De l'ordre dans les idées

Bonjour à tous,

Je ne suis pas auteur, je ne travaille pas dans le monde ludique, je ne connais personne.
Je n’exerce aucune activité créatrice et j’ai une activité professionnelle qui prend beaucoup de temps (7h-19h) tout les jours.

Ceci est pour le contexte.

Néanmoins comme vous tous, je suis passionné de jeu depuis ma tendre enfance.
Je suis donc joueur :smiley:

Mais voilà, depuis 2 ans (probablement lié à mon entrée dans la quarantaine), je suis confronté à un problème obsessionnel. J’ai des idées de jeux.

Comme vous tous surement.

Ces idées me submergent, 2 à 3 par semaines et je ne sais plus quoi en faire.
Parfois je couche sur papier d’une façon désordonné, feuille volante post-it, notepad.
Parfois je commence à écrire des règles.

Mes proches m’ont conseillé de m’arrêter sur une, et de la travailler.
Impossible dés que je commence, d’autres idées arrivent.

J’ai parcouru les différents sujets sur l’aide à la création. Mais tout ces sujets sont les étapes futures.

Auriez vous des conseils ou des outils pour m’aider a structuré toutes ces idées ?
Comment fonctionnez vous pour mettre en ordre tout ça, et vous permettre de travailler sereinement dessus ?

Il n’y a bien que ma plus jeune qui est ravie de cette situation.
Tout les w-e elle découpe du papier pour tester des idées farfelues et bancales de son père.

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Hello ! J’espère que ce message te parviendra à la vue du temps depuis lequel tu l’as écris.

A la question: Comment fonctionnez vous pour mettre en ordre les idées de jeu voici quelques pistes:

Personnellement (et comme beaucoup d’auteur.e.s) je me traine toujours un cahier (ça peut être aussi un simple programme de prise de notes sur ton téléphone) pour noter tout et n’importe quoi. Une phrase, une thématique, un début d’idée de jeu, un schéma, tout y passe. Pour moi l’idée n’est pas d’y retourner forcément chaque jour pour le relire, mais tu as la sureté que c’est “enregistré”. Le jour où tu auras du temps libre, tu pourras te repencher sur l’idée en feuilletant ton carnet. Pour exemple J’ai un pitch de censure dans censure que je traine depuis 2022. J’en ai toujours rien fait, je ne sais plus à quelles mécaniques j’avais pensé, mais tout est posé sur papier :smiley: .

Quand j’ai un début d’idée très spécifique, je mets un gros titre ou description en haut de page: “Jeu où on est des raton laveurs et on doit manger le plus d’ordures en ouvrant des poubelles tout en évitant les coups de balai des humains”, puis j’écris les gros points clés de ce que je veux dans le jeu ainsi qu’un/des mini schéma (matériel, mécaniques, composition d’une carte s’il y en a etc…).

Après vient la partie compliquée: “Faire le proto”, c’est peut être dans ce que tu considères l’étape future, mais je dirais que c’est une étape fortement liée à la structuration de tes idées. De ma petite expérience et à force de côtoyer des auteur.e.s il semble y avoir deux écoles:

  • Très vite tu poses du matériel sur une table avec des cartes écrites à la main mal découpées et t’essaie de jouer en sachant pertinemment que tu vas improviser des trucs. Tu peux le faire seul ou avec une personne très motivée. Tu préviens avant que ça va être potentiellement un gros kamoulox. Avec ta petite ça peut être une bonne méthode. Je t’invite même à créer avec elle. Tu pourrais être étonné des idées de génie. Je vois ces derniers temp des auteur.e.s qui ont leur enfant en co-auteur sur la boite du jeu car il a fait partie intégrante du développement :slight_smile:

  • Tu réfléchis à tout, du début à la fin et tu fais un premier proto que lorsque tu es sûr de ce que tu veux pour avoir un début et fin de partie. (plus moi)

Sachant que dans ces deux “méthodes” il y a encore deux façons d’imbriquer les idées qui me viennent en tête:

  • Tu mets toutes les idées que t’as dans le jeu et t’enlève des trucs au fur et à mesure. ça fait potentiellement un jeu très riches, mais très fouillis où faudra mettre le doigt sur “le trop”.
  • Tu commences avec peu et rajoute avec parcimonie des éléments de jeu. ça fait des jeux avec potentiellement une bonne base mais de forte chances d’être “plats” (ça c’est plus moi je crois).

Pour le problème de “quand j’ai une idée, j’ai une nouvelle qui me vient” (pour le même proto), je te dirais qu’il faut te tenir au principe d’itérations: Je fais un proto → je test x fois → je change des trucs, rincez répétez.

