Bonnie and Clyde : produire en France est possible

[Bonnie & Clyde Love and Death]

Bonnie and Clyde est un jeu actuellement en financement participatif. Le jeu a attiré mon attention car l’éditeur démontre que l’on peut sortir une boite à 24 euros en France. Ce n’est pas un monster game mais un jeu avec des petits plateaux, une centaine de cartes, 25 jetons en bois et 5 tuiles.



Tric Trac
Je sais que je ne suis pas dans la bonne section (KS) mais mon propos est plus de parler de la production en France que du jeu lui-même (que je ne connais pas).

Un certain nombre d’éditeurs de wargame hexagonaux produisent également en France, ou a minima en Europe, pour des prix largement concurrentiels par rapport aux jeux US (qui commencent par ailleurs à être vraiment chers). J’avoue que le lieu de production commence à rentrer de plus en plus en compte dans ma décision d’achat.

Uphir dit :Un certain nombre d'éditeurs de wargame hexagonaux produisent également en France, ou a minima en Europe, pour des prix largement concurrentiels par rapport aux jeux US (qui commencent par ailleurs à être vraiment chers). J'avoue que le lieu de production commence à rentrer de plus en plus en compte dans ma décision d'achat.

Le wargame « papier » est une édition « sobre » : plateau, cartes, pions en cartons, dés. Parfois des cubes en bois.

Mais produire, ou plutôt surproduire, un jeu de société avec plein de trucs sur mesure, pions spécifiques en plastiques, figurines, thermoformage sur mesure… sans passer par l’Asie me semble difficile aujourd’hui non ? Nous n’avons plus, ni en Europe ni en Amérique du Nord, les industriels qui savent faire.

Un autre truc tout bête, le remplissage des boîtes : un plateau, une planche de pion no 1, une planche de pions no 2, 25 meeples de chacune des 5 couleurs, etc… est (était) une opération principalement manuelle… 
Quand des jeux étaient fabriqués en France, je parle des années 80 90, c’était, entre autre, fait dans des ateliers de prisonniers pour baisser les coûts !

Cela rend d’autant plus remarquable l’initiative ci dessus. 

Personnelement, je préfère un jeu moins sur produit, sans plastique, fabriqué pas loin, qu’un truc avec des « jetons myrtille en plastique ks exclusive qu’on retrouvera quand même dans le retail ». 

Il commence à m’arriver de me dire « tiens, intéressant ce jeu… » puis « non mais … tout ce plastique inutile … zut et tant pis. .. je vais attendre pour savoir si c’est vraiment exceptionnel. » 
Jusqu’à présent ce n’est jamais exceptionnel, je pense qu’en 2021, 2022 j’ai divisé ma « consommation » par 2, en grande partie comme ça.

Oui…

Sans doute un début de solution raisonnable serait de réduire drastiquement voire de se passer des figurines en plastique et autres babioles dont l’intérêt est plus cosmétique que ludique.

Bien sur, cette orientation vers plus de sobriété peut ralentir voire avoir un effet négatif sur l’engouement d’un grand public nourri à la surconsommation.

Merci XaVo pour l’information, je vais soutenir ce projet même si j’avoue ne pas trop savoir où m’embarque ce jeu.

Pour le savoir faire… disons que ce sont surtout les machines qui manquent et parfois aussi, ça arrive, l’emploi de ces machines quand elles sont présentes à d’autres catégories de produits.

Et pendant ce temps-là : Et si on ajoutait des figurines à un jeu qui n’en a absolument pas besoin ?

Liopotame dit :Et pendant ce temps-là : Et si on ajoutait des figurines à un jeu qui n'en a absolument pas besoin ?

C’est un appeau a mister goodies ?

Revenons au KS.

Le thème me plaît, le gameplay me fait vaguement penser à Hit’z en road. J’en suis.

