Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous entendez quand vous affirmez qu’une certaine SF a “pris un coup de vieux”.
C’est au niveau de l’écriture, de la narration, des idées exploitées ?
J’en lis régulièrement avec beaucoup de plaisir et en trouvant beaucoup de charme à certains des concepts développés qui peuvent paraître désuets aujourd’hui. Ce caractère parfois suranné n’atténue cependant pas vraiment la nature du message que cherche à faire passer l’auteur ni la manière avec laquelle ça entre en résonance avec des thèmes toujours d’actualité (pour reprendre les exemples cités sur cette page, je suis toujours autant émerveillé par Simak, Bradbury, Asimov ou Clarke sans ressentir de “coup de vieux” particulier).
D’ailleurs pour les personnes qui préfèrent des textes courts je recommande la collection des Dyschroniques chez Le Passager clandestin http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/dyschroniques.html
Il s’agit d’une collection de nouvelles de SF (principalement d’anticipation) qui datent des années 40 aux années 80. Cela peut paraître un peu cher au nombre de pages mais deux coffrets déjà sortis permettent de s’en procurer un bon nombre à prix réduit (et puis les éditions sont vraiment de qualité et le papier très agréable).
Neirdax dit :Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous entendez quand vous affirmez qu'une certaine SF a "pris un coup de vieux".
C'est au niveau de l'écriture, de la narration, des idées exploitées ?
C'est comme en tout, les anciens inspirent les nouveaux et on se retrouve avec des auteurs qui ont poussé plus loin toutes les idées d'Asimov. Sachant que ses qualités purement littéraires sont faibles, problème sans doute accentué par une traduction pas terrible, je trouve qu'il reste assez peu d'arguments pour en recommander la lecture aujourd'hui, à part la curiosité de lire quelque chose qui était novateur à une époque et qui mérite le respect. Je pense que Simak ou Bradbury par exemple doivent mieux vieillir parce qu'ils écrivaient mieux.
Je ne suis pas persuadé que certains Space Opera ne se prennent pas un coup de vieux un peu à la façon des films qui reposent beaucoup sur les effets spéciaux. J'ai beau être un immense fan de Dune, je reconnais que c'est quand même une oeuvre très prétentieuse. Pareil pour Hyperion par exemple. Il n'est pas impossible qu'un jour, ces grands cycles passent du grandiose au ridicule. Mais je pense qu'on n'y est pas encore (enfin, j'espère !).
Neirdax dit :Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous entendez quand vous affirmez qu'une certaine SF a "pris un coup de vieux".
C'est au niveau de l'écriture, de la narration, des idées exploitées ?
Alors de mon point de vue subjectif personnel à moi, j'ai souvent le sentiment que le style a vieilli et que les romans plus actuels sont souvent plus faciles à lire (mais pas tous le temps, Ian McDonald si tu mes lis : je ne comprend rien à ce que tu écris).
Concernant les idées, elles sont généralement désuètes quand elle parle du futur mais cela ne me pose pas de problème car j'arrive bien, je pense, situer le roman dans son époque. Ceci dit, Les robots d'Asimov ont vraiment très très mal vieilli même si c'est intéressant (mais pas spécialement plaisant) à lire.
Non, c'est vraiment l'écriture qui rend la lecture compliqué voir pénible. Par exemple, dans Frankenstein il ne se passe pour ainsi dire rien et c'est vraiment longuet. Pour 20.000 lieues sous les mers ce sont les descriptions interminables qui rendent le livre trop long à lire. Alors qu'au contraire quand je lis du Paolo Bacigalupi ou Christophe Lambert, il y juste ce qu'il faut de description pour bien situer l'intrigue, des thèmes forts, et une mise en scène qui nous pousse à savoir ce qui va se passer ensuite!
PS : je vais relativiser tout le pavé ci-dessus en disant que j'adore Philip K. Dick :)
Dans le cas de Jules Verne, ce sont justement les descriptions qui font tout l’intérêt, car l’homme n’est tout de même pas connu pour la puissance de ses intrigues. En un temps ou ni télé, ni radio, ni bédé existaient, il savait faire voyager le lecteur grâce à ses incroyables descriptions de contrées où il n’était jamais allé !
