Lus dernièrement :
- Une Putain d’histoire (Minier) : Typiquement un roman à lire l’été pour se délasser. On a l’impression d’une série ou d’un film de pur divertissement type Stranger Things, avec les qualités qu’on en attend (style, ton et rythme efficaces, dépaysement, suspense) mais aussi les défauts inhérents au truc (cascade de rebondissements, éléments improbables, un côté surenchère, persos et situations finalement assez archétypiques). L’auteur le reconnaît lui-même, il a voulu faire une oeuvre de genre, à l’américaine. C’est réussi dans la mesure où c’est très bien documenté (trop ?) et où ça pourrait parfaitement avoir été écrit par un Américain. Bref, pas de la grande littérature, mais c’est agréable et il y a indéniablement du savoir faire.
- Station solaire (Eschbach) : J’ai enfin dégoté d’occase ce roman visiblement difficile à trouver. Le pitch me fait de l’oeil depuis des années, mais impossible jusqu’ici de mettre la main dessus. Là encore, on est dans l’exercice de style, à mi-chemin entre le whodunnit en lieu clos et le film d’action dans l’espace. C’est également très documenté et plutôt agréable à lire. Curieusement, ça a déjà un peu vieilli (la prépondérance japonaise par excellence), mais la thématique écologique et le twist du roman sont aussi assez visionnaires pour 1996. Par moments, c’est aussi un peu too much en termes de vraisemblance, mais bon, c’est encore une fois une oeuvre de genre.
- Annihilation (Vandermeer) : Quelle déception… Le pitch avait l’air très cool : une équipe de scientifiques 100% féminine part explorer une région mystérieuse où plusieurs missions précédentes ont connu des destins aussi étranges que divers. Eh ben, je suis à la moitié du premier (court) tome de ce cycle et le livre me tombe des mains. Trop de mystère tue le mystère : c’est décousu, interminable de circonvolutions, psychologiquement compliqué à suivre (j’ai bien compris que le noeud du roman se trouvait là, mais c’est à la fois très énervant et soporifique). On sent l’influence d’un fantastique lent et diffus à la Lovecraft, mais franchement, j’accroche pas du tout. C’est répétitif, désincarné et atone et je n’ai pas envie d’aller plus loin.
- Black Out (Delarue) : un document/enquête, écrit à la première personne par une journaliste française, sur les jeunes femmes noires assassinées en série dans les quartiers pauvres de Los Angeles entre le milieu des années 80 et les années 2000. Et notamment par le “Grim Sleeper”, ce tueur en série qui a sévi durant toute cette période, mais avec un gap de 14 ans au milieu (et qui vient enfin d’être arrêté, en 2010, lorsque la journaliste décide de s’installer à LA). De façon plus générale, c’est une réflexion sur la question raciale aux Etats-Unis et à LA en particulier, l’écart entre l’image et les réalités de cette ville, les relations historiquement compliquées entre la police et la communauté noire (et les racines du problème), etc. Si le fond est très intéressant, je trouve que la forme pêche pas mal. Le style est trop sec et subjectif, la construction assez éclatée et c’est au final assez répétitif. Même si le matériau est fascinant, stupéfiant : des dizaines et des dizaines de femmes ont été tuées impunément, dans un périmètre relativement réduit, sans qu’on identifie leur(s) bourreau(x) pendant 30 ou 40 ans. Pourquoi ? Comment ? A qui la faute ? Si vous suivez l’excellente série Mindhunter, on est exactement sur la même problématique, typiquement américaine, que pour la saison 2 et l’authentique affaire des meurtres d’enfants à Atlanta entre 1979 et 1981. Là-bas, tout est question d’argent, d’image, de déterminisme social, de la façon dont les villes se sont développées historiquement, du parcours de ceux qui ont composé/composent leur police, etc.