Championnat du monde d'échecs

Pour faire une comparaison avec le foot, Carlsen est un peu comme ces équipes capables de jouer haut toute la partie, pressant constamment leur adversaire, ne voyant pas toujours la bonne passe en profondeur mais posant toujours des problèmes à la défense adverse.
L’aspect psychologique est très important aux échecs et être constamment sollicité, voir ses plans déjoués en même temps qu’une nouvelle menace est instituée est une situation inconfortable dans le long terme qui finit par conduire à jouer un peu plus faiblement.
Vishy a vraiment eu le tort d’amener Carlsen dans une position qu’il est ravi de jouer.
Au 30ème, il devait jouer d5 et prendre la nulle.

Il semble vraiment au dessus oui… Beleg26, toi qui à l’air de suivre particulièrement la discipline et les Maitres, tu sais comment il bosse? J’ai vu qu’il connaissait énormément de parties… Mais il y a en plus une partie de manipulation, d’avantages invisibles à mes yeux avant bon nombre de tours…
En tout cas, il est très bien parti avec ces 2 victoires d’avances!

Autre aspect psychologique en faveur de Carlsen: avec un style à la fois agressif et atypique, s’il fait objectivement un mauvais coup, l’adversaire ne pourra s’empêcher d’y chercher un potentiel piège.

Sa manière de travailler est assez atypique, encore que je suis sûr qu’elle va faire école.
Depuis le milieu des années 80 et l’arrivée d’ordinateurs et logiciels capables d’évaluer correctement une position, les joueurs du top niveau cherchaient essentiellement de nouveaux coups dans l’ouverture. Le but était de planter LA nouveauté qui déstabilise l’aversaire et ensuite de se fier à sa mémoire et à l’analyse de l’ordi. Bien sûr ce plan idéal ne fonctionnait, heureusement pour les échecs, pas toujours.
Carlsen a révolutionné l’approche. Il ne cherche pas à obtenir un avantage dans l’ouverture mais à tirer parti de sa connaissance des plans dans le milieu de jeu. Et ces plans viennent en partie de sa connaissance encyclopédique des parties du passé proche ou lointain. L’autre partie c’est son incroyable créativité.
J’ajoute que jeune Carlsen, jusqu’à mettons 17 ans, était souvent débordé en finale. Il y a commis bien des erreurs. Les jouer à la perfection comme aujourd’hui, ce n’est pas un don mais le fruit d’un énorme travail.
Une autre différence avec ses collègues et de ne pas se satifaire trop rapidement d’une nulle. Il joue toutes les parties à fond, à l’arrache: c’est un vrai lutteur.

Et tout ça à son age! Soit il continue de progresser et règne sur les 10 prochaines années au minimum, soit il pète un câble!^^
Soit on adore ce qu’il fait, soit on déteste, mais impossible de rester insensible! :roll:
Encore merci de nous faire partager tes connaissances!
Je ne désespéré pas de comprendre un peu plus rapidement ce qu’il fait avant la fin du championnat.
Et pauvre Anand, après la partie d’aujourd’hui ou il avait encore le sourire quelques tours avant la fin, ça doit être vraiment difficile. ça ne doit pas se voir souvent des remontées de 2 victoires à ce niveau?