Faut dire qu’il a pas mal pompé dans les compte-rendus des vrais voyageurs puisqu’il était membre d’une société de géographie. Notamment, les Voyages et Aventures du capitaine Hatteras contiennent plein de passages pompés remarquables. Et c’est sans doute tant mieux, sinon ces magnifiques descriptions seraient totalement oubliées aujourd’hui.
Je pense que 20 mille lieues sous les mers et ces longs passages “barbants” a surement inspirés de nombreuses vocations, et que l’état de la recherche serait probablement différent sans Jules Verne.
Ah mais c’est bien possible. Je doute seulement qu’il aurait le même succès en écrivant de la même façon à notre époque.
Est-ce que tu lis de la fantasy moderne ?
Neirdax dit :Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous entendez quand vous affirmez qu'une certaine SF a "pris un coup de vieux".
C'est au niveau de l'écriture, de la narration, des idées exploitées ?
ça peut être pour les raisons que tu évoques, l'une d'entre elle ou les trois à la fois.
Cela peut être aussi pour des raisons technologiques...
Dans le film Alien, de R. Scott, sorti en 1979, il y une a scène où l'on voit le Capitaine Dallas interroger l'ordinateur sur l'entité montée à bord du Nostromo et comment s'en débarrasser. La réponse s'affiche sur une écran noir avec un texte qui s'écrit en blanc... L'action est censée se dérouler en 2122, or l'ordinateur qu'on voit semble totalement dépassé par rapport à nos ordinateurs actuels. Quand on parle de coup de vieux dans la littérature SF, c'est un peu ça : des choses qui ne collent pas (plus) du tout avec nos connaissances du présent où qui n'ont pas évolué comme certains l'imaginait : Les martiens tripodes ne vont pas attaquer la terre parce que nous savons bien qu'il n'y 'a pas de martiens tripodes, nous avons dépassé l'an 2000 depuis un moment et pourtant les quelques robots anthropomorphes sont surtout des curiosités amusantes et on a toujours pas de grandes colonies humaines sur la lune et encore moins sur Mars. D'ailleurs, dans les récits des auteurs de SF des années 50-60, il n'y a pas trace d'internet ou des téléphones portables et je pense qu'ils n'avaient pas vu non plus que la dernière expédition humaine sur la lune s'arrêterait en... 1972 !
Cela n'enlève absolument pas le charme de certains ouvrages de SF auquel je suis resté sensible. Les "Chroniques martiennes" de Bradbury par exemple... surtout que j'ai découvert ce livre dans des circonstances presque mystérieuses... mais c'est une autre histoire. La littérature SF, pour certains ouvrages en tout cas, peut vieillir comme c'est arrivé à la littérature romantique du XIXe... ça n'empêche pas de continuer à l'apprécier...
Pyjam dit :Est-ce que tu lis de la fantasy moderne ?
A dire vrai non, cela ne m'attire pas vraiment. Je cherche plus souvent des ouvrages de SF car je trouve qu'ils permettent plus souvent de mettre en avant des questions actuelles via de nouvelles technologies.
Mais dois-je en déduire que la fantasy moderne se rapproche de Jules Verne du point de vue des descriptions ? Si c'est le cas, et tu sembles très bien maîtriser ton sujet au vu des infos que tu postes très régulièrement, je n'en avais pas la moindre idée
Dans la fantasy, tu n’es pas pris au sérieux si tu n’écris pas des trilogies, voire une trilogie de trilogie. Les romans uniques c’est pour se faire la main.
Dans un forum de discussion, l’auteur Jim Butcher avait parié que quels que soient 2 thèmes qu’on lui donnerait, il pourrait écrire une trilogie à succès. On ne l’a pas cru. On lui a donné comme thème : les pokemons et les légions romains.
Il a écrit la trilogie Codex Alera.
Il en a vendu des millions.
Alors, il a étendu sa série à une hexalogie.
Je crois que tous les auteurs de fantasy écrivent des trilogies maintenant, sauf le maître entre tous : Brandon Sanderson qui est passé à la vitesse supérieure : il écrit une décalogie.
Contrairement à un auteur très connu, il publie un tome par an.
Et chaque tome est plus long que Guerre et Paix.
