il y a un aspect que j'ai ressenti apres mon passage en prépa dont je pense qu'il n'a pas été évoqué ici (mais j'ai pas tout lu ): c'est l'absence de choix lors du parcours scolaire. Alors non pas qu'on se trouve devant zéro possibilités à un moment du parcours, mais plutot que, si on remplit certaines conditions (bon en maths..), on est dispensé de tout choix et remise en question jusqu'au diplome final
J'explique ma perception:
- Au collège, on est bon en classe, on sait pas trop ce qu'on veut faire dans la vie, on continue au lycéé général par défaut "parce que ça ne ferme pas de porte"
- En seconde, on est bon en classe, on va en S "parce que ça ne ferme pas de porte", ou le moins possible
- Au bac, si on est bon, on va en prépa... il y a des centaines de prépas, il faut en choisir 3, donc ça se fait sur des criteres purement logistiques et/ou de réputation. Et le choix de la filiere sur les gouts a priori de l'eleve (plutot les maths, plutot SVT..), pas vraiment sur la cible. Et taupe, ça ferme le moins de portes.
- en prépa, on passe des concours et comme il y a un classement implicite des écoles, on prends la "meilleure" i.e. celle qui est la mieux classée.
- On fait 2 ans de tronc commun
- Et finalement on arrive au diplome ou à bac+4 sans jamais s'etre posé la question de ce qu'on voulait faire comme métier...
Evidemment je force le trait, mais dans mon cas, je me suis retrouvé avec un diplome d'ingénieur et meme un contrat de travail dans un SSII (embauché sur profil, pas sur mission) sans avoir une idée relativement précise de mon futur métier.
Et avec le recul, je trouve ça grave. Et pourtant à aucune étape, personne ne m'a forcé la main, en me disant "il faut absolument que tu fasse S ou que tu ailles en prépa".
L'orientation au lycée et apres a été absolument inexistante, et le 1er stage à 22 ans..
Du coup, la combo filiere S - prépa - ecole, plus que la "voie royale", c'est surtout la voie du non-choix, la voie de ceux qui remettent leur choix toujours plus tard. On est pas à plaindre, mais pour ceux qui suivent ce chemin par défaut et qui s'en font ejecter pour des raisons X ou Y, c'est dur et généralement, ils perdent un ou deux ans dans l'affaire, en plus de devoir gerer et dépasser ce qui apparait comme un echec, sinon pour l'eleve, mais aussi pour l'entourage (pas évident qd on a moins de 20 ans)
Donc plutot que la prépa, j'accablerai plutot le lycée et peut-etre de ne pas avoir été sensibilisé assez tot au fait que je devrais peut-etre me poser la question..Réformer seulement les prépas, c'est prendre le problème trop en aval (en plus de ne toucher qu'une fraction relativement faible des élèves)
Déterminisme? Clairement, mais social, je sais pas... Il doit y avoir de ça, mais pas que (fils de prof et d'ingénieur, ayant fait prépa les 2).. il y a aussi le fait qu'il faut un certaine maturité personnelle pour prendre en main son parcours et ne pas se laisser porter par le fleuve, au risque de louper un embranchement ou de boire la tasse. Et je pense que l'école, bien avant le bac, a un role beaucoup plus fort à jouer dans la découverte des métiers et de l'orientation et elle m'a visiblement raté