Il va encore progresser. Un joueur pro atteint son meilleur niveau autour de 30 ans, parfois plus tard encore. Si il garde la motivation, c’est pendant 20 ans qu’il va dominer la discipline ou tout au moins y incarner une référence.
Très peu de joueurs ont révolutionné le jeu.
Sur les 150 dernières années j’en vois 4:
Steinitz qui mit fin aux échecs romantiques et à leur sacrifices à tout va en déclarant (et en démontrant!) que "Les pions sont l’âme des Echecs
Botvinnik qui, en partie dans la continuité de Steinitz, prouva l’importance de la préparation et d’une approche scientifique, d’une nécessité de remise en question permanente
Kasparov, le plus grand joueur de tous les temps, (et passé par l’Ecole Botvinnik) qui révolutionna le travail sur l’ouverture et souligna la force de l’initiative
Carlsen dont l’approche pragmatique et son refus d’engager des batailles théoriques (bien qu’il en sache certainement autant que ses collègues) vont entraîner les Echecs vers de nouveaux horizons. Sa révolution est en quelque sorte en cours mais si il continue ainsi il va aller jusqu’à transformer la manière d’enseigner les échecs. Il sublime l’initiative de Kasparov, brutale, ponctuelle et basée sur la préparation, en maintenant une pression permanente sur la position, en s’appuyant sur un harcèlement de tous les instants.
Bon allez! Je range ma boule de cristal :)

Juste une petite rectification, " Les pions sont l’âme des échecs " est une citation de Philidor.
Pour ma part, je citerai : José-Raùl Capablanca & Mikhail Tal.

beleg26 dit:Il va encore progresser. Un joueur pro atteint son meilleur niveau autour de 30 ans, parfois plus tard encore. Si il garde la motivation, c'est pendant 20 ans qu'il va dominer la discipline ou tout au moins y incarner une référence.
Très peu de joueurs ont révolutionné le jeu.
Sur les 150 dernières années j'en vois 4:
Steinitz qui mit fin aux échecs romantiques et à leur sacrifices à tout va en déclarant (et en démontrant!) que "Les pions sont l'âme des Echecs
Botvinnik qui, en partie dans la continuité de Steinitz, prouva l'importance de la préparation et d'une approche scientifique, d'une nécessité de remise en question permanente
Kasparov, le plus grand joueur de tous les temps, (et passé par l'Ecole Botvinnik) qui révolutionna le travail sur l'ouverture et souligna la force de l'initiative
Carlsen dont l'approche pragmatique et son refus d'engager des batailles théoriques (bien qu'il en sache certainement autant que ses collègues) vont entraîner les Echecs vers de nouveaux horizons. Sa révolution est en quelque sorte en cours mais si il continue ainsi il va aller jusqu'à transformer la manière d'enseigner les échecs. Il sublime l'initiative de Kasparov, brutale, ponctuelle et basée sur la préparation, en maintenant une pression permanente sur la position, en s'appuyant sur un harcèlement de tous les instants.
Bon allez! Je range ma boule de cristal :)

Je rajouterais Lasker pour son approche psychologique du jeu. Il ne cherchait pas le meilleur coup théorique, mais le meilleur coup contre cet adversaire précis dans cette situation précise.
Par exemple, dans son match contre Schlechter, il suffisait d'une nulle à ce dernier dans la dernière partie pour remporter le match. Lasker s'est débrouillé pour lui donner l'illusion de pouvoir gagner pour qu'il abandonne sa prudence habituelle et prenne des risques, finalement Lasker gagna la partie et conserva son titre!

Effectivement j’ai buggé sur la citation de Philidor :oops:

J’y connais rien mais c’est un régal de suivre vos commentaires ici !
Merci :china:

Les échecs, j’y connais très peu de choses. Je sais comment on déplace les pièces, je connais les conditions de victoire… Ça ne signifie pas que je sais jouer ou que je peux suivre et comprendre une partie de haut niveau. Néanmoins, je trouve beaucoup de qualités à ce compte rendu… Honnêtement, l’histoire de ce jeune prodige des échecs et si atypique qu’on pourrait en faire un livre, un film… Vivement la suite !

Sympa ce thread. Malheureusement, de mon côté, je ne vois pas comment Anand peut reprendre 2 points à Carlsen, ça me gache un peu la fin (j’espère me tromper).

Vous oubliez la cadence Fisher non ? ^^ Je trouve que c’est pas mal comme révolution ! C’est d’ailleurs la dernière modification des règles des échecs non ?

