El comandante dit:
Tout cela est normal. Les médias comme le reste sont faits par des humains et donc des êtres autant capables e se planter, même collectivement, que nous. Le problème est le poids qu'ils ont acquis aujourd'hui et l'idéologie - l"objectivité du bon sens prêt de chez vous que je vais vous expliquer fissa ma p'tite dame - sur laquelle ils bâtissent une légitimité inattaquable.
Hmmm ! Très bon résumé du problème je trouve. On a effectivement face à une profession qui se pare publiquement de vertues qu'elle n'a pas (ou plus ? ou n'a jamais eu ? ou ne peut pas avoir ?), qui laisse à croire qu'elle échapperait à certaines "pratiques" du Marché.
La bascule a été opéré je pense quand on a commencé à accepter l'idée qu'attaquer, ou disons critiquer, les média, c'est critiquer certaines libertés, et même la démocratie. Il est notable que dans divers débats où l'on pourrait s'interroger sur l'indépendance, où l'honneteté journalistique de certains professionnels de l'info, la réplique est souvent "Vous vous en prenez à ma liberté de journaliste, à la liberté de l'information, qui est la garante d'un Etat démocratique, etc..." tout cela la main sur le coeur. Forcemment, on passe alors invariablement pour les gros méchants (peut-être même facho).
Dans un autre registre, je me souviens de l'échec de Bourdieu lorsqu'il avait essayer de critiquer la télévision...à la télévision. Echec, car Schneiderman et son équipe l'attendait visiblement au tournant et lui ont repproché, sans plus argumenter sur le fond, de vouloir faire un cours magistral à la télé. L'idée était "Nous journalistes, nous posons les questions, vous y répondez", et sortir de ce cadre était impossible...donc impossible d'aborder des sujets que les journalistes ne veulent pas, eux, aborder. Là, on entrevoit aussi la prétention, l'ambition, d'être les seuls vrais intellectuels des temps modernes (sans référence à une revue particulière), les seuls à comprendre le monde et à dire le "vrai".
Je suis d'accord avec toi sur l'idée que l'objectivité journalistique n'est pas la vraie question et qu'il est préférable d'avoir à faire à quelqu'un qui annonce clairement la couleur, plutôt qu'à une personne qui se voile dans l'objectivité de la pensée et l'indépendance éditoriale. Le vrai problème en effet, c'est que le milieu journalistique ne veux pas admettre qu'il entretient régulièrement des liens avec l'ensemble des élites, politiques ou économiques (ce qui ne me choque pas plus que cela à vrai dire), et que ces liens influent sur leurs façons d'exercer leur métier, et sur les idées qu'ils expriment dans leurs éditoriaux.
Je blaguais un peu sur les journalistes emblématiques des journaux télévisés qui ont dans leur vie un compagnon ministre ou ex-ministre...pourquoi pas, mais ce qui m'est insupportable, c'est qu'elles soutiennent mordicus que cela ne pose aucun problème par rapport à la déonthologie de leur métier et surtout n'influence absolument pas leur vision et surtout présentation de l'actu politique. Ben voyons...! au delà de l'image people, je crois vraiment qu'il y a un effet désastreux derrière tout cela.
Et ça montre aussi parallèlement une image catastrophique de ce qu'est le vrai pouvoir : Je monte une intervieuw bidonné de Fidel Castro ? M'en fout, même si c'est découvert, je resterais quand même en place, je n'aurais aucune sanction et au pire, je parlerai "d'erreur"....tout en en continuant à me faire passer pour un grand professionnel, pape de l'info.
Je suis en couple avec tel ministre ? M'en fout, je vais mettre en avant mon indépendance d'esprit, mon éthique journalistique, dire que m'attaquer la-dessus, c'est politique et infamant, me faire passer pour une victime aux yeux de l'opinion...et rester en poste. Je ne pense pas que se soit anecdotique, je crois vraiment que c'est un sommet de cet iceberg dont je parlais plus haut....il y a un petit coté "Bof, de toute manière, on peut tout se permettre, et tant pis pour ceux à qui ça ne plaît pas".
Il y a des vaches sacrées, des lieux taboo dans lesquels on ne peut entrer...et le milieu médiatique qu'il ne faut surtout pas publiquement critiquer.