Je viens de terminer le visionnage de “Dans la Peau d’un Noir” (que j’ai honteusement récupéré sur la mule).
Le concept de l’émission est le suivant : pendant environ un mois, les protagonistes vivent différentes expériences, seuls ou à plusieurs, grimés ou non. Ils sont logés au même endroit pendant toute la durée de l’expérience, ce qui leur permet de discuter et d’échanger leurs points de vue le soir.
Tout d’abord, je trouve que techniquement, les maquillages sont vraiment bluffants.
Ensuite, il y a un certain nombre d’expériences qui sont choquantes, et il s’agit souvent des problèmes que l’on connait (recherche d’emploi, de logement, boites de nuits, petits villages, etc…), mais contre lesquels on ne sait pas vraiment comment lutter. Les voir de près permet de continuer à se remettre en question, permet de garder le problème à l’esprit et d’en discuter avec son entourage, enfin bref, de faire bouger les choses même un petit peu, et il n’y a que comme ça que les mentalités évoluent.
Enfin, il y a d’autres expériences qui permettent de mettre à jour des attitudes, des comportements, des choses qui d’habitude passent complètement inaperçues. Et, selon moi, c’est surtout là-dessus que le reportage est intéressant. Ceux qui le voient le plus, ce sont bien évidemment les protagonistes. Mais au travers du reportage, on arrive à ressentir une partie de leur sentiments, et certains sont parfois durs à encaisser. On arrive à percevoir à quel point les choses coulent d’elles-même quand on est blanc, que la communication est facile, que la vie tout simplement est facile. A l’opposé, on voit également comment on apprend dès le plus jeune âge à se blinder quand on est noir, pour ne pas être trop abîmé par les regards ou les manques de considération. Et c’est là que la technique utilisée est intéressante. Un blanc qui se maquille en noir et qui vit une situation quotidienne n’a pas les mêmes armes pour lutter qu’un vrai noir.
Pour terminer, un truc en particulier m’a touché : une des expérience de l’émission, c’est la jeune noire et le jeune blanc maquillé en noir qui vont à des cours de slam, avec que des noirs. L’expérience se répète plusieurs fois (le cours doit être hebdomadaire), avant que Jonathan finisse par révéler sa vraie identité. La semaine suivante, tous les participants se font un restau, et Jonathan se pointe sans son maquillage. Une des partipantes n’était pas présente lors de la révélation et ne sait donc pas que Jonathan est blanc. Lorsqu’elle arrive, au restau, elle a une hésitation en voyant Jonathan, mais quand on lui demande pourquoi elle ne l’a pas reconnu tout de suite, la seule explication qu’elle a, c’est qu’il a les cheveux plus courts. Elle n’a pas vu que sa couleur de peau avait changé avant qu’on le lui fasse remarquer. Cela montre à quel point les différences de couleur de peau ne sont qu’une caractéristique que pour les gens qu’on ne connait pas. Dès qu’on dépasse la première barrière, les différences s’estompent et on ne se base plus que sur la personnalité. C’est pour ça qu’on entend parfois des conneries du genre “je suis raciste envers les arabes, mais avec Amhed, c’est pas pareil, lui, il est pas comme eux.”
Merci pour les commentaires intéressants.
je viens de lancer ma mule
arthemix dit:…Dès qu’on dépasse la première barrière, les différences s’estompent et on ne se base plus que sur la personnalité. C’est pour ça qu’on entend parfois des conneries du genre “je suis raciste envers les arabes, mais avec Amhed, c’est pas pareil, lui, il est pas comme eux.”
De loin, on hait merveilleusement. Au contraire, quand on aborde, on découvre le semblable.
Alain, Propos, 1934
Sur la question de l’origine ethnique, est-ce qu’il n’est finalement pas plus raciste de parler de jeunes issus de l’immigration que de maghrebins ?
dans le deuxième cas, il s’agit au fond que d’une description physique alors que dans le premier, je sens comme un deni de leur identité française.
Dans le même sens, parler de français musulmans me choque dans un pays laïc où la foi est du domaine privé.
Ted Lapinus & Phoenix dit:Philippe dit:Oh oui, les attentats de Londres l'ont prouvé. Quel modèle de cohabitation harmonieuse des communautés que la création du "Londonistan" !
