De l'avenir du syndicalisme

Allez, je tente un nouveau sujet !
Vous connaissez mon vote, mais comme tout le monde ou presque, je pense que les syndicats sont absolument nécessaires et d’une utilité certaine dans le monde du travail.
Cependant, en France, ils recrutent peu. Ils ont une tradition politique bien affirmée pour la plupart d’entre eux. Je me demandais si ces deux aspects n’étaient pas liés… pour dire les choses autrement, si les syndicats français étaient autant que faire se peut apolitiques et professionnels avant tout, ne toucheraient-ils pas plus de monde ? Je dis cela car je sais que beaucoup de gens de droite ne veulent pas se syndiquer, car cela leur semble tout simplement se ranger à gauche. Est-ce que cela ne leur donnerait pas un poids accru ? En tant qu’enseignant, je constate qu’il y a dans ma profession des grèves tous les ans (environ trois une année calme). Est-ce que cet outil n’est pas mal employé ? Mon sentiment est que la grève serait plus mobilisatrice et plus frappante si elle était plus rare.

Merci de vos avis éclairés, autour en fait du thème : comment avoir chez nous un syndicalisme plus vivant et plus efficace ?

Vaste sujet qui me tient à coeur, mais j’ai peur de ne pas pouvoir commenter avant lundi.

J’ai entendu les résultats d’un sondage sur les votes à la présidentielles au sein des militants ou sympathisants de syndicats et j’avais été étonné par le fait que l’on retrouvait sensiblement tous les candidats. donc les syndicats seraient moins monolithiques idéologiquement que l’on suppose.

Une autre explication, si on se base sur des témoignages de collégues:

“Qu’est-ce que cela m’apportera personnellement?”

“Pourquoi je vais m’embêter à adhérer à un syndicat et à faire grêve ? je profite de ce qu’ils obtiennent sans rien faire et sans perdre mon salaire.”



Les progrès des syndicats profitent à tous, syndiqués ou non.

Je pense que les syndicats en France sont inefficaces, voir pire ils arrivent à couler des sociétés.

Je ne veux pas faire le militant « anti-syndicat » mais je pense qu’à l’heure actuelle une refonte de certain syndicat (la CGT au hasard) ne ferait pas de mal au pays et aux ouvriers.
Il y a comme de la moisissure autour de ces syndicats. Ils sont nécessaires pour exercer un contre poids fort au sein d’une entreprise mais sont mal employés ou employés à des fins idéologiques.

Bref : trop de grève tue la grève !

Pour ce qui est des grèves, les “tords” sont partagés :
Si les syndicats ont la greve facile, il faut reconnaitre d’en face, ils n’ont pas le dialogue facile
combien de fois j’ai entendu parler de grèves juste pour pouvoir ouvrir des négociations… la direction refusant le dialogue si il n’y a pas de demonstration de force.

jacob dit:Pour ce qui est des grèves, les "tords" sont partagés :
Si les syndicats ont la greve facile, il faut reconnaitre d'en face, ils n'ont pas le dialogue facile
combien de fois j'ai entendu parler de grèves juste pour pouvoir ouvrir des négociations... la direction refusant le dialogue si il n'y a pas de demonstration de force.

C'est pas faux :clownpouic:
Selon moi en fait c'est du au manque de poid réel des syndicats. C'est parce qu'ils ne sont pas assez représentatif/efficace/puissant (ou ce qu'on veut selon) qu'ils se retrouvent à devoir faire des démonstrations de force comme la grève.
S'ils était plus puissants, les directions seraient obligées d'accepter d'emblé les négociations et la grève ne serait qu'un dernier recours (donc bien moins souvent utilisé).

Que devrait être le syndicalisme ?

-défense des intérêts collectifs des travailleurs (enjeux nationaux, échelle du pays)
-défense des intérêts locaux des travailleurs (enjeux locaux, échelle de l’entreprise)
-défense des intérêts individuels des travailleurs (enjeux individuelle, problème particulier d’un travailleur particulier).
- indépendants des parties politiques

On pourrait ajouter l’échelle internationale, pour des négociations par exemple à l’échelle européenne, mais c’est encore moins avancé que la construction européenne.

