En tant que régional de l’étape, je n’y suis allé que le vendredi entre 17:30 et 20 h, après le boulot. J’ai trouvé ce millésime très riche en terme de nouveautés, beaucoup plus que l’an dernier par exemple. Il y avait de quoi satisfaire plus d’un joueur, des centaines, des milliers même. C’est, de plus, plaisant de voir les gens de la TTtv en vrai, qu’ils soient présentateurs, animateurs, auteurs ou éditeurs. Et je suis revenu avec 5 jeux : Through the Ages, Fourberies, Sabordage, Sol et Mare Nostrum.
Un mot sur la sécurité, hyper vissée cette année. Le Palais des Festivals a confirmé son appellation de bunker, mais pas un uniquement pour sa forme architecturale. Y pénétrer demandait de montrer patte blanche. En commençant par le parking, où une équipe vous prie très poliment de sortir du véhicule et d’ouvrir votre coffre. Ca donne le ton tout de suite ! La suite justement : arrivé tard dans l’après-midi, aucune file d’attente, mais fouille au corps et contrôle des sacs. “Monsieur, le paquet de biscuits c’est interdit, et vous avez une bouteille d’eau, vous ne pouvez pas entrer avec, soit vous la buvez, soit vous la laissez, soit vous entrer avec mais sans le bouchon” (pour info, ça devient une bombe à eau avec le bouchon, m’a t-il expliqué).
J’ai choisi cette dernière solution, avec l’idée inconsciente que j’allais plus tard regretter mon choix. Mais ma bouteille était bien coincée à l’intérieur de mon sac en bandoulière par le gros sac façon supermarché qui allait me servir a emporter mes futurs achats. Et ce qui devait arriva : alors que j’ai sorti le sac replié pour y glisser ma première boite achetée, la petite bouteille, désormais plus coincée et libre, s’est renversée, occasionnant un mini tsunami dans mes affaires, arrosant copieusement mon chéquier, mon paquet de biscuits secs (que j’avais finalement conservé) devenus humides pour le coup, ainsi que mon programme, trempé comme si j’étais resté sous la pluie. Seule compensation : j’avais désormais de l’argent liquide sur moi…
Revenons à nos moutons. Beaucoup de monde, une fois encore, un brouhaha, une cohue dans les allées regroupant les grands éditeurs, sorte de carnaval permanent, heureusement qu’il n’y a pas en plus une musique de fonds, car on toucherait le fonds. Les tables sont pleines, tout le monde s’active, ça va, ça vient, ça réfléchit, ça discute, ça rigole. Curieusement, je joue rarement à Cannes, j’ai besoin de moments plus feutrés et de connaître mes partenaires de jeux. J’y vais surtout pour les nouveautés et satisfaire à la fameuse fièvre acheteuse.
Pour ne pas faire trop long, ce festival trentenaire semble devenir tentaculaire au niveau des jeux de société. Outre les problèmes de sécurité, et les files d’attentes aussi longues qu’un jour sans jeux (anormal de mettre plus d’une heure pour entrer, selon les dires), le manque de place dans les allées qui semble devenir récurrent, le manque de tables, avec cette douce pagaille qui pourrait devenir plus pénible un jour, je me demande si on n’a pas atteint là certaines limites. Le côté claustrophobe du lieu, avec un plafond bas et sans fenêtres, n’est pas des plus confortables finalement. Pour avoir connu ce festival autrefois, lorsqu’il durait encore 5 jours, le mercredi et le jeudi étaient bien plus abordables dans tous les domaines. Je précise que je connais pas Essen autrement qu’en photos, donc peut-être que j’écris des évidences du genre que “c’est pareil partout”. Vu l’éclosion des éditeurs, la multiplication des offres, peut-être faudrait-il accorder encore plus de places aux jeux de plateau, sorte de centre névralgique de ce salon.
Mais je maintiens que j’éprouve depuis 3 ans un certain inconfort dans les allées, dans la pérégrination, dans la recherche même des stands, j’ai tourné plusieurs fois, façon labyrinthe, pour retrouver un éditeur. On sort de là épuisé par cette randonnée à la fois ludique et éprouvante. A tel point que j’ai renoncé à y retourner le week-end, je me suis dit que ça devait être pire.
Cannes, victime de son succès ? Demandons au fantôme de Mysterium de nous donner sa solution…