Lorsque tu fais une première version, il a de très fortes chances qu’elle sera nulle et ce n’est pas grave. ça arrive toujours aux auteur.e.s “confirmé.e.s”. Avec l’expérience tu poseras de meilleures bases, mais plus vite tu te rends compte que c’est pas bon ou que c’est buggué, plus vite tu passes à la prochaine variation de l’idée.

Tu as 5 idées de variantes pour jouer l’action X ? Note les et commence par tester la première. Avec ce premier test tu te rendras compte peut être que 2 des autres variations ne sont pas viables ou alors que cette première fonctionne très bien.

Tu bosses sur un proto et t’as une idée de jeu complétement différente ? Sors le carnet, note et tu reviendras plus tard quand tu seras fatigué de bosser sur le premier ou que tu vois que ça mène à rien. Poser un proto dans un coin pendant un moment n’est pas une mauvaise chose ! Des fois t’es bloqué et plus tard tu peux avoir le coup de génie pour débloquer un problème lorsque tu ressors la boite (ça peut prendre des mois / années).

Lorsque tu commences à créer au propre (sur ordi) les éléments de jeu de ta première version d’un jeu (cartes, plateau), mon conseil est de te créer un dossier NomDeMonJeu/V1. A chaque nouvelle itération tu crées un nouveau dossier pour avoir un historique. Mon autre conseil est d’écrire les règles au plus vite lorsque tu as un proto physique qui se joue. ça te permettra très vite de te rendre compte s’il y a des zones d’ombre ou des trucs qui coincent. Une fois fait, t’as peut être pas un bon jeu, mais t’as un jeu ! Ce sera plus facile de le laisser de coté un moment et revenir plus tard en relisant un coup les règles.

Voilà pour mes petits conseils de très jeune auteur. Je dirais aussi qu’un point important pour créer c’est la discipline et de se tenir à une idée avant de passer à l’autre. C’est pas facile et moi même j’en manque.

Pour finir je te recommanderais deux choses dans cette nouvelle aventure:

  • Regarde si autour de toi il y a un collectif d’auteur.e.s de jeu, c’est le meilleure moyen d’avoir des retours aussi bien sur tes protos que sur comment travaillent les autres. La Société des auteur.e.s de jeu ont un listing des collectifs ici: Membres et Collectifs | Société des Auteurs de Jeux

  • Ecoute les premiers épisodes du podcast 63/88 qui est une mine d’informations sur la création de jeux: 63-88

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Bonjour Femto,

Merci beaucoup pour ton retour, je désespérai d’avoir des conseils.

Je suis avant tout rassurer. Ce que je rencontre est parfaitement normal, je manque juste de structure.
Effectivement, je prend des notes, néanmoins je cherche peut être trop a les développer, du coup je me génère du stress lorsque d’autre idée me submerge.

Pour le collectif d’auteur, je devrais faire quelques recherches.
Néanmoins je n’ai rien créé, et ne me considère pas comme tel. Je ne suis même pas un auteur en herbes, bien que j’ai tenté Boulogne (sans succès).

Sur un des derniers festivals, j’ai l’occasion de discuter avec de jeunes auteurs. Ils m’ont conseillé de tenter des gamejam afin d’exploiter ces idées avec l’aide d’autre auteurs plus confirmés, afin de gagner en expérience.

Depuis ce post, j’ai défini une période de mes vacances de cet été où je vais travailler uniquement l’ébauche la plus avancée. Mais je sent que je vais garder un cahier a coté de moi :wink:

En tout cas je renouvelle mes remerciements, pour avoir pris du temps dans cette réponse constructive.

Si t’as tenté Boulogne c’est que t’avais un proto, c’est donc que t’es un.e auteur.e.

Etre édité c’est une très belle reconnaissance mais ce n’est pas une finalité pour te considérer en tant que tel (même si un certain festival tente des classifications pour manager au mieux le flux de personnes). Si tu as une/des oeuvre qui est sorti de ton esprit et que tu t’amuses dans la création, c’est que t’es dans la bonne voie :slight_smile:

Si ça peut t’aider dans le syndrome de l’imposteur, de mon coté j’ai tendance à dire que je suis “Aspirant Auteur” :smiley:

Salut Delloth, je souffre du même syndrome que toi ! :slight_smile:

J’en ai pris conscience quand j’ai vu mon armoire déborder de boites, piles de jetons découpés dans du carton, et innombrables feuilles couvertes de notes et de dessins.

Je pense que le fait d’avoir des enfants accentue les symptômes, une façon de revisiter notre enfance et de réactiver notre imaginaire, mais c’est une maladie saine et un très bon outil éducatif. Ca fait donc plusieurs années que je développe des jeux avec mes gosses, les copains de mes gosses, les parents des copains de mes gosses,… :slight_smile: . Je vais régulièrement à des festivals présenter nos prototypes et j’en auto édite quelques uns.

