout à fait habituel et ça peut faire réfléchir, Rebelles Princesses inverse les clichés et nous propose d’incarner des Princesses qui veulent éviter des relous de Princes, etc… Où est le “problème” ?

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Je répondais aux arguments de gregorsamsa (j’ai pourtant pris la peine de le citer)
Ce manifeste est chiant comme la pluie, comme un qui commencerait par « Y a plus d’saisons ! » , cela ne m’apporte aucune réflexion. Il a beau avoir trait au ringard quant à notre époque, je reste courtois avec celleux qui l’ont écrit. Je ne les trouve pas stupides, juste naïfs. Mais sans naïveté, il n’y a plus d’espoir :smile: (on est toutes et tous naïfs à un moment ou à un autre).

Oui, vous avez raison, cela ne change pas le message politique (si tant est qu’il y en ait un qui soit clair). Et c’est bien pour cette raison que l’on n’a pas besoin d’avoir des gens qui se permettent d’insinuer que de faire des jeux de colonisation, de guerre ou de que sais-je encore est une mauvaise chose.
(L’important, c’est que le jeu soit bon. Ensuite, s’il peut nous amener à nous intéresser/sensibiliser à un sujet c’est d’autant mieux.)

Cette dernière phrase, je la mets entre parenthèses, il fallait bien conclure le propos, mais qu’est ce qu’elle est barbante.

Est-ce qu’ils ont encore de la place sur le manifeste pour l’ajouter ? (un peu d’humour ne fait jamais de mal).

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On pourrait rajouter à la liste.

Votes For Women

Merci et tout pareil, je trouve les réactions et leur virulence très surprenantes.

Bonjour,
Peut-être que la grande différence est que dans ce que tu cites nous sommes spectateurs et dans le jeu nous sommes acteur.

Hop !

Je pense que tu passes à côté du propos des gens qui “s’opposent”.

Edit : l’opposé de divertissement ce n’est pas “oeuvre intellectuelle” (avec tout ce que vous pouvez vouloir mettre dedans)

En effet, désolé de ma mauvaise lecture…

Je ne sais définitivement pas lire, je crois, car je ne vois rien de tel, ni explicitement ni implicitement, dans le manifeste (mais j’admets ne pas avoir écouté les interviews). Mais peut-être fais-tu encore exclusivement allusion à @sddard-eark ?

Je te rejoins au moins sur un point : ce manifeste ne m’apporte pas grand chose. Mais en bon (?) prof de maths, je sais qu’il faut savoir énoncer certaines évidences.