Inutile de dire qu’il en vend des millions.
Avant lui, Steven Erikson a écrit sa décalogie, en cours de publication en français chez Leha : Le Livre des Martyrs. Trois volumes parus à ce jour.
@Zeptien : Tu as raison. Cependant, il y avait un vrai visionnaire dans le lot :
https://www.youtube.com/watch?v=TrO1boyRQps
J’oubliais : en France, on a évidemment l’exemple de Jaworski.
Pour son roman en cours, au départ, il devait écrire une trilogie. Puis le second tome est devenu lui même une trilogie, puis une tétralogie. Puis le troisième tome est devenu un diptyque… ou pas… à vrai dire, on ne sait plus trop, et l’éditeur non plus visiblement.
Peut-être qu’au final ce sera une trilogie en 11 volumes. Qui sait ?
stueur dit :Suite au message de Mr le Néophyte, je me suis dit qu'il ne fallait pas s'arrêter à La moustache et qu'il fallait réessayer de lire du Emmanuel Carrère (d'autant plus que ses livres sont très courts). Je me suis donc attaché a lire L'adversaire.
Alors là, on revient à une biographie teintée de pensées de personnelles de l'auteur. J'ai l'impression que c'est un peu sa marque de fabrique. C'est à dire qu'il s'attache à faire une biographie la plus objective et réaliste possible (c'est lui qui le dit) tout en spéculant ce qu'aurait pu dire ou faire les protagonistes.
Le pitch : c'est l'histoire de Jean-Claude Romand, quelqu'un qui a menti toute sa vie sur son supposé travail de médecin à l'OMS qui, étant proche de se faire démasquer, à assassiner sa femme, ses 2 enfants, et ses parents. histoire glauque mais vraiment intrigante. Hasard du calendrier, il devrait sortir de prison d'ici la fin du mois.
C'est bien écrit, c'est clair, c'est intéressant. On revient dans la même veine que Je suis vivant et vous êtes morts (biographie de Philip K. Dick). Je ne peux pas dire que la lecture me transporte mais en tout cas, elle décrit bien mieux ses personnages qu'une page "froide" de wikipédia par exemple (même si je trouve énormément de qualité à wikipédia).
Donc oui, je conseille la lecture de ce roman.
Ton rythme de lecture est assez impressionnant.
Content que tu aies apprécié celui-là.
C'est un livre assez particulier mine de rien, il relate une imposture inimaginable (à part pour un romancier peut-être) et évite l'écueil du voyeurisme ou du récit à sensation, ça n'était pas gagné avec un sujet pareil.
Je crois que c'est ce qui a fait son succès.
Le film qui en est tiré à un côté plus glaçant encore.
bdrieu dit :stueur dit :Du coup, changement de sujet : je viens de terminer la lecture de La moustache d'Emmanuel Carrère.Le film était assez étrange. On en sort en se demandant si on a assisté à un moment de génie ou de foutage de g... Comme tu dis, assez clivant et pourtant vraiment hypnotique !
Oui, moi j'étais à fond dedans.
La copine qui m'accompagnait s'est sentie tellement mal à l'aise que je crois bien que jamais elle ne le reverra ou essaiera de lire le roman.
Pyjam dit :
@Zeptien : Tu as raison. Cependant, il y avait un vrai visionnaire dans le lot :
https://www.youtube.com/watch?v=TrO1boyRQps
Effectivement. Une pierre dans mon jardin donc. Mais c'est Maître Clarke, Deus ex machina de la SF...
De ses trois lois, une a bien retenu mon attention: "Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie"
C'est aussi un bon sujet pour le bac...
Je viens de finir le dernier tome de L étoile de pandore de Hamilton.
Sympa mais sans plus, j ai préféré les anciens comme Asimov et Simmons.
Par moment j’ai trouvé des longueurs dans l histoire comme la description du périple d Ozzie par exemple.
Hamilton me rappelle un chimiste qui s’était beaucoup intéressé à la cuisine et qui prétendait être capable, avec un seul œuf, de faire 18 litres de mayonnaise.
Pyjam dit :Hamilton me rappelle un chimiste qui s'était beaucoup intéressé à la cuisine et qui prétendait être capable, avec un seul œuf, de faire 18 litres de mayonnaise.