Pour ma part c’est un besoin que j’assume, et c’est un réel plaisir de créer et de plonger dans nos imaginaires. En plus de leur participation à l’élaboration des jeux (ne surtout pas sous estimer la capacité des enfants à trouver des règles efficaces et rusées) je peux peux les inciter à des activités connexes : ma fille dessine des personnages et mon fils commence à accrocher à la modélisation et impression 3D.

Pour ce qui est du processus créatif, comme cela a été dit par Femto, il faut noter, tester et trouver les méthodes qui te conviennent. “Le perfection est atteinte lorsqu’il n’y a plus rien à enlever” :wink:

Normalement tu devrais avoir des marottes, des thèmes, des mécanismes, des sensations de jeu qui reviennent de façon récurrente. La prise de note permet de s’en rendre compte alors que l’on n’en est pas forcément conscient. A un certain moment tu pourras faire un tri dans tes différents projets, les regrouper, anticiper ceux qui vont être très longs à développer, ceux qui au contraire pourront être réaliser rapidement, et prioriser tout ça.

J’avais écrit un petit article à ce sujet ici même il y a longtemps (je le retrouve pas, mais il est peut être dans un recoin) à propos de mon jeu Mecha 1945, je m’inspirai de Blue max, un jeu auquel je jouais avec mon cousin lors de notre adolescence, sans vraiment m’en rendre compte.

Pour finir, à propos du “syndrome de l’imposteur”. Je résumerai en une expression : “on s’en bat les flancs”. Tout le monde crée et est un artiste à sa façon. Il faut assumer pleinement la chose même si ça pique un peu. La communauté du jeu de société est dans sa large majorité bienveillante avec les créateurs, peu importe si tu est édité, si tu gagnes de l’argent avec (ou si tu en perds :smiley: ) si ça te permet de t’épanouir, toi et tes proches, alors ça vaut largement le coup.

Laurent.

Edit : Si, j’ai retrouvé l’article ! Amusant de me relire presque dix ans plus tard, je pense que ça vaut le coup d’y jeter un œil pour les questionnements sur le processus créatif et éditorial :slight_smile:

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Salut Deloth, ça te fera une réaction par trimestre avec le mien :wink:
Merci Femto & Garigue : votre bienveillance est apaisante
alors, Deloth, je suis dans même merdier que toi : avec mes 50 ans passés et mes enfants devenus grand, j’ai plein de brouillons de notes de papiers volants qui se sont perdues. Là j’écris mon jeu (qui n’existera peut-être que dans mon imprimante j’en sais rien) depuis Avril 24.
Je me suis aidé d’un soft gratuit sur android de “carte mentale” MiMind (mais y’en a d’autre) : il n’a pas besoin de connexion, est toujours à portée de main, je le dégaîne à 4h quand mon insomnie me rattrape “mais c’est bien sûr !”) j’ajoute les points, je les classe et hiérarchise là-dedans sous forme d’arborescence colorée…
Et quand je trouve le temps après mon boulot sur mon ordi je jette le tout sur Word.
Là j’en suis à ma 4ème révision de mes règles : j’ai tout jeté en “saisie automatique” d’un seul coup la première fois, de peur d’avoir oublié un truc
puis j’en ai rajouté 2 couches dedans… le doc pesait 40 pages :wink:
alors j’ai pris le sécateur , trié, rassemblé, expulsé en “extensions” (lol le jeu n’existant pas j’ai déjà 5 extensions) , et extirpé aussi en “modes de jeux” les autres façons de jouer avec le même matériel.
J’ai aussi ouvert un autre doc dédié juste a matériel de jeu : leur inventaire, nombre, variantes, usages : ça sera pour guider ma créa ensuite et pas oublié le jeton biduletruc mentionné dans la règle.
à ce stade, je retire maintenant des options/mécanismes qui finalement ne crée qu’une complication subsidiaire : j’ai lu dans un autre post de trictrac une formule que je déroule en ce moment :
“le jeu est fini, non pas quand on n’a plus rien à y ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retirer” .
En termes de création : débuté en Avril 24 - puis 3 mois sans y toucher - là gros doutes sur la totalité et récriture - puis un mois de pause - et là 3ème cycle dessus. J’ai aussi beaucoup discuté avec mes grandes filles, en tentant de faire comprendre le jeu et ses mécanismes, lors de balades en marchant, en parlant comme ça sans aucun support… ce qui m’a permis d’isoler les élucubrations incompréhensibles que j’avais pondu.
En parallèle, j’ai dessiné des éléments du jeu : et ça m’a permis de simplifier des règles .
un exercice qui m’a pris ce dernier mois de décembre : parvenir à faire une aide-de-jeu visuelle qui tienne su 20cm * 14 cm … j’ai sucré plusieurs éléments/options/ sous-conditions de Si truc Alors machin : la contrainte de résumer l’arbre de décision du joueur, avec des éléments graphiques et un maximum de symboles sans textes m’a aidé à élaguer.