J’en suis aussi. Pour un cumul de raisons :
- le jeu : le thème est très accrocheur; après l’annulation de la première campagne, et prenant en compte les avis, yeast games a fourni un gros travail pour proposer une version beaucoup plus punchy, sexy et aboutie de leur jeu.
j’ai regardé les vidéos de parties, ça fait vraiment envie : c’est vachement thématique, c’est tendu. On sent bien qu’ils sont partis du thème pour construire le gameplay. 
- la démarche : yeast games a choisi une démarche raisonnée sans faire de concessions à l’intérêt ludique de leur jeu.
La production : locale.
L’assemblage : en interne.
Le matériel : pas de superflu bling bling.
La boîte  : adaptée au nécessaire, pas de grosse boîte pleine de vide pour justifier artificiellement un prix.
L’expédition : de la remise en mains propres si possible, du Mondial Relay plutôt que de l’envoi à domicile. 
Le prix : accessible 

Alors, est ce que ce type de démarche n’est accessible qu’aux petites structures à faible diffusion ?

Je m’interroge aussi sur la course à l’échalote actuelle du marché du jeu.
il y a de plus en plus de sorties, à un rythme de plus en plus rapide. 
l’argument d’une production exotique, c’est quasiment toujours : pour satisfaire au goût/aux attentes du public, on ne trouve pas ça en local
l’argument du superflu : il faut qu’on se démarque des autres.
l’argument de la grosse boîte : il faut qu’on reste en cohérence avec le prix psychologique, une grosse boîte c’est 40/50€, une petite, c’est 20/25€.
bref, on dirait que les choix sont dictés par le public, le/la cliente, nous, quoi.
alors, qui doit changer en premier ? Les jeux ou les ludistes ? 
c’est toujours le même pb avec le commerce : on crée des besoins imaginaires pour vendre plus, alors qu’il suffirait qu’on n’achète pas pour que ça ne se vende pas.
edit : quand on voit des projets en millions de $ financés en 24h, surproduits, et l’engouement qu’ils suscitent, y compris dans les cercles ludiques français, je me dis qu’on n’est pas sorti du sable.
exemple : Castles of Burgundy, excellent jeu de S.Feld. Qui existe en version carton tout à fait satisfaisante pour jouer, trouvable d’occaze sans pb pour 20€.
on est bientôt au pledge manager d’une campagne de réédition qui a levé €2,938,758 et qui propose une version «deluxe» avec wash sur figs, playmat et jetons en acrylique pour 163€ avec les frais de port. Ça frétille encore sur les forums, les sommes levées augmenteront encore, sans parler de sa diffusion en boutique ultérieurement. 

c’est la dernière raison pour laquelle j’aime ce projet : il nous permet de faire le choix.
d’ailleurs, l’early bird est encore dispo jusqu’à ce soir 


Vert, rose, noir, bleu, ou déguisement d’'“objet culturel”, pour moi c’est surtout du marketing. Un peu comme de la viande sans souffrance animale. Cela reste de la production et de la consommation, donc fondamentalement de la destruction de ressources et de la production de déchets. La question ne me semble pas la réduction de la consommation, ou la consommation intelligente et raisonnée, mais l’arrêt de la consommation et de la production. Un éditeur ou un joueur conscients pourraient se poser ces questions. Avons-nous vraiment besoin d’un autre jeu ? Envoyé depuis mon Iphone 18.

soze dit :Vert, rose, noir, bleu, ou déguisement d''"objet culturel", pour moi c'est surtout du marketing. Un peu comme de la viande sans souffrance animale. Cela reste de la production et de la consommation, donc fondamentalement de la destruction de ressources et de la production de déchets. La question ne me semble pas la réduction de la consommation, ou la consommation intelligente et raisonnée, mais l'arrêt de la consommation et de la production. Un éditeur ou un joueur conscients pourraient se poser ces questions. Avons-nous vraiment besoin d'un autre jeu ? Envoyé depuis mon Iphone 18.

