Le Zeptien dit: Wallace....oui, encore et toujours le maestro. Je pense que l'on peut le ranger dans la catégorie des "vrais" auteurs comme tu l'écris, c'est a dire ayant un style...C'est le cas de Kramer aussi, même si il a eu bien du mal à se renouveller dans ses dernières créations. Tu es un peu dur avec Teuber...il y a des constantes chez lui (ce qui lui donne une signature bien à lui d'ailleurs), comme chez Kramer, mais c'est quelque chose qu'on lui reproche plus j'ai l'impression. Le cas de Gerds est interessant : monsieur "roue d'actions" a surtout décliné 3 jeux sur une trouvaille simple et géniale (Antike, Imperial et Hamburgum), mais le reste semble, d'après les retours, moins convainquant. Je saisis mal ton idée d'imposture à propos de Friese et Rosenberg...
Bon je veux pas lancer de polémique. Passk'après c'est le gros HS assuré et peut-être MoZ non plus ne veut pas revivre ça. Mais juste pour dire, je suis vraiment pas sûr que "avoir un style" ou "une signature" soit un critère de définition pour un "vrai auteur". C'est juste ce qui permet au public de le reconnaître.
Je me dis que si Wallace est un "vrai auteur", c'est surtout parce qu'il a une démarche (contrairement à Teuber) qui dépasse la volonté de "juste" faire un bon jeu. Il veut faire des jeux qui nous causent de trucs qui, lui, l'ont interpellé*.
* même si en fait, de part leur nature même, les jeux sont incapables de nous causer de quoi que ce soit. Mais c'est noble de la part de Wallace d'essayer. Pas de polémique...
Ca tombe bien que vous parliez de ça parce que justement, j’y pensais encore la semaine dernière, normalement mon âge d’or commence pas plus tard qu’à la fin de l’année.
Biohazard dit:Ca tombe bien que vous parliez de ça parce que justement, j'y pensais encore la semaine dernière, normalement mon âge d'or commence pas plus tard qu'à la fin de l'année.
Je ne suis évidemment pas d’accord avec tout ce qui est dit ici, le jeu de société c’est comme un livre, certains auteurs plaisent énormément et on ne COMPREND PAS en prêtant tel livre que votre ami vous le rende en disant qu’il n’a pas trop aimé… Le jeu de société est d’une telle variété qu’il est impossible de dire que cet auteur est bon et/ou que celui-là est un “fumiste” même si ce n’est QUE de la rhétorique.
Pour ma part, mes goûts sont très différents, même si j’aime beaucoup Age of Steam ou Tinner’s Trail, je ne considère pas Wallace comme le grand auteur que vous décrivez, il lui manque une grande variété dans ses choix ludiques ; sa palette est pour le moment trop restreinte, mais c’est un auteur qui compte, je suis d’accord ; a contrario F. Friese pour moi est un auteur essentiel, aucun déplaisir à jouer à ses jeux tant les mécanismes sont variés et originaux et en perpétuelle recherche de nouveaux mécanismes tel son nouveau jeu pour Essen 2009
Dire que Teuber ne vaut rien alors qu’il est le créateur du jeu de société moderne qu’il a gagné je ne sais combien de SdJ c’est dire que Balzac écrit comme un pied (maintenant je peux comprendre qu’on n’ait pas envie de lire Balzac)
Quant à Rosenberg, Bohnanza est sans doute le petit jeu auquel à un moment j’ai le plus joué avec autant de plaisir et autant de jeux heureux autour de moi. Il ne faut pas oublier le plaisir de jouer même avec un jeu “modeste” pour “grand public”…
Il n’y a pas que les formidables jeux pour gamers : Caylus, Agricola, Puerto rico (et cependant je les adore ces jeux-là), il y a tous les autres et dans tous les autres il y a des perles, même des jeux qui durent 20 minutes et croyez moi dans ce type de jeux il y a de formidables auteurs !
pour moi personne n’est “has been” il y a de bons jeux et d’autres moins réussis, mais il faut être ouvert et tout “lire” ou tout jouer
c’est en étant curieux qu’on découvrira pleins de jeux très agréables et surtout différents, car sincèrement - en ce qui me concerne - et - à mon humble avis - c’est dans la variété des jeux joués que je m’éclate et pas du tout en devenant “imbattable” à Age of Steam ou à “Caylus” parce qu’on maitrisera ces jeux “parfaitement”.
