C'est à la mode, donc voilà : j'ai eu mon DFE de piano. C'est un peu une revanche pour moi, un peu déçu du conservatoire (un jury qui avaient probablement gagné un stock de manches à balai à une loterie m'avait refusé le passage en troisième cycle il y a 7 ans en me mettant 14,5 à un examen alors que la barre était à 15). J'ai poursuivi pour mon plus grand bonheur en école de musique :p. L'exigence n'est pas la même (là où on me refuse un troisième cycle en conservatoire, j'accède volontiers au DFE en école), mais du coup, le plaisir est revenu.
Voilà, voilà.
Sinon, si y en a qui sont passés par une thèse, ils peuvent me remonter le moral pour l'après-thèse ? Quand on doit commencer à partir un an à l'autre bout du monde en post-doc alors qu'on commence sérieusement à penser à fonder une famille, quand chaque année de précarité la plus complète on est pendu au bon vouloir de jurys qui doivent décider si tu es digne de devenir MCF (ou même ATER !) sur foi de dix minutes d'audition ? Où on a la larme à l'oeil quand on voit les camarades de promotion bosser en CDI pour plus de 30k€/an depuis plus de deux ans, se marient, ont leurs premiers gosses, achètent leur maison...
Mouais... pas toujours gai tout ça....
D'un autre côté, toi tu as le temps de jouer du piano !
scand1sk dit:Quand on doit commencer à partir un an à l'autre bout du monde en post-doc alors qu'on commence sérieusement à penser à fonder une famille, quand chaque année de précarité la plus complète on est pendu au bon vouloir de jurys qui doivent décider si tu es digne de devenir MCF (ou même ATER !) sur foi de dix minutes d'audition ? Où on a la larme à l'oeil quand on voit les camarades de promotion bosser en CDI pour plus de 30k€/an depuis plus de deux ans, se marient, ont leurs premiers gosses, achètent leur maison...
Les débuts, c'est souvent un peu difficile. Surtout quand on doit partir, au début sans l'embryon de famille que l'on voulait fonder, etc. Tu partirais où ? En même temps c'est une occasion énorme d'enrichissement que tes potes déjà casés ne connaîtront probablement pas - et ils ne savent pas ce qu'ils loupent. Pour les thésards c'est un peu long; ce n'est pas ma situation, mais un pote brillant (publié, édité, etc.) a attendu cinq ans avant son poste de MCF. C'est quoi ta spécialité ?
Je comprend pas tout (DFE, MCF, ATER), je suppose que DFE c'est diplome de fin d'études (merci google), MCF maître de conf, ATER ???
Tu as une thèse en quel domaine ?
Blue dit:Je comprend pas tout (DFE, MCF, ATER), je suppose que DFE c'est diplome de fin d'études (merci google), MCF maître de conf, ATER ???
assistant d'enseignement et de recherche, bref prof de fac à plein temps pendant 1 an, en étant sensé faire en plus de la recherche. Le truc pour lequel je ne postule pas, mais que du coup je risque soit de pas avoir fini de rédiger au moment ou je serais embauché par une boite, soit d'avoir quelques mois de chômage pendant lequel je finirais ma thèse au lieu de chercher un emploi...
euh sinon scandisk je peut pas d'aider, je suis en train de finir et je me refuse à faire ater/postdoc en trimballant femme et enfants, donc je cherche un boulot dans le privé...
Je fais une thèse en informatique (programmation par contraintes). Il y a quelques avantages au secteur : il y a des postes de MCF tous les ans, et il est relativement facile de retourner dans le privé après. Là j'en suis à deux publications en "grosses" conférences internationales, deux dans des groupes de travail internationaux, une dans une revue scientifique spécialisée et deux en conférence nationale (dont une qui consistait en une traduction en français d'un article paru ailleurs)... Je pense que c'est vendable, mais la concurrence est plutôt rude (j'ai plusieurs collègues thésards qui ont fait au moins aussi bien en moins de temps, et on risque de postuler à des postes de MCF à trois en même temps).
Pour le post-doc, a priori je ne partirais pas au bout du monde : destination Cork, en Irlande. Ça signifie que je pourrai retourner régulièrement en France ou recevoir ma dulcinée, notamment quand elle sera en vacances (elle est instit). Et j'ai la "chance" d'avoir un poste d'ATER pour finir ma thèse dans mon laboratoire de recherche.
ATER = Attaché Temporaire à l'Enseignement et à la Recherche.
192 heures Equivalent TD à faire comme enseignement dans l'année, et de la Recherche à faire dans la Labo dans lequel tu es affilié.