Oui, c’est vrai qu’en poussant le raisonnement, je souscris tout à fait :
jouer, comme lire, ça me paraît un besoin essentiel. Pour autant, pour les livres, on a les bouquinistes, les boîtes à livres et les bibliothèques.
le dynamisme du marché de l’occasion sur le jeu, et le développement des assos et des ludothèques sont des signes encourageants. Et chacune et chacun peut prendre sa part, d’ailleurs agréable en plus d’être gratifiante et accessible, dans leur développement.
On n’est pas obligé de posséder un jeu pour en profiter. Et c’est, amha, le dernier pas à franchir pour que le jeu devienne réellement culturel et cesse d’être un objet.
 

J’aime beaucoup la démarche derrière de cet éditeur. Démarche que je qualifierai d’alternative dans la suite de ce post.
Je comprendrai sans soucis qu’on me mette dans la catégorie opposée: éditeur non responsable qui produit où il faut pour que ce soit moins cher, pour augmenter sa marge et qui bosse pour un grand méchant du marché. Je suis incapable de dire ici tout ce que j’ai à dire sur la question parce que je ne peux pas y passer des heures et que je n’exprime pas toujours mes raisonnements de façon claire et intelligible.

Nous vivons dans une société de rendement, de rentabilité. Ne pas vivre avec les règles de cette société est possible mais cela nous met face à des risques et angoisses difficiles à vivre pour nombre d’entre nous. La course à l’argent et au pouvoir n’est de ce fait pas le seul moteur dans le monde du jeu. De la même manière, la recherche d’une voie alternative est parfois aussi une manière contestataire de se mettre en avant plutôt que de défendre une cause plus noble (ne pas sursauter, j’ai dis parfois, donc peut-être presque jamais et je ne vise absolument pas le projet dont il est question ici). Cela peut aussi être accompagné de comportements inadaptés envers les autres (ici, ej en ferai pas plus de commentaires).

J’ai plusieurs questions/réponses (mon expérience):

1/ Avec cette démarche, est-il possible de dégager, aujourd’hui, un salaire “décent*”?

>> J’étais indépendant chez Pearl Games de 2010 à 2014 (période Troyes/Tournay/Ginkgopolis et un autre jeu) et j’ai produit ces 4 jeux en Allemagne. La période Troyes a été très correcte. La situation a ensuite lentement déclinée de manière assez inquiétante. Je m’en sortais grâce à des partenariats solides acquis grâce à Troyes. La période était différente: moins de sorties, moins de bling bling… Mais le salaire que je dégageais, par rapport à celui que je gagnais en tant qu’ingénieur, était presque de moitié. Maintenant après 12 ans, je n’ai pas encore rattrapé mon salaire d’ingénieur de l’époque (qui aurait probablement presque coulé) mais je suis heureux au travail.

2/ La production locale est-elle un objectif réalisable?

>> Oui. Je ne tiendrai pas compte du bling bling de projets hallucinants évoqués ci-dessus. Je les condamne à 100%. J’essaie de toujours optimiser le matériel par soucis écologique et de prix minimum (j’aime l’idée utopiste qu’un jeu soit accessible au plus grand nombre).
>> Qu’est-ce qu’une production localisée? Une fabrication au plus proche du pays de consommation. Produire en Europe (sorry, j’ai du mal avec le made in Belgium. Produire de l’autre coté de la frontière, au Pays-bas, en France ou en Allemagne, revient au même pour moi). Produire en Europe n’a pas beaucoup de sens si c’est pour envoyer les jeux en Asie (on vend de plus en plus là-bas). Pour moi, l’objectif est de fabriquer chaque jeu dans le continent (à minima) où il sera vendu.
>> La qualité de production doit correspondre à un minimum de critères (sécurité, durabilité, plaisir visuel…). Il y’a quelques années, la Chine ne répondait absolument pas à ces critères. Elle a appris et propose de très bonnes choses (il m’était impossible de travailler avec eux à l’époque de Troyes). Actuellement, la qualité de production en Europe, en dehors de quelques usines très spécialisée n’est pas toujours à la hauteur, surtout pour de grandes séries. Les démarches alternatives sont excellentes et nécessaires pour créer de nouveaux centres de productions qui doivent “apprendre” le métier.
>> Un piège se met bien souvent à travers notre route: de plus en plus d’éléments de jeu ne viennent pas du pays de production. Et parfois, cela peut même se faire à l’insu de l’éditeur.
>> Qu’en est-il des conditions de travail des ouvriers?  Je fais ce que je peux faire: visiter les sites de production et m’assurer que tout s’y passe le mieux possible. J’ai la chance de pouvoir compter sur mes collègues spécialisés pour le faire (travailler pour un grand groupe a beaucoup d’autres avantages de ce type). Je peux aussi m’assurer que les produits soient totalement dans les normes, là aussi, je profite de mes collègues: cela participe grandement aux conditions de travail. Leur salaire? Je ne peux pas être précis sur ce point. Les ouvriers sont payés aux normes en vigueur dans leur pays. Les normes ont progressé assez nettement en Chine, ce qui est plutôt un excellente nouvelle. La nouvelle dramatique serait que la production passe dans d’autres pays où les normes sont plus basses. Il faut que tous les citoyens du monde gagne décemment leur vie. Devons-nous participer à augmenter ces normes dans d’autres pays pauvre? Evidemment que non. Comment faire? Je ne sais pas du tout… (ce problème est le plus gros de notre société moderne, il n’y aura jamais de solution viable de mon point de vue, si les choses ne changent pas de manière drastique et si nous n’acceptons pas, notamment, de revoir notre niveau de vie à la baisse).