Pendant un moment, même dans les matchs en 24 parties, ils avaient gardé, en parallèle, la règle de la victoire au premier qui remportait 6 parties. C’est toujours le cas?

Très bonne remarque sur la cadence Fischer! :wink:
Même si ça ne modifie pas la manière de jouer ses pièces, cela a accentué la nécessité de parfaire les finales, ne pouvant compter totalement sur le manque de temps adverse.
Le match s’arrêtera vraisemblablement si Carlsen gagne les 3 suivantes! Ce n’est pas exclu, la suite pourrait être une berezina pour Anand! Il va devoir prendre des risques…

Je n’avais pas fait attention à la durée du championnat, seulement 12 parties!
J’avais lu il y a longtemps un article qui expliquait que si les matchs précédents n’avaient fait que 12 parties les résultats auraient été les mêmes. C’était suite à l’interminable et “interminé” match entre Karpov et Kasparov.

C’est amusant mais d’une certaine façon Anand est exactement dans la même position que l’équipe de France de foot ;) sachant qu’il est mené 2/0 et qu’on est à la mi-temps de la confrontation. C’est dire la tâche qui attend les uns et les autres…
Après je crois que c’est un peu tôt pour dire que Carlsen va révolutionner le jeu mais je crois que de toute manière chaque champion “classique” a apporté sa touche. Fischer bien sûr, ne serait ce que parce qu’il a médiatisé les échecs mais surtout parce qu’il était bien en avance sur son temps. Mon chouchou Kramnik qui a tout de même battu Kasparov sans perdre une seule partie (ce que personne ne jugeait envisageable) en poussant la théorie de la “Berlinoise” jugée faible jusque là. Capablanca bien sûr, et ainsi de suite. Bref la liste des champions “classiques” (c’est à dire hors l’époque de la dissidence) est bien belle…

Karis dit:C'est amusant mais d'une certaine façon Anand est exactement dans la même position que l'équipe de France de foot ;) sachant qu'il est mené 2/0 et qu'on est à la mi-temps de la confrontation. C'est dire la tâche qui attend les uns et les autres...
Après je crois que c'est un peu tôt pour dire que Carlsen va révolutionner le jeu mais je crois que de toute manière chaque champion "classique" a apporté sa touche. Fischer bien sûr, ne serait ce que parce qu'il a médiatisé les échecs mais surtout parce qu'il était bien en avance sur son temps. Mon chouchou Kramnik qui a tout de même battu Kasparov sans perdre une seule partie (ce que personne ne jugeait envisageable) en poussant la théorie de la "Berlinoise" jugée faible jusque là. Capablanca bien sûr, et ainsi de suite. Bref la liste des champions "classiques" (c'est à dire hors l'époque de la dissidence) est bien belle...

Seuls les champions classiques ont de la valeur. A l'époque où il y avait deux champions c'était un peu comme s'il y avait deux fédérations de tennis et que Richard Gasquet était Numéro 1 :mrgreen:

Quand j’évoque Steinitz, Botvinnik, Kasparov et Carlsen (avec la boule de Cristal), je ne veux pas lister les 4 meilleurs de tous les temps (Capablanca, Alekhine, Karpov, Fischer voire Morphy sont de sérieux candidats à figurer dans le haut d’un tel classement et chacun est libre d’avoir son favori) mais je ne pense qu’à ceux qui ont fait école, qui ont modifié l’approche du jeu de manière durable, ou qui, dans le cas de Carlsen, sont susceptibles de le faire.
Je parlais dans un message précédent de l’âge auquel un joueur d’échecs atteint le top et j’avançais que 28 ans était un bon chiffre. J’ai fait un petit calcul et actuellement les 10 premiers mondiaux, classement “temps réel” (ici: http://websiteinfo.fr/www/2700chess.com/ ont entre 21 (Caruana) et 45 ans (Ivantchouk) avec une moyenne de… 29 ans.

A-t-on des noms de “champions” anté révolution industrielle?