En ce moment je joue beaucoup à (et je trouve un côté chef d’oeuvre à ces jeux ) : - traders of Carthage de Susumu Kawasaki - fauna de F. Friese avec toujours autant de rires autour de la table - tzaar de K. Burm qui est quasi aussi bien que dvonn - Conquest of the fallen lands de A. Burago chef d’oeuvre de règles simples et efficaces - die Meuterei de M. Rieneck - High score de H. Wüppen - Dice town de Maublanc et Cathala - La ruée vers l’or de M. Teubner : difficile de bien y jouer ! - Demetra, chef d’oeuvre de R. Breese - Valdora de M. Schacht qui plait beaucoup ici etc etc
bref tous ces auteurs comptent autant pour moi que ceux que vous citez ! (et j’en oublie beaucoup !..)
l’important est de prendre du plaisir n’est ce pas ? La grande variété des choix offerts est un magnifique plus qui est essentiel au plaisir du joueur, de même que je prends autant de plaisir à lire de la SF, des polars, des essais, ou des romans classiques ou contemporains, récents ou anciens…
bon été à tous je pars en vacances demain papy marc
Xbug-pirate dit:je suis vraiment pas sûr que "avoir un style" ou "une signature" soit un critère de définition pour un "vrai auteur". C'est juste ce qui permet au public de le reconnaître.
Ce serait une condition nécessaire mais non suffisante ? Autrement dit, il pourrait y avoir des créateurs qui ont une griffe bien à eux mais qui ne sont pas des auteurs ?
Xbug-pirate dit:Je me dis que si Wallace est un "vrai auteur", c'est surtout parce qu'il a une démarche (contrairement à Teuber) qui dépasse la volonté de "juste" faire un bon jeu. Il veut faire des jeux qui nous causent de trucs qui, lui, l'ont interpellé*.
Tout à fait. On sent bien qu'il y a une vision du ludique qu'on retrouve derrière chacune de ses oeuvres. Il y a une cohérence. Il ne crée pas des jeux par hasard. Il l'a d'ailleurs exprimé dans certaines de ses règles. J'avais ouvert un fil de discussion à ce sujet.
marc laumonier dit:je ne considère pas Wallace comme le grand auteur que vous décrivez, il lui manque une grande variété dans ses choix ludiques ; sa palette est pour le moment trop restreinte
C'est justement pour cela que c'est un auteur avec un grand A. Les auteurs sont généralement travaillés par des obsessions et des problématiques fortes, une façon de voir le monde qu'on retrouve dans la plupart de leurs productions, ce qui donne une cohérence et une identité à l'oeuvre. Ils ne font pas tout et n'importe quoi. Certains font et refont le même film, écrivent et réécrivent le même livre...
marc laumonier dit:Dire que Teuber ne vaut rien alors qu'il est le créateur du jeu de société moderne qu'il a gagné je ne sais combien de SdJ c'est dire que Balzac écrit comme un pied (maintenant je peux comprendre qu'on n'ait pas envie de lire Balzac)
+1
marc laumonier dit:Quant à Rosenberg, Bohnanza est sans doute le petit jeu auquel à un moment j'ai le plus joué avec autant de plaisir
+1 C'est un jeu extrêmement drôle et intelligent.
marc laumonier dit:Il n'y a pas que les formidables jeux pour gamers : Caylus, Agricola, Puerto rico (et cependant je les adore ces jeux-là), il y a tous les autres et dans tous les autres il y a des perles, même des jeux qui durent 20 minutes et croyez moi dans ce type de jeux il y a de formidables auteurs ! pour moi personne n'est "has been" il y a de bons jeux et d'autres moins réussis, mais il faut être ouvert et tout "lire" ou tout jouer c'est en étant curieux qu'on découvrira pleins de jeux très agréables et surtout différents
Pas mieux. Colovini, par exemple, est un des maîtres des jeux d'un quarantaine de minutes qui tout en étant fins, profonds et originaux dans leurs mécanismes proposent sans cesse un plaisir de jeu très fort quant à la tension, fun, indécision qu'ils génèrent. C'est l'exemple parfait d'auteur souvent dénigré car allant à contre-courant des standards tout en nécessitant un peu de curiosité et de persévérance pour approfondir ses jeux qui procurent d'autres sensations.
Honnêtement MoZ, tu es unique (et c’est personnellement pour ne pas être plus désagréable). J’ai l’impression que tu ne te complais plus que dans un discours justement purement rhétorique et le plus souvent assez gratuit. Sinon je suis complètement en phase avec Marc (et Palferso).
Grunt dit:Honnêtement MoZ, tu es unique (et c'est personnellement pour ne pas être plus désagréable). J'ai l'impression que tu ne te complais plus que dans un discours justement purement rhétorique et le plus souvent assez gratuit. Sinon je suis complètement en phase avec Marc (et Palferso).