Voilà, moi j’ai jamais rien fait de tel de ma vie, mais ce sont les cycles qui m’ont aidé à venir “à bout” du fouillis initial et des insomnies

Et maintenant je dois fabriquer mon 1er proto et me mettre à le tester : il y a un autre post trictrac qui conseille de jouer solo au début (tu incarne toi-même les 2-2-4 autres joueurs )

  • tu élagues -
    → et quand ça fonctionne de passer à des tests avec des connaissances,
    • tu élagues -
      → quand ça fonctionne de passer à des tests avec des tiers en ta présence,
      • tu élagues -
        → quand sa fonctionne de passer à des tests SANS ta présence avec des grilles de questions d’évaluation…
        - tu y retravaille -
        … et t’as deviné : là quand ça fonctionne, c’est qu’il serait mûr à présenter à un éditeur ,
        et si un éditeur te signe , tu retournes au charbon pour remodeler ton jeu avec lui (à ce que j’ai compris d’autres posts qui parlent de ça dans trictrac)
        mai bon, voilà, moi je te raconte ma façon de travailler itérative alors que j’ai jamais rien sorti et je suis dans le bourbier comme toi :wink: mais parcours les tops-sujets épinglés dans trictrac, tu verras qu’il y a beaucoup de choses déjà abordées ces 10 dernières années sur ces mêmes questions de la création.
        Amuse toi bien
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Bonjour Garigue,

Merci pour ton retour.
Effectivement mes enfants sont le centre de tout ça, et je m’appuie beaucoup sur eux et leurs idées.
C’est d’ailleurs un sujet de raillerie régulière à la maison, mais aussi une source de motivation lorsque je n’en ai pas proposer depuis un moment.

Je me suis gardé en favori ton article et j’irais le lire à tête reposé :slight_smile:
merci encore

Bonjour Xil,

Merci pour ton témoignage.

Tu es beaucoup plus avancé que je le suis. Et seul quelques protos bancales ont été créer.
La présentation à un éditeur est bien loin de mes objectifs, ni même un but en soit (ou alors inavoué).

Néanmoins Femto et l’écoute de 63/88 m’a bien aidé sur ces 9 derniers mois, en particulier pour structuré les idées et évités de m’éparpiller.

Là où je perdais pied, et qui m’a amené à faire un sujet ici, c’était surtout réussir a trouvé une organisation pour ne pas perdre les idées sans pour autant partir dans tout les sens.
Les carnets d’auteurs retrace la route d’un jeu spécifique, les interviews et expérience partagée de même. Mais je ne trouvais de réponse, à comment faire les premier pas efficacement.

Je n’ai pas une grande idée révolutionnaire qui monopolise mon esprit, mais plutôt une multitude de petites idées qui saute de l’une à l’autre.

Le conseil de Théo Rivière sur 63/88 qui m’a le plus aidé, c’est surtout le double carnet.
L’un structuré sur le projet majeur en cours, l’autre sur les sujets fugaces à voir plus tard.

9 mois après, je n’ai pas encore accouché. Néanmoins je n’ai plus que deux projets, et entame le deuxième carnet d’idées fugaces :scream:
J’ai aussi décidé de me fixer des objectifs temporels sur les projets en cours. Paris est ludique, le Val des Jeux et Boulogne.
Bien que je n’ai pas réussi à tenir les objectifs et j’ai du repoussé l’échéance, cela me motive a resté concentrer sur les idées principales.

J’ai encore beaucoup de chemin, mais chacun de vos commentaires me font faire un pas de plus.

C’est effectivement essentiel d’avoir toujours de quoi jeter des idées en vrac, pour se les “sortir” de la tête. On rigole bien quand on relit le “deuxième carnet” et quand on n’est pas déjà sur un projet, ça permet d’explorer de nouvelles voies (mécaniques ou thématiques).
J’ai retrouvé comme ça des règles pour jouer avec des petits soldats au 1/72ème, rédigées il y a plus de 20 ans avec mon frère…

Le problème quand on stimule l’imagination et la créativité, c’est que la machine se met en route et ne s’arrête pas comme ça :laughing:

Je me suis pris à imaginer des règles pour jouer avec des cailloux sur le chemin pendant une balade…