Ben justement, ça se discute.
Il me semble que ce serait réducteur d’imputer le phénomène Londonistan à l’option britannique d’accorder une place importante à la tolérance dans les institutions. Nous sommes quasiment dans un contexte de guerre de religion mondialisée, et il est très difficile d’isoler les facteurs géopolitiques globaux des seuls enjeux locaux.
Le problème n'est pas la tolérance, manquerait plus que cela... Mais le fait d'accepter qu'il y ait plusieurs nations en une, qui vive côte à côte sans se fréquenter. Un ami ayant vécu plusieurs années en Angleterre me disait que dans les Midlands on pouvait trouver des communes peuplées exclusivement de Pakistanais. La banlieue française n'est pas ainsi. A Sarcelles, par exemple, vous avez une quantité d'immigrés de différentes orgines. C'est beaucoup plus un ghetto social (avec la présence d'une bourgeoisie juive, cependant) qu'autre chose. D'ailleurs une partie importante du refus de l'immigré repose sur un rejet social, pas ethnique, je pense.
Pour revenir à la question de la couleur de peau, je constate par exemple autour de moi que bien des personnes originaires du Maghreb, du Moyen-Orient, des Antilles, d’Afrique noire ou d’ailleurs se sentent mieux au Canada (y compris anglais) qu’en France. Et qu’en matière de religion et de culture, au Québec aussi la question de la tolérance dans les institutions est un débat ouvert (de nombreux québécois pensent par exemple que la notion d’accommodement raisonnable va trop loin dans l’absurde, et justement ça se discute).
Je ne connais pas cette notion, pourrais-tu préciser ? Sinon, en effet, beaucoup d'Africains francophones sont tentés par les USA ou le Canada.
Mais quand va t’on réellement aborder ouvertement et largement la question en France ? En effet, la fraternité en France est depuis très longtemps dévoyée, et j’en suis profondément navré :
- souffrances d’une bonne partie des citoyens confrontés à une réelle discrimination ;
- montée des communautarismes ;
- appropriation des problématiques inter-culturelles par des groupes de pression qui tentent d’imposer leur modèle de pensée ;
- auto-censure banalisée ou indifférence pour ce qui concerne la grande majorité silencieuse ;
- etc…
Je pense que cette question de la fraternité devrait être un débat ouvert et vif, que chacun pourrait nourrir de son point de vue, et qu’à ce titre s’enrichir de l’expérience d’autres pays pourrait être très intéressant. Il ne devrait pas y avoir de sujets tabous, ni d’exclusion vis-à-vis d’interlocuteurs jugés infréquentables. Je ne vois pas comment on pourra avancer sans s’écouter, qui que l’on soit.
J’aimerais beaucoup en tous cas que cette question de la fraternité devienne, avec l’environnement, le véritable enjeu des prochaines élections.
Je suis bien d'accord avec toi. Mais il faut accepter avant de débattre de ne pas stigmatiser l'autre rapidement en le traitant de facho, comme ça se fait trop lorsque l'on parle de ce sujet. C'est ce qui a tué le débat pendant 20 ans. Soi on assumait son statut de facho, et on votait pour le FN, soit on se taisait et on pratiquait une attitude d'accueil du monde entier sur le sol sacré et libérateur de la France, sans restriction. Il a fallu que j'apprenne à mes élèves qu'il n'existait pas un droit de tout homme à choisir le pays où il veut vivre ; l'idée qu'une nation peut exercer un droit de regard sur ceux qui viennent vivre avec elle leur était étrangère, tant ils avaient grandi dans le "politiquement correct" à ce sujet.
Philippe dit:Je suis bien d'accord avec toi. Mais il faut accepter avant de débattre de ne pas stigmatiser l'autre rapidement en le traitant de facho, comme ça se fait trop lorsque l'on parle de ce sujet. C'est ce qui a tué le débat pendant 20 ans.
Tout à fait
C’est la raison pour laquelle je suis avec beaucoup d’intérêt les tentatives de dynamitage de ces clivages caricaturaux. Y compris celle de Dieudonné (mais en filtrant dans ces propos ce qui relève de la confusion, de l’élucubration et de l’exagération, pour surtout retenir la partie stimulante de sa démarche).