A quel niveau est le syndicalisme aujourd’hui en France ?
C’est mitigé. 2 chiffres, en opposition : adhérant à la CGT : —, plus que l’UMP PS et UDF réunis. (désolé je n’ai pas les chiffres, je compléterait à l’occasion)
Mais faible par rapports aux syndicats des autres pays européen.


Le syndicalisme est peu développé en France pour plusieurs raisons
-individualisme (on préfère négocier son augmentation personnelle plutôt que celle de tous les membres de son département)
-discrédit (plus ou moins réelle) des syndicats.

La séparation des syndicats et des parties politiques à une justification théorique. On notera que la plus part des syndicats ne se sont pas prononcé avant la présidentielle. Pendant longtemps, un représentant du PCF était membre du comité directeur de la CGT. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Si de nombreux membres du PCF sont à la CGT, il ya peux de membres de la CGT aux PCF. La CGT recouvre aujourd’hui donc beaucoup plus que le PCF (sinon la CGT serait agonisante depuis longtemps).


Pourquoi ce syndique t’on ?
J’aime bien la phrase du film 1900 “Qu’est ce qu’un jaune ?”, un jaune c’est quelqu’un qui est plus dans la misère que nous et qui à moins d’instructions que nous. (Question d’un enfant à un vieux sur les briseurs de grèves).
On se syndique quand on comprend (ou on croie), que ses intérêts seront mieux défendu en groupe qu’individuellement. C’est un peux à l’opposé de certaine valeurs qui prônent la réussite individuelle. Le syndicalisme est notamment une question de valeur, et pour ce qui est des valeurs, c’est un peux comme des gouts et des couleurs. Le syndicalisme à un cout (comme le faisait remarqué l’un de vous, pourquoi se syndiquer, puisqu’on bénéficiera quand même des avantages).

Ainsi, lorsque les syndicats s’opposent aux primes aux méritent, c’est une question de valeurs. Les primes aux mérites favorisent les plus forts. Les syndicats défendent les plus faibles. Certains trouvent injuste qu’un gars compétant ne soient pas mieux payer qu’un gars moyen et bien c’est un sujet dont on pourrait parler pendant des heures sans que personnes ne changent d’opinion. J’ai bien aimé une campagne du secours catholique (ou une autre œuvre de charité peux importe) : " ce maitre au service du plus faible". Je lisais ce matin sur un blog de théo (merci Eric) l’histoire d’Ananias et Saphira. Sur de nombreux points, je trouve que l’idéologie chrétienne a inspiré le syndicalisme.

Voilà, ce ne sont que quelques pistes de réflexions, jeté au fil de ma pensée. Je ferai plus de commentaire un peux plus tard (après lundi).

Autre point.
On dit que les syndicats défendent des travailleurs privilégiés (SNCF, EDF, FT …). Pour ma part, je ne croie pas que l’on soit un privilégié quand on gagne 1500 Euros par mois. On est un privilégié quand on peut prendre des vacances en yacht en méditerranée.

tehem dit:
jacob dit:Pour ce qui est des grèves, les "tords" sont partagés :
Si les syndicats ont la greve facile, il faut reconnaitre d'en face, ils n'ont pas le dialogue facile
combien de fois j'ai entendu parler de grèves juste pour pouvoir ouvrir des négociations... la direction refusant le dialogue si il n'y a pas de demonstration de force.

C'est pas faux :clownpouic:
Selon moi en fait c'est du au manque de poid réel des syndicats. C'est parce qu'ils ne sont pas assez représentatif/efficace/puissant (ou ce qu'on veut selon) qu'ils se retrouvent à devoir faire des démonstrations de force comme la grève.
S'ils était plus puissants, les directions seraient obligées d'accepter d'emblé les négociations et la grève ne serait qu'un dernier recours (donc bien moins souvent utilisé).


