De comment ça marche l'édition !

Karis dit:Surtout que le public que tu veux attirer (élargir la base), n'est pas du genre à acheter "au cul du camion". Le public "non passionné", n'ira pas dans un hall d'immeuble acheter un jeu sans conseil...

C'est vrai que c'est un probleme auquel je n'avais pas forcément pensé non plus. (comme le soulignait ocelau aussi)
En fait, comme je joue tres souvent avec des "non joueurs", qu'ils sont souvent pris d'interet (éphémère) pour le jeu ensuite et que le prix vient souvent sur le tapis, j'etais parti de cette idée la en me disant que pour leurs 1ers pas, le conseiller, c'etait moi :mrgreen:
Les boutiques pourraient prendre la relève une fois qu'ils sont accrocs :P
Bref, je reviendrais peut etre un jour avec un modèle économique qui marchera du tonnerre mais pas tout de suite la car je n'y connais vraiment rien au niveau des prix, couts,... mais j'avoue que ca m'interesse de + en +.
Karis dit:Alors, le bradage des prix c'est justement ce qui se passe en Allemagne, et le résultat sur les 10 dernières années (antérieur à la crise donc), serait plutôt que les ventes baissent.

Je ne savais pas qu'ils bradaient les prix a ce point en Allemagne
Comme je suis a coté de l'allemagne, j'y passe assez souvent (je ne connais pas de boutiques de jeux pur et dur par contre) mais je ne trouve pas que les jeux soient vraiment moins chers la bas.
Ils le sont effectivement pour des petits jeux de carte genre bonanza, 6 qui prend, no merci et autres qu'on peut trouver entre 4 et 7 euros au lieu de 7 a 10 ici.
Mais pour des colons de catanes, carcassone, tikal et autres que l'on trouve dans les magasins allemands, y'a pas de différence.
Apres je ne connais malheureusement pas de boutiques de jeux pour faire de vrai comparaison.

En fait, je voyais + cette baisse de prix comme conséquence d'une politique économique allemande ou il n'y a pas de SMIC et ou certains employés sont plus proches des 700 euros/mois que des 1000, d'ou les 1 a 2 euros en moins sur certains articles.
Karis dit:Sauf que bon, on est pas dans le milieu du DVD. Vu que les quantités de jeux vendues sont faibles (par exemple le Havre on en vendra de 3000 à 5000 au total), en vendre 500 par nos moyens (hors la logistique horrible que ça engendrerait pour moi) aurait des conséquences catastrophiques sur les distributeurs et les boutiques (enfin pas moi tout seul, mais si tout le monde fait pareil)...
Encore une fois, Ystari ce n'est pas la Warner et ce n'est pas TF1, c'est une modeste PME...


Je pense que le monde du DVD n'est pas si loin que ca du jeux de société par certains aspects. Quand vous pensez DVD vous pensez aux gros studios américains, à StudioCanal ou TF1Vidéo mais il y a des dizaines de petits acteurs qui sont très spécialisés (Manga underground, Documentaires, DVD de pêche, DVD de coutures/crochets ...)
Sur les 50.000 ref sortis en France depuis 1997, il y en un grand nombre qui n'ont pas dépassé les 10.000 exemplaires voire meme les 3.000 exemplaires. Je peux vous citer des dizaines de petites PME avec 2/3 personnes Emylia, Le chat qui fume.
J'ai bien conscience d'etre un peu hors sujet mais c'est pour justifier mon point de vue que c'est possible de faire autrement pour un éditeur.
Je prend l'exemple d'un petit éditeur : CMF (Compagnie méditerranéenne de films) qui n'édite que les films de Marcel Pagnol. Il édite et distribue ses propres DVD. Elle arrive à les vendre aux superstores de la culture (Marcel Pagnol c'est qqn c'est sur) mais elle propose aussi la vente sur son site internet et va plus loin en contactant les comparateurs de prix pour se faire référencer avec 13 DVD en catalogue c'est une toute petite entreprise mais elle a fait le choix de pousser la vente en direct certainement pour augmenter ses marges. Au final le prix pour le client final ne change pas.

Néanmoins je comprend tout a fait tes arguments, mon intervention n'avait pour but que d'essayer de voir s'il n'y avait pas un autre modèle d'édition/distribution.

Dans ce topic on parlait du prix des jeux et que personne n'achèterait ni produirait un jeu qui serait bcp trop cher, sur le site de la boutique de Marcel Pagnol on trouve un jeu de tarot à 22€ les 78 cartes.
alexisdpc dit:Dans ce topic on parlait du prix des jeux et que personne n'achèterait ni produirait un jeu qui serait bcp trop cher, sur le site de la boutique de Marcel Pagnol on trouve un jeu de tarot à 22€ les 78 cartes.


ils y a toujours des gens pour acheter qqch

y a bien des Monopoly qui se vendent à 35-40€ :cry:

Un aspect de la distribution qu’on a pas abordé ici, c’est la vente en direct entre particuliers. C’est le fameux principe de la ‘réunion tupperware’ organisée par une ménagère qui fait la démo dans son entourage, et
vend ensuite le produit.
Une société américaine d’édition de jeux fonctionne exclusivement sous ce principe ('me rappelle plus du nom, ils font du gros jeu familial américain : quizzes, machin-opoly, et autres jeux de l’oie. Apparemment ca marche depuis un moment, dommage que la qualité ludique ne suive pas).