3/ Est-il possible de proposer des jeux intéressants avec cette démarche alternative?

>> Développer des jeux demandent beaucoup de temps. Je ne dis pas que c’est nécessaire pour faire des jeux intéressants mais c’est globalement une réalité. En outre, il me semble nécessaire que tous les maillons de la chaîne soient payés à sa juste valeur (l’auteur, l’illustrateur, le graphiste, l’éditeur sans oublier les ouvriers qui produisent, voir plus loin). Cela a un véritable coût, évidemment, on ne parle pas que de matériel.
>> Personnellement, je crée et développe. Ca ne change rien en terme de coût quoi que je sois maintenant incapable de tout faire en 1 an comme à mes débuts.

Je m’arrête pour aujourd’hui. merci de m’avoir lu et bonne chance à cet éditeur. Sinon, content de relire Kounyenum, d’autant plus que ce qu’elle dit me parle beaucoup.

* Gouvernement belge:“En 2021, 12,7% de la population en Belgique était considérée comme à risque de pauvreté monétaire (AROP). Il s’agit des personnes vivant dans un ménage dont le revenu total disponible est inférieur au seuil de pauvreté, qui s’élève à 1.293 euros par mois”

EDIT: quelques corrections et précisions

J’ajouterai un point important, les professionnels auront toujours un gros désavantage par rapport aux amateurs (au sens, je gagne ma vie ou pas avec les jeux) voire même, avec les pros qui prennent des risques inconsidérés. Mais c’est la même chose dans tous les secteurs.

Très intéressant ce que tu dis Seb. Et bon retour chez toi, Kouyne. Ca me fait plaisir de te lire à nouveau.

Merci sebduj 

Je pense que quand on parle de jeu « sur-produit », on ne parle pas vraiment des tiens.

La production proche du consommateur d’un objet, comme un jeu, « mondialisé » est pour l’instant impossible à mettre en œuvre de façon rentable. 
Produire « là où on en vend le plus » me semble un rêve moins inaccessible. 

Mais il y a une barrière que nous oublions, nous, les consommateurs. Certes, le prix du transport gonfle les prix des produits quand ils arrivent chez nous. Mais il le fait moins que si les produits  étaient fabriqués dans un pays où le smic est 1678 euros plutôt que dans un pays où il est à 250 et qui offre un savoir faire et des infrastructures équivalentes voire supérieures.


bref, la question :

Sommes nous prêt à acheter des produits au prix qui permet à tout les acteurs du circuit de vivre comme nous ?
Faire cela rien que pour les fringues et la nourriture est un acte militant ! 

L’exemple de Bonnye and Clyde est intéressant, mais en effet, l’éditeur va t il gagner sa vie sur le produit ? Personnellement je n’en sais rien. Et si la réponse est non, à combien devrait il vendre son produit pour en vivre ?

