Hier, une nouvelle partie de Brass Birmingham avec les amis Palferso et Stfrantic82.
Voir ci-dessus pour le retour très instructif de Palferso à l’issue de cette partie.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je me dois de dire que les Brass (les aspects communs aux deux jeux) n’en finissent pas de m’impressionner !!!
Comme l’a souligné Stfrantic82 hier, on sent la “vieille” école du jeu “gamer” même dans dans cette nouvelle mouture qu’est Brass Birmingham (BB).
En effet, au-delà du ressenti en cours de jeu, pour moi, cette constatation trouve aussi sa justification dans un autre point commun avec les 18XX (autre catégorie de jeux de la “vieille” école) : l’osmose surprenante entre jeu économique et lutte féroce pour l’occupation de territoire…
- Les Brass sont des jeux économique (loi de l’offre et de la demande) avec, en même temps, un aspect très violent de lutte pour l’occupation du terrain : on va y revenir…
- Les 18XX sont des jeux à économie financière (compagnies avec titres de propriétés, montages financiers et retour sur investissement) avec un aspect occupation de territoire moins frontal mais pas moins féroce vu son importance.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réputation de qualité de ces jeux n’est pas usurpée !!
J’aime bien la catégorie des jeux de “connexion” : Les 18xx, The Great Zimbabwe, Founders of Gloomhaven et maintenant les Brass… Mais c’est incroyable le mal que j’ai à assimiler les règles de cette catégorie de jeux !!
Encore hier soir, erreur sur erreur !! Entre les placements envisagés irréalisables et la mauvaise lecture du plateau, j’étais vraiment pas en terrain confortable…
PS : désolé les amis…
On a déjà pas mal glosé ici et là sur l’importance de ne pas laisser de monopole aux adversaires : en guise d’illustration, il n’y a guère mieux que la partie d’hier soir et le monopole de rails acquis par Palferso !!!
Première chose rassurante : Palferso a voulu tester une stratégie choisie avant même le début de la partie (avec, en plus la contrainte de ne pas prendre de cartes Joker) et est parvenu à la mener…
De manière magistrale, il faut le souligner : chapeau !
C’est pourquoi, je ne pense pas qu’il existe dans l’absolu de mauvaise main à Brass Birmingham : c’est-à-dire une main dont on peut quasiment RIEN tirer d’efficace.
Sur Brass Lancashire, cela a été prouvé mainte fois par nos experts d’ici, mais sur BB, cela reste bien sûr encore à démontrer mais j’ai confiance.
En début de la phase Rails, Stfrantic82 a eu une main disons… compliquée…Malgré cela, je pense que les problèmes qu’il a eus (et moi aussi !!) sont surtout dus à sa situation vulnérable sur le plateau héritée de la phase Canal.
@Stfrantic82 : si mon seul coup de te piquer ton Charbon en début de phase Rails t’était si destructeur, c’est que les problèmes de ton “graphe” de Bâtiments étaient plus profonds que la faiblesse de ta première main de cette phase.
Je fais la même analyse me concernant mais avec d’autres problèmes, plus graves…
On ne peut que le constater : le jeu de Palferso (sa situation sur le plateau) était si robuste qu’il a pu nous dire, sans la voir, que sa première main de phase Rails n’avait aucune importance… Et cela s’est vérifié !
Quels étaient les problèmes ? Cela se résume en un mot : la connectivité !
Dans la partie, je suis resté sur mon idée, en capitalisant tout de même sur mes erreurs de la fois dernière… Il y a certes eu du progrès mais…
Mon idée était fausse !! Je suis resté bien trop dans mon coin !! Ma présence en fin de partie se résumait au quart Sud-Ouest de la carte : une hérésie !!
Dans Brass, il ne faut pas perdre la lutte du contrôle de terrain sous peine de perdre en flexibilité sur ses cartes !
Si je suis resté dans mon coin (le pire des choix), Stfrantic82 avait une meilleure présence, plus diffuse (il avait conscience de l’importance de l’occupation du terrain) mais dont les Bâtiments n’étaient pas idéalement placés et donc pas simples à faire “communiquer” harmonieusement avec les endroits clés du jeu (sources de Charbon, débouchés pour les Ventes).
Paul Morphy l’a dit pour les Échecs :
Aidez vos pièces pour qu’elles vous aident…
La conséquence tragique de cela est que moins on a d’espace, plus on en perd…
Et c’est d’autant plus destructeur que Stfranctic82 et moi étions partis sur des stratégies à Bâtiments de haut niveau.
Vu la Bérézina que ça a été pour nous deux, doit-on penser que cette stratégie (à Bâtiment de haut niveau) est plus vulnérable que la stratégie “pose de Rails” qu’a réalisée Palferso ?
Cela a été le thème de la partie mais dans l’absolu, je n’en suis pas convaincu.
Le choix des endroits où placer les Bâtiments d’un type est éminemment tactique mais peut s’inscrire dans une stratégie plus globalement très déséquilibrée vers ce type de Bâtiments.