Philippe dit:Je ne connais pas cette notion, pourrais-tu préciser ? Sinon, en effet, beaucoup d'Africains francophones sont tentés par les USA ou le Canada.
Ce que je voulais dire par rapport au Canada, c’est que c’est probablement l’un des pays les plus tolérants que je connaisse en matière d’institutions. Mais c’est précisément un sujet très discuté ici, comme quoi c’est un vrai débat. Voir par exemple ici concernant la fameuse notion d’accommodement raisonnable (je précise que c'est une notion qui est quand-même un peu hors topic puisqu'elle ne concerne pas la couleur de peau).
Comme on est en Amérique du Nord, on est bien sûr dans le modèle de la mosaïque et non pas du mélange. C’est vrai à tous les niveaux : cultures, religions, opinions politiques etc. Tous ces petits morceaux sont les uns à côtés des autres (il n'y a qu'à voir l'architecture de Montréal pour comprendre ce qu'est un collage de petits morceaux
Mais paradoxalement, l’ascenseur social, qui n’est certes vraiment pas parfait ici non plus, fonctionne bien mieux qu’en France. La position sociale est moins liée aux facteurs ethniques qu’en France. C’est « visuellement » évident au quotidien (Paris et la région parisienne me servant de point de comparaison puisque j’y ai longtemps vécu).
Ce serait donc dommage de dire : la France a un meilleur modèle d’intégration point !
Essayons de regarder pourquoi en pratique certaines choses fonctionnent mieux ailleurs.
Histoire de dire un truc intéressant pour mon 200ème post !
(Coucou les posts-hunters
)
La Gouverneur Générale Michaelle Jean (qui représente la Reine au Canada) est black et est née en Haïti. Etonnant non ?
Ted Lapinus & Phoenix dit:Etonnant non ?Stupéfiant même ! (juste pour que M. Fadest ne l'ait pas)
Je pense que le racisme est surtout une question de classes (voir un racisme de classes).
Je pense que, inconsciement, on ne désignera pas de la même façon un travailleur coopérant d’origine étrangère selon s’il est ouvrier, étudiant ou capitaliste.
Je travaille dans un milieu universitaire, j’ai plus de facilité à échanger avec des personnes de ce milieu, qu’elles soient “autochtones” ou d’origine étrangère.
C’est plus difficile pour moi pour communiquer avec des membres de la classe ouvrière. C’est quelque chose que j’ai a travailler.
Attention à l’expression “jeunes issus de l’immigration” ou “immigrés de Xième génération”, c’est un oxymore (j’me gourre pas ?) : ce sont des “immigrés” nés en France, par définition, ce ne sont donc pas des “immigrés”.
D’ailleurs, désigner quelqu’un “immigré” n’est il pas une violence en soi ? : on classifie quelqu’un par rapport a un évenement particulier de son histoire (évenement relativement court, la “migration” ne prend pas de années que je sache et pénible - si on migre pour des raisons économiques ou politiques - guerres).
Si j’ai fait de la prison une fois dans ma vie, je vais être appelé “délinquant” (ou ex-délinquant) toute ma vie même si j’ai “payé ma dette à la société” ?
A partie de quand une personne n’est plus “immigrée” ?
Il me semble (à vérifier) que les européens qui viennent travailler en Afrique sont appelé “coopérants”. On ne parle d’immigrés. (à vérifier)
[HS parce qu’en fait, j’ai pas encore lu]
bigsam dit:(juste pour que M. Fadest ne l’ait pas)
Je n’y crois pas, je ne suis pas ce topic, et pour une fois que je cliques, je tombe sur mon nom dans le dernier post
Devrais je devenir paranoïaque ?
[/HS]
Edit : changement de pouickie chafouin
Rinou dit:Je pense que le racisme est surtout une question de classes (voir un racisme de classes).
Je pense que, inconsciement, on ne désignera pas de la même façon un travailleur coopérant d'origine étrangère selon s'il est ouvrier, étudiant ou capitaliste.
Les Arabes du XVIème ou de Monaco se font rarement traiter de sales bougnoules, que je sache.