Gabriel Ombre dit :Oui...

Sans doute un début de solution raisonnable serait de réduire drastiquement voire de se passer des figurines en plastique et autres babioles dont l'intérêt est plus cosmétique que ludique.

Bien sur, cette orientation vers plus de sobriété peut ralentir voire avoir un effet négatif sur l'engouement d'un grand public nourri à la surconsommation.

Merci XaVo pour l'information, je vais soutenir ce projet même si j'avoue ne pas trop savoir où m'embarque ce jeu.

Pour le savoir faire... disons que ce sont surtout les machines qui manquent et parfois aussi, ça arrive, l'emploi de ces machines quand elles sont présentes à d'autres catégories de produits.

Si tu veux vraiment avoir une démarche "écologique" dans l'achat des jeux, c'est de n'acheter que les jeux dont tu as vraiment envie, sur lesquels tu t'es bien renseigné, qui sont sûr à 99 % de te plaire, ... Ce n'est pas parce que le jeu est fabriqué en France, limite près de chez toi, qu'il n'a pas d'impact environnemental.

 

Je pense, Ymokal, que le véritable enjeu n’est pas réellement écologique, qu’elle que soit la définition personnelle, vertueuse ou moqueuse, que l’ont peut donner à ce terme.

Beaucoup de choses très intelligentes ont été écrites par les intervenants ci-dessus.

Je synthétise pour ma part une nécessité d’un équilibre entre des paramètres qui passent souvent, volontairement ou non, sous le radar, et qui rendent la recherche de solutions à des problèmes de société bien plus complexe que les quelques lignes qu’on peut laborieusement laisser ici.

Et donc, pour raccourcir un débat qui ne me semble pas avoir grand intérêt sur ma démarche, je soutiens ce projet, pour l’encourager, certainement plus par militantisme. Et si le jeu en plus en vaut la peine sur le plan ludique, j’aurai encore plus de raisons de m’y investir.

Pourquoi compliquer les choses et chercher la polémique là où il n’y en a pas. Laissons cela à une certaine catégorie de journalistes qui ont peu de scrupules dans le respect de leur déontologie.

Enfin, me prendre pour un inconscient ou un grand benêt nourri d’idéaux utopiques, c’est assez mal comprendre ce que j’écris. Mais c’est certainement de ma faute et je vous prie de m’en excuser.

Gabriel Ombre dit
Pourquoi compliquer les choses et chercher la polémique là où il n'y en a pas. Laissons cela à une certaine catégorie de journalistes qui ont peu de scrupules dans le respect de leur déontologie.

Enfin, me prendre pour un inconscient ou un grand benêt nourri d'idéaux utopiques, c'est assez mal comprendre ce que j'écris. Mais c'est certainement de ma faute et je vous prie de m'en excuser.
 

Je ne cherche nullement à créer une quelconque polémique ou à compliquer les choses .

Et je lis avec attention tes posts. Je ne te considère, à travers ce que tu écris, ni comme un inconscient ni comme un benêt nourri d'idéaux utopiques.

En fait, c'est juste que tu m'as "tendu la perche" pour dire, de manière simple et un peu cavalière "eh les mecs, c'est pas parce que c'est produit en France que ça pollue pas et qu'on peut encore faire grossir les piles de la honte, hein !" cheeky

Si le jeu, après renseignements pris à droite ou à gauche, a de fortes chances de me plaire, ok, pas de souci pour participer à ce financement participatif. Mais à travers certains messages, ou alors je les comprends de travers, j'ai la sensation que parce que c'est produit près de chez nous, "faut y aller plein pot et soutenir à tout va" (quitte à ce que le jeu, une fois réceptionné et ouvert pour regarder le matériel comme on dit, dorme plusieurs années sur une étagère sans y bouger ... Comme beaucoup de ks chez beaucoup de joueurs d'après ce que je peux lire ici et là ...).