J’aurais dû me douter que ce sujet allait être sujet à polémique…
Néanmoins, la façon dont je l’ai compris moi, était : quels sont pour vous les auteurs connus qui vous paraissent à leur apogée, en pleine expansion créative ou qui vous semblent perdre dans ce domaine.
J’ai répondu dans ce cadre là. Mais il s’agit de subjectivité et en aucun cas de réalité, tant au sujet de ce qu’on appelle les grands auteurs que la notion de créativité. En tout cas, je suis d’accord dans ce qu’écrit Marc, mais dans le cadre du sujet comme je l’avais compris on est limite hors sujet…
Sur ce, je crois que je ne vais pas alimenter plus longtemps ce topic finalement pas forcément bien posé.
Xbug-pirate dit:je suis vraiment pas sûr que "avoir un style" ou "une signature" soit un critère de définition pour un "vrai auteur". C'est juste ce qui permet au public de le reconnaître.
Ce serait une condition nécessaire mais non suffisante ? Autrement dit, il pourrait y avoir des créateurs qui ont une griffe bien à eux mais qui ne sont pas des auteurs ?
Non nécessaire. Souvent, en graphisme contemporain, comme chez certains auteurs du nouveau roman, le style est assimilé à un décor, un truc superflu, dont on peut se passer. Après ça dépend où tu mets les limites du concept "style". Si c'est ce par quoi on reconnaît un artiste/un auteur, même des choses qu'il émet "involontairement", alors là, oui, tout le monde à son style. Ce que je me dis c'est qu'on peut tout à fait envisager qu'un auteur se définisse strictement par le fait qu'il a une démarche d'auteur, même si, en dehors de son nom sur la boîte, ses jeux n'ont absolument rien de semblables (même si un tel auteur n'existe pas dans les faits, il pourrait, en théorie. Donc la "griffe" ne me parait pas une condition nécessaire pour définir un auteur...)
Voilààààà. J'arrête, maintenant, c'est super-promis.
j’ai l’impression que tu te contredis; autant le premier paragraphe m’a fait réagir, autant je suis complètement d’accord avec le suivant.
marc laumonier dit:le jeu de société c’est comme un livre, certains auteurs plaisent énormément et on ne COMPREND PAS en prêtant tel livre que votre ami vous le rende en disant qu’il n’a pas trop aimé. […] Dire que Teuber ne vaut rien alors qu’il est le créateur du jeu de société moderne qu’il a gagné je ne sais combien de SdJ c’est dire que Balzac écrit comme un pied.
Mais bon, je suis d’accord avec ce que tu dis finalement : quand il a fait quelques gros cartons publics et critiques (même si la question de la valeur de la “reconnaissance” du SdJ se pose autant que se posait celle de l’Académie en d’autres époques), difficile de négliger l’apport de l’auteur à la sphère ludique, surtout quand il y a une patte assez reconnaissable.
marc laumonier dit:je ne considère pas Wallace comme le grand auteur que vous décrivez, il lui manque une grande variété dans ses choix ludiques ; sa palette est pour le moment trop restreinte, mais c’est un auteur qui compte, je suis d’accord
Là, par contre, pas d’accord. je ne crois pas qu’un auteur soit condamné à un gros jeu de plateau, un jeu de placement futé et un jeu de cartes fun et rapide pour prétendre qu’il a étendu sa surface. je trouve que Wallace affine ses mécanismes et sa restitution thématique dans un sens extrêmement poussé, qui ne convainct pas forcément toujours (Steel driver ?) mais qui est la preuve d’une certaine patte. Alors peut-être qu’il n’y a pas encore un auteur, mais il y a une “oeuvre” - en relativisant le côté un peu surgonflé de ce mot appliqué à la création ludique.
El comandante dit: Là, par contre, pas d'accord. je ne crois pas qu'un auteur soit condamné à un gros jeu de plateau, un jeu de placement futé et un jeu de cartes fun et rapide pour prétendre qu'il a étendu sa surface. je trouve que Wallace affine ses mécanismes et sa restitution thématique dans un sens extrêmement poussé, qui ne convainct pas forcément toujours (Steel driver ?) mais qui est la preuve d'une certaine patte. Alors peut-être qu'il n'y a pas encore un auteur, mais il y a une "oeuvre" - en relativisant le côté un peu surgonflé de ce mot appliqué à la création ludique.