Dans ce cas, pour être menée à bien, une telle stratégie implique une vigilance redoublée car :
- Chaque type de Bâtiment de Vente (Filature de Coton, Manufactures, Poteries) a son rythme propre pour être utilisé (Développement ou Construction puis activation ? Relégation en fin de tour suite aux somptuaires dépenses de Construction, etc.) dont il faut tenir compte sous peine de perdre du temps ou de devoir gaspiller des actions supplémentaires pour obtenir le résultat escompté.
- S’il y a un joueur qui se spécialise dans les Rails (poseur de Rails), il va finir par “étouffer” ses adversaires si on n’a pas pris la mesure du danger
- Contrairement aux Rails pour lesquels on peut défausser la carte de son choix, la construction de Bâtiments requièrent les cartes qui vont bien (Industrie ou Ville) : la planification de son jeu en devient plus délicate car plus sensible aux erreurs dans les choix de cartes défaussées.
C’est sur le point 2 que j’aimerais revenir un peu plus. Palferso est très convaincant quand il dit ci-dessus que le “joueur Bâtiment” doit carrément “se saborder”.
Je ne sais pas s’il faut aller jusque là mais au moins, mettre en pause sa stratégie est obligatoire (le plus tôt est le mieux) afin de ne pas perdre de terrain et conserver de la flexibilité en vue de la construction/activation des Bâtiments. La question que je pose est la suivante :
Existe-t-il, dans BB, un juste milieu pour la construction de rails qui permette d’en faire “suffisamment” sans devoir abandonner sa stratégie gros Bâtiments ?
j’aurais envie de dire oui… Et cela passe, d’une part, selon moi, par des schémas efficaces d’occupation du terrain lors de la construction des Bâtiments : parmi tous les lieux de construction possibles, ne conserver que ceux qui sont stratégiquement viables pour le futur (de base le plus uniformément répartis sur le plateau, pour une meilleure logistique d’approvisionnement en Charbon, en Bière et favorisant l’extension de son réseau sans craindre le poseur de Rails ou même en lui mettant des obstacles)
D’autre part, le poseur de rails ne peut pas être “au top de sa forme” tout le temps (heureusement…) :
- Poser deux fois un double Rails afin de consommer deux Bières nécessite au mieux deux actions : les deux Bières, devant exister sur le plateau au préalable, peuvent être contestées.
- Ne poser qu’un double rail laisse une bière disponible à ses adversaires, dans un contexte de flux tendu sur la Bière
- La Bière des Marchands n’est disponible qu’à la Vente et pas à la pose de Rails. Dans la partie, toutes ces Bières n’étaient pas parties, il me semble… Une anormalité quand il y a des joueurs partis sur de la Construction de Bâtiments de vente
Comme le souligne Palferso, il faut aussi savoir déceler rapidement si des Brasseries de niveau II ou plus sont posées tôt (en phase Canal) pour occuper agressivement la place afin de limiter les emplacements de Brasseries disponibles pour la phase de Rails…
Je pense donc que si un joueur développe ses Brasseries de niveau I, on doit alors, de manière vigilante, se laisser (s’offrir ? via de la construction de Canaux…) la possibilité de construire ses propres Brasseries de niveau I, en réaction et non pas les développer : En plus d’occuper le terrain en phase Canal avec gain de temps, elles libèreront leur place en phase Rails.
D’une manière plus générale, un Constructeur de Bâtiments de Vente doit au moins faire du Bâtiments (Développement et construction appropriés) ET du Rail pour son expansion/flexibilité.
Dans le contexte d’un poseur de Rails bien parti face à des Constructeurs de Bâtiments moins efficaces dans leur stratégie, la privation de Bière du premier sur les seconds aura des conséquences dévastatrices sur eux
@Palferso : Je suis d’accord
Mais je reste persuadé qu’un “bon” Constructeur de Bâtiments ayant “bien” pensé son réseau dès le début (en phase de Canal pour occuper le terrain “efficacement” et stratégiquement avec des Bâtiments de niveau II ou plus puis de Rails pour son approvisionnement et ses débouchés de Vente) ne sera pas si facile à gêner.
Pourquoi ?
Parce que sur la partie, le manque de Bière pertinemment provoquée par Palferso dont Stfrantic82 et moi avons souffert n’était qu’un symptôme de notre mauvaise occupation de l’espace qui nous interdisait de pouvoir profiter des “accalmies” où de la Bière était disponible.
Conclusion :
Je continue à progresser sur ma courbe d’apprentissage… Je dois avouer bien transpirer et devoir appuyer sur les pédales (qui m’a fichu un aussi gros plateau sur le vélo ?)…
Mais quel plaisir…
Encore maintenant, quand je suis face à ma main de huit cartes, je reste souvent quelque peu désemparé… Mais c’est dû à mes lacunes dans la lecture du jeu et à la bonne appréciation des possibilités qui me sont accessibles.
Rien de grave…
Pour le moment, je n’ai aucune envie de chercher à départager
Brass Lancashire de
Brass Birmingham : j’ai autant de plaisir à jouer à l’un qu’à l’autre !!
C’est quand la prochaine séance
de torture,
d’entrainement, de jeu ?
a++
Manubis.