 

Mais à travers certains messages, ou alors je les comprends de travers, j'ai la sensation que parce que c'est produit près de chez nous, "faut y aller plein pot et soutenir à tout va" 


ou alors, par exemple, je me suis mal exprimée.
des messages qui parlent du projet ici, ils se comptent sur les doigts d’une demi-main.
mon message il est celui-ci : 
de ce que j’ai vu, le jeu est très intéressant : le gameplay au service du thème, l’ergonomie, le format, l’ambiance, tout me plaît. Le travail fourni après l’échec de la première campagne est vraiment excellent et répond parfaitement aux critiques initialement faites. 

par ailleurs, oui, la démarche est plutôt rare et mérite d’être particulièrement mise en lumière. D’autant qu’elle est menée par une toute petite équipe qui a fort besoin d’être soutenue, sinon ça n’aboutira pas ou dans des conditions peu satisfaisantes.
j’avoue que j’ai rarement été motivée comme ça par un projet, alors oui, « faut y aller plein pot ».
Y aller plein pot et soutenir, ça peut être aussi relayer la com sur les réseaux, en parler autour de soi, commenter sur le projet, mettre un ou deux euros, on n’a pas toutes et tous les mêmes moyens, ni les mêmes envies.  

sebduj dit :[...]
>> La qualité de production doit correspondre à un minimum de critères (sécurité, durabilité, plaisir visuel...). Il y'a quelques années, la Chine ne répondait absolument pas à ces critères. Elle a appris et propose de très bonnes choses (il m'était impossible de travailler avec eux à l'époque de Troyes). Actuellement, la qualité de production en Europe, en dehors de quelques usines très spécialisée n'est pas toujours à la hauteur, surtout pour de grandes séries. Les démarches alternatives sont excellentes et nécessaires pour créer de nouveaux centres de productions qui doivent "apprendre" le métier.
>> Un piège se met bien souvent à travers notre route: de plus en plus d'éléments de jeu ne viennent pas du pays de production. Et parfois, cela peut même se faire à l'insu de l'éditeur.
>> Qu'en est-il des conditions de travail des ouvriers?  Je fais ce que je peux faire: visiter les sites de production et m'assurer que tout s'y passe le mieux possible. J'ai la chance de pouvoir compter sur mes collègues spécialisés pour le faire (travailler pour un grand groupe a beaucoup d'autres avantages de ce type). Je peux aussi m'assurer que les produits soient totalement dans les normes, là aussi, je profite de mes collègues: cela participe grandement aux conditions de travail. Leur salaire? Je ne peux pas être précis sur ce point. Les ouvriers sont payés aux normes en vigueur dans leur pays. Les normes ont progressé assez nettement en Chine, ce qui est plutôt un excellente nouvelle. La nouvelle dramatique serait que la production passe dans d'autres pays où les normes sont plus basses. Il faut que tous les citoyens du monde gagne décemment leur vie. Devons-nous participer à augmenter ces normes dans d'autres pays pauvre? Evidemment que non. Comment faire? Je ne sais pas du tout... (ce problème est le plus gros de notre société moderne, il n'y aura jamais de solution viable de mon point de vue, si les choses ne changent pas de manière drastique et si nous n'acceptons pas, notamment, de revoir notre niveau de vie à la baisse).
[...]

Le sujet est comme tu le montres complexe et je te suis sur la difficulté à trouver des solutions viables pour l'ensemble des acteurs, de l'opérateur sur la chaine de production au consommateur.
Je voudrai ajouter à l'équation deux points qui me semblent important
- visiter une usine si tu n'es pas formé pour cela ne permet pas d'identifier les risques pros : je le sais, c'est mon métier. Je peux d'ailleurs dire pour relativiser qu'en France, il existe de nombreux lieux où les conditions de travail ne sont pas ... au niveau (disons le ainsi).
- la Chine est une dictature. Ce pays agit contre son peuple à un niveau qualifié de "crimes contre l'humanité" par Amnesty International concernant les Ouigours. La répression contre l'ensemble des chinois est également vive. Pour moi, c'est une donnée importante : il ne s'agit pas simplement de travailler avec un pays éloigné, aux standards sociaux "réduits", mais aussi de travailler avec une dictature. Je comprends la difficulté de ce choix et il ne s'agit pas ici de faire la morale (j'écris par exemple sur un portable DELL, entreprise soupçonnée d'avoir bénéficié du travail en camp des Ouigours).