On pourrait en discuter des plombes, mais si l'on file la comparaison création ludique / création littéraire, il n'y a vraiment pas grand chose à objecter à ce qu'écrit le commandant.
Sur la création ludique, je me souviens que Thomas Provoost avait écrit dans Plato un article qui la comparait plus à la création cinématographique qu’à la création littéraire. Parce qu’au delà d’un thème (qui peut être appelé à changer entre la maquette et l’édition finale) et d’un mécanisme (qui peut également être affiné durant le processus d’édition), un jeu n’est pas seulement un auteur, c’est aussi de nombreux intervenants qui vont apporter une touche plus ou moins perceptible dans le produit (l’oeuvre, si vous préférez) fini. Ça n’enlève rien au fait qu’un créateur peut avoir du style ou pas. Mais sur la question originale de la courbe créative des auteurs, j’ai du mal à me situer à cause de cette vision d’oeuvre collective. Après, je sais que Wallace fait pratiquement tout tout seul, mais je me dis qu’il ferait justement bien de sous-traiter la rédaction des règles et les graphismes. C’est sûrement pour ça que mon jeu préféré de ce monsieur, c’est Runebound…
marc laumonier dit:Je ne suis évidemment pas d'accord avec tout ce qui est dit ici, le jeu de société c'est comme un livre, certains auteurs plaisent énormément et on ne COMPREND PAS en prêtant tel livre que votre ami vous le rende en disant qu'il n'a pas trop aimé... Le jeu de société est d'une telle variété qu'il est impossible de dire que cet auteur est bon et/ou que celui-là est un "fumiste" même si ce n'est QUE de la rhétorique. bon été à tous je pars en vacances demain papy marc
Entièrement d'accord avec toi Marc...
PS: Bonne vacances et bon jeux... perso pendant les vacances, je vais peut etre relire Moby Dick... quoique que j'ai un recueil de poèmes à lire.
MOz dit: C'est justement pour cela que c'est un auteur avec un grand A. Les auteurs sont généralement travaillés par des obsessions et des problématiques fortes, une façon de voir le monde qu'on retrouve dans la plupart de leurs productions, ce qui donne une cohérence et une identité à l'oeuvre. Ils ne font pas tout et n'importe quoi. Certains font et refont le même film, écrivent et réécrivent le même livre...
Mais alors William Attia, est ce un grand auteur ? Oui il a réalisé Caylus, jeu gérérant un très fort courant ludique du coté joueur comme créateur... Sauf que heu... il n'a réalisé que trois jeux... donc ce n'est pas un auteur.
Ha...
Mais alors Baudelaire n'est pas un grand auteur, il n'a ecrit que les fleurs du mal...
Une relexion me vient aussi du coup coté cinéma : Selon ta définition on pourrait dire que Woody Allen est un grand Auteur, car il fouille et refouille la problématique du juif new-yorkay névrosé... alors que Stanley Kubrick n'a fait que très peu de film et chacun parle d'un sujet différent donc il part dans tous les sens... et par conséquent n'est pas un Auteur... hum hum...
Pour ma part, je ne pense pas qu’il existe une période de grâce dans la création. Je ne parle pas du jeu (car je ne possède pas autant de jeux pour être capable de suivre un auteur à part peut-être Petersen) mais de la création en général. Et comme j’aime bien la comparaison qui a été faite avec des films, un réalisateur peut faire un très bon film et se chier complètement après. C’est d’ailleurs pour cela que le jeu est de la création et pas de la manufacture. Il n’y a pas de recette. Et puis, je pense qu’un bon dialogue entre l’auteur et l’éditeur peut faire beaucoup.
Après, il est certain qu’un auteur peut mûrir en bien et produire bons jeux sur bons jeux. Mais à mon avis, ce n’est pas lié à un quelconque état de grâce. D’ailleurs, comme pour tous les autres domaines de la création, c’est 5 % d’inspiration et 95 % de travail.
MOz dit: C'est justement pour cela que c'est un auteur avec un grand A. Les auteurs sont généralement travaillés par des obsessions et des problématiques fortes, une façon de voir le monde qu'on retrouve dans la plupart de leurs productions, ce qui donne une cohérence et une identité à l'oeuvre. Ils ne font pas tout et n'importe quoi. Certains font et refont le même film, écrivent et réécrivent le même livre...
Ouh là. Tu vas un peu loin. Autant un cinéaste ou un auteur littéraire peut donner une vision du monde, autant un auteur de jeu donne sa vision du jeu. A mon sens, si un auteur de jeu est assailli par ses obsessions, il ne faut pas qu'il écrive un jeu. Il faut qu'il aille voir un psy !