C'est souvent utilisé pour le Doctorant comme moyen de financement pour finir sa Thèse, et ça permet à l'Université d'assurer les cours que personne ne veut faire. Je caricature, mais c'est souvent ça.
On demande souvent des "demi-postes" : 96h ETD à faire, pour un salaire qui passe environ de 1700 Euros net à 1100 Euros net. Par ailleurs, ça permet de satisfaire 2 Doctorants au lieu d'un seul.
Pour l'après-thèse, ben... Je suis en plein dedans, et c'est assez galère. J'ai soutenu en Octobre, et j'ai réussi à trouver un Post-Doc dans mon labo qui a commencé au mois de Février. Un an, renouvelable un an. Après ça, ça se complique. Si un poste de Maitre de Conf se crée dans mon domaine, je saute dessus. Sinon, et si un poste d'Ingénieur se crée dans la continuité de Post-Doc actuel, je prends aussi. Si rien de tout ça, il me faudra activer mes pistes au Japon...
Certes, c'est enrichissant, connaître une autre culture, toussa toussa, m'enfin pour fonder une famille dans ces conditions, tintin. Z'allez me dire que je suis célibataire, m'enfin justement, trouver une chérie en France quand on sait qu'on peut potentiellement partir au Japon 1 an et demi après, ça aide pas.
Je t'en reparle dans 2 ans
Y'a des réformes à faire dans tout ça, la lecture de vos messages le prouve !!
Bonjour,
Les réformes envisagées n'ont pas l'air de vouloir aller dans le bon sens :
Communiqué de presse du SNCS FSU dit:Selon des fuites, d'origine ministérielle de haut niveau, le gouvernement aurait décidé de transférer la totalité des chercheurs du CNRS vers les universités. Cette mesure revient à décapiter le CNRS qui deviendrait, comme l'a annoncé Sarkozy dans son programme, une agence de moyens sans personnel chercheur.
C'est un coup bas donné à la recherche française dont une grande partie s'est, depuis 60 ans, structurée et développée autour de cet établissement largement reconnu au niveau national et international.
Le SNCS ne laissera pas le gouvernement détruire les organismes de recherche.
Dès maintenant, le SNCS alerte les personnels de la recherche et des universités. Il demande, de toute urgence, aux autres syndicats de réunir l'intersyndicale de la recherche et de l'enseignement supérieur pour envisager les actions à mener.
Le SNCS appelle tous les personnels à alerter la population et tous les élus de la nation.
Meudon, le 21 juin, 18 heures
Effectivement ce ne sont que des bruits de couloir, mais...
Cordialement,
Seb42 doctorant en math fonda (donc peu chance de se reconvertir dans le privé) qui fonce droit dans le mur
Expérience de quelqu'un qui a abandonné ne thèse:
Les raisons qui ont fait que j'ai abandonné ma thèse sont multiples et variées, et comme à priori l'inquiètude pour l'avenir (professionnel) en est une, je te livre mes pensées sur le sujet.
Avoir un poste de maitre de conférence relève de la loterie. Mais il se trouve que si on insiste, il parait qu'on finit par trouver un poste. Il parait, parceque j'en connais qui ont du s'expatrier pour trouver. Ce qui est dangereux (à mon sens), c'est de se dire qu'on veut un poste de MCF ou rien ...
Dans mon entourage, tous ceux qui ont fait une thèse ont fini par trouver du travail, après avoir enchainé les CDDs (ou presuqe ...).
Soit ils ont la chance (oui parcequ'on peut en dire ce qu'on veut, cela relève relativement de la chance : le bon post qui colle au profil proposé au bon moment, le bon mot glissé à l'oreille de la bonne personne, le fait que ça colle aprticulèrement entre le(s) recruteur (e.g. les profs du labo) et le candidate, bref, des choses qui ne relèvent pas forcément de la compétence sientifique, ou de la qualité de la candidature. Mais à force d'essayer, je pense qu'il y'a moyen de provoquer la chance. Exemple, une bonne amie à moi qui a trainé de CDD en CDD, et qui, à force d'essayer, vient de finir (2 ans après la fin de sa thèse) par avoir une poste de MCF, alors qu'elle n'y croyait pas une seule seconde.
Ah oui, parceque je pense que beaucoup comme moi finissent par plus y croire (sentiment "logique" quand on essaye de faire de la recherche en France).
Sinon, il y'a tojour la soltion de partir dans le privé comme je l'ai fait.
Mon avis est qu'il faut essayer le plus possible (généralement jusqu'au moment ou on crauqe) mais qu' il y'a un moment ou il faut savoir ne pas faire de l'acharnement thérapeutique, parceque malheureusement, le rêve de l'enseignement et de la recherche peut ne pas se réaliser.