XavO dit :
sebduj dit :[...]
>> La qualité de production doit correspondre à un minimum de critères (sécurité, durabilité, plaisir visuel...). Il y'a quelques années, la Chine ne répondait absolument pas à ces critères. Elle a appris et propose de très bonnes choses (il m'était impossible de travailler avec eux à l'époque de Troyes). Actuellement, la qualité de production en Europe, en dehors de quelques usines très spécialisée n'est pas toujours à la hauteur, surtout pour de grandes séries. Les démarches alternatives sont excellentes et nécessaires pour créer de nouveaux centres de productions qui doivent "apprendre" le métier.
>> Un piège se met bien souvent à travers notre route: de plus en plus d'éléments de jeu ne viennent pas du pays de production. Et parfois, cela peut même se faire à l'insu de l'éditeur.
>> Qu'en est-il des conditions de travail des ouvriers?  Je fais ce que je peux faire: visiter les sites de production et m'assurer que tout s'y passe le mieux possible. J'ai la chance de pouvoir compter sur mes collègues spécialisés pour le faire (travailler pour un grand groupe a beaucoup d'autres avantages de ce type). Je peux aussi m'assurer que les produits soient totalement dans les normes, là aussi, je profite de mes collègues: cela participe grandement aux conditions de travail. Leur salaire? Je ne peux pas être précis sur ce point. Les ouvriers sont payés aux normes en vigueur dans leur pays. Les normes ont progressé assez nettement en Chine, ce qui est plutôt un excellente nouvelle. La nouvelle dramatique serait que la production passe dans d'autres pays où les normes sont plus basses. Il faut que tous les citoyens du monde gagne décemment leur vie. Devons-nous participer à augmenter ces normes dans d'autres pays pauvre? Evidemment que non. Comment faire? Je ne sais pas du tout... (ce problème est le plus gros de notre société moderne, il n'y aura jamais de solution viable de mon point de vue, si les choses ne changent pas de manière drastique et si nous n'acceptons pas, notamment, de revoir notre niveau de vie à la baisse).
[...]

Le sujet est comme tu le montres complexe et je te suis sur la difficulté à trouver des solutions viables pour l'ensemble des acteurs, de l'opérateur sur la chaine de production au consommateur.
Je voudrai ajouter à l'équation deux points qui me semblent important
- visiter une usine si tu n'es pas formé pour cela ne permet pas d'identifier les risques pros : je le sais, c'est mon métier. Je peux d'ailleurs dire pour relativiser qu'en France, il existe de nombreux lieux où les conditions de travail ne sont pas ... au niveau (disons le ainsi).
- la Chine est une dictature. Ce pays agit contre son peuple à un niveau qualifié de "crimes contre l'humanité" par Amnesty International concernant les Ouigours. La répression contre l'ensemble des chinois est également vive. Pour moi, c'est une donnée importante : il ne s'agit pas simplement de travailler avec un pays éloigné, aux standards sociaux "réduits", mais aussi de travailler avec une dictature. Je comprends la difficulté de ce choix et il ne s'agit pas ici de faire la morale (j'écris par exemple sur un portable DELL, entreprise soupçonnée d'avoir bénéficié du travail en camp des Ouigours).

Pour le premier point, dans un groupe comme Asmodee, les personnes visitant les usines sont qualifiées (je les connais). De mon coté, j'étais ingénieur production spécialisé en contrôle qualité, ce qui me permet aussi d'y voir un peu plus clair que certains (même si je ne pourrais pas mener ces visites moi-même).
Pour le second sujet par contre, c'est un sujet plus compliqué qui demande beaucoup de pincettes. Les critères de "comparaison" ou de "jugement" sont tellement nombreux et liées aux convictions profondes de chacun. Le jeu de n'est pas  le pire milieu il me semble...