A l’heure actuelle en France, je suis passionné par 3 réalisateurs français et Jacques Audiard est l’un de ceux là… (les autres étant André Téchiné et Bruno Dumont
)
J’aurais du mal à faire une critique complète du film tellement il se vit.
On assiste à un film dans l’univers carcéral français avec tout ce qu’il contient de violences psychologiques, physiques, de corruptions et à la montée dans le milieu du crime de Malik (énorme révélation Tahar Rahim, époustouflant !) de derrière les barreaux de prison ou lors de ses rares permissions. Et de quelle manière il réussira à se défaire de la mafia corse qui le manipule et l’exploite (Niels Arestrup en chef de gang bouffe toutes les scènes où il apparaît, sa fureur contenue en impose tellement !). Il y a des relents de Scarface là-dedans !
Il faut applaudir le scénario extrêmement bien écrit (par Abdel Raoul Dafri notamment qui s’était révélé avec l’excellent Mesrine), dense et sacralisé par la réalisation qui flirte souvent avec le fantastique ou la poésie. Et on retrouve comme toujours chez Audiard cette violence sourde qui est de chaque plan, qui peut exploser à tout moment, mais également ces personnages au bout du rouleau à la recherche d’eux même… Tout ceci réussit à rendre ces personnages monstrueux ambigus voire émouvants, on les comprend, on est d’accord avec leurs choix même s’ils sont amoraux (le meurtre vraiment atroce de Reyeb par un Malik sous la contrainte).
Bref du très très très grand cinéma et sûrement l’un des plus beaux films de 2009 !
![]()
Pareil, un très grand film tant sur l’humain que sur l’univers carcéral (dans le premier cas, ça fait un peu peur mais ça attendri, dans le deuxième cas, ça fait juste très peur).
Eric dit:Pareil, un très grand film tant sur l'humain que sur l'univers carcéral (dans le premier cas, ça fait un peu peur mais ça attendri, dans le deuxième cas, ça fait juste très peur).
C'est un bon résumé
Et j'ai oublié de parler de la musique oppressante d'Alexandre Desplat et les quelques rares morceaux jazz/hip hop qui collent sublimement aux séquences où ils sont diffusés...
Une tuerie que je vous dis ^^
un mauvais film
mais un bon téléfilm comme souvent avec le cinéma français
donc si on accepte de voir un téléfilm au c’est bien sinon on regete de ne pas avoir attendu sa diffusion sur une chaine quelconque
Chacun est libre de ne pas aimer un film bien sûr ou même un type de cinéma mais cette référence constante au “téléfilm” me fait toujours me demander si, on est pas définitivement rentré dans une vision du cinéma calibrée par le cinéma américain.
Le cinéma anglais, c’est aussi du téléfilm ?
Et les téléfilms américains ne font-ils pas un peu trop cinéma ?
C’est quoi un “téléfilm” ?
revenons aux fondamentaux : le cinéma est une attraction de fête foraine avec lunettes 3D et monstres animés en légos.
le reste peut se regarder sous divx avec les boulards
Téléfilm, c’est péjoratif et facile, sans plus d’analyse.
Si ce film et ceux d’Audiard en général sont mauvais alors que dire de la production mainstream mondiale ?
On a ici un film “d’auteur” qui relègue la plupart des polars français au rang d’entertainment.
Néanmoins, je comprends qu’on ait pu ne pas aimer le film, des sentiments partagés m’ayant animés pendant que je le regardais (cet aprème).
Je serais donc curieux de savoir ce qu’est un bon film (allez disons français, pour restreindre) si celui-là en est un mauvais.
edit : Radovan a finalement beaucoup mieux résumé ce que je voulais dire pendant que je rédigeais mon message. ![]()
adel10 dit:un mauvais film
mais un bon téléfilm comme souvent avec le cinéma français
donc si on accepte de voir un téléfilm au c'est bien sinon on regete de ne pas avoir attendu sa diffusion sur une chaine quelconque
Mirmo dit:e conçois qu'on puisse ne pas aimer, qu'on s'y emmerde... Mais de là à en dire que c'est un mauvais film ???...
En abus de langage très vite raccourci, c'est la même chose
Sinon, la bande annonce m'a aussi donné cette impression (de "téléfilm" - je comprends parfaitement ce que peut ressentir adel), et je ne comptais pas payer ma place de ciné pour le voir. Je verrai peut-être ça un jour sur TF1.
Sans compter qu'il fut primé à Cannes. Et j'ai bien retenu la leçon : ne jamais aller au cinoche pour voir une palme !
Rody dit:Mirmo dit:e conçois qu'on puisse ne pas aimer, qu'on s'y emmerde... Mais de là à en dire que c'est un mauvais film ???...
