Ceci était dans le sujet sur la fonction publique, mais je pense que ce débat a droit à son propre topic.
Discutons!
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El comandante dit:Otaku Mike dit:Ces types passent leur temps à balancer des énormités du genre “je revendique le droit à faire de la recherche inutile”.
Comment tu détermines la frontière entre recherche utile et recherche inutile ? Utile à quoi, à qui ? Comment évaluer l’utilité ? A la thune que rapportera le petit brevet déposé sur un futur cosmétique développé avec une plante qu’un super biologiste de sciences dures aura piqué dans une tribu indienne au fond de la forêt ?
Ceci pourrait probablement faire un bon sujet dans sa propre thread.
Pour être honnête, je n’ai pas de barème précis pour te répondre. C’est une question difficile. Je peux seulement te dire que les cas extrème sont tout de même facile à repérer, et qu’on peut se poser la question de la réelle utilité de telle ou telle recherche. Quand je vois un livre entier d’ethnologie traiter d’un village paumé dans la montagne d’une tribu de 200 personnes, je me demande en quoi cette recherche est utile, c’est à dire, en quoi elle est transposable à d’autres cas, pour permettre une compréhension plus globale d’un phénomène ou d’une culture. A titre d’archivage de la nature humaine, c’est certainement un projet noble, mais il ne faut pas oublier les sommes d’argent que ça représente, et que tout de même, si l’état finance la recherche, ce n’est pas par pur mécénat, mais bien parce qu’il espère en retirer des bénéfices. Ces bénéfices ne sont pas nécéssairement d’ordre financiers. Il peut s’agir d’un accroissement du savoir, surtout si il est destiné au grand public (on est d’accord, je pense, pour dire qu’une recherche qui n’apporte ni savoir nouveau pour le public, ni amélioration effective ou potentielle des conditions de vie du public, n’a que peu d’utilité), mais attention, d’un savoir utile car réutilisable dans d’autre situations/cas. Etudier un microcosme n’a que peu d’intérêt dès qu’on sort de ce microcosme.
La responsabilité première de l’état, c’est d’agir pour le bénéfice de tous ses concitoyens, pas de maintenir des rentes pour un petit nombre de chercheurs hyperspécialisés, à mon humble avis.
Je pense que c’est à cet étalon, la “transposabilité” ou “transversalité” d’une recherche, que j’établie son “utilité”. Mais c’est un grand débat, et je ne clame pas avoir la réponse ultime à ce sujet.
Après, il y a aussi le problème des sommes engagées. Doit-on vraiment payer autant ces gens-là pour un travail sur lequel il est très difficile d’établir un barème objectif de qualité, et donc, au final, pour lequel l’état ne peut pas avoir de recours en cas de “travail de mauvaise qualité”. Car c’est quand c’est le cas, l’argent a bien été dépensé pour rien, et les mauvais chercheurs savent très bien comment enfumer les comptables public avec leur jargon savant.
Les anglo-saxons ont une école de pensée très différente, et les universités n’hésitent pas à accepter les financements privés pour des recherches pour “utiles” (et là, il s’agit bien de pognon dont on parle"). Les chercheurs anglo-saxons sont plus tenus à avoir un certain “rendement”. Un chercheur français d’un grand centre de recherche (genre CNRS) produit en moyenne 40-50 pages de texte par an… Il s’agit bien souvent d’une ressucée d’un texte précédent, légèrement réactualisé, passé dans une revue à tirage confidentiel très difficile à obtenir pour le grand public. Que font-ils de leur temps???
Mike