C'est un peu ce que je pense. Le recours systématique à la grève est plus un signe d'impuissance qu'autre chose. Quoique votant à droite, j'ai adhéré cette année à un syndicat de gauche. Initialement, c'était comme pour beaucoup de profs dans le cadre de ma mutation. Après coup, je me suis dit que si de nombreux électeurs d'un peu tous les camps se syndicaient, on aurait un syndicat moderne plus performant et moins agressif à la fois.

Sur les problèmes de la représentativité, il faut ajouter la question du monopole réservé à certaines centrales; aussi le fait que les petites structures sont assez démunies en matière de représentation du personnel, donc de la nécessité (formation, encadrement, consignes, appui) d’un syndicat.

Les grandes centrales ont une prime datant de leur implication dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale. Quelqu’un sait exactement comment ? Il faut aérer un peu tout cela, à mon avis.

Krka dit:Autre point.
On dit que les syndicats défendent des travailleurs privilégiés (SNCF, EDF, FT …). Pour ma part, je ne croie pas que l'on soit un privilégié quand on gagne 1500 Euros par mois. On est un privilégié quand on peut prendre des vacances en yacht en méditerranée.

c'est idiot comme remarque, comparons le comparable.

Quand un intérimaire à la chaîne voit un syndicat RATP faire grève pour la retraite à 55 ans, ça a de quoi le faire bondir.

Le problème des syndicats (du patronnat ou des salariés), c'est qu'ils ne sont pas des partenaires autour d'une table avec des points de vue différents (même radicalement) mais plutôt des opposants systématiques et farouches. Entre la non négociation patronnale ou la grève préventive salariale, tout ça entretient l'image d'une société sans dialogue, toujours en opposition. Du coup, un salarié (comme les votants pendant une longue période) pense que ça ne sert à rien. Il faut voir aussi que dans beaucoup de PME, le syndicat n'existe pas.

Une solution qui existe dans d'autres pays, je crois, est que l'adhésion à un syndicat soit obligatoire. Ca ne solutionnera pas tout mais ça oblige le patronnat à discuter et les salariés à se préoccuper un peu plus de ce qui se passe au sein de leur entreprise.

J’ai l’impression que chacun s’assoit à la table des négociations en cachant derrière son dos un poignard… Ce ne sont pas de bonnes dispositions pour discuter !!

Philippe dit:J'ai l'impression que chacun s'assoit à la table des négociations en cachant derrière son dos un poignard... Ce ne sont pas de bonnes dispositions pour discuter !!

Aller négocier sans son poignard, c'est comme aller à la plage sans sa crème : c'est pour se faire cramer.
Après, tu n'es pas obligé de le planter au milieu de la table...

il faut avoir des cartouches mais pas y aller pour s’en servir obligatoirement.
EDIT : c’est ce que l’intervenant précédent a dit :mrgreen:

tehem dit:
jacob dit:Pour ce qui est des grèves, les "tords" sont partagés :
Si les syndicats ont la greve facile, il faut reconnaitre d'en face, ils n'ont pas le dialogue facile
combien de fois j'ai entendu parler de grèves juste pour pouvoir ouvrir des négociations... la direction refusant le dialogue si il n'y a pas de demonstration de force.

C'est pas faux :clownpouic:
Selon moi en fait c'est du au manque de poid réel des syndicats. C'est parce qu'ils ne sont pas assez représentatif/efficace/puissant (ou ce qu'on veut selon) qu'ils se retrouvent à devoir faire des démonstrations de force comme la grève.
S'ils était plus puissants, les directions seraient obligées d'accepter d'emblé les négociations et la grève ne serait qu'un dernier recours (donc bien moins souvent utilisé).