Je te rassure, je ne compte pas insister énormément. En fait, la question, c'est même de savoir si j'insiste un peu ou pas du tout.
En gros : je compte finir (soutenir) ma thèse en novembre. J'ai obtenu un poste d'ATER complet (soit un peu plus de 24k€ brut/an). Je vais bien entendu soumettre un dossier de qualification MCF en décembre, et postuler à des concours de MCF, ou éventuellement IGR, chercheur CNRS/INRIA au printemps prochain (je rappelle à ceux qui ne sont pas du milieu que ça consiste à sillonner la France - voire les pays limitrophes comme la Belgique - à mes frais pour passer des auditions qui ressemblent à une grosse loterie). Normalement, je peux maximiser mes chances en partant en Postdoc, par exemple en Irlande où j'ai bon espoir d'obtenir quelque chose.
Le souci, c'est que pour des raisons familiales, je n'ai absolument pas envie de m'éterniser en Irlande où ma chère et tendre ne pourra pas me suivre (un an, c'est long, surtout pour un couple...) D'autre part, j'ai assez peu envie de me retrouver dans le sud de la France ou en Bretagne définitivement (surtout pour elle, qui est très louve...) si jamais je trouve un poste par là bas (si je trouve en région parisienne, je peux envisager de prendre le TGV tous les jours, c'est pas forcément plus long qu'un bon TER ou RER de banlieue).
Je résume la question : est-ce une bonne idée de tenter les concours deux ans, ou est-ce que je jette l'éponge au bout d'un an (sachant que si je tente la deuxième année, je risque de passer longtemps en Irlande loin de ma dulcinée) ? Je sais que si je postule dans le privé, j'ai 99% de chances d'être pris (j'ai un diplôme d'ingénieur, une forte expertise en développement, des expériences professionnelles, des compétences d'autonomie et d'autoformation à vendre, et je pense "bien passer" en entretien). Et quand je vois des collègues informaticiens confortablement casés avec un salaire qui dépasse les 30k€, je me pose forcément des questions.
Philippe dit:Y'a des réformes à faire dans tout ça, la lecture de vos messages le prouve !!
C'est sûr, mais ça me paraît loin d'être facile. La solution la plus "simple" serait d'assurer un poste au thésards en fin de thèse, voire de recruter directement les MCF et autres chercheurs à Bac +5. J'ai bien peur que cette solution n'ait aussi de mauvais côtés, notamment celui de coûter nettement plus cher que la solution actuelle (qui confine parfois à l'exploitation, il faut bien le dire), mais peut être pour une qualité meilleure (notamment, une meilleure sélection à l'entrée et plus de candidats)...
shingouz dit:D'un autre côté, toi tu as le temps de jouer du piano !
Disons que j'ai réussi à avoir le DFE en question en bossant le morceau trois heures par semaine pendant cinq semaines. Ceci dit, vu mon parcours un peu erratique, je pense que mon niveau technique était un peu au dessus de ce qui était demandé pour cette épreuve.
Hier, j'ai assisté à un concert à Arras : "quatre jeunes prodiges de l'école de piano russe". Le plus jeune avait six ans, il avait le niveau de quand j'en avais douze (j'ai commencé le piano à huit ans). La seconde avait neuf ans, elle a mon niveau actuel. Le suivant avait treize ans, il m'a complètement bluffé : il a le niveau des meilleurs concertistes. Le dernier, de 17 ans, était presque décevant, à côté (en fait, il jouait à peine mieux que celui de 13 ans, du coup c'était moins impressionnant). À côté de ça, on se sent tout petit...
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 983,0.html
bon courage (j'ai donné cette année, j'atteste)
scand1sk dit:J'ai obtenu un poste d'ATER complet (soit un peu plus de 24k€ brut/an).Tiens, poum, une des raisons qui m'ont fait abandonner la thèse, comme ça.
Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi le fait de faire trois ans d'études de plus diminue le salaire ? Y'a comme un petit quelque chose qui me titille de que je sens que c'est pas trop normal, là.
Keiyan, Bac + 5, embauché à 32 k€ (à l'époque, cad y'a 5-6 ans)
Keiyan dit:Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi le fait de faire trois ans d'études de plus diminue le salaire ? Y'a comme un petit quelque chose qui me titille de que je sens que c'est pas trop normal, là.
Parce qu'il y a une différence entre la théorie et la pratique
@ Scand1sk:
Je suis en thèse (de droit) et en Allemagne pour ça, donc loin de chez moi le plus souvent, et surtout... loin de mon piano deux-trois semaines par mois ! Alors, petit veinard, estime-toi heureux de pouvoir encore jouer de temps en temps...