En abus de langage très vite raccourci, c'est la même chose![]()
Sinon, la bande annonce m'a aussi donné cette impression (de "téléfilm" - je comprends parfaitement ce que peut ressentir adel), et je ne comptais pas payer ma place de ciné pour le voir. Je verrai peut-être ça un jour sur TF1.
Sans compter qu'il fut primé à Cannes. Et j'ai bien retenu la leçon : ne jamais aller au cinoche pour voir une palme !
Il n'a pas eu la palme mais le Grand Prix...
Mais ce que tu dis c'est un peu renier toutes les personnes que le festival a révélé, par exemple : Tarantino (Pulp Fiction en 92), Scorsese (Taxi Driver en 76), Coppola (Apocalypse Now en 79), Lynch (Sailor & Lula en 90), les frères Coen (Barton Fink en 91), Soderbergh (Sexe, Mensonges & Vidéo en 89)...
Mirmo dit:Mais ce que tu dis c'est un peu renier toutes les personnes que le festival a révélé
J'aurais du préciser "depuis 1994", c'est vrai.
La très chouette récompense de Pulp Fiction a marqué la fin d'une belle époque à mes yeux.
Rody dit:Mirmo dit:e conçois qu'on puisse ne pas aimer, qu'on s'y emmerde... Mais de là à en dire que c'est un mauvais film ???...
En abus de langage très vite raccourci, c'est la même chose![]()
Juste pour dire que même en abus de langage très vite raccourci, il y a une très grande différence entre dire "je n'ai pas aimé", "je me suis ennuyé", "l'histoire ne m'a pas du tout parlé" et dire "ce film est mauvais".
Par exemple, je me suis ennuyée (endormie) en regardant le Nouveau Monde, mais je ne dirai jamais que c'est un mauvais film.
Et pour Un prophète, autant je peux comprendre qu'on s'y ennuie, qu'on trouve ca long, qu'on se désintéresse des personnages, autant je ne peux pas comprendre qu'on puisse dire que c'est mauvais et que c'est un téléfilm.
Si "téléfilm" est ici entendu comme un film insipide, vite vu vite oublié, avec une histoire et des personnages grossiers, je ne pense pas qu'on puisse dire ca d'Un prophète qui est en finesse, en nuances, avec des personnages bien écrits et bien interprétés.
Pulp Fiction c’est 1994.
Ben ce qui me gêne c’est que par téléfilm, j’ai surtout l’impression qu’Adel voulait dire : y a pas de méga effets spéciaux, de grand cinémascope, d’images léchées pour justifier un grand écran alors autant le voir à la télévision.
Bref, une vision très calibrée de ce que doit être le cinéma et même si j’aime beaucoup le ciné américain et ses blockbusters, je regretterai de ne voir plus que cela en salle. Il est vrai que je préfère être dans une salle obscure que chez moi devant la télé tant l’immersion est plus forte au ciné (j’ai une sale tendance à toujours faire autre chose devant la télé.)
Un prophète est un film carcéral bien filmé (sans effet de caméra à la mode ni prétentieux) avec de très bons acteurs, pas du tout prise de tête intello, mais fine.
Les personnages sont typés sans être caricaturaux, le film est réaliste et donc amoral.
Jer dit:Pulp Fiction c'est 1994.
Oui
Eric dit:Ben ce qui me gêne c'est que par téléfilm, j'ai surtout l'impression qu'Adel voulait dire : y a pas de méga effets spéciaux, de grand cinémascope, d'images léchées pour justifier un grand écran alors autant le voir à la télévision.
Bref, une vision très calibrée de ce que doit être le cinéma et même si j'aime beaucoup le ciné américain et ses blockbusters, je regretterai de ne voir plus que cela en salle. Il est vrai que je préfère être dans une salle obscure que chez moi devant la télé tant l'immersion est plus forte au ciné (j'ai une sale tendance à toujours faire autre chose devant la télé.)
Un prophète est un film carcéral bien filmé (sans effet de caméra à la mode ni prétentieux) avec de très bons acteurs, pas du tout prise de tête intello, mais fine.
Les personnages sont typés sans être caricaturaux, le film est réaliste et donc amoral.
Et je rajouterai que la réalisation d'Un Prophète crée vraiment la claustrophobie donc l'intérêt de le voir dans le noir d'une salle de cinéma est plus que justifié.
Audiard filme en plans très serrés (et j'ai eu l'impression qu'il a peu utilisé de grand angle !), la caméra très souvent posée quasiment sur l'épaule de Malik, il y a énormément de hors champ et de là née l'enfermement du personnage... (et des autres persos d'ailleurs).