"Etonnant, non ?".
On est bien face à un problème d'insertion sociale, de revenus minimum, de dignité économique. IL ne faut pas nier les différences culturelles, mais elles ne constituent probablement pas le pire obstacle.
le racisme a toukours été un probleme d’argent si tous les français avait un bon salaire, pas de chomage etc, je pense que les probleme de racisme serait pratiquement résolu ( il y a toujours des exeption)
je crois par ailleurs que si les immigrants avait un niveau de vie comparable au notre , je croit que même la question religieuse disparaitrait
a plus
alain
C’est vrai que plusieurs facteurs se combinent quand on forme des concepts comme nous-autres et eux-autres : la couleur de peau, le niveau de vie, la catégorie sociale, la culture, la religion etc. Il serait très difficile de mesurer la part de chacune de ces variables dans la construction de ces frontières mentales.
Malheureusement, même si l’unique différence entre les hommes tenait à la seule couleur de peau, je pense que le racisme existerait encore.
Par analogie, ça me rappelle une expérience d’économie expérimentale conduite par un collègue, qui portait notamment sur la compétition entre groupes.
On avait recruté une centaine de participants, tous volontaires pour se prêter à une série de petits jeux d’argent. Le but était de tester certaines hypothèses de la théorie des jeux. Les participants y trouvaient leur compte puisqu’ils étaient rémunérés en fonction de leurs gains à la fin de la demi-journée (on convertissait leurs points en vraie monnaie
).
A leur arrivée, on les répartissait au hasard entre deux amphis A et B, en leur faisant à chacun tirer une étiquette dans une urne. Les tout derniers jeux de la série (venant clore 2 heures de cogitation intense) étaient des variantes du dilemme du prisonnier, un joli petit jeu de salopard. Les participants étaient jumelés par couple (au hasard, et personne ne connaissait son partenaire) puis ils devaient choisir secrètement entre deux options de gains probables : soit essayer de partager un gain modéré, soit essayer de gagner beaucoup plus mais en privant son partenaire de tout gain.
Selon la matrice suivante :
- si les deux joueurs choisissent « gain partagé » → ils encaissent un gain modéré !
- Si les deux joueurs choisissent « gain élevé seul » → ils ne gagnent rien (eh eh) !!
- Si l’un des deux joueurs choisit « gain élevé seul » et pas l’autre → le premier encaisse un gain élevé et le deuxième ne gagne rien du tout (eh eh eh) !!!
Résultats : dans une situation où les couples sont inter-amphis, les joueurs tentent davantage l’option « gain élevé seul » que dans une situation où les couples sont intra-amphis.
Intreprétation (sujette à discussion bien sûr) : il est plus courant d’essayer d’entuber son prochain s’il ne fait pas partie du même groupe que soi.
Dans un sens proche, il y a aussi ces expériences américaines des années 60 en psychologie sociale sur la formation des stéréotypes. Les résultats montrent que le simple fait de former des groupes sur la base d’une distribution au hasard de badges rouges ou bleus infléchit la représentation qu’on a de l’intelligence d’autrui ![]()
Les sondages sont ce qu’ils sont… Mais tout de même…
Les violences racistes sont en baisse de 10% en 2006 par rapport à 2005, mais une forte proportion de Français continue à estimer qu’il y a trop d’immigrés en France (48%), voire à se déclarer raciste (30%), selon un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) qui doit être remis mercredi au gouvernement. “L’année 2006 a été marquée par une baisse de 10% de la violence globale raciste, xénophobe et antisémite : on dénombre ainsi un total de 885 actions et menaces racistes, xénophobes et antisémites (contre 974 en 2005)”, indique la CNCDH dans son rapport.
“les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur révèlent que le nombre des violences et menaces antisémites était de 541 en 2006 contre 508 en 2005, soit une hausse de 6%”, souligne la CNCDH qui relève “une inquiétante progression des actes antisémites à caractère violent (+ 35%), notamment à l’encontre des personnes physiques”.
En fait, le plus dur, pour se mettre dans la peau d’un noir, c’est le dépeçage.
Keiyan, il est beau mon manteau
Keiyan, si tu arrêtais un peu tes vannes à deux balles ?