Dans tous les cas, félicitations pour ton DFE de piano !
L'après-thèse ? Je n'y pense même pas, cela me paraît encore surréaliste...
Keiyan dit:Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi le fait de faire trois ans d'études de plus diminue le salaire ? Y'a comme un petit quelque chose qui me titille de que je sens que c'est pas trop normal, là.
Keiyan, Bac + 5, embauché à 32 k€ (à l'époque, cad y'a 5-6 ans)
Disons tout d'abord que je ne vois pas la thèse comme des années d'études, mais comme une expérience professionnelle. En ce qui concerne le salaire, c'est un peu un choix de vie en ce qui me concerne, mais j'avoue le remettre en question, mais plus à cause de la précarité de ma situation que du salaire. La pression que je ressens en tant que thésard, surtout la dernière année où il faut enchaîner les publications (j'ai envoyé depuis mars cette année huit articles à quatre conférences et une revue, représentant chacun plusieurs semaines de rédaction, sans compter les travaux préparatoires qui remontent à plus de deux ans) et les déplacements, est tout simplement énorme, et le tout sans savoir à aucun moment si ces travaux seront "récompensés" d'un poste de MCF ou non. Je n'ai d'ailleurs aucun moyen d'évaluer la qualité de mon travail, si ce n'est enquêter sur les résultats de mes collègues. À chaque fois que j'entends un voisin de bureau parler de campagne d'expérimentations, de correction à droite à gauche... Et je ne peux que sentir mes tripes se serrer à l'idée que peut être lui, aura eu l'idée publiable qui fera la différence lors des campagnes de recrutement. Ou quand je passe devant le bureau du professeur Y, en pleine activité devant le tableau blanc avec le thésard X et le docteur Z, peut être que X est mieux vu par Y et Z, qui sauront mieux le placer...
À noter que paradoxalement, cette "pression" des articles me semble à long terme contre-productive... Impossible de lancer des choses à long terme quand il faut avoir de la matière publiable en temps voulu... Tout se joue donc à la "petite idée" (généralement un gros coup de chance) qui va aller améliorer marginalement un concept qui remonte aux années 70 (je parle bien sûr de mon domaine de recherche) et supplanter les améliorations des autres des cinq années précédentes... Le tout enrobé d'un pataquès théorique plus ou moins utile qui va surtout servir à bien paraître lors des relectures...
Bonjour,
Keiyan dit:Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi le fait de faire trois ans d'études de plus diminue le salaire ?
Une tentative d'ébauche de réponse : le titre de docteur n'est pas assez reconnu en France. Je ne dis pas que la thèse devrait être considérée comme la crème de la crème en matière d'expérience, mais un doctorat développe certaines qualités que d'autres formations n'apporteront pas.
Beaucoup d'entrepreneurs n'ont pas conscience de ce fait et tombent facilement dans le raccourci : "doctorat = fin de cycle universitaire = fac = glandage sur les bancs d'amphi + formation intensive de tarot". Les facultés françaises ont un gros souci de communication et n'arrivent pas revaloriser leur image, ce qui dessert considérablement les doctorants. Je connais de multiples exemples où certaines boîtes ont préféré embaucher un ingénieur sur un poste de recherche. Pour moi, c'est une hérésie.
On est très loin du prestige des Ph.D ango-saxon, pour une formation sensiblement équivalente.
Cela dit, il ne faut pas oublier qu'une thèse est avant tout une formation, en aucun cas elle n'assure un poste à la sortie. C'est la grosse couleuvre à avaler.
Actuellement, une thèse est avant tout un investissement personnel dans un sujet qui nous passionne. On ne peut pas être trop regardant sur l'avenir sous peine de perdre complètement espoir. Personnellement, ça fait bien longtemps que j'ai oublié l'aspect financier (sinon je n'aurais pas continué dans les maths) et je n'ai pas le choix aujourd'hui d'accepter à bientôt 30 ans de ne ne pas avoir de situation stable (financièrement et sédentairement), ni de pouvoir fonder une famille (j'envie des personnes comme scand1sk qui ont la volonté de concilier les deux). Malgré cela j'ai la chance de pouvoir contribuer à la recherche mathématique, et ça me suffit pour me sortir du lit tous les matins.
Cependant, je comprends qu'on puisse facilement se décourager. Dès lors qu'on se pose la question quotée plus haut, il devient dangereux de continuer une thèse (AMHA). Et c'est un gros problème : on ne peut à la fois entreprendre un doctorat et être à même de réfléchir à ce genre de question qui mériterait pourtant qu'on s'y arrête.
Cordialement,
Seb42 désabusé mais passionné