Etant donné la nature ‘virale’ du jeu de société et le fait que c’est un produit qui qui se vend plus facilement une fois démontré/essayé, il y a peut-etre de la place pour ce type de distribution dans le secteur;

Attention, ceci serait a mon sens évidemment incompatible avec une distribution ‘classique’ distributeur+boutiques. Par contre ca devrait être compatbile avec des ventes directes en ligne.

ayé je les ai retrouvés, c’est Simply Fun

ehanuise dit:
Une société américaine d'édition de jeux fonctionne exclusivement sous ce principe ('me rappelle plus du nom, ils font du gros jeu familial américain : quizzes, machin-opoly, et autres jeux de l'oie. Apparemment ca marche depuis un moment, dommage que la qualité ludique ne suive pas).

C'est un point ultra subjectif que la qualité ludique et arrive un moment où il est sain de se poser la question "Est-ce que c'est nul juste parce que moi je n'aime pas".
Visiblement les éditeurs super casuals comme celui-ci et bien d'autre dans ls JDS et d'autre domaines, sur lesquels de nombreux puristes crachent ou en tout cas dénigrent ont des business models bien rentables et bien adaptés à ouvrir leur marché au plus grand nombre (ex : Bigfish games dans le domaine du jeu vidéo - que du casual : 30% de taux de croissance par mois et un CA 2008 de +$100M... à méditer...).
Ce qui amène la question corollaire immédiate : "Est-ce que ce que j'aime pourrais plaire à plus de monde et donc élargir mon marché ?"
Rien n'est jamais moins sur...

:lol: Oui, tu n’as pas tort, c’es très subjectif.
Le parallèle avec le livre est évident, les Harlequins et san-antonio sont probablement plus faciles à vendre que des ouvrages plus pointus…

Ceci étant dit, c’est un choix de positionnement, certains éditeurs préfèreront vendre moins mais sélectionner drastiquement leurs ouvrages alors que d’autres cèderont à la tentation des ventes faciles et cibleront les kiosques de gare.

mais est-ce que le fait que le ‘casual’ se vende si bien en fait vraiment un produit de qualité ? je suis dubitatif :roll:
(Evidemment, c’est facile de critiquer - mais j’aime bien la facilité :mrgreen: )

(la dessus je retourne perdre une heure sur facebook a jouer à warzone tower defense :oops: )

Il y a de l’excellent casual et de l’excellent hard-core, comme il y a du casual nul et du hard-core à pleurer.
Ca ne tient pas à la ligne ou au public ciblé mais bel et bien au soin et à l’énergie investie dans la création du produit.
Comme tu le dis certains sont peu scrupuleux et vendent de la merde en masse, c’est un choix commercial qui a ses limites au bout d’un moment, ça ne doit pas pour autant faire classer aux oubliettes tel ou tel style.
Par contre une chose est certaine : tu ne vendras jamais plus de “Pendule de Foucault” au grand public que de “Harry Potter” tout simplement parce que l’un est simple à s’approprier et l’autre nom, pourtant les deux ont des qualités (hors goûts subjectifs)…

christophej2 dit:Je comprends bien les problèmes évoqués mais je me disais que si certains éditeurs avaient des problèmes de place, de temps,..., peut être que certains ne les avaient pas ou même viendraient avec des solutions :idea:


Pour me lancer actuellement dans l'édition de jeux de société, j'ai bien entendu réfléchi à tout ça et bien entendu, au départ je me suis dis, pas forcément d'ailleurs pour faire baisser le prix du jeu mais plus pour assurer un capital de départ et donc le financement d'autres jeux, que je pouvais me passer de distributeur et récupérer une parti de sa marge.

Mais, tu t'aperçoit très vite que c'est une fausse bonne idée. C'est ingérable. Entre le besoin de stockage (et ses coûts), la prospection des boutiques, la diffusion auprès des boutiques, la logistique, le transport, le suivi,... c'est un boulot à 150% de ton temps, pour un gain médiocre voir nul, et aujourd'hui je suis bien content d'avoir trouvé un distributeur, même si ça réduit ma marge au final. Et tu peux tourner le problème dans tous les sens, il n'y a pas de solution miracle.

Le calcul est vite fait. Le surcroit de vente et l’économie de temps apportées par le distributeur compensent-ils son coût ? Dans la très grande majorité des cas la réponse est clairement oui. Je ne connais guère qu’une société reussissant à croître malgré l’absence de distributeur : black rock. Et, des lors qu’ils auront atteint une taille critique, ils devront sans doute faire appel à un distributeur.