L'inverse est vrai également: c'est parceuqu'ils sont nombreux qu'ils font grève systématiquement pour faire plier leurs interlocuteurs. POur rappel les grèves n'étaient pas moins nombreuses du temps où les syndicats étaient plus puissants.
Mon exemple n'est pas des plus objectif, puisque le peu de syndicalistres que j'ai pu rencontrer dans les diférentes boites où j'ai bossé étaient des fumistes doublés de connards finis. Le problème du syndicalisme en France est qu'il se réfère à une idéologie mortifère, le marxisme, et qu'il est à l'image , pour la cgt et fo tout au moins, de leur parti fétiche: le pcfr: totalement décati. Je ne pense pas que la cgt ou fo soient des chances pour la france, loin de là, je pense de plus que leurs discours sont profondément anti démocratique. Un exemple: durant cette élection, les français ont choisi un programme. Il faudrait donc que ce programme soit appliqué, non? Et bien non, parcequ'une minorité auto proclamé fera le choix du blocage systématique. Je prends les paris dès aujourd'hui, quand on sait que la cgt (le cancer général du travail comme disait coluche), se vente de n'avoir signé aucun accord gouvernmental depuis des décénies... Je pense que la France a besoin de syndicats. Je pense que la France n'a pas besoin des tocards de la cgt ou de fo qui sont près à s'essuyer les pieds sur ma tronche pour la défense de quelques privilèges. Pour ce qui est du fort taux d'adhésion syndicale dans les pays du nord, je rappelle au passage qu'il faut être syndiqué dans ces pays pour avoir droit aux assurances chômage, ceci exlpiquant cela.
le poney dit: c'est idiot comme remarque

Non ce n'est pas idiot :evil:
Les conditions de travail dans certaines entreprises sont encore bonnes. Et ce sont des entreprises qui marchent (les trains roulent en général, l'électricité fonctionne très bien, et le téléphone, ca pourrait être mieux, mais ce n'est pas si mal).

Cela devrait plutôt être un modèle que le contraire. Si des sacrifices doivent être fait, je veux bien, mais commençons par les députés et le patronat. Si des incompétents qui ont échoués peuvent partir avec des millions et sans poursuites (Michel Bon, Messier, Forgerard), alors moi, je refuse de faire des sacrifices.

Pour FO je crois que tu te plantes, parce que dans le genre “je vais à la gamelle”, ils sont toujours là. Ils ont déjà commencé à baver sur les pompes de Sarko. Et ont un public très hétérogène.
Sinon le nombre de jours de grève est tr}es sensiblement en baisse depuis plusieurs années. Accessoirement le nombre d’accidents du travail suit la courbe inverse.

Philippe dit:comment avoir chez nous un syndicalisme plus vivant et plus efficace ?


Abandonner le code du travail est le meilleur moyen de redynamiser le syndicalisme.

Le syndicalisme en France est moribond auourd'hui car il ne sert à rien. Par exemple quand la loi oblige l'employeur a des négociations salariales annuelles, au final quel est l'intérêt de se syndiquer ?

Ensuite pour ceux qui font une réaction épidermique aux syndicats il faut peut être rappellé deux points :
1) il faut attendre décembre 68 (accord de Grenelle) pour qu'un syndicat est le droit de citer en entreprise d'où il s'était fait exclure en 1791 avec la loi Le Chapelier.
2) et aujourd'hui encore être syndiqué c'est sacrifié sa carrière pour les autres, d'où peut être un jusqu'au boutisme.
Maldoror dit:
Le problème du syndicalisme en France est qu'il se réfère à une idéologie mortifère, le marxisme, et qu'il est à l'image , pour la cgt et fo tout au moins, de leur parti fétiche: le pcf .

Rigoureusement faux. Je suis à la CGT et je ne suis pas au PCF. Et à la CGT, les communistes paraissent être des reliques d'un autre âge.

Depuis le début des années 80, la CGT est séparé du PCF, et même si de vieux réflexes existent, ils ont tendances à disparaitre.

A FO, les partis fétiches seraient plutôt le PS et le partie des travailleurs, mais FO est très attaché (beaucoup plus que la CGT) à l'indépendance des syndicats vis à vis des parties (pour la petite histoire Blondel était potes avec Chirac).