Les rares plans larges sont ceux où Malik sort de prison lors des permissions pour montrer sa "délivrance".
Et je plussoie Eric sur le fait que le film ne se la joue jamais intello mais joue simplement la carte du réalisme.
Eric dit:Pareil, un très grand film tant sur l'humain que sur l'univers carcéral (dans le premier cas, ça fait un peu peur mais ça attendri, dans le deuxième cas, ça fait juste très peur).
je souscris complétement : un grand film avec un rythme de balancement complétement hypnotique, des acteurs époustouflants, de l'onirique et de l'ultraréalisme mêlés, un scénario ciselé, du condensé d'humain.
cela dit, avec un peu de recul et en observant le public dans la salle (couples retraités blancs qui aboyent sur les ados quand ils mettent les genoux contre leur dossier), je me demande si le film, à la fois par le fond (un jeune beurre déclassé qui bâti son réseau en Centrale) et par la forme (le film est extrêmement dur, physiquement et psychologiquement mais c'est une réussite à tout point de vue) ne porte pas deux dangers :
- malgré tout, (les conditions extrêmes des incarcérations dans les taules françaises, les humiliations, les luttes de pouvoir), on peut entrer en Centrale à 19 ans et en sortir Caïd du shit à 25.
- tout cette humanité à la marge, qui se massacre à l'intérieur, qui organise le crime à l'extérieur, est d'obédience soit Corse jusqu'à la fibre la plus intime, soit Arabe (plus ou moins pratiquante, relayée par les mosquées ou les cités), soit "Gitan".
ça me semble pouvoir porter un double clivage :
-si on est malin, on s'en sort toujours : Nique la Police !
-voyez c'est toujours cette racaille basanée pas de chez nous qui pourrit le système, jusqu'en taule.
Kouynemum dit:je me demande si le film, à la fois par le fond (un jeune beurre déclassé qui bâti son réseau en Centrale) et par la forme (le film est extrêmement dur, physiquement et psychologiquement mais c'est une réussite à tout point de vue) ne porte pas deux dangers :
- malgré tout, (les conditions extrêmes des incarcérations dans les taules françaises, les humiliations, les luttes de pouvoir), on peut entrer en Centrale à 19 ans et en sortir Caïd du shit à 25.
- tout cette humanité à la marge, qui se massacre à l'intérieur, qui organise le crime à l'extérieur, est d'obédience soit Corse jusqu'à la fibre la plus intime, soit Arabe (plus ou moins pratiquante, relayée par les mosquées ou les cités), soit "Gitan".
ça me semble pouvoir porter un double clivage :
-si on est malin, on s'en sort toujours : Nique la Police !
-voyez c'est toujours cette racaille basanée pas de chez nous qui pourrit le système, jusqu'en taule.
mais est ce que ce n'est pas tout simplement là une situation réelle portée à l'écran ?
l'excellent film de Tavernier L627 avait aussi été critiqué de cette manière : "les délinquants sont tous noirs et arabes dans ce film !"
Doit on maquiller la réalité dans un film afin qu'il ne soit pas "dangereux" ou tout du moins pour qu'il colle à une certaine (fausse) image de la société à des fins politiques ?
Manfred dit: mais est ce que ce n'est pas tout simplement là une situation réelle portée à l'écran ?
l'excellent film de Tavernier L627 avait aussi été critiqué de cette manière : "les délinquants sont tous noirs et arabes dans ce film !"
Doit on maquiller la réalité dans un film afin qu'il ne soit pas "dangereux" ou tout du moins pour qu'il colle à une certaine (fausse) image de la société à des fins politiques ?
juste pour noter que je ne pose pas la question en terme de "travestissement" d'une réalité, ni même en terme de critique.
pour moi, c'est une réflexion sur le risque potentiel d'une double perception extrême, qui lui aussi fait partie de la réalité.
D’accord avec Manfred pour le danger “racaille basannée”. Le film reflète une réalité. Et puis on peut se dire que le héros, en fait, il n’est arabe que parce que les autres veulent qu’il le soit, parce qu’on l’enferme dans cette identité là. Bref, un des dangers du racisme ordinaire.
Pour le danger “nique la police”. oui assurément je crois qu’au niveau gouvernemental ça a réagit comme ça. Mais là encore ça me paraît être un reflet réaliste. Et puis être malin ça veut dire savoir faire proofil bas, accepter d’apprendre en prison et tout ça. Et à ce niveau de là de malice, tu te demandes au dernier plan, avec son cortège de bagnoles derrière un couple qui se voudrait ordinaire, si ce mec qui ressort caïd du trafic de shit, il est vraiment libre…
Je reconnais que les deux dangers existent mais je crois que le film va justement un peu plus loin.