Je découvre ce fil venant de http://www.trictrac.net/jeux/forum/view … 2&start=15

Donc, si j’ai bien compris les explications de karis (merci à lui d’avoir pris le temps d’expliquer les dessous de son métier), pour un jeu vendu aux alentours de 35€ en boutique, l’auteur gagne un peu moins d’1,5€.

Donc, un auteur à succès qui a vendu en un an 17 000 exemplaires d’un de ses jeux a gagné près de 25 000€, ce qui correspond à un salaire mensuel de plus de 2 000€ (rien qu’avec la vente d’un jeu). Et un auteur qui a vendu 100 000 exemplaires de son jeu va toucher près de 150 000€, soit un salaire mensuel de 12 500€.

Est-ce que je me trompe franchement sur mes estimations ?

On est très loin du monde amateur et très loin des succès de librairie pour des petites maisons d’édition de livres.

Oui mais non…
Tu crois que les auteurs de jeu ne payent pas de charges ou d’impôts sur ce qu’ils gagnent?

A mon avis sur ton exemple des 17 000 exemplaires, l’auteur ne touche pas 2000 euros véritablement.

Quand tu vois que la plupart des auteurs ont un métier qui leur permet de vivre, tu peux penser que tes chiffres sont surestimés.

Bruno Faidutti, qui rencontre pourtant un certains succès, est enseignant par exemple…

Et puis peu de jeux parmi ceux qu’on aime (ceux qu’on retrouve dans les grands magasins de jouets, donc de rares titres de chez Asmo, cocktail, Iello, Gigamic, Repos Prod, rhaba, Amigo etc etc -parfois un titre seulement-), peu doivent dépasser les 3000 ventes, surtt quand il n’en est pas édité plus de 3000…

Et quand on voit tout le travail et le stress que cela apporte c’est vraiment pas chère payé.

Quand j’achète un jeu, j’ai toujours une pensée pour l’auteur(/éditeur) et que mon achat est une sorte de petit “merci” pour tout ce qui m’apporte en bon moment.

Bonne continuation à tout ce petit monde ludique :)

Tout à fait.

Le but de ce topic (mes explications en tout cas) était de montrer qu’on gagne de l’argent, mais sans pour autant rouler sur l’or. C’est un métier honnête en somme ;)

Les jeux à 150.000 exemplaires, il n’y en a pas beaucoup, et d’autant moins si on est sur une tendance légèrement hardcore comme Ystari. Au contraire on va dire que 3000 ventes pour la France c’est un chiffre normal, voire légèrement optimiste. Donc si on compte le temps passé…

Après ce serait bien que tout ceux qui veulent critiquer le prix des jeux lisent d’abord ce topic pour s’informer avec les infos que j’ai donné en toute transparence, car malheureusement je me rend souvent compte que la réalité économique passe souvent au second plan au profit d’un fantasme de grosse entreprise qui roule sur l’or.

Atanaheim dit:Quand tu vois que la plupart des auteurs ont un métier qui leur permet de vivre, tu peux penser que tes chiffres sont surestimés.
Bruno Faidutti, qui rencontre pourtant un certains succès, est enseignant par exemple...

hum, là tu pars du principe que les auteurs vont forcément lâcher leur boulot de merde dés qu'ils pourront vivre de leurs créations, graal ultime.

Mais la réalité peut être un peu plus compliquée car il y a des gens multi-cartes qui aiment leur métier ET la création ludique ( ET même des fois d'autres trucs, mais là c'est quand même dur à imaginer :mrgreen: ).
Alors ce n'est pas parce que Bruno Faidutti continue d'enseigner qu'il ne gagne pas assez de droits d'auteur pour pouvoir en vivre.

Sinon, on sent un peu de compassion à l'idée que quelqu'un puisse être "obligé" d'être enseignant ... non ?
:pouicboulet:

Adventurers I c’est 16 000 boites qui ont générées 10 ou 11 000 E de DA. Soit 5 000 E pour chaque auteur. La dessus tu retires 12% d’AGESSA et tu t’aperçois que tu ne vis pas un an la dessus :mrgreen: .

tom vuarchex dit:
Sinon, on sent un peu de compassion à l'idée que quelqu'un puisse être "obligé" d'être enseignant ... non ?
:pouicboulet:


Ma femme travaille dans l'enseignement. Bien vu ;)

Effectivement j'ai un peu extrapolé sur le fait que les gens ont un travail pour vivre et une passion pour tenir ;)
Il existe en effet de gens chez qui le travail n'est pas une corvée même si ce n'est pas leur passion.


Bonne analyse M. Vuarchex!
fred henry dit:Adventurers I c'est 16 000 boites qui ont générées 10 ou 11 000 E de DA. Soit 5 000 E pour chaque auteur. La dessus tu retires 12% d'AGESSA et tu t'aperçois que tu ne vis pas un an la dessus :mrgreen: .

Ca fait un super salaire de presque 450€, on est dans le luxe comparé aux éditions de livres. :twisted:

Et encore, ça fait longtemps qu’il les a perdu au poker ;)