😁😁😁
Pyjam dit :Hamilton me rappelle un chimiste qui s'était beaucoup intéressé à la cuisine et qui prétendait être capable, avec un seul œuf, de faire 18 litres de mayonnaise.
Remarque, si tu utilises du lait de soja, tu peux même faire tes 18 litres de mayonnaise avec zéro œuf.
Pyjam dit :Dans la fantasy, tu n'es pas pris au sérieux si tu n'écris pas des trilogies, voire une trilogie de trilogie. Les romans uniques c'est pour se faire la main.
Dans un forum de discussion, l'auteur Jim Butcher avait parié que quels que soient 2 thèmes qu'on lui donnerait, il pourrait écrire une trilogie à succès. On ne l'a pas cru. On lui a donné comme thème : les pokemons et les légions romains.
Il a écrit la trilogie Codex Alera.
Il en a vendu des millions.
Alors, il a étendu sa série à une hexalogie.
Je crois que tous les auteurs de fantasy écrivent des trilogies maintenant, sauf le maître entre tous : Brandon Sanderson qui est passé à la vitesse supérieure : il écrit une décalogie.
Contrairement à un auteur très connu, il publie un tome par an.
Et chaque tome est plus long que Guerre et Paix.
Inutile de dire qu'il en vend des millions.
Avant lui, Steven Erikson a écrit sa décalogie, en cours de publication en français chez Leha : Le Livre des Martyrs. Trois volumes parus à ce jour.
Et ces trois auteurs dont tu parles... c'est bien ?
Je ne suis pas le plus avisé pour parler de fantasy. Généralement, ça me barbe…
Tout ce que je peux te dire c’est qu’ils sont très populaires. Mais ce ne sont pas les seuls.
Des trois, Steven Erikson est celui qui me plait le plus. C’est limite encore plus noir que Martin. Son œuvre est exigeante, avec de très nombreux personnages et des concepts parfois difficiles à saisir. Il y a beaucoup travaillé car il a commencé par créer son univers pour faire un jeu de rôle, et ça lui a pris 15 ou 20 ans avant qu’il écrive le premier tome. Un avantage : sa décalogie est finie, dispo en anglais, en cours de traduction chez Leha (un éditeur à soutenir). Il ne serait pas étonnant qu’une série TV voit le jour. Mon seul reproche : sa magie est un peu trop gros bill pour moi. Oui, il aime la magie vraiment énorme.
DuncanIdaho dit :La trilogie martienne de Robinson, je crois que c'est le premier bouquin de SF que j'ai reposé sans l'avoir fini. Ce n'est pas tant la faute du livre lui-même que des circonstances : j'étais papa pour la première fois et je ne pouvais pas tenir le rythme de lecture qui m'était habituel. La lecture prenant trop de temps, j'ai perdu le fil de l'histoire et des personnages. C'est après cette trilogie martienne avortée que je me suis mis à lire de préférence des trucs plus courts. De ce que je me rappelle de la trilogie, c'était pourtant bien et il y avait des scènes très fortes, notamment concernant l'ascenseur spatial.
J'espère ne pas trop éventer les intrigues, mais si tu veux un équivalent à la trilogie martienne en accéléré, il y a Spin de Robert Charles Wilson, un de mes bouquin préféré.
Le pitch : un jour dans un futur proche, les étoiles disparaissent et le ciel devient opaque. On suit un type témoin du changement qui va ensuite enquêter sur le phénomène. J'ai bien aimé le récit à différentes échelles : de ce qui se passe chez les 3 persos principaux aux changements que ça amène à l'humanité..
Il y a 2 autres tomes qui suivent, qui sont dispensable je dirais (sauf si on est fan du bonhomme, c'est un peu mon cas), je les ai découvert et lu bien plus tard. (le 2ème, Axis, j'ai trouvé ça sympa sans plus, mais le 3ème est un parachèvement qui m'a bien scotché).
Par contre, pour avoir lu ça à peu près au même moment que la trilogie martienne, la mise en parallèle est marrant, et à quelques approximations près, on pourrait tout à fait imaginer [attention spoiler : ] que l'un se passe "pendant" l'autre.